
est couvert, die part et d’autre, d’un grand nombre d’étoiles sculptées et peintes,
qui se détachent sur un fond de couleur bleue.
Le dessous des architraves sur lesquelles reposent les pierres du plafond, est
orné, comme nous l’avons déjà dit, de trois lignes de grands hiéroglyphes sculptés
et- peints, qui sont en rapport parfait avec la richesse incroyable des ornemens du
plafond.
A r t i c l e I I I .
D e l'intérieur du Temple proprement dit. !
N o u s allons actuellement pénétrer plus avant dans l’intérieur du temple, pour
en faire connoître la distribution et pour décrire les sculptures les plus importantes
qu’il renferme.
On sait déjà que le mur du fond du portique forme la façade du temple
proprement dit, de telle sorte que le pronaos paroît, pour ainsi dire, y avoir été
ajouté après coup. Au milieu de cette façade est une porte couronnée d’une
corniche : elle donne entrée dans une salle hypostyle, dont le plafond repose
sur deux rangées de trois colonnes chacune. Cette sorte de second portique est
encombrée jusqu'à la hauteur des chapiteaux; et ce n’est qu’en se baissant, et en se
mettant presque à plat ventre, que l’on peut passer de là dans la pièce suivante.
Aussi toutes les portes qui établissent la communication avec les salles latérales,
sont à peine visibles, et l’on n’aperçoit plus même les chambranles, qui se font
ordinairement distinguer par une légère saillie sur le nu des murs. Le second
portique a la forme d’un carré d’environ quatorze mètres de côté. Les chapiteaux
des colonnes qui en supportent le plafond, ne diffèrent de ceux du premier portique
que par une campane placée au-dessous des quatre figures d Isis. Celle-ci
est ornée de fleurs de lotus, qu i, à mesure qu’elles approchent de 1 extrémité
inférieure du chapiteau, augmentent en nombre et diminuent de grandeur,
jusqu’à ce qu’enfin elles correspondent une à une à des cannelures dont la partie
supérieure du fût est décorée sur une hauteur de cinquante centimètres. Nous
avons déjà fait remarquer ces espèces de triples chapiteaux à Philæ , à Esné
et à Thèbes. Ici la réunion des trois membres d’architecture forme une hauteur
presque égale au fût de la colonne. Sur chacune des faces des dés- on a sculpté Isis
allaitant Horus, et à qui diverses offrandes sont présentées. Des prêtres tiennent
des sistres à trois cordes, qu’ils semblent offrir à cette déesse. Immédiatement au-
dessous du plafond, une frise formée de masques d’Isis surmontés de temples règne
tout au pourtour du second portique, et les faces des architraves sont décorées
de figures pareilles. L ’encombrement n’a point permis de juger du reste des ornemens
; mais il est probable que ce sont des tableaux analogues à ceux qui décorent
les murs latéraux du portique. La salle hypostyle ne reçoit d’autre lumière que celle
qui arrive par la porte. A droite et à gauche sont distribuées six pièces, dont les
portes de communication sont maintenant, ainsi que nous 1 avons dit, entièrement
obstruées
obstruées par les décombres. Nous avons pu cependant en visiter quelques-unes,
et nous avons pénétré dans la pièce du milieu à droite par la porte extérieure ’
dont l’encombrement étoit peu considérable. Les parois de cette salle sont couvertes
de tableaux analogues à ceux du portique.
Nous sommes entrés dans la pièce contiguë, vers le sud, par les chambres
intérieures qui avoisinent l’escalier (t). Nous l’avons trouvée couverte de sculptures
représentant Osiris à tête d’épervier, et Isis à qui l’on fait des offrandes. L ’obscurité
qui y regne favorise sans doute le séjour des chauve-souris, que l’on y trouve en
quantité innombrable. On a vraiment peine à se figurer tout ce que la présence des
voyageurs produit d’agitation et de désordre au milieu des sombres retraites de
ces animaux. Nous avons été forcés d’abandonner à plusieurs reprises le projet dé
nous y maintenir, à cause de la difficulté de conserver nos flambeaux allumés
Nous n avons pu pénétrer dans la salle du milieu à gauche par la porte extérieure
attendu que, de ce côté, l’encombrement est si considérable, qu’il s’élève presque
jusqu a la hauteur du cordon de la corniche ; cë n’est que par un très-petit soupirail
carré, de quarante centimètres de côté environ, que l’on a pu descendre
dans cette pièce, placée précisément au-dessous de l’appartement du zodiaque, dont
nous parlerons bientôt avec détail (2). Ce soupirail est percé au milieu du plafond
qu il traverse dans toute son épaisseur. Il falloit être très-mince pour passer par un
trou aussi étroit, et ce fut M. Moret, notre collègue, qui se chargea de cette pénible
commission. Nous le suspendîmes, en conséquence, à une corde, et, après
qu il se fut muni d’un flambeau, nous le descendîmes avec la plus grande précaution
jusqu a ce qu’il eût atteint les décombres dont la pièce étoit en partie remplie!
Mais quelle est la surprise de notre collègue, lorsqu’au lieu de se reposer sur
e sol, il s aperçoit qu’il foule aux pieds un cadavre! Il reconnoît bientôt un
homme dont on avoit lié les iriains derrière le dos, et qui avoit été étranglé.
L instrument du supplice de cet infortuné étoit encore passé autour de son cou
A inspection du cadavre, nous avons jugé qu’il étoit là depuis trois ou quatre
années C est. peut-être quelque malheureux voyageur que des Arabes auront
epouilie, et qu ils auront ensuite assassiné- et précipité dans ce lieu obscur pour
dérober jusqua la trace de leur forfait. Entraîné par son admiration pour le beau
monument quil etoit venu chercher, cet infortuné a péri sur une terre étrangère
victime de son zèle pour les arts. Sans doute sa famille désolée n’a point eu la
consolation de connoître l’endroit où il avoit cessé de vivre. Combien cet événement
ht naître en nous de tristes réflexions! Nous fûmes naturellement conduits à
aire un retour sur nous-mêmes, qui, quelques mois auparavant, venions presque
tous les jours, furtivement et sans escorte, dessiner avec tant d’imprudence et
ardeur les belles choses que nous avions admirées. Emportés par un zèle que
pourront seuls concevoir les amateurs des antiquités, nous nous étions exposés
cent fois au sort du malheureux dont le cadavre étoit sous nos yeux, et dont
pag^on de0" 0" 5 pagnon de nos travaux. I ^ M ^ eÛt été le com'
A - Ü k M I Voyez le plan, planche S . f s . A.v cl. IV .
A . D . E