Libyque. Ainsi Memphis n’étoit point, comme Thèbes, séparée en deux par le
cours du Nil.
Tous les anciens auteurs qui ont décrit l’Egypte, poètes, historiens, géographes,
ont célébré les merveilles de Memphis, sur-tout les fameuses pyramides élevées
dans son voisinage. De la réunion de leurs récits, on feroit une description plus
longue que satisfaisante ; en outre, l’opposition qui règne entre eux, seroit contraire
à la clarté. Il est préférable d’en tirer tous les faits communs qui paroissent par-là
plus dignes de foi. C ’est ce que nous ferons après avoir décrit les lieux circon-
voisins. Ce parti aura deux avantages: l’un, d’éviter la confusion; l’autre, de
rassembler les élémens les plus certains de l’histoire de Memphis. En effet, si,
malgré tant de contradictions entre les auteurs, nous les trouvons uniformément
d’accord sur certaines circonstances plus ou moins importantes, et si les écrivains
ne les ont pas empruntées l’un à l’autre, il est bien vraisemblable que ces témoignages
reposent sur des fondemens solides, et qu’ils sont admissibles par une
critique sévère.
SECTION PREMIÈRE.
Pyramides du Sud et autres vestiges d’antiquités qu’on trouve
aux environs de Alemvhis.
§. p
P y r a m i d e s d u S u d .
A v a n t de comparer ensemble les témoignages des historiens et l’état actuel
des lieux, afin de chercher à découvrir ce qu’a été la ville de Memphis, je jetterai
un coup-d oeil sur les pyramides élevées au midi de cette ville et sur les autres antiquités
du voisinage. Les plus méridionales, en allant du sud au nord, sont celles
d’el-Lâhoun et du labyrinthe, dans le Fayoumou l’ancien nome Arsinoïte, ensuite
celle de Meydoun, enfin celles d’el-Metânyeh. Déjà je les ai décrites dans les
chapitres qui précèdent, et je dois y renvoyer le lecteur (i). Les autres qu’il me
reste à faire connoître, sont celles de Dahchour, de Saqqârah et d’Abousyr, dont
plusieurs sont mieux conservées et beaucoup plus importantes.
I . ° D E S T R O I S P Y R A M I D E S D E D A H C H O U R .
La célébrité des deux principales pyramides qui sont au nord de Memphis,
est sans doute le motif qui a empêché les auteurs anciens de faire attention à celles
du midi, ou du moins de les mentionner dans leurs écrits, quoique plusieurs
de ces dernières aient des dimensions considérables, dignes d’arrêter les regards :
mais, soit que la curiosité fût satisfaite à l’aspect des grandes pyramides connues
sous les noms de Cheops et de Cliephren, et appelées merveilles du monde, soit
ipi’on voulût éviter un voyage plus long et plus pénible à travers des sables
kûlans, il semble que de tout temps les voyageurs aient dédaigné les monumens
du même genre qui s’étendent sur la montagne Libyque , depuis Memphis
jusqu’au midi d’Acantlius. Peu d’entre les modernes les ont visitées, et nul ancien
ne les décrit (2). Les premiers, il est vrai, avoient à redouter, outre la fatigue,
des périls réels de la part des Arabes Bédouins. Quoi qu’il en soit, le silence des
auteurs ne permet aucun parallèle entre l’ancien état et l’état actuel des lieux,
et je n ai ici à mettre sous les yeux des lecteurs que la description des monumens,
tels que les ont observés les voyageurs Français (3).
Dahchour est un village médiocre qui occupe l’emplacement de l’ancienne
Acanthus. A deux mille pas au nord-ouest, sur le bord de la montagne Libyque,
(1) Voyez A. D. chap.XVI, sect. V i l, et chap.XVII, du livre De mensura orbis terræ, d’après la conjecture de
stet, n i } la pl. 72 A , vol. IVy et l’explication des M. Letronne dans ses Recherches géographiques et histo*
planches. . . riques sur ce livre, pag. 87.
•; (2) Il paroît que Dicuil les avoit en vue dans un passage (3) C ’est à M. Gratien Le Père, observateur exact et
A. D .