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et il choisit pour ce point central une plage nue et stérile, environnée de déserts
mais offrant un bon port, et Alexandrie fut fondée. Elle reçut à juste titre le
nom de son illustre fondateur.
Il venoit d’achever de soumettre la Grèce; son armée et tout ce qui l’en-
touroit étoient composés d’hommes de cette nation comme lui, et peu à peu
1 Egypte devint Grecque avec Alexandrie. Elle fut gouvernée par des rois Grecs
les Ptolémées, qui en formèrent d’abord un état puissant et embellirent prodigieusement
la nouvelle capitale. Cette révolution eut une influence profonde sur
toutes les parties de l’administration, et changea considérablement l’aspect du
pays. L e goût et les arts de l’Europe polirent ce qui restoit de rudesse dans ceux
de 1 Afrique. Alexandrie fut une ville Grecque bâtie avec des matériaux Égyptiens;
et c est sous ces traits caractéristiques que nous aurons désormais à considérer ses
antiquités.
Pendant cette troisième période de l’histoire d’Égypte, les sciences et les arts,
bannis de la Grèce, leur seconde patrie, désormais livrée au premier occupant,
revinrent à leur berceau ( i ), et demeurèrent long-temps réfugiés à Alexandrie.
Voilà le moment où cette ville jouit de toute la plénitude de sa splendeur, et où
presque tous les monumens dont nous nous occuperons retrouveront leur brillante
origine. L ’Egypte alors étoit en quelque sorte antique aux yeux des Grecs. Elle
étoit à son tour pour eux une véritable colonie, et sembloit exister tout entière
dans Alexandrie, qui étoit devenue la première ville de l’univers.
Rome étoit encore barbare pendant la plus grande partie de ces trois siècles;
mais son ambition et ses armes faisoient des progrès effrayans. Elle ruina Car-
thage, maîtrisa la Grèce, les Gaules, et commençoit à dévorer l’Asie.
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D E P U I S A U G U S T E J U S Q U ’ À l ’ e M P I R E d ' o R I E N T .
Enfin tout devoit bientôt être écrasé par ce colosse de puissance, et l’Égypte
fut réduite par Auguste en province Romaine. Cette occupation se fit sans secousse
: le vainqueur d’Antoine n’eut besoin que de s’emparer du tombeau de
Cléopatre pour succéder au pouvoir de la dernière fille des Ptolémées. Mais,
peu de temps avant cette époque, pendant la guerre de Jules César, les édifices
d’Alexandrie, et notamment la fameuse bibliothèque, avoient éprouvé des ravages
et des pertes irréparables, L ecole meme de cette ville avoit déjà perdu une
partie de cet éclat quelle avoit jeté sous les premiers Ptolémées. Néanmoins ces
monumens et cette académie se soutinrent pendant la quatrième période, jusqu’au
passage de l’Egypte sous la domination des empereurs d’Orient, vers l’an 364 ,
où se fit le partage de l’empire Romain ; mais Alexandrie netoit plus, à côté de
Rome, que la seconde ville du monde.
Le christianisme, ne dans le voisinage de l’Égypte, revint s’y propager, après
que les empereurs de Rome eurent cessé de le combattre, et que ceux de Cons-
, I ‘ I ^*cs colonies que les Grecs avoient reçues leur donnoient effectivement une origine en quelque sorte
Egyptienne.
tantinople l’eurent hautement protégé depuis Constantin. Plusieurs patriarches
et peres de I Église rendirent l’école chrétienne d’Alexandrie aussi célèbre que
son ecole profane 1 avoit été et l’étoit encore.
On voit, pendant ces quatre premiers siècles de notre è re , l’Égypte conquise
pai Zenobie reine de Palmyre, en 269; Alexandrie reprise presque aussitôt par
Aurehen ; plusieurs tyrans s emparer du pouvoir dans ce malheureux pays et la
ville assrégee et prise de nouveau, en 298, par Dioclétien.
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D E P U I S L E P A R T A G E d e l ’ e m p i r e j u s q u ’ à o ’ m a r .
Cependant le partage de l’empire fut encore assez avantageux à l’Égypte et
ce qui est désormais une même chose, à Alexandrie; car, tandis que, sous cette’
cinquième période, qui dura 277 ans, l’empire d’Occident tomboit dans la barbarie
par effet de 1 invasion des peuples du Nord (,), les sciences et les arts
furent cultivés et conservés à l’Europe par les Grecs, malgré l’apathie des empereurs
et les disputes théologiques auxquelles se livrèrent ces princes et les savans
O r ie n t ; et A le x an d r ie conserva en co re un beau rang parmi les villes im p o r tantes
du monde. “
La religion chrétienne s’étendoit de plus en plus dans l’Orient et l’Occident
et se fortifioit sur-tout dans l’église d’Alexandrie. Ses dogmes se consolidèrent
paries discussions des conciles et parla poursuite des hérésies (2). D ’innombrables
anachorètes, qui s’étoient réfugiés en Égypte pendant les persécutions, continuèrent
de peupler les déserts voisins du Nil et ceux de la Thébaïde ; des monastères
s elevèrent à Alexandrie et dans les provinces voisines. Mais la haine que
les Chrétiens devoient naturellement porter à l’idolâtrie Égyptienne, les poussa à
détruire de toutes parts ce culte, et avec lui les chefs-d’oeuvre de l’architecture
et de la sculpture qu’on y avoit consacrés. Alexandrie fût le principal théâtre des
ravages des Chrétiens du Bas-Empire : on en voit encore des traces par toute
gypte, mais il reste peu cl ouvrages de leur industrie.
Il est donc à remarquer que l’ancienne religion des Égyptiens, et celle des
Orecs, qui en dérivoit et s’y étoit de nouveau mêlée, particulièrement sous le
regne des Ptolémées et des empereurs Romains, ont dû influer au moins autant
que la notre sur le nombre et le caractère des ruines que nous retrouvons à
Alexandrie. Cette triple action s’est fait également sentir sur les moeurs et l’état
général du pays. Nous aurons occasion d’en découvrir plusieurs traces dans le
cours de cette description.
Peu après ces grands changemens, une des hérésies les plus graves qui aient
desoie 1 Eglise naissante, celle d’Eutychès, s’établit sur le siège même d’Alexandrie,
s enracina dans le reste de l’Égypte, remplit sa capitale de troubles et de désordres ’
et finit par la séparer entièrement de Constantinople et de Rome.
Maigre tous ces bouleversemens et ces agitations (3), le commerce d’Alexandrie
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