
La cordée, comme nous l'avons dit, eft quelquefois
tout-à-fait fpafmodique ; on la voit alors
paroître & difparoître alternativement, mais à
des époques qui ne font point déterminées ; quelquefois
l’éreèlion aura lieu fans être accompagnée
d’aucune, apparence de ce genre-, d’autres
fois la cordée aura lieu d une manière très-violente
, & ces variations ne feront féparées que
par de très-courts intervalles de tems.
5. 5. D e la maniéré dont Vinflammation attaque
Vuretre.
L’on n’a point encore déterminé de quelle
manière la maladie fe propage le long de l’urètre,
il y a lieu de foupçonner cependant que
l’inflammation gagne pèu-à-peu des bords de
l’orifice du méat urinaire, jufques à fa furface
intérieure. Il eft impoffible en effet de concevoir
, malgré que ce foit l’opinion commune ,
qifaucunç partie de la matière virulente puifle
pénétrer dans le canal ~ lors du coït -, du moins
elle ne peut aller aufli loin que le liège\ ordinaire
de la maladie, encore " moins dans les
parties plus éloignées, où la maladie fe fixe
quelquefois. Il y a des faits qui femblent prouver
que le Ample contaél du pu,s vénérien fur
l’extrémité de la verge a quelquefois occafionné
une Gonorrhée-, on en lit un dans l’ouvrage de
M. Hunter qui paroît mettre la chofe hors de
doute.
La maladie s’étend rarement plus loin d’un
pouce & demi, ou deux pouces au-delà de l’orifice
de l’urètre, cette partie du canal étant
apparemment la plus fufceptible de 1 efpèce particulière
d’inflammation qu’occafionne le virus
vénérien, & limitant ce qu’on peut appeller fa
diflance Spécifique. Cependant, ni les fenfations
dont fe plaint le malade, ni l’irritation même
des parties, ne font limitées au fiège réel de la
maladie -, les pariies voifines font Couvent affectées
d’une variété de fymptômes plus ou moins pénibles,
tels que du mal-aife, & même de la
douleur par-tout aux environs du pubis, dans
le ferotum , le périnée, l’anus, les hanches ;
fouvent même il faut fufpendre les tefticules qui
deviennent tellement irritables que le moindre
accident, ou un exercice qui, dans d’autres
circcnfiances, ne fauroient avoir de mauvaifes
fuites, déterminent leur gonflement. Souvent les
glandes dès aines font affectées fympathiquement;
elles fe tuméfient même un peu, mais rarement
au pbint de venir à fuppuration. On voit des
cas où l’irritation s’étend jufques aux feffes, aux
CuifTes & aux mufcles abdominaux, occafionnant
des douleurs aiguës , de l’enflure & une extrême
fénfibilité des parties au toucher, au point que
les malades font obligés de demeurer dans une
pofition tout-à-fait horizontale. Ces fymptômes
Cependant font pas proprçmept inflammatoires,
le fang qu’on tire au malade en pareilles cirJ
confiances n’eft pas couënneux, la conflitution
n’efl que peu ou point affeétée.
Lorfque la Gonorrhée (abftraétion faite des
affections qui proviennent de la fympathie) n’eft
pas plus violente que celle que nous venons de
décrire, on peut l’appel 1er Gonorrhée vénérienne
commune; mais plus le malade fera fufceptible
de ces fymptômes d’irritation qui peuvent accompagner
l’infhmmatiôn vénérienne, plus les fymp»
tômes effenriels de la maladie feront violens. Audi
voit-on fouvenr, en pareil cas, que l’inflammation
ne garde point fa diflance fpécifique, &
qu’elle s’étend tout le long de l’urètre. Souvent
aufli l’on éprouve des douleurs coniiclérable* dans
le périnée, & quelquefois la contraction fpafmodique
des mufcles accélérateurs dont nous avons
déjà parlé -, contraction qui fe manifefle particulièrement
lorfqu’on finit d’uriner, par la manière
dont font expuifées les dernières gouttes d’urine-,
elle eft généralement accompagnée de l’aéfion des
mufcles èreét.tufs. L’inflammation va au point
quelquefois d’occafionnèr une tuméfaction dans
la membrane cellulaire , & même des fuppura-
tions, dont le fiège, comme nous l’avons dit
ci-défius, paroît être le plus fouvent dans les
glandes de Cowper. Les petites glandes de la
partie bulbeufede l’urètre peuvent aufli être affectées
de la même manière , & d tnsv quelques cas
l’irritation pafle même jufqu’à la veflie.
Ce dernier organe une fois affeélë devient plus
fufceptible de toute forte d’irritation , au point
qu’il en réfuite fouvent de fâcheux fymptômes.
Il n’eft plus fufceptible du même degré d’exten-
fion qu’auparavant, ce qui fait que le malade ne
peut plus retenir fon urine comme à l’ordinaire,
& qu’au m ment où le befoin d’uiiner le prend,
il en aufli-tôt obligé d’y finisfaire, malgré les douleurs
qui, au moment de l’évacuation, fè font
fentir dans cet organe, & fur-tout dans le gland,
& qui reffemblent beaucoup à celles qui réfultent
de la préfence d’une pierre dans la veflie j ces
douleurs fubfifttnt encore jufqu’à un certain point,
quelque tems après la fortie de l’urine.
Les uretères, & quelquefois même les reins,
fympathifent lorfque la veflie eft .très-enflammée,
ou confidérablement irritée ; cela n’arrive cependant
que très-rarement. Nous avons pourtant vu
une violente inflammation des reins, & M. Hunter
une inflammation du péritoine, produites l’upe
& l'autre par cette caufe.
§. 6 • D u gonflement des Tefticules.
Le gonflement des tefticules eft un fympt^ma
fréquent de la Gonorrhée. On le voit paroître à
toutes les époques de la maladie*, mais plus fouvent
peut-être lorfqu’elle eft fur fon déclin. O ri peut
f * ’ lpregart}«
le regarder comme fympathique plutùt que comme
un accident réellement vénérien. En effet, on le
voitr-ECCompagner toute efpèce d’irritation de
l’urètre, foit quelle ait été oecafionnée par des
injections, par dés bougies, ou par d’autres
caufes; dans bien des cas, cette inflammation
paroît & difparoît tout-à-coup, ou paffe en peu
de minutes d’un tefticule à l’autre.
Le gonflement du tefticule fe manifefle en
général par une tuméfaction molle & comme
pnlpeufé de fon corps, qui devient un fieu douloureux
quand on le touche; la tumeur augmente ■
enfuite en volume & en confiftance, & fait éprouver
au malade des douleurs confidérables. Il eft
rare que cette inflammation fe termine par fuppu-
ratipn.; on en voit pourtant des exemples. L’épi-
didyme'eft en général la partie la plus dure, &
fur-tout fon extrémité inférieure; cependant la
dureté & le gonflement s’étendent fouvent dans
toute la longueur de ce corps, & forment une
faillie à fa partie fupérieure. Le cordon fperma-
ticue fe trouve' aufli fouvent affecté., & plus particulièrement
lé conduit déférent, qui eft épaifli
& fenfible au toucher. Quelquefois les ^veines
du tefticule deviennent variqueufea.
L’inflammation du tefticule , ainfi que celle de
l’urètre, eft fouvent accompagnée de fymptômes
fjmpathiques d’irritation dans les organes voi-
fins; tels font une douleur à la partie inférieure
de l’épine du dos, un fentiment de foi-
blefle dans les lombes, des douleurs de colique ,
des naufées, des flatuofités, des dérangemens dans
lès pouvoirs de la digeftion.
On voit fouvent que c’eft au moment où la
douleur de l’urètre s’appaife, & où l’écoulement
vient à fe fupprimer, que le gonflement du tefticule
fe manifefle , ou bien que cet organe venant
à s’affe&er, il en réfui te ^fa ceffation des
fymptômes d’irritation de l’urètre; car il eft
difficile de déterminer ce qui eft ici caufe ou
effet. Mais ii n’eft pas rare aufli de voir le
ïefticule fe gonfler au moment où l’inflammation
du canal & l’écoulement deviennent plus violens.
Quelquefois l’épididyme feul eft affeCté; d’autres
fois c’eft le conduit déférent, & fouvent ce n’eft
que le cordon fpermatique ; on ne peut affigner
aucune raifon pourquoi l’une de ces parties eft
affeCtée plutôt que l’autre. L’inflammation de
ces organes eft fréquemment accompagnée de
ftrangurie, fur-tout lorfque l’écoulement s’arrête;
&, en général, la fuppreflion de l’écoulement
établit une difpofition à ce fymptôme.
Du gonflement des glandes & des vaiffevu*
lymphatiques.
Un autre accident, qui paroît être delà même
nature que celui dont nous venons de parler, mais
beaucoup plus fréquent, c’eft le gonflement des
glandes lymphatiques de l’aine.On en porté à croire.
Chirurgie* Tome I.*T JJ.e Partie»
en. général , que ce fymptôme dépend de l’abforj-;
tion du virus par les vaiffeaux lymphatiques j
mais fi l’on fe rappelle ce que nous avons dit
ci-deffus, qu’il fe fait bien rarement aucune
abforptiou de virus dans la Gonorrhée, puisqu'il
eft très-rare que cette maladie donne lieu
à la vérole ; fi l’on o’bferve en outre que la fimple
irritation mécanique des organes irritables occa-
fi on ne Fréquemment une inflammation des vaiffeaux
lymphatiques qui s’y trouvent, & des glandes
auxquelles ces vaiffeaux vont aboutir, & qu«
cette inflammation qui, pour l’ordinaire, fe manifefle
avant qu’il y ait de fuppuration dans la
partie originairement affeCtée, s’appaife en général,
& fe diflïpe aufli-tôt que le pus commence
à s’y former , on ne fauroit fe refufer à
regarder l'engorgement des glandes dans la Gonorrhée
comme un fimple effet de l’irritation de
l’urètre. D’ailleurs ces .engorgemens fe diflipent
prefque toujours par fimple réfolution , tandis
que ceux qui fe manifeftent à la fuite de chancres,
(& l’on ne fauroit douter qu’ils ne dépendent
d’une abforptîon de virus) tendent conftamment
à former des ulcères vénériens. Nous avons vu
cependant, à la fuite d’une Gonorrhée qui n’étoit
accompagnée d’aucune efpèce d’ulcères, deux
bubons, qui, étant venus l’un & fautre à fuppuration
a malgré l’ufage de quelques ‘frictions mercurielles
fur ies jambes & les cuiffes, & après avoir
demeuré très-long-tems à fe fermer , fe cicatrisèrent
enfin parfaitement., fans que le malade fit
aucun ufage de .mercure, dès le moment où l’on
commença à s’appercevcùr qu’il fe formoit du
pus dans l’une des rumeurs ; mais ce fait même
prouve que ces bubons n’ëtoient pas vénériens,
puifqu’ils vinrent à fuppuration, malgré les frictions
mercurielles, & puiCqu’ils ne furent fuivis
d’aucun fymptôme de vérole, quoiqu’on ne fît
rien pour les prévenir.
Nous regardons aufli comme une affeCtion
fympathique le gonflement des vaiffeaux abfor-
bans eux-mêmes, qui., dans quelques cas, accompagne
celui des glandes., & quife manifefle
par une corde dure ,& douloureufe , laquelle partant
du prépuce, s’étend le long du dos de la
verge , & fe prolonge quelquefois jufqu’aux aines.
Get accident n’eft point l’effet d’une ab-
forption de virus.; on le voit fiùvenir également
dans d’autres cas d’irritation de l’urètre, tc*ut-
à-fait iniépendans du virus vénérien. Il eft quelquefois
occafionné par i’aCtion des bougies qu’on
emploie pour dilater le canal, dans les cas d’é*
tranglemenr. Voye\ Bovoies.
D e la Gonorrhée che\ les femmes.
La Gonorrhée eft une maladie moins gra *e
chez les femmes que chez les hommes, parce
qu’en général, elle attaque des parties plus fin*
pies & moins importantes. Mais il eft plus dif-
Eeee