
bien conservé (i). La forme et l’ouverture étroite cle ce vase, sur-tout le rôle
qu’il joue dans les tableaux Égyptiens, tout annonce que c’étoit là un vase à
parfums. Les vases qui finissent en pointe, lacrymatoires ou autres, étoient évidemment
destinés à entrer tlans la terre, ou bien posés sur des supports ou
tablettes à deux étages. Ceux qui étoient destinés à renfermer des momies d’animaux
étoient de deux formes : les uns, en terre commune, de figure alongée,
étoient couchés dans les catacombes comme les bouteilles de nos caves; les
autres, plus courts, à base large, avec un couvercle en forme de tête, étoient
posés debout, ordinairement au nombre de quatre. La première tete étoit celle
d’une femme; la seconde, celle du cynocéphale; la troisième, celle du chacal;
et la dernière, celle de 1 epervier : cet ordre est constamment le même dans les
peintures, dans les bas-reliefs, sur les momies et dans les papyrus où ces vases,
nommés vulgairement eanopes, sont placés sous les lits funéraires. Ces derniers
étoient en pierre, en albâtre, en granit ou en bronze, ornés d’une inscription hiéroglyphique
(2). ,
Au milieu d’une si grande diversité de vases plats, arrondis, à large' panse,
coniques ou cylindriques, nous n’avons pas trouvé ceux qui servoient de mesure
pour les liquides ; mais on les découvrira sans doute en continuant les fouilles.
Il est difficile de s’assurer de l’époque à laquelle ont été fabriqués certains vases
de forme aplatie, de couleur rouge, de pâte très-fine, absolument semblables, pour
la matière et l’aspect (sinon pour les ornemens), aux vases nommés étrusques (3).
On en reconnoît qui sont certainement de l’époque des Romains,, et qui ont même
appartenu aux chrétiens (4); mais on peut prouver qu’il y en a d’antiques, formes
de la même pâte et de la même couleur.
Une autre espèce de vase trouvée à Saqqârah est assez remarquable par sa forme
circulaire, mais très-aplatie, à peu près comme un bidon ; les potiers de la haute
Égypte font encore aujourd’hui des vases tout semblables', également en terre
fôuge' (5), , ' I
Les Égyptiens fabriquent depuis un temps immémorial des vases refrigerans;'
l’usage en est précieux dans un climat aussi chaud. On sait de quel procédé usent
les habitans actuels, et je crois inutile de le rapporter; mais je ferai remarquer que
les formes des vases modernes qui ont cette destination, se retrouvent exactement
panni les vases antiques ayant le même usage (6). C ’est ainsi que j’industrie héréditaire
a conservé, malgré tant de siècles écoulés, des procédés utiles à l’économie
domestique.
Je passe sous silence les poteries qui servoient aux machines à arroser, les grandes
jarres ou ballâs, les vases domestiques en pierre ollaire, facile à façonner au tour,
les godets en poterie vernissée, et beaucoup d’autres dont les débris se trouvent
dans les fouilles de Saqqârah (7).
(1) Voyez planche 7 s , A. vol. V.fig. ')■ Voyez aussi du vase n’est autre chose que- lé monogramme X/udt.
pl.76.Jig- *>• (5) Pl. 89, A. vol. V , fig. 6.
( ,) Voyez pl. 76, A.vol. V , fig- H , /y. (6) Voyez pl. 7 6 , fig. 2 , 9 , 10, , , , 3 1 ,3 7 , i f ‘ .
(3) Voyez pl. 7 6 , f ig . ,, Z,J, 6 , 7 . ' (7) Voyez pl. 7J , fig- 12, même volume.
(4) Voyez planche 7 6 , fig. 7 . L’ornement du limbe
On rencontre dans les ruines des ffagmens de vases, de matière blanche très-
dure, dont le grain est cristallin comme celui de la porcelaine; ils sont quelquefois
ornés débandés colorées, produites par les oxides métalliques (i). Tous ces.
u-avaux et bien d’autres, qu’il ne m’est pas permis de citer, mais qui font l’objet
de recherches sur l'état des arts en Égypte, prouvent qu’on avoit perfectionné certaines
parties des arts chimiques.
On pourrait faire des remarques semblables sur les vases fabriqués en verre.. Il
est généralement connu que l’Égyptien savoit fabriquer’ le verre et le travailloit
très-artistement; il le colorait à volonté, en bleu, en noir (2), en nuances diverses.-
Il se trouve dans les ruines des fragmens de verre doré ; d’autres en verre blanc!
d’une belle eau; d’autres portant des incrustations, ou bien garnis de filets
diversement colorés (3).
On imitoit avec le verre les pierres fines les plus rares. Tout le monde sait
qu’on se procurait par ce procédé de fausses émeraudes, d’une grandeur démesurée.
Les ouvrages en verre s’exportoient depuis les temps les plus anciens, de Thèbes
et de Memphis, dans l’Occident. Rome, à son tour, a tiré de l’Égypte cette-
matière en grande abondance.
Il existe aussi des tuniques en perles de verre, travaillées avec un soin extrême,
qui servoient à la parure des corps embaumés. On les trouve le plus souvent en
fragmens ou en débris, et quelquefois, au rapport des Arabes, complètes et
entières.
Dans la quantité de lampes antiques journellement tirées des fouilles et des-
catacombes, depuis Syène jusqu’à Memphis et Alexandrie, il est difficile de dis?,
cerner celles qui remontent à la haute antiquité : un grand nombre de ces lampes
portent des ornemens ou même des inscriptions qui-prouvent qu’elles appartiennent
à l’époque des Grecs ou à celle des Romains ; d’autres sont ornées de
décorations insignifiantes ( ou d’hiéroglyphes altérés ) et qu’il n’est pas permis
néanmoins de regarder comme plus anciennes que les premières (4 ). La forme
et la matière des unes et des autres sont toujours à peu près les mêmes ; c’est
une pièce en terre cuite, brune, plate en dessous (pour poser solidement), avec
deux ouvertures, l’une pour verser l’huile, l’autre à un bout pour recevoir la
meche, avec une anse à l’autre bout pour aider à tenir la lampe.
On rencontre'aussi dans les ruines des villes anciennes d’Égypte des lampes
en bronze; on en a gravé dans la collection quelques-unes, qui appartiennent
aux Romains : la plus remarquable a la forme d’une petite figure qu’on croit
représenter un pygmée; l’autre a celle d’un pied de femme, d’une parfaite élégance
: ces lampes ont été trouvées à Héliopolis (5). L e corps de la grenouille,
la tête du belier et d’autres animaux sont figurés souvent sur les lampes en terre
ou en métal (d). Enfin l'on en a trouyé une à Memphis, dont le dessus porte
limage d’un lion courant (7).
(1) V o y e z p l. 7 6 , A . vol. V, f ig . 9 , e t ailleurs.
'.(* ) Ptyrç ibid. p lanche 7 8 , fig. 4 , y , 1 3 , et autres
planches.
' (3) Voyez p l . 7 6 , f ig . ef, y .
(4) PI- 73. % 5 ,6 ; p l.76 ,fig. 18 ,19 ; pl. 78,86,89.
(?) Voyez pl. 7 7 ,- A. vol. V.
(6) V o y e z p l . 7 8 , f ig . , , ¡ 8 , , 7 . p l 8 6 , f ig . 63.
(7) PI- 8 9 , fig. 28 . ,