tous les auteurs ont soin cie distinguer les faubourgs de la cité, lorsqu’il est question
de ces faubourgs; et, selon le texte précis de Strabon, la rue s’étendoit depuis
Necropolis jusqu’à la porte Canopique.
J’emploie toujours ici, pour accorder ces auteurs, le stade Grec qui leur étoit
commun. Cependant, comment Diodore de Sicile, qui avoit visité l ’Egypte, porte-
t-il quarante stades d’une porte à l’autre! Mais j’ai déjà remarqué que toujours cet
auteur se sert de stades plus petits que ceux de Strabon et de Josèphe (celui que
d’Anville a cherché à tirer de l'Heptastadium approcheroit assez, en en prenant
quarante, de la mesure de ces deux auteurs, laquelle ne seroit excédée que de cent
quatre-vingt-dix toises ou deux stades Olympiques). Diodore dit, d’ailleurs, que la
ville s’alongeoit en pointe étroite à ces deux extrémités; et il est possible que Strabon
et Josèphe, qui n’indiquent pas avec autant de précision la position des deux
portes, et qui ne parlent que de la longueur de la ville en général, n’aient considéré
que sa masse principale, comme on le verra par la forme de la chlamyde. De plus,
Diodore étant venu après ces deuxauteurs, il est bien possible que, la ville croissant
en prospérité depuis Alexandre, on l’ait étendue au-delà des murs que son fondateur
avoit bâtis, comme le prouve, au moins sur les côtés du Loclias et du Mareotis,
l’élargissement que ses ruines ont reçu. Enfin tout annonce que les rues se prolon-
geoient en faubourgs au-delà des portes, du moins du côté de Necropolis.
[ 108] Achillès Tatius, « qui nous a appris les amours de Clitophon et de Leu-
» çippe, étoit d’Alexandrie d’Égypte», dit M. Huet dans sa lettre à Segrais sur
l’origine des romans. Il abjura le paganisme et devint évêque. L ’époque où il vivoit
n’est pas bien certaine; on est sûr au moins qu’elle est antérieure au règne de 1 empereur
Constance II, qui commença à la mort de son père Constantin le Grand,
en 337. Outre le roman qu’on lui attribue, et dont la morale licencieuse ne peut
appartenir qu’à la première jeunesse de l’auteur, on a de lui deux ouvrages sur les
Phénomènes d’Aratus, traduits par le P. Petau dans ses traités de chronologie. Le
roman, écrit avec peu de naturel, a été traduit par Duperron de Castera, et nous
fournira ailleurs des renseignemens curieux sur Alexandrie au i i l ! siècle.
G R A N D E R U E T R A N S V E R S A L E .
F O R M E E T D I M E N S I O N S D E L A V I L L E A N T I Q U E .
[10 9 ] Il est à remarquer que la grande rue transversale, telle que je l’ai disposée,
aboutit mieux au quartier des palais, conformément à l’assertion de Philon.
[ 11 o ] Je trouve que l’abbé Terrasson a mal traduit la phrase citée dans la Desc
r i p t i o n , t f e . Pour conserver cette version, il faut supposer que dans le premier
membre il est question de la place formée par les deux rues, et dans le second, de
ces deux rues elles-mêmes et de leurs dimensions. Au reste, en prenant la phrase
telle qu’elle est traduite, il est évident que cette largeur d’un arpent et tout le reste
se rapportent à la place-rue, et non à la ville ; alors les quarante Stades, qui excèdent
les trente de Strabon, ne s’appliqueroient pas de toute nécessité à la ville seule,
mais aussi au faubourg dans lequel cette rue pou voit se prolonger. Voici toutefois
la version littérale de Diodore : « La ville a une grande rue qui la partage
» presque
» presque par la moitié, et qui est très-remarquable par sa longueur et par sa lar-
» geur. En effet, allant d’une porte à l’autre, elle a quarante stades en longueur
» et un plethre en largeur, &c. » Ce nouveau sens, qui devrôit maintenant se
rapporter à 1 article de la grande rue longitudinale, s’accommoderoit également
avec les explications que ces mêmes articles renferment.
[ 11 1 ] Toutes les rues étoient donc ouvertes de la mer au lac Mareotis. L ’intersection
rectangulaire des deux principales, et la forme, originairement rectangulaire
aussi, de la chlamÿde antique, amènent naturellement la division du plan
en échiquier. Il n y avoit pas de raison pour qu’on s’efforçât péniblement de
gâter ce plan, en s écartant du parallélisme par rapport à tous ces grands cadres.
Je crois que c est par des réflexions semblables que plusieurs personnes ont regardé
comme une chose reconnue, que l’intérieur d’Alexandrie étoit divisé en échiquier;
mais aucun historien ou géographe ancien, que je sache, ne l’assure positivement.
[112] Cet auteur nous apprend donc positivement qu’Alëxandrie étoit entourée
de murailles, et que ces murailles furent bâties dès sa première fondation. C ’est à
ces murailles que doit s’appliquer la forme de la chlamyde, et il pàroft bien que
les palais du Loclùas et les faubourgs indiqués par les limites carrées des collines
de décombres sur toute cette extrémité orientale ont été ajoutés depuis. Au
reste, il est évident que, dans tout ce passage et sa suite, que je ne donne pas ici,
Diodore a résumé Strabon. Ses dernières expressions, si l’on veut conserver le
mot place, signifieront que le sommet de la courbure, ou le bas de la chlamyde,
de chaque côté nord et sud, est ouvert par une grande rue ( la rue transversale ),
et vient par ce moyen aboutir à la place du centre.
[113] La chlamyde des Grecs, comme le manteau de guerre des Romains et
tous Jes vetemens de cette espèce que les anciens portoient en surtout, étoit un
parallélogramme rectangle, dont la largeur, qu’on faisoit communément égale à la
hauteur qui se trouve entre le cou et le gras de jambe, étoit la moitié de sa longueur.
Nous voyons de ces surtouts beaucoup plus courts sur plusieurs statues antiques de
femme, de soldat, &c. : mais c est toujours la même pièce d’étoffe, mais dont les
proportions sont variées, et qui est diversement attachée et drapée. Ainsi nous
savons, et on le voit encore sur plusieurs statues d’Alexandre, que la chlamyde
Macédonienne descendoit jusqu’aux talons; notre Le Brun a fort bien observé
cette forme dans son beau tableau de la famille de Darius, que tout le monde
connoît : mais on ignore les autres proportions de cette espèce particulière de
chlamyde, cest-a-dire, la largeur doù découle tout Je reste. On conçoit pourtant
que celle-ci devoit être plus considérable que dans la chlamyde Grecque
proprement dite, et que le manteau Macédonien ne devoit différer des autres
que par Iampleur de ses deux dimensions; car on sait que les anciens le distin-
guoient de celui du reste des Grecs, et lui donnoient par cette raison ce nom
de chlamyde Macédonienne.
Elle sattachoit, comme toutes les autres, sur la poitrine ou sur une épaule, au
moyen de deux agrafes placées à peu près à chaque tiers de la longueur d’un des
deux grands côtés, et les bouts du côté opposé se relevoient sur les bras, et pou