
reste clu monde, un emplacement particulier sous le nom XEmporium, c’est évidemment
un bazar ou bourse dont il s’agit. Les juges qu’Amasis avoit établis en
faveur des Grecs commerçant dans un petit nombre de villes Egyptiennes, avant
la domination des Perses, et qu’on appeloit èpimplov, étoient sans doute
à peu près ce que sont nos juges de commerce ou consuls, et siégeoient dans
ces marchés ou tribunaux qu’on appeloit emporia.
O B É L I S Q U E S . ------- Ç Æ S A R 1UM.
[71 ] On reconnoît dans les ruines, le long de l’enceinte Arabe, vers le fond
du port, des vestiges de bains, dont il subsiste encore plusieurs chambres pratiquées
dans de vieilles murailles. Les grandes constructions Arabes qu’on trouve
encore plus près de l’emplacement de l’Emporium présentent aussi quelques détails
assez riches : il y a des frises ornées de triglyphes Doriques, supportant des voûtes
en arc d’ogive ; mélange fait par les Sarrasins du goût ou des fragmens de l’architecture
Grecque dans leurs propres constructions. Les portes de ces bâtimens sont
faites de ce même bois de sycomore dont nous avons trouvé des morceaux dans
les vieux murs de Thèbes. Ici, où il étoit exposé à l’air, sous un climat plus sujet
à la pluie et à l’humidité de la mer, il s’est aussi parfaitement conservé que dans
les maçonneries antiques du Saïd, tandis que les ferrures en ont entièrement disparu.
Il paroît que l’Egypte a é té , dans tous les temps, aussi pauvre qu’elle l’est
aujourd’hui en espèces variées de bois de construction, et qu’elle n’a presque
jamais employé à cet usage que le sycomore.
Derrière les tours de l’enceinte Sarrasine dont il vient d’être question, sont des
bains Turcs modernes.
[72 ] On distingue sous le nom générique de Francs ( Frandji en langage
Alexandrin ) les négocians Français et même Italiens ou autres Européens chrétiens
qui se sont établis en Egypte. C e sont eux qui ont inventé aussi le nom des
prétendus bains de Cléopatre. Quelques-uns de nous ont remarqué que l’obélisque
debout étoit appelé dans le pays el-Fara'oun, comme si l’on disoit en arabe l ’oeuvre
des Pharaons. II est à observer qu’il existe dans l’Egypte plusieurs traces de ce nom
générique de ses anciens rois.
[73] Sur dix obélisques que Rome renferme encore, sept sont sculptés, et
trois unis.
[ 7 4 ] M. Zoëga avoit remarqué que, dans les hiéroglyphes, en général, le
dernier signe de chaque rangée horizontale se trouvoit répété au commencement
de la suivante ; et c’est par des remarques de cette nature qu’il a jugé si les hiéroglyphes
devoient se lire de gauche à droite, ou de droite à gauche. Mais on ne
voit point que cette répétition ait été observée par les sculpteurs sur ces 'deux
obélisques.
[75] On a distingué deux espèces de représentations hiéroglyphiques : 1.” les
tableaux retraçant des scènes religieuses, domestiques ou militaires, et relatifs aux
dieux ou aux princes, ou bien aux actes de la vie civile; 2." les hiéroglyphes simples
ou symboles isolés, qui accompagnent ordinairement les tableaux précédens. A
l’égard des signes d’écriture qu’on peut regarder comme cursifs, ils ont bien pu tirer
leur forme des seconds : on y reconnoît les configurations des figures emblématiques.
Mais ce sont les seconds, ou vrais hiéroglyphes, qui dominent sur ces deux
monumens, comme par-tout ailleurs. Enfin on les trouve mêlés à des tableaux'
comme on vient de le dire, sur les pyramidians. Mais il est à remarquer qu’on ne
voit pas de ces tableaux sur le reste du corps des obélisques.
[76] La ternissure générale du poli de l’obélisque debout peut être due au voisinage
de la mer ( comme le prouve l’exposition des faces détériorées } et aux
propriétés du climat d’Alexandrie, dont je parlerai à l’occasion des trois grandes
colonnes debout et de celle de Pompée. Les hiéroglyphes des obélisques qui
subsistent à Rome et en Egypte même ( à Karnak et à Louqsor ), sont mieux conservés,
parce que, dans ces lieux, ils se trouvent à l’abri de ces causes de dégradation.
Cependant, parmi ceux-ci, plusieurs ne présentent d’hiéroglyphes que suivant
une bande longitudinale de chaque face, tandis que ceux d’Alexandrie en étoient
tout couverts. Ces derniers peuvent donc être comparés à tous les autres pour la
beauté , quoique quelques-uns les surpassent en hauteur. Le plus élevé que l’on
connoisse, celui de Saint-Jean d eLa tran,a quatre-vingt-dix-neuf pieds de haut,
et neuf pieds de large à sk partie inférieure. C ’est celui de Ramessès, dont parle
Pline; il est chargé d’hiéroglyphes. Il fut transporté de Thèbes à Alexandrie par
Constantin, et d’ Alexandrie à Rome par son fils Constance. C ’étoit dans ce port
commode ( d’Alexandrie ) que se faisoient toutes ces grandes entreprises du
transport de ces pesans monolithes en Europe. L ’obélisque de la place du Peuple,
tiré A’Heliopolis par Auguste pour être mis dans le grand Cirque, avoit été primitivement
élevé par Sésostris ; il est orné d’hiéroglyphes, et a soixante-quatorze
pieds de hauteur. Son v if est de huit pieds de large. Celui de Monte Citorio,
communément appelé obélisque solaire d ’Auguste, et de même origine en tout
point que le précédent, est aussi décoré de sculptures. Il a soixante-huit pieds de
haut; un de ses côtés est effacé, comme cela est arrivé en partie à celui qui
subsiste encore à Heliopolis. L ’obélisque du Vatican, sans hiéroglyphes, le seul
qui n’ait pas été renversé, et ensuite relevé par les soins des papes, a soixante-
dix-huit pieds de hauteur, et sa plus grande largeur est de huit pieds quatre pouces.
On dépensa 202,000 livres pour le transporter depuis la sacristie, qui fut bâtie
dans l’emplacement du cirque de Caligula au Vatican, orné ensuite par Néron,
jusqu’à son emplacement actuel.
Ces citations devant servir dans les autres recherches que j’aurai à faire sur les
obélisques d’Alexandrie, j’ai cru devoir les placer ici comme données préliminaires.
[7 7 ] Tout le sol de la ville antique, et même de ses faubourgs, a été considérablement
exhaussé par les constructions, démolitions et reconstructions qui se
sont successivement répétées sur chaque point, et par l’invasion des sables du
désert, de la mer et des lacs, que les vents y déposent depuis que ce terrain
est abandonné : aussi le pied de tous les vieux murs, colonnes et autres monumens
, est-il plus ou moins enfoui. Celui de l’obélisque debout étoit recouvert de
sable et de décombres sur une épaisseur d’environ quatre mètres quatre-vingt-dix