
s’accordent à regarder les noms dont il s’agit comme corrompus. On sait que bien
d’autres noms rapportés dans le traité d’Etienne de Byzance ont été altérés et
défigurés.
Athribis a conservé long temps l’importance qu’elle avoit sous les anciens rois,
et même elle a vu accroître sa splendeur. Chef-lieu de préfecture sous les Grecs
et les Romains, elle étoit, à l’époque d’Ammien Marcellin, l’une des plus grandes
villes de l’Égypte ( i ) ; long temps elle fut sous les Chrétiens un siège épiscopal.
Dans la Notice d’Hiéroclès, elle figure au nombre des sept villes principales de
la seconde Augustamnique (2).
Hérodote ne dit rien de particulier de la ville d’Athribis; il se borne à la
nommer comme le chef-lieu d’un nome (3) : il en est ainsi de Pline, mais sous le
nom d’Atharrabites nomos, comme je viens de le dire (4 ). Aucun auteur ne parle
du culte qui étoit observé dans cette ville, si ce n’est Strabon, qui rapporte qu’on
y révéroit la musaraigne (y). Le culte rendu à la musaraigne est attribué par
Plutarque à ce que cet animal est aveugle, et que l’obscurité, dit-il, est plus ancienne
que la lumière (6). On voudrait pouvoir reconnoître sur les médailles frappées
pour ce nome la figure symbolique que la figure placée au revers tient en sa main
comme symbole religieux ; mais elle n’est pas assez grande pour qu’on puisse y
discerner autre chose qu’un quadrupède à jambes hautes, qui aurait quelque rapport
avec le chacal, s’il n’étoit pas presque dépourvu de queue (7). Il ressemble au reste
encore moins à la musaraigne, sorex, le plus petit des quadrupèdes connus (8).
A cet égard, les passages des auteurs, comparés entre eux et aux monumens, présentent
de la confusion. Nous voyons dans un auteur que les musaraignes étoient
honorées à Athribis, et, dans un autre, qu’elles étoient embaumées et transportées
à Buto. Hérodote, qui nous apprend ce dernier fait, ne le rapporte point pour
la ville d’Athribis.
Le même Hérodote nous dit que le chat étoit àBubaste l’objet delà vénération,
tandis que la médaille du nome de Bubaste nous montre ( et c’est la seulë ) une
figure de musaraigne, ou du moins un rat extrêmement petit. Enfin la médaille du
nome de Phtheneotes, dont Buto étoit la capitale, a pour attribut un enfant assis
sur un lotus. Pour revenir aux médailles d’Athribis, il n’y a qu’un type qui repré- '
sente un quadrupède : les autres contiennent l’image d’un oiseau, où Zoëga a cru
distinguer une colombe; mais cette opinion n’a pas été adoptée par les savans (9).
IJn profond orientaliste s’est étendu au long sur l’histoire d’Athribis (10), et il
(1) L ib . XXII, c. 1 6 , p. 4 3 1 , ed. Valesio.
(2) 'itççfKXiovç IvnxSM/JLoç. V o y ez Vetera Romanorum
Jtineraria. A m stelo d . 17 3 5 , p. 728.
(3) L ib . i l , c. 166.
(4 ) L ib . v , c. 9.
(5) L ib . x v i i , p . 8 0 2 e t 813 .
(6) Symposiac. lib. I V , quæst. V.
(7) L a lég end e p o rte A0PIBITHS. V o y . planche $8,
A nt. vol. V,fig. 2p, et M ém o ire d e l’a b b é B elley su r les
m éd ailles des villes e t nom es d ’E g y p te ( Mémoires de
VA c ad. des inscript, el belles-lettres, t. X X V I I I , p . 529 );
M éd aillesim p ériales d ’E g y p te , p a r Z o ë g a , e t R e ch erch es
sur les nomes d’Egypte, par M. Tôchon d’Annecy.
(8) Le voyageur Olivier a figuré des ossemens de la
musaraigne, qu’il a trouvés parmi les momies de Saq-
qârah et qu’il a rapportés. ( Voyage dans l’empire Ottoman,
&c. t. I I , p. 94, et pl. 33, fig. 1. )
(9) On peut conclure de ces rapprochemens, qu’il est
bien difficile de tirer parti des attributs représentés sur
certains nomes d’Egypte pour l’histoire du culte. Néanmoins
il en est beaucoup d’autres, comme ceux de Men-
dés, Léon topolis, & c . , qui sont bien caractérisés.
(10) M. Et. Quatremère, JVIém. géograph. et hist. sur
l’Egypte, 1 .1, p. 1.
a mis hors de doute que son nom, dans les manuscrits Qobtes, est écrit constamment
Athrebz wpaÊi. Je renvoie le lecteur à son ouvrage et je passe à la
description des restes actuels de la ville d’après mon journal de voyage; toutefois
, emprunterai quelques mots à M. Et. Quatremère : « Au rapport d’Ebn al-Kendy,
» dit-il, il y a en Egypte quatre districts, qui n’ont pas leur pareil sur la surface de
I a terre , ce sont le district d’Atiyb, &c. » C ’est à peu près ainsi qu’Ammien Mar-
c Plaçoit Athribis au rang des quatre principales villes de l’Égvpte « Cette
V ville, dit Ebn Ayâs, avoit doute milles de longueur sur autant dflargeur Z
» portes étoient au nombre de douze. Les eaux du Nil pénétraient dans cette,ville
». par un canal, et circuloient autour des habitations. »» On verra tout-à-l’heurè
ce qui subsiste encore de cet ancien état de choses.
Les ruines encore visibles d’Athribis occupent un espace considérable, ihdér
pendamment de celles qui ont disparu sous les aliuvions du Nil et le travail de
la charrue On les trouve à environ 4oo mètres [ 200 toises g au .nord de Benhâ
e t A salj sur la rive droite de la branche de Damiette. Elles forment, une sorte de
pentagone dont la diagonale, dirigée au nord, a environ 2000 mètres [ 1 ôoo toises1
C est une grande éminence, composée d’une suite de buttes élêvéesj d’une couleur
noire ou rougeâtre ; elle a environ 1600 mètres [ 800 toises 1 de longueur
10.2° métrés [ 5.1.4 toises ] de largeur sur le Nil, et 1365 mètres [700 toises 1 dans
sa plus grande largeur. Le périmètre de ces buttes de décombres est de 48 24 mètre*
[2474 toises] (2).. Elles sont recouvertes de poteries, rie briques et verreries
bnsees, de débris de granit et de pierres diverses, et pleines de fouilles et d excavations.
Un village du nom d’Atryb, c ^ ï l , est bâti à l’angle nord-est; et contigu
aiix ruines.
^¡La grande etendue des ruines est presque le seul vestige de la. splendeur
d Athribis; car tous les monumens sont renversés, et à peine trouve-t-on les pârtîes
inférieures de quelques constructions : tout a été détruit de fond en comble, et
anéanti à la suite d un incendie ou de quelque autre catastrophe. Il subsiste cependant
un assez beau vestige de la grandeur et de la régularité de la ville ancienne!
ce sont deux magnifiques rues, dont la largeur n’est pas de.moins de 42 mètres
[..taÇ,,pieds ]. Elles se coupent à angle droit, et partagent toute la ville en quatre
parttes ^ aujourd’hui elles servent encore de route aux paysans qui vont d’Atryb
a Benha, et, dans l’autre sens, à Kafr Gezâr, sur la rive gauche du Nil. De chaque
côté de la rue, l’on voit sur pied, les restes de quelques constructions formées de
briques cuites au soleil, de même que toutes celles de la ville : elles sont d’une
grande.dimension et liées avec de la paille.
A droite de la rue qui va au Nil, j’ai vu deux fiks de colonnes : l’un est debout
et enterré; 1 autre est un fragment couché à terre, de 1 m7 [ 5 pieds ] de long. Au-
deladela rue transversale, j’ai remarqué une construction en briques, aussi enterrée,
dont la sommité a quatre toits inclinés en forme de pyramide. La partie saillante
( . ) V o y e z aussi l ’ Êgypto sons lot P h à ra o n t, par M. C hampo l l ion, qui cite ces aurres formes M p i f a en diale cte
ebam, z - u p u n e , et i w A l t f i c , orthographe curieuse , à cause de la substitution du A au p .
(2) V o y t l le plan des ruines , que j ’ai lev é g éomé tr iquement , Ant. vol. V vl 27 fin 1 A . D. A .J S -J -