Le niveau de l'embouchure du canal inférieur n’est souvent pas élevé de om,6o
au-dessus de celui de la mer. Cette remarque n’est pas favorable à l’opinion de
ceux qui croient que la mer a considérablement, baissé depuis les Grecs ; car on ne
voit pas à quoi auroient pu servir ces canaux inférieurs, s’ils eussent été de trois
ou quatre mètres au-dessous de la Méditerranée [89].
Des vestiges qui subsistent le long de cette rive, l’un des plus intéressans est
un plan incliné qui a encore beaucoup d’étendue. Il est formé de pierraille et de
•mortier. Ce mélange a acquis une telle dureté, qu’on a de la peine à se persuader
que ce ne soit pas le rocher lui-même. Il paroît que la mer brisoit anciennement
en cet endroit, comme aujourd’hui, avec beaucoup de force, et
que, pour amortir sa violence, on a formé ce plan incliné [90]. On rencontre
aussi un massif considérable de maçonnerie en briques, qui s’avance d’environ
vingt mètres dans la mer, et dont les fondemens, composés de forts blocs de
pierre de taille, sont couverts par les eaux, sans qu’on puisse, d’après la situation
bien horizontale des assises, supposer que le sol se soit affaissé dans cet endroit.
A u reste, les bords de cette courbe ont fort peu de profondeur, dans un espace
de plus de cinquante mètres en avant dans l’eau; et tout prouve de.plus en plus
que ce terrain a été conquis par la mer.
Dans toute cette étendue, on trouve encore beaucoup de vestiges de constructions
en pierre numismale ; mais c’est la brique qui domine le plus. Il y a
des restes nombreux de citernes sur le bord intérieur des terres, et des citernes
presque tout entières, dont les murs, les voûtes et les plafonds inférieurs sont
faits avec de belles briques épaisses de deux pouces. Quelques-unes de ces citernes
ne sont que des puits cylindriques : d’autres sont au voisinage de bassins qui
paroissent n’avoir point été recouverts. Nous avons vu des conduits dont le fond
est plaqué de briques de cette épaisseur : ces citernes sont aussi revêtues d’un
excellent ciment de chaux et de brique pilée. Les briques qui se rencontrent
dans les constructions antiques d’Alexandrie, ont, pour la plupart, huit pouces
en carré et un pouce d’épaisseur. Il y en a d’autres, mais en petit nombre, qui
ont près de deux pieds en carré ; on en trouve aussi qui sont très-petites et
n’ont que trois ou quatre pouces. Elles servoient à faire des aires, et sont placées
de champ et disposées en fougère. La plupart de ces constructions sont formées
de plusieurs rangs de briques et d’autres rangs de pierres de huit pouces de hauteur
seulement. II y a, en général, beaucoup de mortier dans ces ouvrages.
Dans le mois de janvier 1801, l’on trouva, près du bord de la mer, entre
l’obélisque et le promontoire de Lochias, dans des ruines qui n’avoient pas
encore été fouillées, deux statues en marbre blanc : l’une, qui est plus grande que
nature, est la statue de Septime Sévère; l’autre, qui est de grandeur naturelle,
est celle de Marc-Aurèle. La première a le costume d’un guerrier, mais recouvert
d’un manteau Grec ; la seconde est revêtue de la toge. Ces deux statues
•sont presque entières; elles sont assez belles pour mériter d’être conservées. On
•verra par la suite combien la mémoire de Sévère devoit être en vénération à
Alexandrie [91].
P O S I D I U M . ------ T E l y lP .L E D,E N E P T U N E , ----- T J M O N I U M .
En suivant et examinant en détail le rivage, après le Cæsarium et la to„n dite
des Romains, on trouve d’abord un sol plat, qui n’offre point de masses remarquables
de ruines et n’indique l’existence d’aucun édifice antique-; mais on rencontre
ensuite une première et petite presqu’île que forme la côte en cet endroit,
Elle est chargée de ruines, et présente à son extrémité des espèces d’îlots qui
annoncent qu’elle a pu se prolonger davantage autrefois, comme nous le verrons
fout-à-l’heure,
En continuant de marcher vers l'e st, on trouve, à cent mètres environ de distance,
des ruines avancées vers la mer et qui sont les plus considérables de toutes
celles que présente cette partie de la côte (1), Elles doivent leur conservation,
d aboi d a ce que i édifice avoit été fondé sur le rocher qui paroît avoir été dressé
pour le recevoir; ensuite à la nature des matériaux qui ont été mis en oeuvre, et
au bon emploi qu on en a fait. Voici 1 ordre des différentes espèces de maçonnerie
qu on a employées dans la construction d une partie de ce monument. Il
y a d abord une assise de blocs de pierre calcaire pqsée sur le roc et dressée
de niyeau; elle est recouverte d’un lit composé de petits moellons d’un décimètre
cube environ, jetes sans ordre dans un bain de mortier. C ’est opus incertum
de Vitruve. Cefte couche est recouverte d’une assise de carreaux de terre
cuite, sur lesquels porte une nouvelle couche de maçonnerie de béton, qui diffère
de la précédente en ce quelle contient des blocs de pierrp équarris, posés sans
suite et sans ordre entre eux, et souvent isolément, mais toujours bien horizontalement.
Au-dessus de ce quatrième lit, se trouvent alternativement deux assises
de pierres de médiocre grosseur, csmillées, et trois assises de briques jusqu’au
niveau de la plainp [92]. Il est à remarquer que les joints de ces lits alternatifs
sont presque de la même épaisseur que les briques, et que le mortier est composé
de chaux et de pouzzolane. On y trouve aussi quantité de ffagmens de lave de la
grosseur d’une petite poix. Les briques employées clans cette construction sont
carrées.
Pour bien s assurer de l’usage auquel cet édifice étoit consacré, il faudroit en
avoir un plan exact, et il est bien à regretter que les circonstances n’aient pas
permis de le lever. Quoi qu’il en soit, la portion que nous en voyons paroît avoir
été un établissement thermal. On peut remarquer, dans la partie inférieure du
monument, de petites voûtes en briques, communiquant les unes aux autres et
repondant aux bouches de plusieurs fours dans lesquels il paroît qu’on entretenoit
le feu qui ciiculoit dans ces voûtes, soit pour échauffer l eau des bains, soit pour
porter a un degré déterminé la chaleur des étuves. On reconnoît, au-dessus de
ces voûtes, des plans circulaires de quatre ou cinq pieds de diamètre, revêtus en
briques, dont la surface est vitrifiée en quelques endroits, et qui portent toutes
1 empreinte de 1 action du feu. Ces parties circulaires étoient probablement des
fourneaux.
(1) -Ce sont celles qui son.t nommées palais miné sur la planche 84, È. M.