
la perforation du finus de ce côté feroit beaucoup
plus difficile , & qu’alors il pourroit être plus
convenable de la faire fur la partie latérale ;
mais les maladies qui exiger oient ces opérations
n’exiftent peut-être jamais dans un cas pareilê
II y a des cas de carie très- étendue dans l’os
Maxillaire où il ne fuffit pas de donner iffue au
pus contenu-dans le finus, mais où le Chirurgien
eft obligé de fe conduire fuivant les circonfiances
particulières, & fuivant les reffourçes que lui
fournit fon génie. Ainli, dans des cas fort-graves
de ce genre, on a été quelquefois obligé de découvrir
une très-grande partie de la fur face de
l o s , de faire de grandes incifions dans fa fubf-
tance, & quelquefois, lorfqu’il y avoitdifféren-
rentes parties, de l’os attaquées de carie, on a
beaucoup facilité la guérifon, en partant un féton
de l’une à l’autre. Le cautère actuel, fi utile
dans les caries des os en d’autres parties du corps,
a auffi été mis en ufage avec le plus grand fuccès
dans celles des os de la mâchoire.
III. 2? « excroijfances farcomateujes & poly-
peufes j qui fe forment dans l}Antre Maxillaire.
La membrane qui revêt intérieurement l’Antre
maxillaire , ainfi que celle qui tapiffe les narines
, peut donner naiflance à des farcômes qui
dégénèrent enfuite en cancers, ou à des excroif-
fances fongueufes connues fous le nom de Polypes.
Ruyfch , Bordenave , & plufieurs autres Obfer-
vateurs en fourniffent des exemples 3 on en a
même vu qui affeéloient plufie'urs fi nus à-la-fois.
I l efl impoffible de prévenir les caufes & la
formation deces maladies, q ui, dans leur prin-
x ip e , échappent à nos recherches, & qui ne fe
font connoître que quand le mal a fait des progrès
confidérables.
L ’indolence, qui eft ordinaire à un polype naif-
fanr, contribue à en cacher les progrès •, mais comme
cette maladie a rarement lieu fans être accompagnée
de quelque affection des parties voifines ,
on pourra la reconnoitre, avant qu’elle foit parvenue
à un état dangereux par la conformation
du finus qui fera changée-, en examinant fi les
dents du malade ne font pas devenues vacillantes,
& ne font pas tombées fponranément 3 fi les alvéoles
font faines , & s’il ne paroît pas des
chairs fongueufes par leurs ouvertures, en ob-
fervant s’il y a un faignement de nez habituel
d’un côté feulement’, fi l’on apperçoit quelque
tumeur farcomateufe du côté des narines, ou
du côté du grand angle de l’oe il3 enfin fi les
parois offeufes font jettées en dehors ou écartées,
ce qui arrive toujours quand la tumeur eft parvenue
à un certain degré , à moins que le polype ;
ne foit dans la narine & ne s’y développe, les '
racines étant dans l’Antre maxillaire, (c e qui
peut-être regardé comme un cas rare, mais dont on
a des exemples. & contre lequel le Praticien doit
être fur fes gardes ) alors on reconnoîtra le polype
dans la narfne, & trompé par ces apparences, on
connoîtra difficilement le véritable état de la
maladie.
Ces lignes différens de ceux qui annoncent la
fuppuration dans le finus , ne permettront pas
de confondre ces deux affections *, ils fuffiront pour
faire connoître l’exiflence du polype , & pour
déterminer le Chirurgien à l’attaquer par des
moyens convenable?.
Quand on eft aflliré de la préfence d’un
polype , fans attendre que le mal ait fait des
progiès plus confidérables, il faut ouvrir l’Antre
maxillaire extérieurement , ou profiter de
l’ouverture qui fe pratique quelquefois accidentellement
aux alvéoles & après l’avoir fuffifam-
ment aggrandie, en traite le mal félon l’état des
parties, foit par l’extraétion du polype ( Voye\
Po z y p s , ) foit en excitant la fuppuration par
l’ufage des médicamers digefnfs, des efearotiques
plus ou moins forts *, ou enfin & plus fpéciale-
ment encore par l’application du cautère aeluel,
5. i y . Des Exojiofes de Vos Maxillaire.
Si les maladies des parties molles, qui tapiffent
l’Antre maxillaire, peuvent agir fur les parties
dures, & les altérer, celles-ci peuvent auifi être
affeélées primitivement, & altérer l’organifation
des parties molles on voit quelquefois leur
lubftance fe gonfler , & former ce qu’on appelle
une exoftofe fans qu’il y ait encore aucun changement
dans l’état des chairs ou des membranes
qui leur font contiguës.
Une exoftofe de l’os Maxillaire n’eft pas âufii
facile à diftinguer que celle des autres os *, la
dilatation des parois du finus par une fuppuration
intérieure , ou par un farcôme , peut quelquefois
en impofer , & l’on ne reconnoîtra
l’exoftofe qu’en ayant égard aux lignes qui auront
précédé la maladie. Nous avons décrit les lignes
qui fervent à faire reconnoître la fuppuration &
le farcôme du finus 3 ils feroient fuffifans pour
diftinguer la dilatation de fa cavité à la fuite de
ces maladies d’avec l’exoftofe 3 mais une marque
plus certaine de l’exiftence de celle-ci, c’eft lorf-
qu’outre l’abfence des fignes de la fuppuration &
du farcôme , les parois groffies de l’Antre maxillaire
préfentent une réfiftance folicîe, - au lieu
que dans les cas de dilatation, les dimenfions de la
furface de l’os étant augmentées aux dépens de
l’épaifleur de fes parois, l’os aminci, réfifte très-
peu & paffe prefque à un état de molleffe.
Lorfqu’une pareille exoftofe dépend de quelque
vice, particulier, de la conflitution, & fur-tout du
vice vénérien, elle doit être attaquée par les
remèdes adaptés à une affeétion de ce genre.
Mais fi elle réfifte à ces moyens, & fi la fan té
étant d’ailleurs en bon état, elle paroît dépendre
Amplement d’un vice local, on peut l’attaquer par
les différens moyens qu’offre la Chirurgie poux
cet objet ; telles font la perforation fimple , ou
celle qui fe fait par le trépan, ou même par le
moyen du cifeauj mais ces opérations doivent
être exécutées avec beaucoup de délicateffe &
de prudence. Nous en dirons autant de l’application
du cautère aéluel, qui dans les cas particulièrement
où l ’exoflofe eft accompagnée de
carie & de fuppuration , eft fouvent le meilleur
moyen qu’on puifl'e employer pour deffécher l’os,
& le difpofer à une.exfoliation falutaire. Voye[
Ex o sto se .
M. Bell (1) décrit une efpèce d’exoftofe de l’os
maxillaire , bien différente de celle dont nous
venons de parler, puifque loin qu’on puifl'e la
diftinguer des autres maladies du finus par une
réfiftance plus grande dans la tumeur , la
fubftance offeufe acquiert peu-à-peu une fou-
pleffe & une élafticité telles qu’elle cède à la pref-
lion des doigts , & reprend à l’inftant fa forme
dès qu’on celle de la comprimer. Si l’on y porte
l’inftrument tranchant, on lui trouve la molleffe
d’un cartilage, & même dans un état plus avancé
de la maladie , fa confiftance eft prefque réduite
à celle d’une gelée. L’enflure augmente graduellement
& s’étend également fur toute la joue,
fans s’élever jamais en aucun endroitpariiculier,
fi ce n’eft dans fes derniers périodes lorfque les
parties molles s’affeélent & s’enflamment. Suivant
le même Auteur, cette maladie n’admet point de
guérifon par aucun des moyens connus , l’inci-
fion & la perforation que l’on recommande dans
d’autres cas d’exoflofes, ne faifant ici qu’aggraver
tous les fymptômes, & précipiter les progrès du
mal.
5. Y» Des Infeâes logés dans VAntre Maxillaire.
II nous refte encore à parler d’un autre accident,
qui peut mettre dans le cas d’ouvrir l’Antre
maxillaire, c’tiî la préfence de certains infeéles
dans cette cavité. Ii n’eft pas facile d’expliquer
comment des infeéles. ont pu être introduits ou
engendrés dans lés finus maxillaires 3 mais, quoi
qu’il en foit, le fait n’en eft pas moins avéré 3
& lorfque de longues & violentes douleurs dans
cette partie, ne paroiflent dépendre ni de l’état
des dents, ni de quelqu’autre maladie évidente,
on peut foupçonner la caufe dont nous parlons
ici, & en pareil cas l*on doit ouvrir la cavité du
finus.
11 faut avouer cependant que cette caufe n’eft
pas fréquente , & même ce que l’on trouve à cet
égard, dans les Auteurs (2), paroît fi peu authentique
qu’à peine aurions-nous cru devoir en faire
mention, fi nous n’avions, dans un ouvrage ré-
( i ) Syftem o f Surgery. Vol. IV, pag, 221.
(2) Voyez particulièrement, à ce fujet, la DifTertatîon
éc M, P allas, de infejlis viventibus i titra yiycntia.
cent ( 3 ) j un fait de cette nature, très-curieux,
& qui paroît mériter toute confiance. M.Heysham,
Médecin de Carlifle, raconte qu’une femme de
foixante ans, robufte & accoutumée à prendre
beaucoup de tabac, étoit, depuis plufieurs années,
fujette à des douleurs extrêmement aigues, dont
le fiège paroiffoit être l’Antre maxillaire, quoi*
quelles s’étendiffent fur tout le côté de la
tête ; que ces douleurs ne cefioient jamais com-
plettement, mais qu’elles étoient plus vives en
Hiver qu’en Eté, & qu’en tout tems elles re-
doubloient par paroxyfrr.es fréquens, & qui du*
roient près, d’un quart d’heure. On avoir arraché
toutes les dents du côté affeélé *, l’on avoit donné
à la malade beaucoup de médicamens anodins &
autres, fans aucun fuccès3 & deux fois on lui
avoit fait faire un cours de mercure qui chaque
fois avoit augmenté le mal. Enfin , quoiqu’il n’y
eut rien qui annonçât un abcès, Di aucune autre
affeétion de l’Antre maxillaire, on fe détermina
à ouvrir cette cavité au moyen d’un gros trocar.
L’effet de cette opération fut abfolument nul
pendant quatre jours qu’on employa à faire des
injections dans le finus, avec du quinquina & de
1 élixir d’aloës 3 au cinquième, on vit paroître à
l’entrée du finus quelque choie. d’extraordinaire ,
c étoit un infeéle mort qu’on faifit avec des pinces,
& dont on fit l’extraétion 3 il avoit un pouce de
long, & il étoit plus gros qu’un tuyau de plume
d’oye. La malade à cette occafion, éprouva un
répi de plufieurs heures 3 mais enfuite les douleurs
revinrent auffi vives qu’auparavant. Pendant
quelques jours qui fuivirent, on fit des injections
d’huile , & l’on tira du finus deux aurres in-
feéles femblables.au premier 3 mais il n’en parut
pas de nouveau , & quelque tems après la plaie
de l’Antre fe ferma. Les douleurs ne furent pas
abfolument calmées, maiâ confidérablement adoucies
pendant plufieurs mois, au bout defquels
elles revinrent avec plus de force, mais en affectant
particulièrement la région du finus frontal»
On lit dans un Mémoire de M. Bordenave (4),
inféré dans le cinquième volume des Mémoires
de l’Académie de Chirurgie, l’hifioire d’un cas
où après l’ouverture du finus maxillaire faite pour
le traitement d’une fuppuration de cette cavité
accompagnée de carie , on en vit fortir, avec un
lambeau de fubftance fongueufe très-féride, un
grand nombre de vers. Mais il eft probable que,’
dans ce cas, les vers avoient été engendrés depuis 5
que l’Antre maxillaire avoit été ouvert 3 puifque1
lorfqu’ils fe firent appercevoir, il y avoit neuf
(3) Medical communications, Vol. I , art. XXX.
(4) M.- Bordenave a publié dans les Vol. IV & V des-
Mémoires de l’Académie de Chirurgie, deux excellons
Mémoires fur les maladies de l’Antre Maxillaire , auxquels
nous renvoyons les Lefteurs, pour le détail des proï
cédés curatifs dans ces maladies.
T i j