Touneh, 1 ancienne Tunis : mais je passerai en revue quelques points de ses environs,
où il reste des vestiges d’antiquités.
|Naouây el-lbghâl. Il y a, vers l’ouest, des pierres calcaires, taillées par assises
réglées,, que le cheykh m’a dit être là depuis long-temps. J’ai vu de plus un
grand fragment en granit d’une forme fort singulière : il est circulaire extérieurement
; le dedans présente une cavité prismatique presque aussi grande que le diamètre;
le dessus et le dessous étoient recouverts (i)< Il me seroit impossible de
faire aucune conjecture sur l’usage de cette pierre bizarre.
Koum el-Cherjyc (2), butte de ruines en briques, à six mille mètres au nord
d’Achmouneyn ou Hermopolis, où étoit, il y a peu de temps, le village qui
s’appelle aujourd’hui Mahras.
Koum el-Ahmar (3)v autre butte semblable^ dans le voisinage.
Beny-Khaledel-Qadym (4 ). ruines dune ancienne bourgade à huit mille mètres
au nord-ouest d’Achmouneyn, qui paroît avoir été assez considérable. Ces ruines
sont ùn peu dans les sables. L espace qu elles occupent est de trois cent quatre-
vingts métrés sur cent trente; les murailles subsistantes sont en briques crues.
On y trouve, avec des éclats de poteries et des amas de briques, des mor-
, ceaux de vase ou d albâtre. Il y a trois générations que ce village est ruiné; il étoit
uniquement composé de Chrétiens : mais la tradition rapporte qu’auparavant il y
avoit en ce même endroit une position très-ancienne. Le sol est rempli de fouilles;
on y travaille journellement pour en tirer la poussière employée aux engrais.
Deyr Abou-Fâneh ( j ) , ancien monastère abandonné, situé près, et à l’ouest de
Beny-Khaled, et assez loin dans les sables, qui paroissent avoir envahi tout cet emplacement.
En effet, les dunes quon voit aux environs, se trouvent isolées dans
une grande plaine qui s’élève en pente douce jusqu’à la crête de la chaîne Libyque:
aussi le bâtiment est-il, à l’extérieur, en grande partie, enfoui sous le sable. L ’église
est d’un plan régulier : sa longueur est de trente-un mètres; et sa largeur, de vingt
mettes et demi, sans compter un escalier extérieur qui descend de la terrasse
au sol de l’église : celle-ci est composée des bas-côtés et d’une nef bordée par
deux rangées de six colonnes, dont une est engagée (6). Dans l’axe, sont encore
deux colonnes : à l’extrémité est une salle demi-circulaire, décorée de six colonnes,
et, au milieu, un autel enduit de plâtre. Il y a plusieurs salies pour le service, à
droite et à gauche; un dôme recouvre la salie de l’autel, et d’autres dômes plus J
petits recouvrent quatre autres pièces. Les colonnes sont les unes en briques, et
les autres en marbre, et toutes mal construites; les murs sont enduits en plâtre.
Aux murs du fond 1 on voit de mauvaises peintures ou 1 on a représenté des croix
de différentes formes, des voiles et des arbres grossièrement peints. A u bout de
la nef, il y a une salle qui en est séparée par des grillages en bois et des boiseries
bien travaillées. Dans une des petites pièces latérales, est une ouverture étroite
(i) Voyez pl. (y, fig. 6, £. (j)
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- ... ' (6) Y oyez pl. 6y, fig. //, 12 et n , et l'explication de
( 3 ) ’J p r y = . l a p la n c h e .
(4) Â v J I jJU. csv
qui m’a paru répondre à un souterrain. Enfin, dans un angle du fond, j’ai vu une
citernè, et dans l’autre, un four.
Une butte assez élevée, couverte de débris de vases et de briques, et adossée
au bâtiment jusqu’au^ niveau de la terrasse, le cache presque entièrement, quand
on vient dfe l’est; ët l’on a dé la peine à découvrir, à l’angle nord-êst/ 1 escalier
dont j’ai parlé. Celui-ci est rempli de morceaux de granit gris travaillé, de débrii
de vases et de briqués.' J ai trouvé le sol de la nef recouvert de nattes, et? d’une
quantité de béquilles : on sait que ces béquilles servent'aux fidèles pour assister
aux cérémonies, et qu’elles font le même service que les chaises de nos églises.
Les Chrétiens des^envirûns se rendent de temps à autre à Deyr Abou-Fâneh. A
1 ouest, sont beaucoup de tombeaux ou ils viennent enterrer, leurs morts.
C’est à l’est de Deyr Abou-Fâneh que se trouvent deux villages contigus;appelés
cl-Qasr et Hour : le premier’ sur la rive droite du canal de Joseph; et l’autre, un
peu à l’est. C’est en cet endroit qu’on pense qu’a existé la ville de Busiris, que
d’Anville a placée à Beny-Khâled. J’ai demandé aux habitans s’ils connôissoient le
nom de Bousyr, qui appartient d’ailleurs à plusieurs lieux de l’Égypte, et j’ai
trouve ce nom parfaitement inconnu. Hour est, au reste, le même nom que Hor
ou Horus des Grecs et des Romains.' Sur la montagne de Hoûor aux environs,
résidoit un anachorète appelé Bars ■ : ainsi l’endroit appelé Bousyr Bané avoit
tiré de là son rioni très-probablement. Il paroît que, par le laps de temps, cette
position' a tout-à-fait disparu.
Koum el-Rahaleh (2), a 1 est de Hour, auprès du Nil ; butte de ruines, couverte
de joncs, de briques et de débris de poteries : on y trouve aussi des.pierres ruinées,
parmi lesquelles les habitans de Sâqyet Mousy viennent chercher des matériaux.
Ces ruines ont environ quatre cents métrés de longueur. Au sud, est une autre
butte semblable, reste d’une habitation très-ancienne, au rapport des habitans.
Etlidem (3), un peu au nord, gros village où l’on trouve des ruines. Vers le nord
du village, j’ai vu sept colonnes de granit rouge, et une qui est de granit noir.
Une de ces^colonnes est encore debout : celle-ci est d’ouvrage Grec ou Égyptien;
les autres ont ete qlterees par un travail grossier. Parmi les colonnes couchées,
on en remarque une tres-mal travaillée, qui présente une partie plane, couverte
d étoiles Égyptiennes (4 ) : c’est évidemment un fragment de plafond d’un temple
d Egypte, qui devoit être fort somptueux, si l’on en juge par les apparences : on
a arrondi, tant bien que mal, ce fragment. Toutes ces colonnes de granit forment
une mosquée aujourd’hui ruinée, et qui avoit succédé à une église dans le temps
de l’introduction de l’islamisme. Du côté de l’est, on voit beaucoup de débris de
briques cuites ; on les trouve abondamment en fouillant un' petit canal, et les
habitans d’Ëtlidem s’en servent pour bâtir.
(1) Observations sur quelques points de la géographie
de l’Egypte, par M. Et. Quatremère, pag. 29. ^
(2) *JL>J| (4) Voyez pl. fy, A. vol. IV , fig. y.