
» attente ; un canal tiré de celui de Moueys avoit été entrepris par un jeune
» prince, qui bientôt seroit arrivé à Tmây, lorsqu’un rival y parut tout-à-coup
» traîné dans une barque portée sur des roues. Les dieux furent pris à témoin-
» la condition se trouvoit remplie. C ’est ainsi, dit la tradition, que le canal qui
» devoit arriver à Tmây, fut en partie creusé et aussitôt délaissé.»
A u nord de Tmây, le territoire est arrosé par le grand canal de Basserady. Au
temps de l’inondation, les eaux d’un canal venant de Mansourah se rendent près
de Tmây. Enfin une grande digue, du nom de Gam, aujourd’hui ruinée, existoit
à l’est de Tmây, peut-être pour préserver les terres des eaux surabondantes de la
branche Tanitique : elle est aujourd’hui ruinée ; ce qui en reste a plus de
12000 mètres de long, et domine l’inondation de Daqhelyeh.
On voit aujourd’hui à Tmây el-Emdyd une petite mosquée, fameuse par le tombeau
d’un santon Mahométan appelé Emyr A ’bd-allah. Ses prétendus miracles
attirent, au 8 du mois de dyl-hageh, un concours considérable d’Arabes et d’habi-
tans du Charqyeh, qui, mêlant à leur dévotion une extrême cupidité, ne quittent
jamais le pays sans y avoir cherché de l’or, caché, selon eux, dans l’intérieur des plus
grosses masses de ruines. Les tentatives qu’ils ont faites pour briser et renverser le
monolithe, sont faciles à reconnoître.
M. Girard, qui a recueilli un dessin du monolithe, a reconnu, sur les lieux, que
le terrain avoit été fouillé pour en tirer la pierre calcaire employée dans la construction
d un ancien édifice. Il paroît que le pavé étoit de grès : on voit des
fragmens jaunâtres et rouges, de la même espèce que celui de la montagne Rougi,
près du Kaire. Le même voyageur a trouvé dans les ruines les traces d’un grand
incendie. On y trouve, dit-il, des couches de braise et de charbon de 8 ou
io pouces d’épaisseur, recouvertes de matières calcinées et de briques fondues.
Des traces pareilles se trouvent dans beaucoup d’autres endroits des ruines; ce qui
prouve que le feu a concouru à la destruction de cette ville. On y a brûlé une
grande quantité d’ossemens, dont on voit encore des fragmens calcinés, mêlés avec
des scories et d’autres débris à demi vitrifiés ( i ).
2 . M E N D È S , D I O S P O L I S , L Y C O P O L I S .
L ’emplacement de Mendès et celui de Diospolis (a) ne sont pas aussi faciles à
fixer que la position de Thmuis.
En Egypte, et sur-tout dans le pays inférieur, une ville a succédé à une autre,
après avoir été rebâtie à quelque distance du premier emplacement; de nouveaux
noms ont succédé aussi aux anciens : ou je me trompe, ou telles sont les causes de
l’obscurité qui règne sur plusieurs positions anciennes. Commençons par éclaircir
celle des deux questions qui est la moins embarrassée. On donne aujourd’hui le nom
de Tell el-Debeleh à un assez grand amas de ruines placé à une lieue sud du village
( i ) L e surnom S e l-E m d y d donné à T m â y rappelle (2) I l y avoi t deux autres D iospol is , toutes deux dans
le lieu dont parle le P . Sic ard, Kemân e l -Emd, les col - la haute É g y p t e : D io sp o lis rnagn'a, l’ancienne Thèbes;
Iines d’Emd , à T e k b y . O n ne trouve de mot analogue D io sp o lis parva, aujourd’hui Hoû.
dans Ç o l i u s , q u e o a j J , de la racine J extendit.
I Achmoun, et a cinq lieues est de Mansourah, formant à peu près un quadrilatère
long de 2000 métrés, compris entre deux canaux de Mansourah et l’inondation de
Daqhelyeh. On y trouve une foule de débris qui ne laissent aucun doute sur l’existence,
en cet endroit, de quelque ancienne ville. Comme il n’y a pas de distance
itinéraire pour fixer la position deMendès, ni pour celle de Diospolis, il faut s’attacher
à reconnoître les vestiges d’antiquité subsistans. Or, trouvant des ruines auprès
du canal d Achmoun, qui est l’ancienne branche Mendésienne, et dans les limites du
nome Mendésien, on est autorisé par la présence d’une ville ruinée à y chercher
la capitale. Strabon peut encore ici nous servir de guide : « Près de Mendès, dit-il,
» sont situées Diospolis avec les lacs, qui l'entourent, Léontopolis, Busiris un peu plus
»’ loin, et Cynopolis (i). » La succession de ces points, l’ordre dans lequel ils sont
nommés, ne peuvent-ils pas nous les faire reconnoitre! Procédons en sens inverse
de Strabon. Partons de Cynopolis, et allons vers le nord-nord-est : marchant ainsi
on trouve d’abord Busiris ; plus loin, dans la même direction, Léontopolis, qui est
à Tell-Tânboul (comme nous le verrons au paragraphe suivant) ; ensuite,’laissant
Thmuis un peu à gauche, nous passons par Tell el-Debeleh, et nous atteignons, à
une lieue plus loin, la branche Mendésienne au village d’Achmoun. La correspondance
se trouvera ainsi établie entre les ruines de Tell el-Debeleh et Diospolis de
Strabon. Maintenant peut-on se défendre d’un rapprochement de noms! Ce mot,
Dcbeleh, “j j , ne seroit-il pas, comme plusieurs l’ont déjà observé, et,
entre autres, les auteurs de la traduction Française de Strabon, une altération dé
Diopol-is (pour Diospol-is)\ Les Arabes ont défiguré d’autres noms d’une manière
bien plus étrange.
Un auu-e motif encore me fait placer Diospolis en cet endroit. Ce sont les
termes suivans de Strabon : Diospolis avec les lacs qui l ’entourent. Ces ruines sont
en effet a peu près dans une île que l’inondation de Daqhelyeh et les canaux
entourent de toutes parts ; je crois donc qu’on ne peut trouver mieux qu’à Tell
el-Debeleh l’emplacement de la Diospolis de Strabon (2), et par conséquent de
la ville désignée dans l’Écriture sous le nom de N a -A ’moun (3) : car ici, comme
pour la grande Diospolis de Thèbes, Ammon, le nom Égyptien du dieu, a été
traduit par Jupiter. Jupiter, dit Hérodote (4), en langage Égyptien, s’appelle
Ammon.
A présent, quel est le site de l’ancienne Mendès! D ’Anville et d’autres géographes
ont choisi le lieu appelé Achmoun 0y L I , ou AcAmoum^yL], où se trouvent
trois hameaux du même nom. Quoiqu’on n’ait pas observé en cet endroit de
grandes ruines, je crois qu’il n’y a rien à changer à cette détermination. En effet,
ce lieu est situé sur la branche Mendésienne, tandis que Tell-Tmây et Tell el-
Debeleh en sont éloignés; or il n’y a pas, je crois, d’autres ruines dans ce
quartier de 1 Égypte. En second lieu, Achmoun est le nom du dieu générateur,
!'! x\ II, p. Son. (3) N a -A ’moun,.. assise sur les fleuves, l ’eau L’entoure....
« Sur la grande carte topographique de l'Egypte, (Nahura, 111,8.) Vov e z l ’Égypte sous les Pharaons t II
H H n “ t cm r" T * 5 i" 'f e “ ,,rdcss,ls & Tell p. , 30. Le nom du texte Hébreu est traduit par DhspolÙ
Debelen, et Ion a oublie d ajouter a la fin un point de dans un passage de la version des Septante
doute (' H' , (/4) Lt i* v. 11, ch1 ap. 4, 2. r
A. D . ' Ci