
U eft vraifemblable que ces deux cîrcondances f
tiennent à la même caufe-, ii le fang qui fort
d’tme artère s’épanche dans un tiffu celluiiure |
très-lâche , on peut préfnmer non-feulement que J
cet épanchement fe fera d’une manière plus ra- j
pi de , mais encore qu’il s’étendra beaucoup plus
loin , que fi l’artère étoit immédiatement environnée
de fortes membranes ou de ligamens,
oui ne cèdent pas fi vite à l’impulfion du fang.
Cette feule circor.ftance met une ii grande différence
dans le progrès de la maladie , qu on
a vu quelquefois des tumeurs de cette efpèce
demeurer plufieurs mois, & même des années ,
avant que d’acquérir un certain volume ; tandis
que , dans d’ autres cas , il n’a fallu que quelques
heures pour que l’épanchement s’ étendit tout le
long du bras , depuis le coude jufqu’à l’épaule.
Une certaine atonie du tiffu cellulaire favorife
fans doute cet épanchement; mais il eft probable,
comme nous le verrons enfuire, q u | i’ufage ordinaire
de comprimer fortement 1 artère , lorf-
qu’on s’appercoit qu’elle a été ouverte, contribue
fou ventà augmenter la rapidité avec laquelle
il fe forme , lors fur-tout que la compreffion n a
pas été faite avec précifion & exactitude. S il
croit pofiîble de faire une preffion modérée fur
l ’orifice de l’artère feulement, cela pourroit
quelquefois être urile ; mais fi l’on veut comprimer
l’artère bleffée affez fortement pour y
produire quelqu’efFetr-il-faut agir en mème-tems
fur toutes les principales veines des environs,
de manière à gêner beaucoup le retour du fang.
Or tout ce qui tend à mettre obftacle à ce
retour , doit par - là même contribuer à retenir
le fang dans l’artère bleffée, & à augmenter la
quantité de ce fluide qui fort par fon orifice. On
a imaeiné bien des machines propres a comprimer
l’artère , fans affeéler le refie du membre -,
mais quelques éloges qu’ elles aient reçues de
leurs Inventeurs, aucune n’a encore^ complette-
ment rempli le but de comprimer 1 artère fans
gêner beaucoup en même tems la circulation
dans les veines ; & il eft à préfumer qu'en gé-
néra! elles ont fait beaucoup plus de mal que
de bien. -Tout ceci, au refte , doit s’entendre des
pas où la partie de l’artère , qui a été bleffée, ne
repofe que fur des parties molles qui ne lui donnent
pas de point d’appui ", c a r , il elle fe trouve
dans lé voifînage d’un os , la compreffion s en
fait avec facilité, & peut toujours être regardée i
comme un moyen sûr de guérifon : c eft ce qui
efî fur-tout évident par la facilité avec laquelle
on guérit la bleffure de l’artère temporale après
l’opération de I’A rtériotom ie, Voyei ce Mot,
Lorlqn’on n’a point comprimé ces fortes de
tumeurs, elles groffiffent pour l’ordinaire, d’une
manière plus lente & plus graduelle, à moins que
)es parties où elles fefotment, nefoient extraordinairement
molles & relâchées. A mefure que leur
volume augmente, elles pe s’élèvent pas comme
l’Aneurifme enkyfié, mais elles s’étendent datîf
le tiffu cclla aire des environs. Elles acquièrent
peu-a- peu une confiftance très-ferme; & la pul-
fanon, qui d’abord s’y faifoit fenrir avec force,
diminue toujours, à mefure que leur volume &
leur dureté augmentent ; il arrive même quelquefois
qu'on n de la peine à l’appercevoir dans
des Aneurifmes très-volumineux.
Dans les premiers périodes de la maladie, fi
le fiège de l'épanchement eft profond , la ptau
conferve fon apparence n a tu r e l le & fa couleur
ne commence à changer que lorfque le mal a
déjà fait beaucoup de progrès. Mais il arrive fou-
vent que le fang fort de l’artère avec tant d’im-
pétuolité qu’il fe trouve tout de fuite en contact
avec la peau ; alors fa couleur devient aulîi-
tôt livide , comme fi elle étoit prête àfe gangré-
ner. On a même vu quelquefois une véritable
gangrène fe manifefter en pareil ca s , lorfque
l’épanchement étoit confidérable ; & qu’on avoit
inutilement mis en ufage, ou négligé d'employer
les moyens propres à le difiiper. Mais > pour le
dire en paffant, c’eft une négligence impardonnable
chez un Praticien, que de permettre qu’un
malade foit expofé à l’événement d’une gangrène,*«
en conféquence d’une caufe de cette nature ; car ,
le danger de l’opération de l’Aneurifme, doit
être confidéré comme bien peu de chofe, quand
on le compare à celui-là.
A mefure que la tumeur augmente, le malada
qui ,daris le principe., n’en étoit pas fort incommodé,
commence à fe plaindre , non-feulement •
de douleurs vives, mais encore de roîdeur, d’in-
fenfibilité & de difficulté dans les mouvemens de
tout le membre. Ces fymptomes continuant à'
augmente/, fi l’on néglige de faire l’opération,
les tégumens 'enfin le rompent ; & fi l’artère
bleffée étoit confidérable, l’hémorrhagie , qui en
réfulte, eft telle que la mort ne tarde pas à en
être la conféquence; à moins qd’on n’ait très-
promptement recours aux moyens propres à em-.
pêcher la perte du fang.
Nous avons indiqué plufieurs caufes , ou plufieurs
variétés de la caufe de l’Aneurifme enkyfié;
celle de l’Aneurifiiie par épanchement, varie aufi?
de plufieurs manières.
Çaufes de V Aneurifme par épanchement.
i.° Des violens efforts mufculaires peuvent être
regardés comme la caufe la plus fréquente des
ruptures d’artères dans l’intérieur du corps ; mais
comme le traitement de ces accidens n’eft pas au
reffort de la Chirurgie, nous ne nous en occuperons
pas.
2.0 Le pus d’un ulcère ou d’un abcès, lorfqu’il
devient très-corrofif, peut ronger les membranes
d’une artère voifine , . & oeçafionner un Aneu-i
rifme.
Lesefquilles pointues d’un o$ fra&uré, peiij
vent déchirer une artère, & l’on a vu des Aneurifmes
produits par cette caufe.
4.0 Des coups violens ont quelquefois caufé
cette maladie. Cependant il eft difficile que cela
ait lieu ailleurs que, fur la tête, où les artères font
plusexpofées qu’en d aiftres parties, parce qu’elles
font plus voifines de la furface, & parce que re-
pofant fur un corps auffi dur que le crâne, elles
doivent être plus violemment affrétées par les
coups qui font dirigés fur elles.
5.0 Si la membrane artérielle d’un Aneurifme
enkyfié vient à fe rompre avant les tégumens
dont il eft recouvert , le fang qu’il contient fe
répand dans les parties voifines, & alors la maladie
change de caraélère , & pafle de la première
efpèce à la fécondé. Mais nous avons lieu de croire
qu’on n’obferve que rarement un lemblable
paflage ; car il paroît qu’en général, ce font
les enveloppes extérieures de ces tumeurs qui font
les premières à fe rompre. Leur volume allant toujours
en augmentant, les tégumens fe tendent à
un tel point qu’ils perdent abfolutnent leitr ton ;
là peau devient molle & oedémareufe ; quelquefois
elle paroît difpofée à le gangrèner ; & d’autres
fois , quoiqu’elle conferve fa couleur naturelle,
elle n’en a pas moins perdu fa force & fa v ie,
comme fi elle étoit dans le dernier période de la
mortification. Elle demeure plus ou moins long-
tems dans cet état,fuivant la forcé delà pulfa-
tion artérielle à laquelle il faut qu’elle réftfte.
Enfin, elle commence à fe fend»e ; elle laiffe
échapper une férofité ichoreufe ; les bordsde cette
déchirure fe féparent peu-à-peu; & les fluides
contenus dans la tumeur,furmontant enfin le peu
de réfiftance que lui oppofent encore les tégumens,
fe verfent au-dehors fans produire aucun
épanchement dans les parties voifines.
Nous ferions donc pçrtés à croire que les Auteurs
fe font trompés, quand ils ont fuppofé que
l’Aneurifme enkyfié, ou Aneurifmé vrai, fe rom-
poit dans, i’inrèrieur , & produifoit l’Aneurifme
de la fécondé efpèce ; du moins nous fommes
perfuadés que cela n’arrive que rarement. Dans
tous les cas d’Anenrifme enkyfié que nous avons
obfervés, ou fur lëfquels nous avons pu nous
procurer des rapports exaéls & authentiques, les
progrès & la terminaifon de ces tumeurs ont
été tels à-peu-près que nous venons de ,les décrire
; ce n’a jamais été le fac artériel qui s’eft
rompu le premier , mais ce font les tégumens
qui ont commencé à fe déchirer, après avoir été
dilîendus au-delà de ce qu’ils pouvoient fupporter,
& le fang s’eft répandu au-dehors fans former
nulle part, d’épanchement fous la peau. Nous
nous garderons bien cependant d’affirmer que le
contraire n’ait jamais lieu , la chofe ne nous paroît
pas impoiîible; & puifque des Auteurs diftingués
nous difent qu’ils ont obfervé ce paffage d’une
efpèce d’Aneurifme à l’autre, nous ne pouvons
nous refufer à le ranger parmi les caufes de l’Aneu-
rifme par épanchement.
6.° Mais de toutes ces caufes, la plus fréquente
de beaucoup , ce font les plaies faites avec des
inftrumens pointus ou tranchans, tels que de9
épées, des labres, &c. ; & particulièrement avec
la lancette, à laquelle on peut hardiment attribuer
les neuf dixièmes des Aneurifmes qui ont jamais
eu leur fi'ège fur quelqu’une des extiêmités du
corps. L ’origine des aurres pourra toujours fe
rapporter à quelqu’une des claffes de caufes dont
nous venons de faire l’énumération.
Diagnoflic de t Aneurifme,
Il eft arrivé bien des fois qu’on a malheij-
reufement pris des tumeurs Aneurifmales -pour
des dépôts & des a b c è s q u ’en conféquence on
les a ouvertes par une incifion. 11 eft plus aifé
de concevoir que de décrire les fuites d’une pareille
erreur. Pour ne jamais être dans le cas d’en commettre
de femblabies, il importeroit infiniment
aux Praticiens d’avoir un certain nombre de lignes
parfaitement clairs & diftinçls de l ’Aneurifme,
pour le reconnoître sûrement dans tous les cas.
Dans le commencement de cetre maladie, il n’eft
pas bien difficile pour l’ordinaire ,*d’en déterminer
la nature ; parce que la pulfation mani*?
fefle de la tumeur, & d’autres circonftances con?
comitantes, la caraélérifent fi bien, qu’il ne peut
pas y avoir beaucoup de doute à cet égard. Mais
lorfqu’elle eft plus avancée, que la tumeur eft
devenue beaucoup plus volumineufe, & que la
pulfation ne s’y fait plus appercevcir ce n’eft
que par un examen très-attentif, de toutes les
circonftances qui ont précédé l’état aéluel, qu’on
peut acquérir les données fufhfantes pour porter
un jugement sûr à cet égard.
Les tumeurs avec lefqueîles on peut le plus
facilement confondre les Aneurifmes , font
les tumeurs enkyftées , les gonflemens fero-
phuleux, .& les accès qui fe trouvent fitués ,
ou immédiatement au-deffus d’une artère, ou
fi près d’elle, dans une autre pofition, que fes.
pulfarions peuvent leur être communiquées ; &
lorfque des tumeurs de ce genre fe trouvent
ainfi dans le voifînage d’une artère confidérable
les battemens qu elle leur communique font
quelquefois fi forts & tellement marqués, que
cette circonftance de la pulfation ne peut point
être regardée comme fuffifame pour en déterminer
la nature.
11 y a un fymptôme, dont la prëfence eft
d’un grand poids,, pour faire prononcer avec
certitude que la tumeur eft Àneurifmale, fur-tout
s’il fe trouve joint à celui d’une pulfation
forte. C’eft la facilité avec laquelle on fait
difparoître la tumeur en la comprimant, •&
la promptitude avec laquelle elle reparoit à