
-tfui est contraire aux apparences qu’il offre, et elle le ràpprocheroit’ trop des ruines
de l'intérieur de la ville.:
[,ro i ] La rivalité entre Rhode et Alexandrie, pour la puissance et le commerce
maritime, étoit bien naturelle. Mais lorsque, dans une comparaison entre de'si
grands objets, on voit l’immense et magnifique Alexandrie représentée par un petit
î lo td ’alluvion, on ne peut s’empêcher dépenser que cette étymologie pourroit
bien avoir quelque rapport avec la suprématie que Rhode avoit exercée sur toute
cette côte dans l’enfance d’Alexandrie, et avec la manière fine et dédaigneuse
dont Cléopatre l’en fit déchoir, selon Ammien Marcellin. Dans ce cas, le nom
d’Antirrhode seroit une véritable ironie, comme toute l’anecdote rapportée par
cet historien sur la construction de 1 ' Heptastadium par Cléopatre.
P R O M O N T O I R E E T P A L A I S D E L O C H I A S .
c .[ to z ] Peut-être, au contraire, le palais du cap Lochias n’étoit-il originairement
qu’une dépendance des palais intérieurs, un palais d’agrément bâti par extension
hors de l’ancienne ville, à mesure que le luxe des Ptolémées s’accrut, et ne seroit-il
devenu le palais par excellence que vers le temps de Strabon ; peut-être aussi,
dans l’origine, les autres étoient-ils les principaux, appelés interiores par la même
raison. Ils avoient d’ailleurs des abords plus développés, formoient un grand ensemble
qui communiquoit aux autres établissemens royaux et plus facilement avec
laville. ( Voyez leur article particulier dans la Description, section I.,c,■§. II. ) Au
surplus, tout cela n’est ici que des conjectures plus ou moins fondées, pour accorder
les expressions des auteurs. Il suffit, en pareil cas, que les hypothèses vraisemblables
soient nécessairement peu nombreuses, et alors elles satisfont presque
autant l’esprit qu’un fait unique et positif
[103] L e nom de Bazar me paroît convenir assez bien à l'Emporium. Lés
usages et les habitudes des Orientaux ont toujours été presque immuables.- Les
Rtolémées, dont le chef avoit suivi Alexandre dans ses expéditions, ont dû conserver
ces coutumes dans une ville tout Orientale. Les bazars modernes du Le-
yant,doivent donc représenter, ses anciens emporia.
A C R O L O C H I A S . ----- C A U T E S .
[ 1 0 4 ] J’admets seulement ici que les anciens Grecs ont pu employer, comme
les barbares, des débris de colonnes, parce que ce ne sont que dès fragmens peu
susceptibles-d’être employés ailleurs autrement qu’en remplissage, circonstance
importante à remarquer. Il faut observer encore que les fondemens que nous
examinons sont antiques; tandis que par-tout ailleurs où nous avons trouvé des
colonnes employées horizontalement, les fondations, comme les édifices eux-
mêmes, étoient modernes.
G R A N D E R U E L O N G I T U D I N A L E . - — P O R T E C A N O P J Q U E -
- [10 5 ] Le nom de platea, ou espèce de longue place, cours; que Strabon
donne, dans un de ses deux passages, à la grande rue longitudinale d’Alexandrie;
justifie la belle largeur qu’on lui attribue. Cette largeur étoit de cent pieds, ou
d un plèthre. Diodore confirme cette dimension. Selon Paucton, le plèthre, mesure
linéaire et itinéraire de 1 Asie et de 1 Egypte, égale quatorze toises deux cent
soixante-sept millièmes de nos toises. Suivant Romé de l’Isle, le plèthre ou jugère
des Latins est de quatorze toises un pied six pouces; il ne distingue point d’autre
mesure de ce nom. Strabon s’est servi du mot deplethron, et son interprète Latin,
de celui Acjugemm. Mais, quelque terme qu’on emploie, fût-ce même celui Al arpent,
il faut entendre ici une mesure linéaire ou le coté d’une mesure superficielle propre
a 1 arpentage, laquelle vaudra quatre-vingt-cinq pieds et demi, selon nos deux métrologues
Français, qui s’accordent parfaitement en ce point. C ’étoit donc une largeur
imposante qu’on avoit donnée aux deux premières rues d’Alexandrie. On peut
la comparer maintenant à la largeur des rues de nos plus grandes villes, et même
a celle de nos routes royales, généralement plus grandes en France qu’ailleurs, et
qui pourtant n’ont communément que soixante pieds d’ouverture. Dans l’ancienne
Rome même, où le transport des grands fardeaux n’étoit permis que pendant
la nuit, la largeur des rues droites avoit pu, par cette raison, demeurer bornée à
huit pieds [sept pieds trois pouces de France], et celle des rues tortueuses, à
quatorze et demi de nos pieds, soit qu’elles fussent militaires, consulaires ou prétoriennes,
cest-a-dire, principales, ou bien seulement vicinales, et communiquant
entre les précédentes. Lorsque Néron rebâtit une partie de la ville, et qu’il en
élargit les communications, il fut loin de les égaler à celles d’Alexandrie. La
belle rue pavée quon a déblayée à Pompeii, n’a que quatre toises, y compris ses
deux trottoirs de quatre pieds chacun. Notez qu’à Alexandrie les chevaux et les
chars passoient facilement de front dans toutes les autres rues, et vous aurez une
idee de la magnificence relative de cette ville dans l’antiquité, et même au temps
de la plus grande splendeur de sa rivale, devenue le centre du monde civilisé.
[ 106] Remarquons que Strabon ne dit pas que cette rue s’étendoit d’une porte
de la ville a Iautre, mais de Necropolis à la porte de Canope; ce qui annonce,
ou que le grand cours se prolongeoit dans le faubourg qui portoit le nom de ville
des Morts, ou que ce faubourg touchoit immédiatement à la porte opposée à la
Canopique, d où la rue pouvoit alors partir. Cette remarque donne de la latitude
pour la détermination de l’emplacement de l’enceinte antique et de Necropolis à
1 extrémité occidentale, et pour l’explication de la longueur de quarante stades
assignée par Diodore de Sicile.
[10 7 ] L e mot près de trente stades qu’emploie Strabon pour la longueur de
la ville, est remarquable. Il prouve que dans ces grandes mesures les géographes
ne prétendoient pas mettre plus de précision que nous n’en mettons ordinairement
en pareil cas. Cela laisse une sorte d’indécision sur la distinction des faubourgs
de la ville, leurs limites respectives, &c., et se prête à l’accord à mettre
entre les quantités variables que donnent les auteurs pour les dimensions de la
ville antique. On peut aussi appliquer à la grande rue ce que disent Strabon de
la longueur des côtés de la chlamyde, et Josèphe, de celle de la ville (1); car
(1) Joseph, de Bello Jud. Iib. i l , cap. XVI .