d’Alexandrie, on rencontre à chaque pas des restes de catacombes taillées dans le
rocher, qui sont actuellement recouverts par la mer. La construction uniforme
de ces fabriques composées de salles dans lesquelles sont pratiqués plusieurs rangs/
de niches aussi taillées dans le roc et de dimensions propres à recevoir des corps
encaissés, fait voir qu’elles avoient été établies pour servir de sépulture à ces
corps et les y conserver embaumés. On en voit quelques-unes ainsi disposées
dans l’intérieur des terres, particulièrement à côté de la mosquée ruinée que l’on
rencontre sur le bord du lac Mareotis.
A u milieu de ces ruines, toujours sur le rivage de la mer et à environ quatre
mille mètres des murs d’Alexandrie, on voit les bains qui portent le nom de
Cléopatre. C ’est dans cet endroit que se trouve le monument souterrain dont je
veux parler, et que l’on peut présumer être le tombeau des rois. Le plan général
en représente la masse et les accessoires.
Les accidens du rivage forment, à environ 60 mètres à l’est de ces bains, une
petite baie de 26 mètres de largeur, sur 60 mètres de profondeur : l’ouverture en
est entièrement fermée par deux gros rochers qui ne laissent qu’une petite passe
pour les canots. Au fond de cette baie, le terrain s’élève assez brusquement, et
l’on voit au milieu de la pente un petit trou qui forme l’entrée actuelle du monument,
et par lequel on ne descend qu’avec une grande peine. (On doit avoir
soin de se munir de flambeaux. ) Après avoir parcouru une longueur de 1 o mètres,
on se trouve dans une première salle, où l’on peut déjà sè tenir débout. A droite
et à gauche sont de petites chambres carrées, encombrées de sable ( 1 ), mais où l’on
voit de belles voûtes soutenues sur des pilastres et sur une corniche de fortes
proportions; elles présentent des pénétrations de cylindres horizontaux à angle
droit, portant le caractère du bon goût, et sont couvertes d’un enduit cristallisé,
sur lequel on voit tracées des lignes rouges de projection, tirées de la
naissance vers la c le f, où est dessiné un soleil. Autour des côtés de ces carrés,
on a pratiqué des niches voûtées en berceau et ornées aussi de pilastres pliés dans
l’angle, soutenant une corniche : cette première salle a 8m,4o de longueur, sur
8m,8o de largeur.
On entre ensuite dans une plus grande salle par une porte qui est dans le milieu
et qui a 3m,4o de largeur : nous n’avons pu en voir l’extrémité, parce qu’elle
est remplie de terre jusqu’au plafond. De légères dépenses que l’on feroit pour
pratiquer un petit chemin le long des murs, pourroient faire reconnoître les autres
parties , qui, malgré nos recherches opiniâtres, nous sont restées inconnues.
Aux deux côtés de cette salle sont encore deux petites chambres semblables
aux précédentes.
En cherchant autour de celle qui est à droite, nous avons trouvé dans le
mur une coupure qui nous a conduits dans un vaste corridor à moitié encombré de
terres, et dans le plafond duquel on voit trois puits en pierres sèches, que nous
avons présumés être les trous par lesquels on a jeté les terres qui encombrent le
monument. Ce corridor a 12 mètres de longueur sur deux largeurs, l’une de
,{i) Voyez le plan , A . vol. V , pl. 4 1 , fig. 2.
5m,60, l’autre de 3 mètres. Il donne entrée dans un autre corridor qui conduit
a une grande salle carrée dont je parlerai plus bas.
Il communique enfin à une belle salle dont les dimensions lui donnent pour
longueur exacte la diagonale du carré construit sur sa largeur ( 6m,8o sur qm,6o).
Sa décoration est simple et convenable au caractère de la fabrique. Quatre portiques
sont ouverts sur les quatre faces. Trois de ces portiques sont enrichis de
pilastres supportant des frontons ornés de modifions et denticules, et surmontés
d’un croissant. Aux deux côtés de la face à gauche, se trouvent deux petites portes
dont les dessus sont décorés d’une riche corniche, aussi denticulée, que présente la
coupe C D (1). Le reste des murs est absolument nu, et le plafond présente une
grande voûte en berceau, ou 1 on voit encore des lignes rouges qui indiquent
que 1 on devoit la décorer de caissons à rosaces.
De cette salle on entre, a gauche, dans une belle rotonde qui paroît être le but
et le centre principal du monument; elle a 7 mètres de diamètre, et 5™,83 de hauteur
depuis le sol du ro c , y compris la coupole, de 2“ 25 de flèche au-dessus
de la corniche du pourtour. Cette rotonde est régulièrement décorée de pilastres
d’une ordonnance particulière, ainsi qu’on le voit dans la coupe A B (2). Autour
sont pratiqués neuf tombeaux décorés comme ceux dont j’ai donné le détail dans
la première salle.
Nous avions deja fait fouiller jusqu au pied d’un des pilastres, et nous avions
trouve 1 eau salee un peu au-dessous du socle qui en forme le piédestal. Nous
fiesitions a croire que ce fut 1 eau de la mer, pouvant encore supposer que c’étoit
une filtration deau de pluie, imprégnée des sels dont ces terres sont chargées:
mais nous navons plus conservé de doute, lorsqu’ayant trouvé la même eau
dans les niches qui entourent la rotonde, et ayant fait le nivellement de ce point
a la mer, nous lavons reconnu plus bas seulement de 0",078, différence que
produit l’effet ordinaire du siphon par filtration; ce qui nous a prouvé que le sol
du monument ne pouvoit pas être plus bas que la base de ce piédestal des pilastres.
Le nivellement dont je viens de parler, nous a donné ^",092 pour l’épaisseur des
terres ou du rocher au-dessus de la coupole.
Rien nest étonnant et ne frappe comme l’effet de cette rotonde souterraine,
éclairée par une grande quantité de flambeaux ; leur lumière réfléchie sur l’enduit
cristallisé dont elle est couverte, présente des effets agréables d’optique. On admire
cette pièce avec d autant plus de plaisir, qu’on la voit dans toute sa hauteur, ainsi
que les tombeaux qui 1 entourent; car elle n’est point du tout encombrée de terre,
comme les autres salles, qui en sont tellement remplies, qu’il est impossible d’en
considérer toutes les parties et de juger de leur ensemble.
Revenant dans la salle qui précède cette rotonde, on entre dans un corridor
qui forme le prolongement du premier dont j’ai parlé, et qui, disposé dans la.
meme symetiie, donne entree a la grande salle carrée que j’ai déjà annoncée.
A l’extrémité de ce corridor, on trouve une petite salle de 4ra,io de longueur
sur ym,70 de largeur. A u milieu est un puits dans le plafond, et la salle est
(1) Voyez vol. V , pl. 4. (z) Ibid. fis . j .
A . D . ‘ * 8