7™21, il est large de 3m95, et il a 3raz i dans l’autre sens ( i) . Un toit tas, en
forme de pyramidion, et d’environ 3 décimètres de hauteur, forme sa sommité
Il repose sur une base ou petit socle de même granit, dont les angles sont usés
et arrondis, et le tout est supporté par un grand piédestal également usé, fo rm é
d’un bloc de granit et de deux assises de,grès, faisant ensemble une hauteur de
3m48 (2). L’ouverture est tournée au levant. Les faces de ce monolithe paroissent
aujourd’hui lisses, mais il a été sculpté ; les ornemens et hiéroglyphes sont peu
apparens : on ne les aperçoit qu’avec peine; mais on reconnoît qu’ils ont été
effacés, tant par le temps que par la main des hommes. Un simple cordon règne
horizontalement dans l’intérieur, aux deux tiers de la hauteur. Autour de l’ouverture
se trouve une feuillure destinée à recevoir une porté. Dans plusieurs endroits
il y a des fentes profondes dont on ignore tout-à-fait l’origine, bien qu’on l’ait
attribuée sans motif à un tremblement de terre. La gravure exprime les autres
détails de cette masse colossale (3).
Il n’est pas hors de propos de citer ici plusieurs monolithes du même genre.
Hérodote ( liv. 11, chap. 175 et 155) nous apprend des particularités curieuses
sur les temples monolithes de Sais et de Buto ; mais il passe sous silence celui
de Thmuis, apparemment comme étant moins considérable. Le premier, long
de 21 coudées et haut de huit (4 ), étoit placé à la porte du temple de la Minerve
Egyptienne : deux mille bateliers furent employés pendant trois années, sous
Amasis, au transport de cette masse de granit. Le second monolithe étoit une
chapelle dédiée à Latone, placée dans l’enceinte consacrée à cette déesse. Il étoit
cubique, et avoit, dit H érodote, 40 coudées en tout sens (5 ). Sa toiture, formée
aussi d’une seule pierre, étoit épaisse de 4 coudées (6). Granger, qui a voyagé en
Egypte en 1745, parle de Buto et de la chapelle de Latone comme les ayant
visitées; mais on n’a rien découvert de semblable dans les derniers temps. Nous
avons rapporté ces détails pour que le lecteur puisse établir une comparaison avec
ce qui subsiste à Thmuis.
D ’après les mesures qui ont été rapportées plus haut, le monolithe de Thmuis
avoit environ 16 coudées de hauteur sur 8 ~ de large et 7 de profondeur, dimensions
remarquables, mais qui le cèdent de beaucoup à celles des monumens
de Sais et de Buto ; ce qui n’est pas un motif cependant pour rendre ces dernières
invraisemblables. Au surplus, le lecteur doit consulter, dans l’ouvrage, les monolithes
de Phiiæ, d’Antæopolis, de Meylaouy, et les autres qui ont été figurés ou
décrits : celui-ci s’en distingue par les supports ménagés de chaque côté de l’ouverture,
et destinés peut-être à soutenir les barreaux d’un grillage, au nombre
de sept. A cet égard, je ne me permettrai pas d’autre conjecture.
Beaucoup de morceaux de granit rouge, placés autour du bloc, attestent qu il
(1) 22 pieds 2 pouces, sur 12 pieds 2 pouces et 9 pieds destiné seulement à donner les formes et le s mesures
11 pouces. . exactes ( consulter aussi l’explication de la planche ).
. (2) 10 pieds 9 pou ces.— Total delà hauteur du monu- (4) 9m7 sur 3m7> ou -9 pieds n . pouces sur 11 pieds
ment, 11 mètres, ou près de 3 4 pieds. 5 pouces.
(3) Voyez pl. 2 9 , A n i. vol. V , f i g . 16 à 19. On n’a pas (5) 18m47» ou 56 pieds 10 pouces et demi,
exprimé la dégradation du monument dans le dessin, (6) 1 m85, ou 5 pieds 8 pouces un quart.
servoit
servoit de centre a un édifice considérable, et qu’il contribuoit à son ordonnance.
Il y a aussi des blocs de granit noir, épars en différens endroits du voisinage; aux
environs sont trois autres constructions dégradées, restes peut-être d’autant de
monumens dont les débris couvrent le sol.
A une petite distance du monolithe, on a trouvé vingt-huit grandes pierres de
figure ovale, creusées en forme d’auge ou de sarcophage, et de beau granit noir.
Ces morceaux, d’un travail médiocre, sont entiers et debout : tous ont les mêmes
dimensions, savoir: o'"79 de profondeur ( t ) , et une longueur intérieure de
im26 (2) sur une largeur de om8y (3). Le travail de ces sarcophages n’est qu’à l'état
d’ébauche. Voici les autres dimensions : épaisseurdu contour de l’orifice, om28 (4) ;
longueur totale, im87 (5); largeur totale, im42 (6); hauteur, im[5 (7).
Ces dimensions doivent-elles faire présumer que les sarcophages dont il s’agit
étoient destinés à servir à la sépulture des animaux sacrés, dont les Egyptiens em-
baumoient religieusement les corps! C est une question que nous ne pouvons examiner
ici; bornons-nous à dire que Thmuis appartenoit au nome Mendésien, et
que, dans cette préfecture, Pan, sous l’image d’un bouc, étoit l’objet du culte; sans
doute comme emblème du principe générateur (8). Selon S. Jérôme, le nom
même de la ville en égyptien signifioit bouc; mais on n’admet pas cette étymologie
du nom de Thmuis.
Un beau torse de granit noir,, d’un demi-mètre, ayant la tête tronquée, a été
trouve sur les lieux, près du monolithe. La statue est assise, tenant d’une main
limage dun sphinx; 1 autre main est ouverte et étendue. Le dossier est une plate-
bande chargée d hiéroglyphes. On a encore trouvé sur le même lieu une tête de
granit, caractérisée par les traits de la figure des nègres, c’est-à-dire, la chevelure
crépue, le nez épaté, les lèvres épaisses et les joues exhaussées ( 9 ).
Le pays qui environne au sud l’ancienne Tlimuis est aujourd’hui à peine arrosé:
les ieaux du Nil y arrivoient autrefois par un canal tiré de celui de Moueys, dont les
traces se découvrent à une lieue sud-est du village de Tmây el-Emdyd. Il est
remarquable que les habitans de cette contrée, loin de trouver dans les traces de
cet ancien canal le souvenir des eaux bienfaisantes qui arrosoient et fertilisoient
des terres aujourd hui stériles, loin d’y puiser aucun motif d’émulation ou d’encouragement
pour exécuter des ouvrages semblables, aient défiguré par une fable
puerile et toutefois ingénieuse l’objet des travaux dont ils ont les restes sous les
yeux. Voici la tradition quils débitent à ce sujet : « Le gouverneur de Tmây,
» disent-ils, avoit des cantons que 1 inondation du Nil ne venoit point arroser : il
» étoit pauvre, mais riche cependant de la possession d’une fille dont la beauté
» fixoit tous les voeux; il mit à prix la main de cette fille unique, en la promettant
» a celui qui viendroit en bateau la recevoir à Tmây. Le succès alloit couronner son
(1) 2 pieds 5 pouces 4 lignes.
(2) 3 P ^ d s 10 p o u c e s 6 lig n e s .
(3) 2. pieds 7 pouces 6 lignes.
(4) 10 pouces 6 lignes.
(î) 5 pieds 9 pouces.
(6) 4 pieds 4 pouces 6 lignes.
A . D .
(7) 3 pieds 6 pouces 6 lignes.
(8) Diodor. Iib. 1, pag. 257, tom. I , ed. Bipont., et
Suidas, voce Mtif'vç.
(9 ) Cette r ê te et le torse dont o n vient de parler ont
été apportés d’Egypte et donnés.par M. de Chanaleilhes
au premier consul, qui les fit placer à Malmaison.
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