
quelqu’une des extrémités du corps i en conféquence
du froid, ou peut-être qui eft déterminé
par L’influence fucceftive d une température de
Patmofphère alternativement chaude & froide.
Dans Les pays très-froids, l’intempérie de l’air
caufe fouvent la congélation & la mort des par-
ties qui y font le plus expofées^ les engelures
proprement dites font plus fréquentes dans les5
climats tempérés. Les enfans délicats, les'per--
fbnnes âgées font plus fu jettes-à cette incommodité
que les adultes & les fujets robuftes. On
obferve que les engelures font particulièrement
fâcheufes chez les individus d’un tempérament
fcrophnleux. Voyci Ecroue lles.' ;
Quoique cette maladie , qui efl très-commune,
foit rarement regamée comme affez importante
pour être l’objet d’un traitement chirurgical,
tjn a tort de ne pas y apporter plus d’attention
qu’on ne fait ordinairement, puifquè, dans bien
des cas, elle fait un tort réel aux parties qui en
font le fiège -, d’ailleurs_eîle nç-fe guérit que très-
lentement, & les perfonnes, qui en ont une fois
été atteintes, font plus que d’autres,, (ujettes à
ep éprouver des retours les hivers fuivans» Nous,
croyons., en conféquence qu’il ne fera pas hors de
propos d’entrer dans quelques détails fur fa nature
y & fur les effets que produit le froid dans
lé corps humain.
En recherchant quels font les effets du froid
Içrfquil caufe quelque dérangement dans.le corps
▼ îvant, nous ne pouvons point raifonner d’après
fa manière d’agir fur les fubflançes inanimées. Le
principal changement qui réfuLre de fou influence
tiir ces dernières eft le gel 5. mais une partie vivante
ne fauroit fe geler fans avoir auparavant
perdu fa vitalité » & alors, elle ceffe par-là même
«te pouvoir être le fiège d aucune maladie. J
Les effets d» froid fur le corps font d’autant
plus grands & plus fenfibles , qu’il fe fait une
iranfition plus foudaine d’un certain degré de
chaleur à un grand froid. Et même, dans les
pays feptentrionaux où l’on peut fupporter, fans,
inconvénient, un degré confidérablé de froid fou-
fenu , une foudaine augmentation de * fon inten-
fité, fur-tout lorfqo’elle eft accompagnée de vent,
oecafionne fréquemment des affeélions gangre-
aeufes & des morts fubites.
La chaleur naturelle du corps humain eft d’environ
trente degrés du thermomètre de Réaümur ,
& elle fe maintient au même point par les feules
forces de l’économie animale , malgré tous les
changemens de la température de l’air ; & tant
que le principe vital conferve fa vigueur & fon.
aélivité,' elle n’éprouve aucu-ne diminution, quel
que foit lé froid de l’atmofphère > mais fi ce froid
étant excêffif , l’on demeure trop Long-rems - ex-
pofô à fon influence, les parties qui y font fou-)
iififes le plus immédiatement commenceront à
é p r o u v e r u n e a l t é r a t io n d a n s l e u r s fo n d r io n s v i -
. taies , les facultés fenfitive & motrice s’affoihlî«
-, ront, & dès-lofs- il y aura une diminution contre
j nature de la chalèur animale.
| • Voici comment fe préfenrent en général les
effets du froid fur le corps vivant. L ’épiderme fe
deffèche, fe ride & fe gercé , les gerçures s’étendent
même quelquefois. iufqu’à la peau. La
fenfibiiité eft plus ou moini, diminuée > la circulation
du fang languit pariicüfiërîsm'ent dans les
petits vaiffeanx *, la tranfpiration -infenfible devient
moins abondante, la chaleur diminue beaucoup
à la furface du corps ï la refpiration devient
fouvent difficile ou laborieufe 5 le ton des
fibres motrices diminue , & l’on éprouve une
foibleffe qui n’eft pas naturelle. Et lorfque les
parties ont perdu, jufqu’à un certain point, leur
ion & leur fenfibiiité, fi elles demeurent encore
quelquètems expofées à un grand degré de froid,
elles perdent tout-à-fait leur foupleffe, deviennent
livides, & le principe vital s’y éteint entièrement.
{ La rigidité que produit le froid dans les parties
qui en font afftélées n’a rien de commun avec
cette contraélilité des fibres mufculaires qu’on
appelle Ton j ou force tonique , qualité que le
froid peut augmenter par une aérion ihdireéle,
mais qu’il tend réellement à affoiblîr & à détruire
dans les parties long-tems foumifes à fon influence;
L ’on peut dire que le froid de l’armof-
phère augmente la force du fyflême, & le ton des
fibres , dans les tempéramens robuftes & athlétiques
qui peuvent facilement en fourenir l’im-
preffion -, même pendant long-tems , fans en
fbuffrir dans leurs fond-bons,foit en conféquence
de l’habitude qu’ils en ont contrariée, foit en
vertu d’un exercice foutenu. Une application
paflâgère du même agent, répétée dans certaines,
limites , comme dans l ’nfage du bain froid,
tendra- pareillement à fortifier le corps dés perfonnes
naturellement foibles, ou dont les forces
ont été épuifées par des maladies; mais ce ne
font là que des-effets fecondaires, opérés par la
réaélion du principe vitari
La température de l’air la plus agréablè fe
trouve dans un degré moyen entre la chaleur
naturelle du- corps & la, congélation. Mais,lorf-
qu’une partie vivante a été extrêmement réfroi-.
d ie , fi elle- fe trouve fout-^à-éoup exp.ofée à ce-
degré de chaleur , qui ne paroîtroit qtfagréable.
dans l’état de. fanté ,.il pourra- en réfulrér un effet
auffi funefle que celui de la-congélation' abfolue«..
Dans ce dernier cas, la mort de la partie affetSée
fera J a eonféqltencë d ’une ceftarion- complett'e
d’aébon dans fes organes -, dans l’autre au contraire.
eHe fera occafionné? par une exertion dit
mouvement dont cette partie eft encore fufeep-
nble , trop vive pour l é.tat de foibleffe auquel
, lq froid l’a réduite.
Quant b la production, des Engelures h y oici
quelle eft à-peu--près la marche des fymptAmes.
Ua peau de la partie affeélée contraéle d’abord
de la pâleur, à laquelle fuccède affez promptement
une rougeur plus ou moins vive, accompagnée
d’une démangeaifon défagréable, & quelquefois
de douleur ; cétre rougeur rire enfuite
fur le pourpre •, au bout de quelque tems l’épiderme
fe lépare après s’être élevée eh petites
cloches pleine de férofité. Lorfque l'épiderme
s’eft détachée , il fe forme un ulcère douloureux,
de mauvaife apparence , d’une figure irrégulière
& difficile à guérir. Tels font en général les
fymptôtnes de cette maladie mais, comme elle
varie, quant à fon apparence extérieure & à Tes
progrès chez différens individus, nous en diftiru
guerorts deux efpèces que nous défignerons par les
noms d’Engelure fimple & d’Engelure ulcérée.
L’Engelure fimple eft caraétérifée par la rougeur
de la partie , la démangeaifon & le picote-
I ment qui fe font appercevoir, fur-tout lorffei’en
lYexpcfe tout-â-coup à un certain degré de cha-
I leur, les environs de l’Engelure deviennent plus
nqu moins oedémateux, & fouvent livides à une
J grande diftsnce. Gette efpèce peut demeurer
J à-peu-près dans le même état pendant tout
I l’hiver ; elle fe diflïpe enfuite peu-à-peu, à me-
■ fure qu’on avance vers l’Eté.
I L’Engeîure ulcérée eft précédée ordinairement I par l’Engelure fimple, fur laquelle fe forment
Ides cloches , ou dont l’épiderme fe détache pure-
Jinent & Amplement. Dans les parties qui s’en
I trouvent ainfi dépouillées, il fe manifeftë un ul-
Icère douloureux,fale,de forme irrégulière, qui
■ s’étend beaucoup lorfqu’on le néglige, quelque-
jfois même il creufe jufques aux tendons, ou met
découvert la furface des os. Cure efpèce d?ul-
Icère reffetnble beaucoup à ceux qu’on obferve
Ifur les extrémités inférieures des fujets cachec-
■ tiques & de ceux chez qui la circulation du I fang dans les vaifleaux de la furface eft extrêmement
lente. Dans les hivers rigoureux, il n’eft
Ipas rare de voir une'mortification complette de J quelqu’une des extrémités ou de plufieurs, en
■ conféquence du froid , & déterminée' le plus
J fouvent par une application imprudente de cha-
;.j eur fer les membres qui n’étoient encore qu’en-
Jgourdis. Quelquefois , chez des individus parti- I J™ retTeL?t °ù Ie principe vital n’a pas be ucoup
jdénergie f l’application long-temps continuée
l a un froid même peu inférieur à celui de la glace,
pur quelque partie fuffit pour y occafionner la
gangrène.
il «ft plus aifé de prévenir la formation des
Jjugelures que de les guérir , & l’on doit en con-
cquence ne négliger aucune des précautions qui
rpeuvent tendre à ce but, chez les perfonnes fur-
out qui en ont déjà louffert. Ces moyens font,
! • ue garantir du froid les extrémités par des
gants s des chauffons, &c. 2.°‘D ’éviter avec foin
0lIle tranfition foudaine du froid à la chaleur,
pStliaiUèremënt' k celle du fëtii De.donner
du ton & de l’aélivitë aux vaifleaux de la furfiice ’
dit corps par un exercice fotirenu , par des fric- ?
lions & par i'ufage du bain froid aux approches
de t’hiver.
Lorfque les Engelures commencent à fe' mini- ;
fefter oti peut , en général, les difliper par les
moyens que nous avons indiqués pour les pré- ‘
venir. On fe trouve bien d’enduire les parties
affeftées d’ efprit de térébenthine,ou dëfprit-cle-vin 1
camphré, & de les tenir conflamment couvertes
de comprefles imbibées de quelqu’une de ces
liqueurs. On emploie aufli de la même manière
le vinaigre concentré, l’efprit de fel affoibii avec ’
de l’eau , & d’antres ftimulans ; les applications
de ce genre réufliflent fouvent à difliper ces goB-
ilemens, en affez peu de tems, fi l ’on en fais '
ufage de bonne heure. On a recommandé aufli
commejjn remède très-êfiicace, l’expofition de la
partie à une chaleur aufli forte qu’il eft poflible
delà foutenir ; mais, quoique ce moyen puiffe
être employé avec fuccès, il eft trop douloureux
pour pouvoir être généralement adopté.
Lorfque les Engelures viennent à s’ulcérer;
on eft affez généralement dans I’ufage d’y mettre
des Cataplafmes & des onguens émolliens. Les
cataplafmes peuvent le premier jouir avoir l’a-
vantage de nettoyer les ulcères, & de déterminer ’
la formation d’un bon pus; mais il ne faut pas
les continuer long-tems. Il ne faut pas non plus
fe fervir beaucoup d’orguens émolliens, parce
que toutes les applications relâchantes font fujettes
à fas’orifer la formation d’excroiffances fongueufes
qu’on a quelquefois bien de la peine k détruire.
L ’application de la pierre infernale fur les bords
de la plaie , & celle du précipité rouge mêlé en
proportion confidérablé avec un fimple digeflif
fur 1a furface de l'ulcère, font les plus fûrs moyens '
de prévenir cet accident. L ’emplâtre diachylon
fimple étendu fnr de la peau , eft ce que fon
petïf employer de plus convenable pour garan- ,
tir ces fortes de plaies dcql’impreflion de l'air.
Lorfque quelque partie fe trouve affeclée par
le froid , de manière à faire craindre la forma- '
tion de ia gangrène, le plus fur moyen de la
prévenir eft de rappeller la chaleur dans les
membres engourdis, de la manière la plus lente ; '
pour cet effet, bien loin d’amener le malade
auprès du feu, comme on ne le fait que trop lou- !
vent, il faut au contraire le tenir dans un endroit
froid , même au degré de la congélation; il faut
couvrir fes mains & fes pieds de neige , ou fi
fon ne peut pas s’en procurer, il faut les tremper,
dans f eau la plus froide qu’on puiffe trouver. '
Au bout de quelque tems , on y fubflituera de
l’eau'nn peu moins froide , & ainfi par degrés ;
on f amènera a une chaleur qui fe rapproche
davantage de celle du corps dans l’état de fanté.
Lorfque les membres gelés commenceront à fe
rapptochet de l’état naturel, de; frictions faites
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