
lieux en détail dans ses nombreuses expéditions, et que ce qu’il dit s’appliqueI
plus facilement au second temple.
Les Arabes ont été bien plus loin dans leurs recherches sur Akhmym. Lconl
d’Afrique l’appelle la ville la plus ancienne de toute l’Égypte ; il prétend q u ’elle I
fut fondée par Ichmim, fils de Misram. Maqryzy, Murtadi et Gelâl-el-dyn parlent I
aussi de ce fils.de Misram, qui reçut de lui en partage une province de la h au teI
Egypte, dont Akhmym fut la capitale; cette ville devint ensuite la résidence dul
nouveau possesseur. Or on sait que ce Misram ou Misraïm des Orientaux et del
l'Ecriture, fils de Cham, petit-fils de Noé, et qui peupla l’Égypte (i), est regardé!
comme le meme que Menés, premier roi du pays, suivant les historiens Grecs.I
Quoi quil en soit, il nest pas possible de ne pas reconnoître le nom antique!
Chemmis dans celui d Ichmim ou Akhmym, d’après la manière vague et variable dont!
les Arabes prononcent et placent leurs voyelles, toujours brèves, parmi les c o d -I
sonnes radicales des mots de leur langue.
Abou-l-feda, après nous avoir parle du temple le mieux conservé de son temps,!
nous indique 1 état où étoit alors la ville. « Akhmym-, dit-il, est une grande ville!
« de la haute Egypte, situce sur la rive orientale du Nil.« Mais aujourd’hui, quoi-l
quelle soit très-étendue et très-avantageusement située sur cette langue de terre!
baignee par le N il, elle a beaucoup perdu, puisque les ruines antiques sont hors!
de ses limites actuelles. Elle est assez bien bâtie ; lès angles des maisons sont cous!
truits en briques cuites, et le. reste des murs, en briques durcies au soleil ; elle a !
de hauts minarets, et présente le même aspect que les autres villes du Sa’y d J
cela près que les rues en sont plus larges, plus belles et moins malpropres.
Le commerce et 1 agriculture y fleurissent : mais ses belles manufactures antiques!
de toiles de lin sont remplacées par des fabriques de toiles de coton grossières;!
et ses divers ouvrages en pierre durable, par de fragiles poteries, que l’on transporta!
pourtant dans toute l’Égypte. Il y a un couvent de la Propagande (2), quelques!
Qobtes catholiques, et environ deux mille Chrétiens en tout dans la ville et levoil
sinage ; plusieurs d’entre eux sont aussi catholiques Romains. Mais l’islamisme i |
domine, du moins dans le gouvernement, quoique plusieurs des émyrs, princes!
ou cheykhs, qui ont successivement commandé à Akhmym, aient presque toujours!
protégé les Chrétiens et épousé quelquefois des esclaves Chrétiennes, en leur per!
mettant 1 exercice secret de leur religion. Ils ont même plus d’une fois été pour!
•suivis par le gouvernement du Kaire comme suspects de christianisme. Les Arabes
venus de la Mauritanie pour s’établir dans une partie de. l’Égypte beaucoup!
plus remplie de Qobtes que le Delta, ayant besoin de se concilier l'affection!
des gens du pays pour réussir dans leur entreprise, et pouvoir, au besoin, résista
a 1 autorité musulmane qui regnoit au Kaire, se sont toujours montrés beaucoup!
moins intolerans que les Turcs. CesArabes descendent de ceux qui chassèrent!
les Grecs des cotes d Afrique. Ils se sont ensuite répandus dans la haute Egypte,j
(1) Aussi les Arabes prétendent-ils que l’Égypte, ap- (2) Les Franciscains s’introduisirent dans le pays»
pelee Masr, Mesr ou Misr, tire son nom de Misram. qualité de médecins, et furent premièrement établis M
On sait que, dans leur langue, les points-voyelies varient la maison même du gouverneur Arabe,
fréquemment.
ou ils ont peu a peu renoncé à leur vie vagabonde, conquérante ou nomade.
Ils sy sont complètement fixés, et sont devenus artisans et agriculteurs. Ils possèdent
dans ce pays des villages, de petites villes presque entières, et sont gouvernés
par leurs chefs particuliers, quelquefois très-puissans.
Le reste de la population; et sur tout les Qobtes, très-nombreux à Akhmym,
ont parfaitement conservé leur caractère de physionomie; c’est-à-dire, ces traits
du visage vigoureusement prononcés, ce nez droit et à narines découpées, ces
yeux oblongs, ces lèvres épaisses, et les autres signes d’un mélange de race avec
les peuples de l’intérieur de l’Afrique ; enfin ce teint d’un rouge brun qu’on retrouve,
avec tous les caracteres précédens, dans les sculptures coloriées de là
haute Égypte, dont nous n avons pu voir que ..quelques débris à Akhmym, mais
qu Abou-l-fèdâ y avoit vues en quantité innombrable. Quand on étudie avec soin
la population et les monumens du Sa’y d , il est impossible de ne pas reconnoître
la race qui a élevé ces monumens.
S. II.
Environs s. d ’A kh mym.
J ’a i dit, au commencement de cette Notice, un mot des environs d’Akhmym,
en décrivant scs abords. Je dois encore faire observer que le beau canal tiré du
Nil, tout près de la ville, antique comme elle, est un reste de ce système ingénieux
d irrigation si bien approprié au régime du fleuve ainsi qu’à la forme de la vallée,
et dont les anciens Égyptiens ont laissé le modèle aux modernes. Ce système consis-
toit principalement à faire des prises d’eau plus courtes et plus rapides dans la partie
supérieure du cours du fleuve, à les conduire dans les parties trop difficilement
mondées par lui, ou exposées à l’envahissement des sables du désert, telles que le
pied de la montagne, et à agrandir ainsi la surface du terrain cultivable. Ce canal
contribuoit donc beaucoup à augmenter l’importance de la culture du sol de
l’ancienne Chemmis; et il a encore efficacement servi à conserver ce foible reste
de splendeur que nous avons reconnu dans la moderne Akhmym.
En suivant la direction du côté droit du canal, on est conduit au couvent dit
des Martyrs. On remarque d’abord, en faisant ce trajet, que la langue de terre sur
laquelle s élève la ville, est adossée contre la montagne, et que la plaine qui sépare
cette montagne du Nil, est. très-étroite; mais la chaîne se replie, non foin
de la, vers l’est, et forme, en élargissant la plaine, une gorge profonde dont les
talus sont très-rapidî^, et qui se dirige presque en remontant vers le sud-est.
On trouve, dans le flanc de toute cette montagne, des grottes antiques qui sont la
suite de celles d’Akhmym, et qui ont servi de refuge aux Chrétiens pendant la
persécution de Dioclétien. *
En avançant dans la vallée, les excavations se multiplient, et loft trouve le
couvent Qobte appelé M a’doud, qui n’est autre chose qu’une'süite-de grottes
creusées dans le rocher, sauf la chapelle, qui est bâtie en brique. L ’une de ces
cavations, qui n a pu etre destinee qu a d antiques sépultures Égyptiennes, et n’a pu