» passer dans cet ouvrage tous leurs prédécesseurs. Ayant choisi un terrain conve
» nable vers l’entrée du lac Moeris, dans la Libye,ils y dressèrent un tombeau de
r> pierres choisies : c’étoit un carré dont chaque côté avoit un stade de longueur
» On n a pas depuis pprté plus loin l’adresse du ciseau et la beauté de la sculpture
» Dès quon a passé la porte, on voit un palais dont chacun des quatre, côtés
»-étoit orné de quarante colonnes. Une seule pierre servoit de plafond à tout
» 1 édifice : on voit gravé au-dessous des étables et d’autres bâtimens. On y voit
» peintes aussi, avec un grand art, les villes où étoit né chacun de ces rois, avec
» les sacrifices et les autres cérémonies quon y faisoit en l’honneur des dieux.
» En un mot, le dessein de 1 ouvrage étoit d’une telle magnificence, et l’exécution
» etoit si .parfaite dans ce quon avoit commencé, que si ces ,rois ne se fussent
» séparés avant la fin de leur entreprise, l’Égypte n’auroit rien eu de comparable;
» mais, après la quinzième année de leur règne, la suprême puissance fut dévolue
» à un seul, à l’occasion que je vais dire (i). »
Le troisième passage de cet écrivain donne au labyrinthe Menés pour auteur.
« Menés fit dresser son tombeau dans le même lieu (2) et une.pyramide à
» quatre faces, et y fit faire ce labyrinthe qu’on admire encore (3). »
Enfin, dans le dernier endroit comme dans le premier, c’est du temps de
Mendès ou Marrus qu’il auroit été exécuté.
« Dédale a imité, dans la Crète, le labyrinthe d’Égypte, qui subsiste encore au-
» jourdhui, quoiquil ait ete bati sous le roi Mendès , ou, comme d’autres le
» croient, sous le roi Marrus, bien des années avant Minos (4 ). »
Nous ne nous arrêtons pas ici à la discussion qui s’est élevée entre les savans,
sur le nombre des labyrinthes qui ont existé en Egypte; c’est sans preuve qu’on
à soutenu quil en avoit été bâti plusieurs. Dans une dissertation sur le lac de I
Moeris, Gibert a démontré avec évidence qu’il n’f en avoit jamais eu qu’un seul »
et le traducteur dHerodotel a aussi prouvé clairement (6). Le nombre des princes
que nomment les historiensynest point un motif pour compter autant de mo- j
numens. Le P. Sicard, d’Anville, et les.auteu'rs Anglais d’une Histoire universelle,
ont donc supposé trop légèrement l’existence de plusieurs, bâtimens semblables. ,11
y a assez de merveilles reunies dans un seul labyrinthe, pour ne point multiplier
sans nécessité le nombre de ces édifices.
Nous ferons seulement remarquer qu’il résulte clairement de tous ces passages
de Diodore, comparés ensemble/ que l’édifice étoit dans la Libye, vers l’entrée
du lac de Moeris, c’est-à-dire, vers le point où le canal se jette dans le lac; qu’il
avoit un stade, et qu il y avoit dans le même lieu une pyramide à quatre faces. Cette
position ne coïncide-t-elle pas parfaitement avec celle que nous avons indiquée!
Nous devons à Strabon devoir assigné des distances plus précises, pour fixer
la place quoccupoit le labyrinthe. Voici sa description entière:
(1) Diodore de Sicile, §• 66, pag. 76. Voyelle texte
(2). Auprès de la ville des Crocodiles et du lac de Moeris.
(3) Diodore de Sicile, liv. 1 , S- 89, pag. too. Peut-
être Diodore vouloit-il dire Mendès au lieu de Menés.
(4) Ibid. S. 97, pag. 109.
( 5 ) Mém. de l’Acad. des inscriptionÆ tom■* X X V I I I ,
pag. 241.
(6) Larcher, traduction d’Hérodote, tom. I I , pog. {¡72
| Dans
« Dans’ cet endroit (x) se trouvent le bâtiment du labyrinthe, ouvrage compa-
» rable aux pyramides, et tout auprès le tombeau du roi qui l’a construit. Le lieu
» où il est situé ressemble à un vaste plateau : on y arrivé en s’avançant de trente
» ou quarante stades plus loin qüe la première entrée dans le canal (2). Il s’y trouve
» une bourgade , et un grand palais appartenant à autant de princes qu'il y avoit
» jadis de préfectures. En effet, il y a un égal nombre de cours en péristyle
» toutes contiguës, sur un seul rang et sous une même enceinte (3). Les chemins
» qui y conduisent, sont à l’opposé de la muraille. En avant des entréesj il y a
» une multitude de cryptés d’une grande étendue, ayant des routes tortueuses et
„ qui se coupent les unes les autres; tellement que, sans guide, nul étranger ne
» pouïroit découvrir 1 entrée ou l’issue des cours. Ce qui est admirable , c’est
»que les toits de chaque appartement sont monolithes; les.cryptes sont égale-
» ment couvertes , dans leur largeur, de plates-formes d’un seul bloc et d’une
„ grandeur énorme. Aucune espèce de bois n’a été employée dans la construc-
„ tion. Si Ion monte sur la terrasse, qui n’est pas d’une grande hauteur (le bâ-
» timentn ayant qu’un étage), on voit .comme une campagne de pierres, formée
» par ces pierres gigantesques. Ensuite, en considérant de là les cours ou péris-
I tyles, on en compte vingt-sept, soutenus par des colonnes monolithes. A l’extié-
» njité de l'édifice, qui occupe plus d’un stade, i f existe un tombeau en forme de
» pyramide quadrangulaire, ayant ses faces et sa hauteur d’environ quatre plèthres;
» Imandès est le nom du roi qui y est enseveli. On rapporte que ces péristyles ont
„ été construits au nombre de vingt-sept, parce que les députés de tous les nomes
» avoient coutume de s’y rassembler. On servoit un repas aux prêtres et aux prê-
» tresses; on faisoit un sacrifice aux dieux, et l’on jugeoit les affaires les plus impor-
» tantes. La députation de chaque nome se rendoit ensuite dans le péristyle qui
»lui étoit réservé. En naviguant' au-dessous de cet endroit, dans un espace de
» cent stades, on trouve la ville d’Arsinoé : elle s’appeloit jadis la ville des Crocodiles.
»En effet, dans ce nome, on honore le crocodile cl’une manière particulière:
» cet animal y est regardé comme sacré ; il est nourri dans un lac séparé, et il
'î se laisse apprivoiser par lés prêtres : on le nomme Suchus (4). » -
Si 1 on rapproche de ce passage de Strabon la description du local actuel, et
qu on le compare avec la carte du Fayoum, on trouvera sans équivoque la position
(lu labyrinthe. En effet, que l’on prenne deux ouvertures de compas, l’une de cent
stades (5) à partir des ruines d’Arsinoé, mais du point le plus septentrional des
ruines, et l’autre de trente-cinq stades et depuis la tête du Bahr Belâ-mâ ’6), l’inter-
4*)- L’auteur vient de parler des deux embouchures du également de cent stades : cette mesure fait à peu près
canal qui se jette dans le lac de Moeris. dix mille mètres. Consultez la carte topographique de
(2) Voyez ci-dessous la note 6. l'Egypte, et la planche 6, État moderne. II n’y a que sept
(3) La version Latine est, dans cet endroit, inintel- mille quatre cent cinquante mètres du même point à là
ligible. 11 paroitque le grec a été altéré ; au lieu de ¿ ; partie ¿(/¿/des ruines. '
OT7I 7»lyyç piKfï, un manuscrit porte, selon Casaubon, (6) Strabon dit trente ou quarante stades. Quaht au
«f ta ni^yç. Voye£ le texte ci-après, n.° m . point de départ, nous avons fait remarquer, que-la tête
(4) Strabon, Qéogr. liv.XVII. Voyei le texte ci-après, du Bahr Belâ-mâ est le point où le Nil dérivé entroit
n‘ lu ’ e* c>’ dessus, page a i. . dans le lac de Moeris.,11 y a dans le grec, xa.vi 'riy «sçp-nv
(j) 11 s agit de la mcme espèce de stades dont Strabon eiatrwsv tin tiç hâpvyec. On ne peut rendre ces mots litté-
a ,l" usa8e dar.s la distance de l'hilæ à Svène, qui étoit ralement; îJWak; signifie proprement ingressus navi^antis't
A. D . £