
voit les figures arretees dans toutes leurs parties, tandis que, dans les premiers, ces
parties ne sont qu’indiquées par les premiers traits, qui décèlent le faire et le secret
de l’artiste (t).
Les carreaux dans lesquels ces chapiteaux sont tracés, ont encore un intérêt de
plus, a cause de leur nombre et de leurs dimensions. Dans l’un et dans l’autre, le
petit temple et la tête ont chacun également quatre carreaux de hauteur; et, dans
tous les deux aussi, la largeur totale comprend six carreaux. Cependant ces chapiteaux
sont à des échelles très-différentes, puisque l’un a 2m,8o de haut, et l’autre
2m,i6.
Dans Je plus petit, les carreaux ont o In, 2 7 dans le sens horizontal; dans l’autre,
alternativement et o“ ,28 ; ils équivalent à quatorze doigts de la coudée
Égyptienne (2). Dans le plus grand, ils ont om,3y ou dix-huit doigts, ou ce qu’on
appelle un pygmè, c est-a-dire, les trois quarts de la coudée : on peut déduire de là
plusieurs conséquences ; mais je renvoie au Mémoire cité dans les notes. Je préfère
fixer 1 attention du lecteur sur un autre point assez important ; c’est que
1 épure du premier de ces chapiteaux est la même que celle qui a servi à tracer
Je chapiteau lui-même de Denderah. Il est impossible d’en douter, : en effet, la
largeur totale de celui-ci est de 2“ 762; dans* l’épure, elle est de im,38 ou moitié.
Le petit temple a 2m,i6 jusqu a l’angle de la corniche; dans l’épure, im,o8 ou
la moitié.
La hauteur de ce temple a, dans le chapiteau , plus de 2m,to ; et dans l’épure,
im,o8 ou la moitié!
La saillie est de o1",352; et dans 1 épure, de deux tiers de carreau ou om, 175,
c’est-à-dire, encore la moitié.
Cependant la tete est un peu plus que moitié de celle du chapiteau, qui a im,8,
tandis que la première a très-peu moins d’un mètre. Ainsi toute cette épure est
a 1 échelle de moitié de l’exécution ; rapport commode, et qui a sans doute été
choisi pour qu on pût conserver dans les contours une parfaite précision.
La tête étant celle d’une femme, c’est-à-dire, dans la proportion de 1 à 7 j
avec la stature entière, il est facile de trouver à quelle stature elle se rappor-
toit; comme elle occupe trois carreaux et demi ou om,o y , la hauteur de la
figure seroit de 7m,36, ou précisément seize coudées. La stature naturelle étant de
quatre coudées, 1 artiste s’est donc servi, pour dessiner cette tête de femme,
d’une échelle de quatre coudées ou une orgyie pour coudée, ou bien de celle
d’un pied pour palme.
On pourroit faire des rapprochemens tout aussi curieux sur le second chapiteau
à tete d Isis, dans lequel la partie de la tête avoit quatre carreaux de hauteur
ou trois coudées (3); et celle du temple, autant : la largeur totale avoit quatre
coudées et demie. Mais je dois passer à un troisième chapiteau, en forme de
calice de lotus (4). Sa plus grande largeur est de 2“ 26 : sa hauteur, de im,2 1. Le de
(1) Voyez pl. 62, f ig . j et 4. Égyptiens, chap. v , Antiquités-Mémoires, tom. 1 ,pag. )
(2) La tete avoit ainsi trois pieds Égyptiens et demi. (3) Voyez pl. 6 2 ,fig .j.
(Voyez mon Mémoire sur le système métrique des anciens (4) lbid. fig. j .
a om,3<S de haut (ou un carreau) sur im,o 6 ;ie fût a im,3. Il y a deux espèces de
carreaux; les trois supérieurs sont de om,3<S, et les autres de om,47 ou om,48.
Si l’on prend pour unité le quart de ce dernier, on trouve, à fort peu près:
Le d é , hauteur...................................................... - par,;e5.
largeur................................................. ...
Le chapiteau, hauteur totale............................. 10.
------------------- largeur.......................................... Yj .
:---------- couronnement. . . . . . . . 2.
-------------- ;— sajjfje sur le d é ........................ c.
------------ -4 *-— saiiïie sur le f û t ; . . . . . . . 4.
L e f ò t , largeur. . ................................¡i1 : . 1 PS
Or cette partie aliquote se trouve être précisément un quart de la coudée
Égyptienne, ou six doigts (1).
Si 1 on cherchoit parmi les nombreusescolonnes de ce genre qui se trouvent dans
les monumens, par exemple, à Kamak, jen e doute pas que 1 on ne découvrît celles
auxquelles se rapporte cette epùre. La courbure de la gorge n’est pas tracée; il n’y
a en place qu une simple ligne droite. On remarque au reste, dans cette épure,
la même pureté de trait que dans ^précédentes; enfin elle est également tracée
en encre rouge sur une face dressée pour cet objet.
Ainsi voilà des projections, ou ce quon appelle des traits en stéréotomie, qui
nous sont restées de la main même des architectes Égyptiens. De simples lignes
rouges ont résisté au laps des siècles, et aujourd’hui elles nous révèlent les procédés
de l’art en Égypte.
Aux environs des carrières de Gebel Abou-Fedah, on trouve des débris de
momies qui contribuent à prouver qu’elles ont servi d’hypogées. Les habitans des
villages voisins leur donnent le nom de mogjiârah, nom par lequel les fellâh désignent
toujours les grottes sépulcrales. Au-delà de cette montagne, le rocher,
toujours baigné ou très-voisin des eaux du Nil, continue de présenter à l’oeil des
ouvertures de catacombes. En général, on voit la même chose dans presque toute
la chaîne Arabique, pendant vingt-cinq à trente lieues. D ’un autre côté, le rocher
est constamment à découvert dans cette partie, presque toujours à pic et rapproché
du fleuve; raisons qui ont fait adopter cette montagne pour y creuser les
tombeaux des habitans de la rive gauche du Nil. C’est sur cette dernière qu etoient
situées un grand nombre de villes populeuses : la largeur de la plaine auroit donc
exigé que les habitans allassent au loin dans la chaîne Libyque pour déposer leurs
morts ; l’endroit le plus commode et le plus proche étoit la montagne Arabique.
§. II.
C u sæ (aujourd’hui Qousyeh).
^ C u s æ étoit une des villes de la rive gauche qui avoient leurs catacombes
a Gebel Abou-Fedah. Cette ville, située à deux mille cinq cents mètres à l’ouest
(') le Mémoire qui est cité ci-dessus, note 2 de la page 6.