
il fe fervoit pour dilater 1 orifice. L ’extrémité
de l’inftrument étoit recouverte d’un étui d'argent
très-mince , qu’on ôtoit avant que de fair
l 'incifion., après l’avoir introduit dans le fi nus.
Mais il ne faifoit jamais Ton incifion bien haut
dans le reélum, par la crainte de divifer entièrement
le fphinéter.
i Sa v iard & d’autres Chirurgiens François,
fans doute, adoptèrent la même pratique, fans
s’inquiéter du fphinéfer y mais le tems où l’o
devoir l’adopter généralement n’étoit pas encore
venu. Les Chirurgiens d’ailleurs étoient encore
perfuadés de la néceffité de détruire les callo-
firés par des moyens violensy ifs négligeoienr
l ’avis de Marchettis , & ne penfoient point à
imiter la pratique de Vigo & de Vauguion.
Turner dont à cet égard au moins, la Chirurgie
étoit groffière & barbare, commençoit par détruire
les callofités, par des caufiiques , avant que
d’ouvrir les finus avec des cifeaux à bouton,
qu’il préféroit, pour cette opération à tout autre
infirument.
L e D r a n à-peu-près dans le même tems,
voyant que le traitement par les caufiiques étoit
long, incertain & dangereux, fit revivre ce qu'il
y avoir de plus mauvais dans la méthode de
Celfe &. dans celle de Paut, en donnant pour
maxime, que toutes les fois que l’inteftin étoit
afteélé, il Falloir emporter toute la portion qui
avodt fouffert, fans quoi la plaie demeureroit
fiftuleufe y & que fi l’on fecontenroit de le fendre,
les deux lambeaux flottans dans la plaie rendoient
les panfemens très-difficiles.*
CHESELDENfuivitlemêmetraitement, recommandant
d’emporter tout ce qui eft fiftuleux & ,
fquirrheux y & pour le faire plus fûrement., il
imagina d’introduire une branche d'une paire
de forceps à polype dans le finus & l’autre dans
le reélum. Par ce moyen, il ferroit fortement une
certaine portion de l’inteftin, entre les branches
de finfiniment, avec d’autres parties voifines, &
coupoit enfuite tout autour avec des, cifeaux, de
manière à détacher un lambeau pyramidal. Il con-
feille cependant de ne pas faire cette opération, à
ceux qui ont des hémorrhoïdes, ayant vu une
hémorrhagie funefie en être la conféquence dans
un cas de cette nature. Cette méthode barbare
faifoit pour toujours à ceux qui av oient été
opérés, un tel refferrement à l'Anus que les
matières fécales ne pouvoient plus fortir qu’avec
la plus extrême difficulté, & qu'ils étoient
obligés de s’entretenir dans un état de diarrhée
habituelle.
L aF a y e a été aufli un zélé défenfeur delà
pratique % qui confifte à retrancher une portion de
l'inteftin. & de la peau, qui forme la marge de
l ’Anus .y il veut qu’après avoir fait l’incifion longitudinale
de la fifiule, on en fâffe une fécondé
qüi, tombp perpendiculairement fur la première,
& qu’enfuite on retranche les angles formés paf
ces incifions, pour rendre l’extérieur de la plaie
plus large que le fond, & pour qu’on puiffe la panfer
plus ailément, il propofe aufli de paffer un ftileß
dans la fifiule, & en faifant une incifion qui
en renferme les deux extrémités dans fon circuit,
d'emporter ainfi toutes les parties malades.
Sh a r p pareillement , quoiqu’il n’ignorât pas
qu’une fimple incifion des finus , foit qu’ils
pénétraffent l’inteftin ou non, pouvoit quelquefois
fuffire pour la guérifon, regardoit cependant la
pratique del'excifion comme plus fûre, Ions même
qu'il n’y avoit point de callofités, & comme indif-
penfable lorfqu’il y en avoir y ou du moins, il
vouloir qu'on détruisît les duretés par desefearo-
tiques.
La manie de couper & d'emporter les parties
affeéfées & celles qui les avoifinent, dans le but
d’opérer une guérifon radicale de cette maladie,
alla même au point, que quelques Praticiens ne
fe firent pas de peine de retrancher en entier
la partie inférieure du reélum. Nous ne finirions
pas, ou du moins nous craindrions de rebuter
no’s Leéleurs , fi nous voulions entrer dans le
détail de toutes les abfurdités de ce genre, qu’on
trouve dans les Auteurs en Chirurgie , raconter
leurs opinions fur les divers topiques dont ils
ont recommandé l’ufage, ou expofer ce qu’ils ont
dit fur la manière d’employer les cauftiques ,
& comment ils appliquoient fur des parties aufli
fenfibles & aufli délicates que l’anus, le précipité
rouge, le beurre d’antimoine, les trochifques.de
minium, la pierre infernale, l’huile de.térében-
tine bouillante. Les excès dans lefquels on étoit
tombé à ces différens égards, firent place «enfin
à une pratique plus raifonnable & plus doucë,
& c’efi à M. Pott ( i ) que nous fommes fur-tout
redevables de cet heureux changement. Nous
allons, expofer la méthode généralement adoptée
aujourd’hui parles Chirurgiens, & dont on peut
regarder ce Praticien célèbre comme l’Invenreur,
quoiqu’elle^ n’ait pas été inconnue aux Anciens ,
ainfi qu'on a pu le voir ci-deffus.
S* III. Traitement de la Fifiule dans fon état
le plus fimple,
Lorfque le Chirurgien fe trouve auprès d’une
perfonne attaquée de la fifiule à l’Anus, fon pro*
mier foin doit être de chercher à reconnoître
exaélement le cours des différens finus. y car ,fans
eptte précaution, il ne fauroit travailler d’une manière
fûre à la guérifon du malade. Quand les
( i) Voyez 1-quvrage intitulé: Traité fur la Maladie, nom’,
mee vulgairement-Fiftjiteà l’Anus, par P ercival Po t t ,
Premier' Chirurgien de l’hôpital de Saint-Barchélemè
à Lqndres,
finus ont des ouvertures à l'extérieur, il n’y a
pas grande difficulté pour l’ordinaire, à découvrir
leur trajet. S’ils ont leur cours le long du
périnée, ou entre les mufeies des hanches, un
fiilet introduit de la manière ordinaire y paffera
facilement , & le fera connoître y mais quand on
trouvera un ou plufieurs finus dirigés vers l’in-
teftin, on introduira dans le fondement Je doigt
index d’une main, après l’avoir graiffé d'huile ,
en rnême-terns que de l’autre main on paffera le
fiilet dans la plaie. Avec cette précaution , non-
feulement on empêche que l’inteftin ne puiffe être
bleffié par le fiilet, mais s’il exifie quelque communication
entre l’intefiin & le finus, on la trouve
dans la plupart des cas , fort aifément, le bout
du fiilet paffant du finus dans le reélum, & fe
faifant appercevoir au doigt qu’on y a introduir.
11 y a pourtant des cas où , quoique l’on foit
,très-fùr que le finus s’ouvre dans l’inteftin , on a
beaucoup de peine à faire paffer le fiilet de la
cavité de l'un dans celle de l’autre y on y réuffit
cependant pour l’ordinaire avec de la patience y
& fi l’on condtiit l’inflruinent aveç la prudence
néceffaire, on peut toujours faire cet examen fans
courir aucun rifque de bleffer i’intefiin.
Comme il eft très-important de s’affurer s’il
exïfte ou non , une communication entre le finüs
& le reélum , il ne faut rien négliger pour acquérir
là-deffus , toute la certitude poffible. Quand on
voit de l’air ou des matières fécales fortir par
l’orifice du finus voifin de l’Anus y ou quand des
«njeélions faites par le finus , reffonent par le
fondement, on ne peut plus douter que cette
communication n’ait lieu.
Mais l'abfence de ces indices n’eft point une
raifon de croire quelle n'exifte pas , car les
matières fécales ne paffent pas toujours du rec-
um dans ces finus , quoique la communication
foit établie ; & il eft aifé de concevoir une ouverture
faite de telle manière, qu’un liquide quelconque
ne puiffe paffer du premier dans le fécond*
Lorfqu'après avoir fondé les ulcères on a
reconnu le cours des différens finus y il s’agit de
voir comment on doit procéder au traitement.
Nous verrons à l’article'F is tu le , quelle eft
la méthode qu’on doit fuivre, pour traiter les
lacères fiftuleux en général*, mais la nature & la
fituation des parties qui font le fiège de la maladie
qui nous occupe, demandent quelques
attentions particulières.
On a en divers tems recommandé des injeélions,
des pommades & des onguens aftringens def-
îinés à arrêter l'écoulement de ces ulcères. Mais
la qualité caufliquc de ces remèdes, fait qu'il
ne convient nullement de les employer comme
topiques , fur des parties aufli irritables y l’expérience
d’ailleurs n’en a jamais montré l’utilité,
& ils ont perdu tonte confiance.
Nous ferons voir ailleurs que le point effentieî
pour la guérifon des finus, eft la deftruélion,
ou l ’oblitération des cavités qui fourniffent le
pus qu’on en voit fortir. On a propofé différens
moyens pour y parvenir. Dans les cas où l’on
peut employer la compreflion, on voit quelque»
fois les ■ parois des finus contracter enfemble des
adhérences, après avoir été long-rems preffées
l’une contre l’autre y mais en différentes parties,
du corps , & particulièrement dans tous les
cas de fifiule à l’Anus, il eft impoffible d’admettre
ce' traitement y car on ne fauroit y faire
ufage d'une compreflion égale & régulière , ni
la continuer affez long-tems pour en obtenir
l’effet de'firé.
Lorfque ce moyen n’eft pas admiflible , les
Praticiens recommandent d'exciter de l'inflammation
dans les parties, où l’on defire de faire naître
des adhérences y car rien n’eft mieux reconnu que
la difpofition qu’ont à s’unir des parties affectées
d'inflammation lorsqu'elles fopt en conraély
il eft même- douteux , fi -des fubUances^ animales
peuvent jamais le réunir fans l’intervention de
cette caufe.
On emploie différens moyens pour exciter,
dans les finus, cette inflammation, ou cet état
favorable à la réunion de leurs parois. On le fait
ordinairement, .en introduifant un féton le long
du finus, ou en l'ouvrant dans toute fa longueur
avec i’inftrument tranchant, pour le réduire, autant
qu’il eft poflible , à l’état d’une plaie récente.
Le féton qu’on préféré avec raifon , dans le
traitement de la plupart des fiftules, fuuées en
d’autres parties du corps, ne peut être admis
pour celui des fiftules à l’Anus y parce qu’il
produirait une irritation trop confidérable y pour
une partie aufli fenfible que l’extrémité du reélum,
avec laquelle il feroit toujours en contaél. 11
ne faut pas confondre fon effet , avec celui de
la ligature dont nous parlerons enfuite.
Opération de la fifiule. , par Vinfirment
tranchant.
Le moyen qui réuffit le mieux dans le cas
qui nous occupe, pour exciter dans le finus le
degré d’inflammation fufiifant, eft de faire une
incifion qm s’étende d’un de fes bouts'jufqua
l’autre. Voipi la manière la plus facile, & la
plus efficace d’exécuter cette opération.
On commencé, comme nous l'av ons dit, par bien
.s’affurer du trajet dçs différens finus y & comme
il importe que les intefiins , & le reélum en
particulier , foient bien vuidés, on donnera un
laxatif le jour avant l’opération , & un lavement
une heure ou deux avant que de la faire.
11 y a deux portions dans lefqneîles on peut
mettre la perfonne qu’on doit opérer, & qui
font à-peu-près aufli commodes tune que l’autre
, pour l'Opérateur. On peut la faire tenir
fur fes pieds, le dos expofé au p u r d’une