
Aux angles du fond du vestibule sont pratiquées deux portes qui conduisent
dans des couloirs environnant le sanctuaire. Il nous est difficile d’indiquer le but
d’une pareille distribution, à moins qu’elle n’eût pour objet de dérober aux regards
les opérations mystérieuses qui se faisoient dans le temple. Peut-être étoit-ce
par là que s’introduisoient les prêtres qui faisoient entendredans le sanctuaire les
oracles des dieux. Nous avons trouvé ces couloirs remplis, jusqu’au plafond, de décombres,
parmi lesquels on distingue des débris de langes et de momies. Doit-on
en conclure qu’ils étoiént destinés aux sépultures ! Nous avons déjà fait observer
ailleurs qu’une pareille opinion pouvoit être soutenue avec beaucoup de vraisemblance
(i).
Au-dessus de l’une des portes du corridor, on remarque une sculpture digne de
fixer l’attention (2.).- C ’est un boeuf sacré , Apis sans doute, enfermé dans une châsse
enveloppée de lotus et placée sur une barque ; il a un disque entre ses-cornes : un
homme qui marche en avant paroît le conduire ; un autre personnage agenouillé est
placé sous son ventre. A la poupe de la barque est attachée une rame faisant fonction
de gouvernail : elle est surmontée d’une tête d’épervier, et fixée à un piquet
vertical couronné de la même manière. On voit à la proue une enseigne surmontée
d’un lion. En avant de la barque marche un Egyptien faisant l’offrande d’une
rame.et d’un fléau (3). A-t-on voulu représenter ici le voyage d’Apis sur le Nil î
Si l’on en croit le témoignage de Diodore (4 ), dès qu’on avoit trouvé le nouvel
A p is , on le menoit à Nilopolis, où on le nourrissoit pendant quarante jours ;
on l’embarquoit ensuite sur une espèce de gondole appelée tlmlamegos, où il
étoit enfermé dans une chambre dorée ; et on le conduisoit comme un dieu
dans le temple de Vulcain à Memphis.
La porte par laquelle on entre dans le sanctuaire , a 2“ 68 de largeur. Nous
avons remarqué, aux deux angles de son plafond , des entailles destinées à
recevoir des morceaux de métal ou de pierre dure dans lesquels tournoient
les gonds; ce qui nous a fait juger quelle étoit a deux vantaux. Le sanctuaire
a neuf mètres de profondeur et un peu plus de quatre mè tres de largeur. La
décoration du plafond se compose, sur les côtés, détoiles (y) dun jaune dor
qui se détachent sur un fond bleu, et, dans le milieu, de vautours avec leurs
ailes déployées, alternativement séparés par des légendes hiéroglyphiques. Le
fond du sanctuaire est remarquable par la niche que l’on y a pratiquée, et dans
(1) Voye^ ce que nous avons dît à ce sujet dans la tyovaa.y ipGiCclffnrnç, âç Siw cu'ctyucnv ùg Mi/sifiv, vg ts n
Description générale de Thèbes, sect. IV . ’ü<pa7çov ti/mvoç.
(2) Une partie de ce bas-relief est représentée, pl. 26, His etiam reliqua, circa sacrumbovem, quetn Apitn no-
f i g. 9 , A . vohJV. * minant, usitata, adjungantur. Pose tnagnficam defuncti
(3) Voyez planche26, fig 4 , A . vol. I.V. sepulturam , destinati huic negotio sacerdotes vitulum,
(4 ) nçySi-nor Si -nlg up»p*roiç Mim/xtva mv yvo/utrar tàdem proeditum notâ qnâ superior fu it, investigant; quo
met rit lie), rates», lit itopa/,ipvtm\enf'ieat y l f « u - inventa, plebii Ittctu vaqatio dntur. Sacerdotesaulein.quibus
■nient e n ç S ,1 enei rnZ-r l u t itpùt « U vitulum primitm in urbem N ili perdttctum
fJ K , ïx ,m rjvei ri eSpn nuepmp* rd etntpedieta t ? ad dies XLpascttnt; in navigium deinie thalamegttm (cubi-
mesiindtlam- Sent 4 ' tiptiè, en p ii ntadt, « enihvf dm- culatum), in quo domus aurata, collocatum, uti deum
hiievu! e S tJ i itpim Sït int ienpet.it, Îyvet el, piK t ei p it Mcmphim, in Vulcani lucum, transportant. (Diod. Sic.
aoçpett lit NïiAcu etit.it, it h afiqtvnr avril iqi tp i tp i Bibl. Iiitt. lib, 1 , pag. 95 et 97 , edit. 1746.)
nUatscxerla' t entra iit buhapryn ravi vimpa. te-pvvupitn (5) Voyez planche j q , ftg. 2 , A . vol. IV .
D E , D E N D E R A H . C H A P . X . r ->
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laquelle on avoit sans doute placé les statues des dieux adorés dans le temple.
Deux colonnes imitant la tige du lotus, avec des dés à tête d’Isis, sont posées en
saillie sur le nu du mur, et portent un.entablement formé d’un couronnement
d’aspics ou à’uboeus, et d’une corniche ornée d’un globe ailé. Les montans de
la niche, ou ce que l’on peut appeler son chambranle, sont décorés de bas-reliefs.
Sur le bandeau et sur la corniche qui les surmontent, on a sculpté des globes
ailés. Au-dessus de la niche, dans une rainure verticale qui s’étend jusqu’au
plafond, on remarque trois figures presque de ronde-bosse. La première est une
statue en pied ; elle est mutilée-, et représentoit sans doute Isis ou Horus. Les
deux autres n offrent que des masques d’Isis surmontés d’un temple ; l’un d’eux
repose sur une colonne dont la forme imite la tige du lotus et de sa fleur.
Les parois latérales du sanctuaire sont divisées, indépendamment de la frise
dont elles sont ornées à leur partie supérieure, en cinq compartimens de bas-
reliefs, tous d égale hauteur. A u rang le plus élevé, èt à droite, on distingue plusieurs
femmes allaitant chacune un enfant. L ’une d’entre elles a une tête de
lion ; et une autre, une,„tête de génisse.
Sur le^mur à gauche Ÿ ce sont des représentations analogues. A la suite de
quatre Isis donnant chacune le sein à un enfant, on voit Horus assis sur un fauteuil
porté par un lion : une femme placée derrière lui semble le couvrir de ses
ailës.
Le deuxième rang de bas-reliefs, a droite, présente Harpocrate debout avec
les marques de la virilité : il est accompagné d étendards et d’enseignes où l’on distingue
un belier et un chacal. Derrière lui, sont Osiris à tête d’épervier, la déesse
Isis, et le dieu à tête de belier, [’Amunàes Égyptiens. Osiris tient un sceptre à tige
de lotus ; et AmUn, une croix à anse. Ensuite on voit Isis debout en face de T lioth,
personnage a tete dibis, qui semble lui adresser la parole et lui présenter une
offrande. Plus loin , Horus, élevé sur une estrade, est placé entre Amun et Isis,
tous deux assis, et qui lui portent chacun une croix à anse au-devant du front.
Un prêtre , entre deux personnages à tête de belier, vient à la suite > ce groupe
paroît prendre part à la scène qui se passe devant lu i, et où l’on remarque Osiris
assis sur un banc recouvert de la dépouillé d un lion ; ce dieu présente une croix
a anse a Isis, qui est assise comme lui, et derrière laquelle est une femme. 1
A la meme hauteur, a gauche, deux divinités à figure humaine, suivies dè
deux personnages à tête de grenouille, conduisent deux enfans à Isis, qui est
assise : cette déesse allaite son fils Horus, et Thoth écrit devant elle. Derrière
Tlioth, un personnage à tête de chacal paroît frapper sur une espèce de tambour
de basque posé à terre. Ensuite on voit encore Isis allaitant Horus : deux figures
d’Harpocrate debout la précèdent; et derrière elle , douze femmes, distribuées sur
trois rangs-, tiennent chacune un enfant qu’elles semblent vouloir préserver de
maléfices.
Dans la troisième rangée de bas-reliefs, une figure assise, nue et la tête rasée,
offre un stylet à Harpocrate , qui porte un doigt Sur sa bouche. Derrière Harpocrate
sont sept Isis allaitant chacune un enfant. Deux prêtresses offrent des