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le changea en pierre en lui présentant la tête de
Méduse. Proetus, dans ses querelles, avoit montré
de fa passion pour sa nièce Danaé, et devint le père
de P ersée : c’est le Jupiter transformé en pluie d’or.
[ g ] Méduse. Les anciens o n t, de tout temps,
peuplé l’Afrique de toute sorte d’animaux fabuleux,
d’hommes et d e femmes sauvages, qui ont fait imaginer
ensuite la fable vraisemblablement allégorique
des Gorgones. Bien plus tard, Athénée fait périr
plusieurs soldats de Marius, dins la guerre de
Jugurtha, par les regards de rffonstres semblables.
Une des premières armées Romaines qui descendirent
en Afrique, eut encore une bête non moins
merveilleuse à combattre. Pline et Diodore de Sicile
ont pris la peine d’expliquer la nature de quelques-
uns de ces prétendus animaux, et de donner des
interprétations de la fable des Gorgones et de l’expédition
de Persée. Daiis des temps plus modernes
encore, on a fait uri* récit romanesque du combat
d’un chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, Dieu-
donné de G o z o n , contre je ne sais quel lézard prodigieux
de la Libye. E n fin , de nos jou r s , les
Egyptiens crédules, et qui ont sans doute conservé
une partie des traditions superstitieuses de l’antiquité
sur les monstres de l’Afrique, prétendent q u e , sur la
route d’Akhmym à la grande Oasis et à celle de
Jupiter Ammon, on trouve des êtres inanimés qui
se convertissent lentement en animaux, et qui
donnent naissance à des espèces bizarres d’êtres
organisés, diversement combinées entre elles , et
successivement transformées en celles qui existent
aujourd’hui sur la terre; tandis qu’il en est
d’autres qui se sont éteintes , et dont on ne trouvj
plus que des ossemens, qu’on ne peut ranger <
aucune classe connue.
[ h ] Persée fit, comme on le v o it, toutes J
expéditions en Afrique et autour de l’Egypte : ssi * ■
victoires sur les Gorgones ; sur Atlas, roi de Mauri-I
tanie, qu’il changea, en pierre ; l’enlèvement dJ
pommes d’or du jardin des Hespérides, et la dé[fl
vrance d’Andromède en. Eihiopie. E n Grèce,;
réunit le royaume d’Àrgos à celui de Mycènes. y
peuples de ces deux états lui élevèrent des monunw:
héroïques ; mais il reçut encore de plus grands fiotl
neurs dans l’une des Cyclades oit son vaisseau avoi
abordé, et h Athènes, où il eut un temple, comme;
Chemmis, sans ètrepour cela regardé comme un die;.
[ i ] Voilà encore une des traces de ces usage
qui furent introduits par les Chemmites dans[
G rè ce , et dont j’ai parlé. La Cérès des Grecs éfe
à peu près la même qu’Isis, qui enseigna les pie
mières lois aux hommes : de là vient le surnc
de Thesmopkore [L égislatr ice], que les Grecsifl
donnèrent.
[k] II ne faut pas confondre ce Chemmis avec ¡H
roi dont parle Diodore de Sicile, lorsqu’il dit : « iH
» huitième successeur de Nileus (cet Ægyptus irtj
» ancien dont il a été question ) , fut Chemmis, q B
» régna cinq ans : ce fut lui qui fit élever la p l f l
» grande des trois pyramides A Chemmis su.1 '
» céda Cephren, son frère ensuite Mycérinus:
» Bocchoris. »
NOTICE
SUR LES ANTIQUI TÉS
Q U E L’ ON T R O U V E
A CHEYKH EL-HARYDY;
P a r E. J O M A R D .
/ / / S U I T E D U C H A P I T R E XI.
N azlet el-Harydy est le nom d’un petit village de la province de Syout, sur
la rive droite du Nil, à quatre lieues au-dessus de Qâou el-Kebyreh ou Antæo-
polis, et en-face de Tahtah; la montagne y est tout proche du fleuve, dont elle
-n’est séparée que par un petit champ cultivé. Dans toute cette partie de la vallée,
la chaîne orientale est presque toujours très-voisine du Nil; toutes les fois qu’il
se trouve un espace un peu plus large entre elle et le fleuve, on y voit quelque
culture et de petites habitations (i).
A sa naissance, la montagne a une pente de quarante-cinq degrés; elle s’élève
ensuite à pic, à une hauteur de plus de quatre cent cinquante pieds au-dessus du
niveau du fleuve; elle est percée de catacombes et de carrières, dont une, très-
considérable, a seize gros piliers, et des puits d’espace en espace. La longueur de
celle-ci est d’environ quatre-vingt-un mètres [ deux cent cinquante pieds ], sur seize
mètres [ cinquante pieds ] de profondeur. On trouve çà et là, auprès des ouvertures
de ces grottes antiques, des débris de baume et de momies d’animaux. Sur
le penchant de la montagne, il y a beaucoup de briques et de poteries brisées, qui
annoncent les restes d’une ancienne ville ou bourgade. Les parois de la montagne
sont pleines d’inégalités, et comme déchirées en tout sens. On trouve encore
des carrières et des grottes antiques jusqu’à deux mille mètres au-dessous de Nazlet
el-Harydy, ainsi qu’au-dessous de ce point, et du côté d’el-Rayâneh.
Au bas de la montagne, j’ai vu le reste d’un colosse taillé dans une partie du
rocher: sa matière est de la pierre calcaire compacte; de la même espèce que
certains colosses de Karnak. Il est au niveau de la plaine, et séparé d’un rocher
qui lui-même est très-saillant sur le sol. La figure est assise. Le socle et la statue
sont dun seul bloc (2) : on ne voit plus la tête ; il en est de même des jambes
(1) C e t endro it se nomme également Cheykh et
N a z le t el-Harydy, d u nom du cheykh d on t le tombeau
est dans la montagne ( v o y e z p l . 6 2 , f g . c , A . Vol. I V ) .
A. D.
no ticB
A u nord et à sept mille mètres d’A k hm ym , i l y a un autre
v illa g e appelé d e même Cheykh el-Harydy.
(2) V o y e z planche 6 2 , j îg . y , 8.
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