
la version des Septante fait Voir que On est le nom Hébreu d’Héliopolis, Sin
celui de Sais, et que la ville de Tzoan est celle que les Grecs nommoient
Tanis { i) ! Peut-on supposer que Platon ait substitué le nom de Sais à celui
d’Héliopolis, sans s’embarrasser de la confusion qui en résulteroit dans l’esprit de
ses compatriotes, qui par ces deux noms avQient toujours entendu deux villes
bien distinctes l’une de l’a u t r e S ’il eût voulu parler d’Héliopolis, n’auroit-i] pas
dit que cétoit le Soleil, et non Minerve, qui en étoit la divinité protectrice! La
fête de Minerve, disent Hérodote et Strabon (a), se célébroit à Sais, et celle du
Soleil a Heliopolis. S a is, dit Pausanias (3), signifie Minerve en égyptien. Nous
remarquerons, a ce sujet, que 1 arbre de Minerve, l’olivier, est nommé j"]!? z.iith en
hébreu, à peu près de même en qobte, et que son nom Égyptien devoit se rapprocher
de ceux/ci. Enfin c’est de Sais, au dire dfe tous les historiens, et non d’Héliopolis,
que partit la colonie Égyptienne qui civilisa l’Attiqùe et.y porta le culte-de
Minerve [4 ) ; circonstance qui s accorde avec ce que nous apprend le Tintée, de
1 attachement des Saitiens pour les Athéniens, dont ils se disoient païens/tandis
qu’il n’a jamais été question d’aucune liaison semblable entre les habitans d’Héliopolis
et ceux d’Athènes. Nous ajouterons encore que , selon Platon, Amasis ètoit
de la ville de Sais/que, selon Hérodote, il étoit du nome Saïtique ; etWaucun
auteur n a fait naître ce Pharaon dans le nome ou la ville d’Héliopolis;
Enfin Hérodote dit (y ) que Solon, étant sorti d’Athènes’ pour^s’instruire des
coutumes des peuples étrangers, alla d’abord en Égypte à la cour d’Àmasis. Or,
si l’on songe au lieu de la naissance de ce Pharaon, aux’embeUissemens qu’il fit
faire à Sais et non a Héiiopolis (6), au^seiour qu A priés, son prédécesseur, faisoit
dans Sais, et si Ion considère en outre que c’est dans/cette ville que ces!princes
furent ensevelis \y), on conclura qu’elle fut, plutôt qu’Héliopolisf :la résidence
d Amasis, et que c est dans ses murs que Solon alla s instruire des coutumes des
Égyptiens. *
M. Larcher croit que, Strabon nommant Héiiopolis la ville où Platon fit un
long séjour, et ce dernier 1 appelant Sais, ces deux noms, appartiennent à la
même ville. D ’abord noùs ne lisons point dans le :7W<? que Platon ait habité
Sais, mais bien Solon; nous sommes donc portés, à croire que par mégarde
M. Larcher aura lu Platon au lieu de Solon. A u surplus, sa citation fuNelle exacte,
la conclusion qu’il en tire n’en serait j/as moins hasardée, Je célèbre disciple du
sage Socrate ayant pu demeurer" successivement dans fune et l’autre ville.
M. Larcher traduit ainsi le commencement du passage du Timéé que nous avons
transcrit plus haut : « Il y a en Égypte dansle Delta, vers son sommet et à l’endroit
» où le Nil se partage en plusieurs branches, un nome que l’on appelle Saïtique, dont
» la plus grande ville est Sais. » Il nous semble que nous avons traduit plus exac-
(1) L’un de nous a parlé de cette ville, dans sa Dis- (3) Pausan. Cmciæ Descnpt. lib. IX, cap ta.
«nation sur les anciennes branches du Nil. Nous rappel- (4) Diod. S i c l . Bibl. hist. lib. I , &c.
ierons seulement ici que les auteurs Qobtes nomment (5) Herod. Hist. lib. I , 5. 30.
Sais ,Sai, et Tanis, Djane ; ce dernier nom se rapproche (6) Ibid. lib. n , §. ¡7c.
évidemment du Tzoan des Hébreux. ’ * (7) Ibid. lib. II, 5. icq.
(2) Herod. Hist. lib. i i , §. 59. Strab. Geogr. lib. x v u .
C H A P I T R E X X I . j j
tement par an Sommet duquel le N il se divise, la phrase incidente, mei' o ¡apoipiii
70 TV Ne/A« /Seu«*, que Platon jugea sans doute nécessaire pour rappeler
à ses lecteurs ce que par Delta, nom d’une des lettres de leur alphabet, on enten-
doit en parlant de l’Égypte. Si M. Larcher avoit cité en entier tout ce que Platon
rapporte de la ville de Sais, il auroit vu que les phrases qui suivent celle à laquelle
il s’est arrêté, s’opposent à ce que l’on confonde Sais avec Héliopolis; mais, pour
avoir traduit autrement que nous, pour s’être borné à une seule phrase, étoit-il
fonde, en supposant meme qu il ait eu raison sur ces deux points, à s’exprimer ainsi,
« On ne peut douter, d’après cette position, que la ville que Platon nomme Sais,
» ne soit la meme que celle qu’H érodote, Strabon et Ptolémée appellent hélio-
» polis!» Et remarquons qu’en, citant ici Ptolémée, « qui, dit-il, né à Péluse, pou-
» voit difficilement se méprendre sur la position d’Héliopolis » , il oublie qu’il est
convenu, deux pages plus haut, que Ptolémée plaçoit cette ville hors du Delta.
La Géographie de Ptolémée, en effet, et l’Itinéraire d’Antonin, indiquent
d’une maniéré si précise qu’Héliopolis est à l’orient du Nil, que l’on n’a pu les
interpréter différemment ; mais, contraint de convenir qu’une ville d’Héliopolis
existoit hors du Delta, on a dit que ce n’étoit point là celle qui fut célèbre dans
l’antiquité.
Ptolémée cependant, le seul des auteurs anciens qui place en Égypte deux
villes d Heliopolis, les met 1 une et I autre hors du Delta. Ainsi croire à l’existence
d une Héliopolis du Qelta, c est dire qu’il y a eu en Égypte trois villes de ce nom,
dans un espace de terrain très-circonscrit.
Nous venons 3e dire que Ptolémée plaçoit hors du Delta les deux villes
d Heliopolis; une lecture attentive du livre iv de ce géographe lève tous les
doutes que 1 on pourrait avoir a cet égard. On y voit qu’après avoir parlé des villes
situées entre les diverses branches du Nil, en allant de l’occident à l’orient, la
derniere partie du Delta dont il s occupe, est celle qui étoit comprise entre les
tranches Busiritique et Bubastique : le fleuve Bubastique étoit donc le plus oriental
des bras du Nil ; et 1 on en acquiert une nouvelle preuve, en relisant la description
du grand Delta, que Ptolémée donne plus haut (i). O r , c’est à l’orient de cette
branche Bubastique qu il met le nome Héliopolite et sa métropole ; et c’est sur
les confins du nome Arabique, situé également à l’est du Nil, et auquel on ne
peut raisonnablement supposer aucune autre position , qu’il place la seconde
Héliopolis (2) avec Babylone et Héroopolis, villes qui certainement n’étoient
point dans le Delta.
tettopiïoç ayzjoç Jki/Mûv, Kj pi'av Sia. « 'H&lkMù uxk çôjuaieç
t!ç tèv xxl\VfA.mv BxÇaçiaxov, oç iupét Sia m Un Aitotax.* çô^a-mç.
(2) Quelques personnes pensent que cette seconde
ville d’Héliopolis étant placée par Ptolémée sur le canal
dcTrajan, avec Babylone et Héroopolis, elle correspond
« la position de Mataryeh, et que cela rejette dans le
Delta la capitale du nome-Héliopolite, située, selon le
meme géographe, à un tiers de degré au nord de l’autre
Héiiopolis. Cette opinion n’a aucun fondement; on ne
gratuitement, voici ses propres paroles:
K aj en uA%çj.a A g j tGuts, % 'A f^ S n sm M t o f ,
BaSuKur,
*H AiVOTA/f,
Iïpeoeor udaiç ,
A i S i , y BaCu \aro( m \ to ç , T ÇjLiaroç mm¡uoçpéi.
L’article relatif «V est au singulier ; il ne peut donc se
rapporter qu’à la ville de Héroopolis qui le précédé, et
non à Héliopolis.
M'