
auffi prendre toutes les mefures convenables
pour que l’oeil ne foit point éraillé, ce qui eft
affez difficile lorfque l’efcarrè a été grande &
qu’elle s’eft formée près du. bord de la paupière.
Voy<\ An th r a x .
ANTHRAX ou Charbon. On donne ' ces
dénominations à une tumeur d’ un rouge foncé,
• dure, ronde, un peu élevée en pointe, immobile
, accompagnée d’une douleur vive , d’une
chaleur brûlante, & d’une groffe puftule dans
le milieu, qui fouvent fe change en une croûte
noire, comme fi l’on y avoit appliqué un fer
chaud.
Cette maladie eft rarement tout-à fait idiopathique
; les Auteurs en parlent, comme d’un fymp-
tôme très- commun dans les maladies peftiientiel-
les ; & lorfque l’on ne peut pas la regarder
comme un effet de la pefle , on la trouve fouvent
accompagnée de cet état du fyfiême qui caraélèrife
la fièvre putride. Lés commencemens en font cependant
quelquefois annoncés par des fymptô-
mes, qui reffemblent à ceux d’une maladie inflammatoire
; mais le plus fouvent le malade
éprouve, dès le moment de l’invafion ^des rrem-
blemens, des. maux de coeur, une proftration de
forces, des défai 1 lances, &c.
Symptômes & Jiege de VAnthrax.
En général, la première chofe dont fe plaint :
lé malade chez qui le charbon eft prêt a fe ma-
nifefter, c eft une grande chaleur, & une dou- ;
leur vive en quelque partie du corps. A l’oe il,
on n’apperçoit qu’un bouton , dont la bafe eft
fort étendue ■, mais , en l’examinant avec les doigts,
on découvre bientôt une tumeur circonfcrite,
très-profonde , & très-dure ; cette tumeur ne
tarde pas à devenir d’un rouge très-foncé dans
le milieu, tandis que fa couleur eft plus pâle
dans les bords. A fon fourmer, on voit un bouton
, ou plutôt une petite veftïe , que le malade
ne peut s’empêcher dé gratter avec force , pour
foulager l’extrême démangeaifon qu’il éprouve ;
ce frottement la fait o u v r i r i l en fort, au lieu
de pus, une matière ichoreufe & brune, & les
parties au-deffous paroiffent noires. Quelquefois
il y a plufieurs de ces boutons, ou veffies, dont
le fond paroît également gangréneux.
Lorfque la maladie fe manifefte avec les ca*-
raélères de fièvre putride , l ’on éprouve une
joid eur , & une peiânteur confidérables dans les
parties voifines dufiègé du charbon ; l’inquiétude
eft extrême, le teint pâle, la langue quelquefois
blanche, & d’autres fois d’ un rouge foncé, mais
humide : le pouls foible & petit. L ’urine, dans quelques
cas , eft en grande quantité, & d’une couleur
très-pâle -, d’autres fois elle eft rout-à-fait trouble.
Souvent le malade fe plaint de mal de tète, où de
vertige, ou d’une inlomnie confiante ; fouvent il
a-dudélire. 11 éprouve alternativement des fiifions^ j
5 des Tueurs, qui font quelquefois colliquatives ;
tantôt il eft refferré, & tantôt il a une diarrhée
abondante3 il manque d’appétit, il eft fujet à
vomir le peu de nourriture qu’il prend ; il a
de la peine à relpirer, fa foibleffe eft extrême
6 fouvent accompagnée de défaillance. Il y a
fouvent une éruption miliaire , ou même des
des pétéchies en diverfes parties du corps j &, vers
la fin de la maladie, on voit dans quelques cas
une■ nouvelle éruption de gros boutons qur
mûriffent & fyppurent , quoiqu’il y en ait qui
deviennent de vrais charbons.
Le principal fiège du charbon eft dans le
tifiu cellulaire ; & il en eft ici, comme dans d’autres
cas de gangrène, où l'on ne peut pas toujours
juger de l’étendue de fes ravages , par l’apparence
des tégumens, parce qu’elle s’étend au loin
fous la peau fans l’affeéler. Quelle que foit la gran-
- deux de la furface attaquée par cette maladie,
les parties ,qui en font le fiège, font prefque
toujours détruites, & rendues incapables de renv
plir les fondions auxquelles elles étoient defti-
nëes. Le charbon ne donne jamais un bon pus ;
& Jorfqu’il ne fe termine pas par une mortification
completre des parties , fa féparation des
efearres n’eft accompagnée que d’un écoulement
de matière ichoreufe extrêmement fétide;
Le Charbon, ou A n tr ax , eft quelquefois
folit aire & d’une étendue effrayante*, mais, affez
fouvent il fe manifefte en plufieurs endroits du
corps à la manière des furoncles : lorfqu’il eft un
fymprôme de la pefle il eft ordinairement accompagné
du bubon peflilentieh
L’on eft' dans l’ufage de diftinguer deux espèces
de Charbon , auxquelles on donne les noms
de bénigne & de maligne ; mais ces diflindions,
autant que nous pouvons en juger , font plutôt
'-relatives- au degré d’imenfité de . la maladie,
qu’à aucune différence-effentielle, ou fpécifique;
Pronoftic & Traitement.
Le pronoftic dans cette maladie, dont les confé-
quences font toujours à redouter ,, fe réglera juf
qu’à un certain point fur l’ërendue de la tumeur,,
fur fa fituation , êi fur le nombre p lu s ou moins
grand de charbons, qui fe manifeftem à~la-fois
fur le corps*, l’état de fanté dont jouiffoitau p a ravant
le malade, doit auffi influerconfid'érable-
ment fur l’opinion qu’on peut former à cet égard.
Lorfqu’ôn eft appellé auprès d’un malade chez qui
fe manifefte une tumeur de la nature de f’Anthrax,
fur-tout fi on la voit dan b fon principe, & fi le pouls
eftplein, on ne doit pas craindre de tirer un peu
de fang *, il convient même de le faire quoique
le poüis foit foible & janguiffanr, s’il nexiftoit
antécédemment chez lui quelque caufe de foibleffe.
L’on aura foin auffi de débarraffer les premières
voyes. L’effet de ces premières évacuations
indiquera au Praticien s’il peut les répéter.
Lorfque la maladie s’annoncera co'mme tenant'
beaucoup du caraélère inflammatoire, on infiftera
davantage fur cette méthode, mais feulement dans
les premiers tems.
Nous ne nous étendrons pas ici fur le trâite-
rnent général de cette maladie, renvoyant tout
ce que nous pourrions dire, à ce fujet, à l’a ni clé
Ga n g r e n é ; nous ajourerons feulement quelques
remarques fur le traitement extérieur.
Le but des applications extérieures doif être
de favorifer la fo-rtie dés efearres gargréneufes;
les plus utiles donr on puiffe faire ufage dans les '
commencemens, font les cataplafmes émolliens.
Lorfque, par leur moyen , la tumeur fe fera amollie,
elle s’ouvrira pour l’ordinaire & fournira
même quelquefois une grande quantité de fanie
très-âcre, dôift l'écoulement fubfiftera j.üfqu’à ce /
qu’il ne r-efte plus, fous la peau , aucune portion
du tiffu cellulaire affrété; le plus fouvent cependant
cet écoulement fera peu confidérable fi on
fe compare au volume 3c à l’étendue de la tumeur ;
niais comme l’ouverture qui fefrra natu.ellement,
fera le plus fouvent trop petite pour donner une
libre iffue à ces parties qui doivent néceffaire-
nient fortir, elles feront retenues trop îong-tems ;
l’écoulement ichoreux, qui fe foutiendra, rie
pourra les entraîner; peut-être même que la plaie
fe fermera ,• & donnera lieu ainfi à des accidens
faciles à imaginer. C’eft pourquoi dès que,la tumeur
eft ramollie, il faut y faire une grande incifion,
par laquelle on puiffe tirer au-dehors les efearres
à jmefure qu’elles fe détachént , & traiter enfuite
la plaie comme celle d’un abcès ordinaire. Voyè%
Obfirvaüons de Chirurgie., de Bromfield , vol. 1,
pag. 128. •
On ne fauroit être trop attentif à faifir le premier
moment convenable peur faire cette incifion
; car, fi l’on attend1 que la matière s’ouvre
fine iffue, outre qu’il eft poflibfë que l’on foit
Trompé dans cette attente, il peut arriver auffi
que cela n’ait lieu qu’après un efpace de tems
confidérable, pendant lequel le mal s’étendra dans la
membrane cellulaire; d’où ilréfulteraquela cavité
du fi nus,’ ou dé l’abcès, fera confidéfablemerit augmentée.
Lorfquela peau a une couleur foncée, rouge-
pourprée , qu’elie eft pâteufe, qu’elle tl’offre pas
de réfiftance au toucher, & qu’elle a fort peu de
fenfibilité ; lorfque- ces circonftance-s font jointes
à un pouls foible & inégal,-à des friffons irréguliers,
à un' grand abattement des forcés & à
l’affoupiffement, le cas eft très-dangereux, & il
fe termine ordinairement par la mort.
La conftitution de l’individu, qui fe trouve
en pareilles circonfiances > eft ordinairement mau-
vaife, quelquefois naturellement , mais beaucoup
plus fouvent par l’effet de 1 intempérance. Les
•fecours que l’Art peut procurer ,- doivent être
adminiftrés promptement, & fi l’on n’arrête pas
bientôt je progrès du mal, le malade périra, i l
ne convient pas lorfque les fymptômes fe pré-
fentent d’une manière auffi alarmante, d’exciter
des évacuations d’aucune efpèce, elles ne pour-
roient alors faire que du mal,* mais il faut avoir
fur-le-champr recours à d’autres moyens, employer
des fubftances fpiritueufés pour fomenter
la partie affeélée, y faire une grande & profonde
incifion , & d’appliquer defi'us que des topiques
propres à combattre la putridité.
Quelle qu’ait été la gravité des premiers fymp-
tômes , lorfqu’il refie des fi nus confidérables
après la féparation des parties gângrénées, onfe
fert avec fticeès, d’une infufion.de kinkina, ou
bien d’une folution de vitriol de Mars ou def
cuivre, ou de pierre infernale, dont on fait
des injeélioiis daris leurs cavités; elles aident
à détacher les parties mortes du riffu cellulaire;
elles diminuent l’écoulement des matières icho-
réufes, déterminent la formation d’un meilleur1
pus, & fayorifent la granulation des chairs. Et'
lorfque le fond de la plaie paroîtra fuffifamment
détergé, ce dent on jugera par l’apparence de la
fuppuration, on pourra, fi le fiège de la maladie;
fe permet , favorifer la réunion des parois des
finus , en les rapprochant par une légère com-
preffion , aii moyen d’une comprefle & d’un bandage.'
Mais de quélqu’importanee que foierit ces
moyens extérieurs,on ne doit jamais oublier dans
le traitement de l’Anthrax, qu’il ne faut point"
'fe repofer uniquement fur les effets qu’on peut
en attendre. Un ufage hardi & affidu des remèdes
propres à' agir fur-tout le fyflême animal, eft le
premier de tous les moyens fur lefquelson peut
fonder quelque confiance ; & fi l’on n’y a recours,
ce fera envain, pour l’ordinaire,"qu’on tentera
l’effet des topiques. Voye{G an g r èn e .
A N T IM O I NE.- C’eft le nom d’un minéral
pelant, friable, formé 'de longues aiguilles
brillantes, & compofé de parties égales de foufre>
& d’un régule demi-métallique. — Les Anciens
employoiem fAntimoine crud , réduit en poudre
très-fine, dans des collyres pour les cas d’ophtalmie
, & pour teindre les'cheveux & les foucils
en noir ; les Modernes s’en fervent pour donner
plus de fermeté & de poli aux bougies Chirurgicales.
Ils le donnent auffi intérieurement à la
dofe d’un demi-fcrupule ou d’un fcrupule, trois
ou quatre fois par jour, pour certaines éruptions
chroniques.
Les Cbymiftes ont imaginé Un grand nombre
de préparations d’Antimoine d©qt les Médecins
ont vanté les effets, foit à l’extérieur, foir darfS
l’intérieur; nous ne les fuivrons pas dans les
détails de leurs recherches & de leurs obfer-
varions, à cet égard, qui ne font point de notre
refforr. — Nous nous contenterons de dire que
l’on a recommandé l’ufàge d’une folution de foye
d’Antimoine, ou de fafran des métaux, pour les
cas d’ophtalmie, & pour certains vices- de 1?. pesuf*