lioue et le labourage à la charrue sont représentés plus loin, et au-delà encore
sont deux hommes qui paroissent occupés à battre quelque espèce de grain avec
des cordes épaisses ou de grosses tiges'flexibles (i).
L ’usage de la faucille est une chose qui mérite d’être remarquée ici : je ne puis
conjecturer ce qu’est l’instrument que porte un homme placé entre la moisson
et le battage; la forme est un grand demi-cercle, avec des carreaux tracés pardessus.
Derrière la figure est un âne sellé d’une simple couverture, et qui semble
occupé à brouter.
Je dois citer ici les représentations de deux barques. Dans la première, sept
personnages religieux accompagnent une momie couchée sur- le lit funèbre, et qui
passe le Nil ou un canal : deux matelots dirigent le navire, au moyen de deux
grands avirons suspendus à des mâts, et ils manoeuvrent avec des cordes (2). Dans
l’autre, qui est beaucoup plus grande, on remarque une grande voile carrée (3).
La vergue est tout au haut du mât, dans une position horizontale ; le mât même
est soutenu par deux grandes cordes et par des haubans, consistant en dix cprdes
inclinées, dont cinq passent sur le mât et cinq par-dessous ; par un vice de
perspective, elles se trouvent toutes dix dans la même direction (4). A Efethyia,
les barques à voile carrée n’ont pas de haubans, ou ceux-ci ne sont composés que
de deux cordes. Neuf jeunes gens assis sont armés de rames; deux autres paroissent
occupés à serrer ou lâcher les cordes inférieures de la voile, sous la direction
d’un matelot, pour mettre la voilure dans la direction du vent. Trois personnages
à la poupe plongent dans l’eau des rames beaucoup plus longues, ou
des avirons qui paroissent faire les fonctions de gouvernail. Au-dessus de tous, le
pilote balance dans ses mains deux cordes attachées aux bouts de la vergue, et
l’on distingue la manoeuvre dont il est occupé. On trouve encore dans ces peintures
la représentation des barques en papyrus ou en jonc.
Dans la grotte principale, au-dessus d’une porte, j’ai découvert de véritables
scènes de gymnastique, chose dont je n’avois vu nulle trace dans les hypogées,
ni dans les temples ou les palais, bien que, d’après un passage d’Hérodote, il y
eût en Egypte des exercices appelés jeux gymniques, en usage dans la ville de
Chemmis (y). Les deux personnages ou plutôt les deux partis qui luttent ensemble,
sont représentés ici dans toutes les postures imaginables ; leurs membres se
croisent dans tous les sens. La variété des attitudes est telle ,- qu’on doit croire
que les Egyptiens étoient très-fàmiliers avec ces jeux, ou bien que l’artiste s’est
laissé aller à son imagination (6). Les deux lutteurs sont distingués par les couleurs
rouge et noire ; il semble que l’avantage reste toujours à la première. On sait que
c’est par la couleur rouge-pâle que les Egyptiens se désignoient dans leurs peintures.
Je n’ai point compté le nombre de ces groupes ; mais je me rappelle qu’il
est très-considérable : j’en ai seulement dessiné huit pour en donner une idée.
(1) Voyez pl. 6s,fig. 2 .
(2) Ibid.Jîg. 4.
(3) Ibid.Jfg._y.
(4) C'est par erreur que, dans la gravure, il y a six
cordes dessus et quatre dessous.
(5) Herodot. H is t. liv. I l , c. 91. II faut lire, dans cet
auteur, ce qu’il dit de l’origine de la célébration des jeux
gymniques à Chemmis.
(6) Voyez pl. 66, fig. r. ■
Plusieurs des poses peuvent passer pour des tours de force assez extraordinaires.
On voit la une sorte d’essai de perspective dans le dessin ; mais il faut bien
remarquer que les scènes sont purement civiles, et n’ont aucune connexion avec
les sujets religieux. Apparemment l’artiste avoit un peu plus de liberté dans ces
sortes de compositions. Voyez, ci,après ( 1 ) , la description -d’un autre'exercice
de gymnastique. .
Plus loin on voit une leçon de danse et d’équilibre, où le maître et l’élève ont
des attitudes pleines de justesse (2). Ailleurs on remarque encore des groupes
d’hommes faisant des tours de force et d’équilibre, 'et d’autres luttant avec un
bâton. Il faut se souvenir que, suivant Diodore de Sicile, Hermès inventa la
lutte et la danse, et fit concevoir quelle force et quelle grâce le corps humain peut
tirer de ces deux exercices (3 ).
Dans un autre endroit de l’hypogée, j’ai dessiné une chasse aux gazelles que
les chasseurs poursuivent à coups de javelot, suivis par des lévriers tenus en lesse;
scene toute pareille à celle que j’ai sue en réalité dans le désert et presque dans
le lieu même, lorsque je visitois les tribus Arabes qui parcourent la montagne
Libyque, et qui se servent également du selouq ou lévrier (4I
J ai remarqué ailleurs une musicienne pinçant d’une harpe à sept cordes (5)
Une Scène représente le supplice de la bastonnade, où le patient est couché
sur le ventre, un homme lui tenant les pieds et un autre les bras, tandis qu’un
troisième le frappe (6), Le spectacle est tel qu’on le voit journellement au Kaire.
On observe des figures d’animaux , de plantes et de fleurs : je citerai seulement
un hippopotame, un ibis et un autre oiseau perchés sur des lotus (y);
Des offrandes, où sont rassemblés des oignons, des feuilles de bananier, des
vases, &c., et des hommes portant différentes plantes difficiles à qualifier (8);
Une sorte de guéridon, où l’on voit sortir de feuilles semblables une tige
dananas : du moins, le fruit et la feuille ont avec cette plante quelque ressemblance
(p); ‘ ■
Des arbrisseaux, que l’on croit représenter des cyprès, &c. (10); enfin des
chasses d’oiseaux, la pêche, &c.
Je citerai,, parmi les instrumens, le dessin d’une balance différente des-autres
pour son extrême simplicité, et celui d’une enclume (11).
Les ornemens des plafonds sont très-variés, comme je l’ai dit: il y çn a de
très-riches, et aussi de simples, mais réguliers; ceux-ci consistent en carreaux
ayant un fleuron en dedans ou une perle dans les angles (12).
ü v*6 - , _ Ies Arabes de l'Egypte moyenne, È. M . tom, I , pas. rdc.
2 P1- <*. fig- (s) Voyez pl. 66, p . , p .
J f ^ Pag' IO’ 61 liV' Vl <6> lbid' fit- »• ^ f ü curieux se retrouve dans les
P g- -30, traduction de 1 abbe Terrasson. Cependant, par hypogées de Thébes. Voyez la description des hypoeées
une contradiction qui demanderait à être expliquée, le A. D. chap. IX,pag. j j t .
même Diodore prétend ailleurs que l’art de la lutte ne (y) \oyez pL 66, f ig ,s .
i enseignoit pas en Egypte, parce qu’il donnoît aux jeunes (8) lbid. fig. j et 6°
gens une force passagère et dangereuse (liv. t." , p. 31 3. (9) lbid. fig 7 .
Peut-être dans ce dernier passage est-il question d’une (io) lbid. f i .. „ . ’
epoque particulière de l’histoire d’Égyptc. ( i ,) lbid. fig. S et. y -
(4) Voyez pl. 66, fig. j e t 4 , et les Observations sur (iz) lbid. f i,. ,2 et 16.