
tion. Cette maladie eft auffi commune qu’elle eft
mportante par Tes conféquences ; & c eft une
chofe fort heureufe que les remèdes aient fur elle
beaucoup de prife. Car , quoique dans un grand
nombre de cas ,1a nature feule püifle la guérir,
elle feroi.t fouvent périr les malades, ou entrai-
jieroit d’autres fuites fâcheufes, fans les fecours
de l'art,qui , pour l’ordinaire, les préviennent,
ou qui on t, du moins > l’avantage d’accélérer
beaucoup la'guérifoii.
Le but principal que l’on doit en généra! fe
propofer dans le traitement des tumeurs inflammatoires
eft d’obtenir la réfolution, qui eft le
moyen curatif le plus fur & le plus prompt. 11
y a cependant quelques exceptions à cette règle,
fitivant la plupart des Praticiens, qui veulent
qu’on s’en écarte , lorfque la malaéie aéluelle
patpît déterminer la guérifon d’une autre maladie
plus grave & plus dangereufe. Ils recommandent
en conféquence de chercher toujours à faire fup-
purer les tumeurs inflammatoires, qui furviennent
dans des fièvres & dans d'autres maiadiesiniernes,
ou qui leur fuccèdent ; car, difent-ils, la fuppnra-
tion étant, dans ce cas , un moyen dont fe ferr
la nature pour fe débarraffer des fluides viciés
ou furabondans qui fe t tou vent dans le fyftême,
i l feroit dangereux d’interrompre fes efforts. Une
autre exception à la règle pofée ci-deflus, 8t qui
paroit avoir plus d’importance que la première,
c’eft de laifler faire fon cours naturel à l’Inflam-
snarion, lorfqu’il y a lieu à craindre, que le malade
ne foit plus éprouvé par les remèdes qui fe-
roiem néceffaires pour la difliper , que par les
progrès St la fuppurarion de la tumeur.
J.° L ’ éloignement ou la deftruSion des caufes
irritantes,
L a première indication , qui fe préfente , lorf-
qu'il s’agit de réfoudre une Inflammation, eft
d’écatter la caufe qui l’a occafionnée , ou qui
Tentretient. Ainfi, lorfqu'elle dépend de quelque
corps étranger , l’on ne doit rien négliger pour
en débarraffer la partie affeéléele plutôt poffible.
I l faut enlever les corps étrangers, qui fe trouvent
dans les playes, ainfi que Us efquilles des fractures
; il faut réduire les luxations & écarter
toute autre efpèce de caufe mécanique. Voye^
fl-AYE. ,
Lorfque l’Inflammation tient i 1 aérien dun
Simulant d’une autre nature, il faut l’en préfer-
ver par des moyens adaptés à chaque cas particulier.
Ainfi, l’on combat ou l’on corrige l’irritation
des flimulans cbymiques engendrés ou
introduits dans le corps :
i." En enduifant les parties expofées à leur
aébon, foit de corps gras 4 huileui, tels que les
différens cerats quon prépare dans cette intention
, le beurre, t’huile ', le fu if, &c. foit de fub-
fiances mucilagineufes, telle» que l’infufion de
grainei de lin on de femences de Coings, ïa dé*
coélion de racines de guimauve, &c.
2.° En délayant, avec des liqueurs aqueufes’,
les fubftances irritantes , lorfque la chofe eft praticable
j comme lorfque ces fubftances font des
corps falins, tels particulièrement que des acides
concenirés ou des diffolurions métalliques.
$.° Lorfqu’on n’a pas de prife fur la caufe irritante,
il faut en diminuer refle t, en modérant
la fendbilité des parties fur lefquelles elle agir.
C ’eft ce qu’on fait au moyen de l’opium donné
intérieurement, ou applique fur la partie irritée.
On s’en fert généralement avec avantage fous ce
point de vue, & l’on doit y avoir recours toutes
les fois que la douleur paroit agir comme caufe
irritante , & quelle tend à augmenter l’étendue
& l’imeniité de l’ Inflammation. Son ufage eft généralement
fuivi d’un grand foulagement dans les
cas de playes confidérables , fur tout à la fuite
des amputations & des autres grandes opérations;
de même que dans ceux *de piquures & autres
accidens, à la fuite defquels on voit le pim fréquemment
fe manifefter des fymptômes d’ irritation.
Mais, pour obtenir de l’opium les avantages
que l’ on en attend , il faut l’adminiftrer en grandes
dofes, autrement, loin d’être utile , il femble
produire un effet contraire. Son effet paroit être
plus douteux dans les cas d’Inflammatiom purement
phlegmoneufe, que dans ceux où le mal a
moins de tendance à la fuppuration qu’à la gangrène.
11 y a des flimulans d’un autre genre dont on
ne doit pas moins chercher à garantir les parties
enflammées , tels font le froid , le mouvement &
la diflenfion de la partie affeéfée. L ’on écarte la
première de ces caufes en tenant le malade dans
une atmofphèred’une bonne température, en l’engageant
à fe couvrir convenablement ,& c . On le
met à l’abri de la fécondé, en lui enjoignant le
plus parfait repos, & fur-tout celui de la partie
où l’ Inflammation s fon fiége. Quant à la trop
grande diftenfion * on y remédie par l’application
des émolliens, tels que les bains tiedes, les bains
de vapeurs, les cataplafmes, les friélions légères
avec lfhuile d’olive ou d’amande. Les applications
émollientes , de quelque nature qu'elles foient,
font particulièrement utiles dans les cas d Inflammation
phlegmoneufe *, elles font fouvent plus cie
mal que de bien dans l’éréfypèle & dans certains
cas d’inflammation gangreneufe. Voyei Gangrène.
JJ.° VdffoibUffemtnt de T action
des vaijjcaux fanguins.
La fécondé indication a pour but de changer
l’état d’aélion des vaiffeaux fanguins dans lequel
confifte l’ état inflammatoire, & d’enaffoiblir
le ton. Différens moyens concourent à remplir
cette indication.
Le premier confifte à diminuer la quantité de
fang contenue dans le fyflême de la circulation,
en ouvrant une groffe veine ou une arrère , Voyei
Saignée & A r t é r i o t o m i e , ou en dégorgeant
les paruesvvoi fines de celle qui eft affeétée par
1 application des ventoufes fearifiées, ou des fan®-
fues. °
La quantité ,de fang, qu’il faut tirer , doit
toujours être proportionnée à la violence de la
maladie, à l’âge & au tempérament du malade,
& au degré d’importance de l’organe affeélé.
L état du pouls , & la permanence ou la ceffation
des fymptômes, indiqueront au Praticien expérimenté
jufquoù il peut être convenable de pouf,
ferles évacuations de ce genre. Souvent, en pareil
cas , la crainte de trop affoiblir le malade l’empêche
de porter ce remède auffi loin qu’il le de-
vroit pour produire la réfolution complette de
1 Inflammation j & plus d’une fo is , le pus épan.
ché dans quelqu organe, effentiel à la vie , * été
la conféquence de cette conduite. Pour obtenir
de la faignée tout l’avantage poffible, il faut y
venir de bonne heure, la faire par une gran je
ouverture, & tirer tout de fuire une quantité de
ftng dont la perte foit capable d’affeéler fenfi-
nlement le fyftême fanguin. Douze onces de fang ;
tirées tour-à-la-fois d’une veine, par une grande
ouverture, abattront plus efficacement l’aéiion
inflammatoire , que ne fera le double de cette
quantité tiré en trois tems , fur-tout s’il s’écoule,
entre chaque faignée , un intervalle de plufiears
heures. Ceft ainfi que , dans une hémorrhagie,
uns perfonne pourra perdre une grande quantité
de fang, fans que l’aélion des vaifleaux, defquels
j l s’échappe goutte à goutte, paroiffe du tout s’af-
foiblir 5 mais fi l’on en tire rapidement quelques
onces , par une autre voie , le changement fubit
qui en réfuite , dans la tenfion du fyftême fanguin,
; fuffit fouvent pour réfoudre 1q fpafme des vaiffeaux
affeélés , & pour arrêter l’écoulement qui
en efl 1 effet. Il eft bon de faire obferver cepen-
dam que les faignées topiques ont fouvent un
effet plus fur que les autres, dan* le cas où le
mal eft purement local, & faos affe&ion générale
du fyftême.
lin autre moyen de diminuer le volume des
fluides , & par conféquent de détendre le fyflême
des vaiffeauic, c’efl d’exciter les fécrétions^di
excrétions par le canal alimentaire , au moyen
des purgatifs. Cette méthode a quelquefois de
bons effets} mais on fe fait peut-être une faufle
idée de fa manière d’agir , en fuppofant que le
foulagement qu’elle procure, doit être attribué
à la diminution du volume des fluides, qui en
eft la conféquence. Ce que nous venons de dire
pour prouver que l’effet des faignées tient fur-
tout à ce quelles foient abondantes, & rapides,
jette du doute fur cette opinion \ fur- tout fi l’on
fait attention que l ’évacuation dépend ici d’une
irritation de tout le canal imeftinal ; irritation
qui fsiùbîe faite plutôt pour augmenter le mal
que pour le diminuer, malgré que, dans les cas
d Inflammation , les Praticiens foient dans l’ufare
de n employer que les purgatifs les plus doux",
tels que la manne , la caffe, les fels neutres, la
Crème de tartre. Nous fommes donc portés à
croire que les bons effets,que manifeftent quelquefois
les purgatifs dans les Inflammations, font
plutôt la conféquence d’une dérivation nerveufe
quod une diminution opérée dans la maffe des
fluides. Ce qui confirme celte opinion, c’eft que
ces lottes d’évacuations réufliffent particulière-
ment dans les cas d’inflammations purement to-
piques , an lieu que dans celles qui font accompagnées
daffeélion générale du fyftême, ces forte»
de remèdes font généralement do mal, qu’ils en
tout même beaucoup dans certains cas , & que.
julqu à ce que la maladie foit çppaiféc à un cer-
taiq pomr, il eft de la prudence du Praticien de
s en abftenir & de fe borner à i’ufage des lave-
mens 1 qui font néceffaires pour empêcher l’jrri-
lanofl, qu’exciteroit la préfence des matières
recales dans les inteftins.
11 y a des médicamens qui ont, jufqu’à un
certain point , le pouvoir de modérer l’aélion
des vaifleaux languins , & par conféquent celui
de calmar 1 Inflammation. On les appelle féda-
urs ou-antiphiogiftiques. Tels font particulièrement:
1,0.Les Acides végétaux & minéraux q u i, introduits
dans l’eftomac, dans un état convenable
de dilution agiffem comme tempérans fur tour
le fyflême fanguin. Un inftinél naturel porte à
les defirer lorfqu’on fe trouve échauffé & altéré,
la nature en a pourvu le plus abondamment les
climats les plus chauds, & I on fe fent rafraîchi
par leur ufage mieux qu’on ne fauroit l’être par
aucune autre forte de liq u id e ils procurent une pareille
fenfation de bien-être dans les cas d’/nflam-
mation générale , ils diminuent la tenfion du
pouls & favorifent la tranfpiraiion. Voye% A cioe.
2.® Les Sels neutres, & le nître en particulier,
ont un effet à-peu-près femblable , quoiqu’ils
aient plus fouvent que les acides i ’inconvénieni
d irriter les nerfs, par leur aâion fur l’eflomac.
Lorfqu ils ne produifent pas d irritation, ce que
1 on évite fouvent , en les délayant dans une
quantité d’eau fuffifante, on peut les donner en
grandes dofes, & les employer très-utilement,
pour combattre l ’état inflammatoire..
L ’Opium agit auffi quelque foi s comme anti-
phlogiflique ; en général cependant il paroît tendre
plutôt à diminuer la fenfibilicé& l’irritabilité des parties,
qu’à modérer laforce tonique des vaiffeaux , à
laquelle il efl probable que tient particulièrement
1 Inflammation phlegmoneufe , ainfi que
nous l’avons dit ei-rdeffus. -
4 *° Camphre femble agir plus directement,
comme fédatif fur les vaiffeaux fanguins ; il modère
en générai l ’élévation & la fréquence du