le bas, de trois ou quatre ouvertures circulaires de deux pouces de diamètre, pratiquées
après coup. Elle a 3m,iz6 de longueur, i "\6z6 de largeur à la tête, im,281
eux pieds, et im, i j o de hauteur. Lé plus grand des deux petits côtés de son parallélogramme
est arrondi comme dans une baignoire. Elle provient d’un seul
bloc de brèche d’Egypte de la plus grande beauté et d’un poli parfait, et que les
Italiens connoissent sous le nom de breccia verde d’E-gitto [ t ). Elle est d’une couleur
brune ou vert très-foncé, parsemée de fragmens verts, jaunes, blancs, noirs
et rougeâtres, qui forment un mélange du plus bel effet. Cette roche est, comme
on sait, excessivement dure : mais ce bloc est d’une nature plus homogène que les
brèches ordinaires [ 1 7 5 ] ; ce qui l’aura fait préférer par les anciens pour la facilité
du travail, et sur-tout pour la pureté de la sculpture. Cependant ce travail, pour
le seul creusement du bloc, sur la foible épaisseur de huit pouces que présentent
les côtés, a dû être très-considérable et exiger de grandes précautions; mais le
travail, le soin et la patience sont le caractère dominant des ouvrages des anciens
Égyptiens. En voici un autre témoignage dans la décoration de ce monolithe,
qui est orné et tout couvert en dehors et en dedans de figures hiéroglyphiques
fort nombreuses, petites, très-fines, très-délicatement tracées et on ne peut pas
plus nettes. Quelques-unes semblent avoir rapport au passage du Styx, que les
Grecs paroissent avoir emprunté aux Égyptiens, ainsi que d’autres parties de leur
fable des enfers. Plusieurs personnages sont dans des barques emblématiques
du genre de celles qu’on voit si fréquemment sur les murs des temples et des
grottes de la haute Égypte. On y trouve l’ichneumon assez bien représenté [ 176 ].
Les hiéroglyphes du dedans de la cuve sont en moindre quantité que ceux du
dehors.
Il auroit été intéressant pour le lecteur de trouver ici une description plus détaillée
de ce beau monument, que les relations des voyageurs modernes ont déjà
rendu célèbre dans toute l’Europe ; d’en comparer les dimensions avec celles des
sarcophages des toiribeaux des Rois et des pyramides de Memphis, et avec celles
de la cuve que l’on a trouvée au pied de la mosquée du Kaire, bâtie dans le lieu
appelé Qçdâa’t el-Qabch [Château du Mouton], Ce dernier monolithe ressemble
à celui d’Alexandrie pour la distribution des ornemens. Nous nous bornons à
renvoyer ici à l’explication des planches (2}.
A u reste, il n’est pas douteux, aux yeux de celui qui a parcouru les monumens
de la haute Égypte, et visité l’intérieur de la grande pyramide, que le monolithe
d’Alexandrie ne fût un sarcophage. Ceux des tombeaux des Rois sont, comme
celui-ci, arrondis à une extrémité et équarris à l’autre. Ici, le dessus manque, et
il paroît, d’après les autres tombes dont nous avons trouvé les couvercles encore
en place, et chargés d’une figure en pied et en bas-relief couchée sur le dos,
comme on en voit sur nos tombeaux du x v .' siècle, il paroît, dis - je , que
les sarcophages d’Égypte avoient tous une fermeture de même matière, quoique
la momie y fût déjà revêtue d’enveloppes très-solides. C ’est, sans doute, ce qui
(1) Voyez H . JV- Minéralogie, pl. p , et l’explication.
(2) Voyez A. vol. V, pl. 40 et 41.
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a fait prétendre à quelques personnes de l’expédition, qu’on avoit trouvé le couvercle
de celui-ci dans une rue d Alexandrie moderne, chose que nous n’avons
pas pu vérifier.
Ce monument si précieux par le travail et par son antiquité l’est encore par
la rareté des morceaux sculptés autant que par la beauté de la matière. Nous
n’avons vu en brèche semblable qu’un fragment de colonne qui étoit dans un des
jardins voisins de la place Ezbekyeh au Kaire. Les Égyptiens seuls ont travaillé
cette roche; et, s’il est permis de comparer des masses très-différentes, je ne
crois pas qu’on puisse accorder autant d’importance et de prix à la colonne
Dioclétienne elle-même qu’au sarcophage d’Alexandrie.
Il appartenoit probablement à l’édifice antique, antérieur à la primitive église,
comme, en d’autres temps, à la mosquée; mais il n’y avoit été transporté qu’après
avoir été extrait, comme les obélisques, de quelque grotte sépulcrale bien
plus antique qu’Alexandrie elle-même; car on sait que les monolithes de ce
genre, employés dans les tombeaux du Sa’yd par les anciens Égyptiens, étoient
étrangers à Alexandrie, ville Grecque et moderne relativement à la vieille