
.d’un lînus qui n’auroit pas beaucoup de profon- '
.deur, tel qu’on le trouve ordinairement après •
l’ouverture de ces abcès , lorfqu’ils ont été bien
traités, on trouve quelquefois toute la portion
inferieure du gros boyau abfolument féparée des
parties voifines, & nombre de fin us qui courent
dans tous les fens, le long du périnée , fur les
côtés de l’inteftin & entre les mufcles des feffes,
comme nous le verrons bientôt, en traitant de la
fiftule à l’Anus. On prévient ces acciiens, fi l’on
a foin, dès que le pus efi formé , d’ouvrir ces
abcès dans l’endroit le plus favorable à fon écoulement
, & par une grande incifion. La plaie
alors ne tarde pas à le cicatrifer fans aucune fuite
fâcheufe, fi d'ailleurs la coniiimtion efi faine,
& fi le traitement fubféquent efi bien conduit.
Après l’ouverture de ces abcès, la pratique
ordinaire des Chirurgiens a été prefque j.fqu’à
aujourd’h u i, d’introduire dans leur cavité des
Lourdonnets de charpie, ou d’autres fubfiances,
afin d’empêcher , dit-on, la réunion trop prompte
des bords de la plaie, & de la faire remplir
par le fond. Mais cette pratique efi très-mal fondée
; car ces fubfiances étrangères font prefque
Toujours du mal en irrirant l’extrémité du re&um. ,
D ’ailleurs fi l’on a fait une affez grande incifion , :
une pareille précaution efi parfaitement inutile,
parce que le pus ayant la liberté de s’écouler j
confiamment par la plaie, l’ouverture demeure :
Toujours proportionnée à la quantité qui s’en
Forme, ce qui efi le pricipal but qu’on doit fe
propofer en ouvrant cet abcès.
Au lieu d’employer des moyens suffi irritans,
dès qu’on aura donné iffue au pus, on recouvrira
la plaie de charpie enduite de quelque
ÔDguent trè s -d ou x, & l’on tiendra conflam-
mem un cataplafme émollient par-deffus. Toutes
les duretés que la première formation du pus
n’aura pas détruites, fe diffiperont complettemenr
par ce traitement j & s’il ne fe préfente pas
quelque nouvel obftacleà la cicatrifation del’ul--
cère , le malade ne tardera pas à obtenir une
parfaite guérifon.
Nous avons fait mention de quelques fymptôme
s qui accompagnent fouvent les abcès formés
dans le voifinage du reétum. Tels font particulièrement
la dyfurie & la rétention totale des urines.
L ’on foulage la dyfurie par la faigaée & par
F’ufage des boiffons mucilagineufes, dunitre,&c.
Mais la rétention totale efi un fymptôme plus
opiniâtre , & d’autant plus alarmant que l’ufage
de la fonde efi ici accompagné de beaucoup de
danger. Le col de la yeffie, très-voifin du fiège
4« mal, participe à l’inflammation, ce qui peut
contribuer jufqu’à un certain point, à caufer l’a-
cident dont il s’agit j mais l’extrême, irritabilité
de cette partie, a une part bien plus grande encore
à fa formation j & fous quelque point de vue qu’on .
ienvifage , la fonde, foit qu’on l’introduife dans®
la veffie chaque- fois que , cela pajçîi néççffaire,
foit quon l’y laiffe après l’avoir introduite^
ne manquera pas d’enflammer & d’irriter de plus
en plus le canal j fans parler du danger que l’on
court en pareil cas, de frayer de fauffes routes ,
& de caufer par-là des maux qui pourront avoir
les plus triftes conféquences. Les moyens à employer
pour foutager le malade, font la faignée
proportionnée à fon état & à fes forces, les,laxatifs
doux , fi l’on a le tems d’en faire ufagë, les
bains & demi-bains, les fomentations, les lave-
mens émolliens, & par-deffus tout, les lavemens
anodins fairs avec une quantité fuffifante d’opium.
Un ténefme douloureux accompagne fouvent
auffi les inflammations des parties voifines du
reélum, & doit être combattu par des laxatifs combinés
avec des anodins. Après l’évacuation des
matières fécales, un lavement compofé d’empois
fin & d’opium , efi un remède prefque infaillible
pour calmer ce fymptôme fatiguant. L ’irritation du
vagin chez les femmes ,. qui efi à-peu-près do
la même nature que le ténefme, fe calme par les
mêmes moyens.)
Dans quelques eonfiitutions, cette efpèce d’inflammation
efi accompagnée d’uné confiipation
opiniâtre* à laquelle fe joint affez .ordinairement
la diftennon douloureufe, & l’enflure des yaif-
feaux hémorrhoïdaux, tant intérieurement qu’exté-
rieurement. Tant qu’une quantité de gros exeré-
mens efi retenue dans les intefiins, il en réfuire
un furcroit d’irritation,de fièvre, & d’inflammation
; il importe donc de remédier à ce fymptôme,
& d’employer dans ce b u t, la faignée, les laxatifs
doux, & un régime févère & rafraîchi f i a n t ,
ainfi que,des cataplafmes émolliens, qui relâchent
& détendent fes hémorrhoïdes dures & gonflées,
en même-tems qu’ils accélèrent la fuppurâtion.
D E L A F I S T U L E A L ’ A N 'U S.
5« I. De/cription générale de la. maladie.
Quoiqu’un abcès auprès de l ’Anus puiffe fe
guérir par un traitement fort fimple, & qu’on
voie fouvent des tumeurs, de ee genre fe terminer
promptement & facilement, fur-tout quand
l’ art .vient à propos au fecoursd.e la nature , il
n’en efi pas de même dans tous les cas. Il
arrive fouvent que les malades, foit par ignorance
des fuites que peut avoir leur état, foit par
la crainte de la-douleur, foit par d’autres rai-
fons ,oe demandent pas les fecours de la Chirurgie ,
lorfque le mal efi à fon premier période, & que,,
dans fon état le plus fimple , ils lai fient- fouvent
ouvrir l’abcès de lui-même dans un endroit dé-*
favorable , fouvent même ils n’appellent le Chirurgien
, que lorfque le pus en s’infinnant dans
le tiffu cellulaire , a déjà fait beaucoup de mal
& creufé des fin us. On conçoit aifément, que
la maladie alors , fuivant le fiège qu’elle a occupé,
dans fon premier période que nous venons
dé décrire fous le nom d’abcès à PAftus, fuivant
fon ancienneté , &/ fuivant l’état plus ou
moins fain de la conftitution du fujet, doit fe
préfenrer fous une variété d’afpeéts & de degrés.
C’eff cet état de la maladie plus ou moins invétéré,
plus ou moins compliqué d’affeClions du
reétum, de callofités, & d’autres altérations des
parties voifines, que la plupart des Chirurgiens
nomment fiftule à l’Anus, tandis que d’autres ,
& M. Pott en particulier, ne veulent donner ce
nom qu’aux ulcères profonds & caverneux qui
fourniffent un pus âcre, dont /a virulence efi
fomentée , & entretenue par une affeCtion plus
générale du fyftême, & 011 par conféquent les
moyens Chirurgicaux doivent être étayés de
remèdes d’un autre genre. Nous renverrons à
l’article F i s t u l e la détermination du fens
propre de ce mot. Dans celui-ci, nous allons
nous occuper des diverfes affe&ions qui fe ma-
nifefient, comme fuite des abcès dans le voifinage
du Fondement, fans nous mettre en peine
de pofer exactement la limite entre celles qui
méritent plus particulièrement le nom de fiflule,
& celles auxquelles une autre dénomination pour-
roit mieux convenir, puifque, comme nous le
verrons, cette diftinélion n’efl pas très-effentielle
au traitement, & que les unes & les autres
peuvent être confidérées comme des degrés feulement
de la même maladie.
Nous difons donc avec M. Bell (1) , que tout
ulcère finueux formé dans le voifinage du re&um,
prend le nom de fiftule à l’Anus j & que c’eft-
là l’idée la plus. exaCle, & la plus fimple qu’on
puiffe donner de cette .maladie. Car quoiqu’elle
préfente une grande variété de formes, & quoique
les deferiptions que l’on en a données, n’aient
pas peu contribué à embrouiller cette partie de
la pathologie Chirurgicale^ quiconque voudra
en examiner foigneufement toutes les oirconftan-
ces, verra que la fiftule à l’Anus efi une maladie
dont la nature efi auffi déterminée, & auffi confiante
, que celle d’aucune autre affedlion qui
foit l’objet de la Chirurgie.
Les Auteurs décrivent trois principales variétés
de cette forte d’ulcère. Il peut y avoir une
ouverture aux environs de l’A nus , qui communique
avec un finus, fans aucune connexion
avec lere&um ^ on donne à ce cas le nom de fiftule
incom.plette. Si l’ulcère a deux ouvertures, l’une
en dehors , & l’autre dans l’inteftin, on l’appelle
fiftule complette : enfin fi l’ulcère s’ouvre
darfs l’inreftin fans avoir aucun orifice extérieur ,
on le nomme fiflule interne, ou occulte.
On a auffi diftingué cette maladie en fimple
& en compofée. Lorfque les parties où palfe le
■ finus font dures & tuméfiées, ou lorfqu’il fe trouve
quelque communication entre l’ulcère, & la veffie,
(0 Syflem o£ Surgery ^ V o l. 2 ., p ag .
le vagin, l’os facrum, ou d’autres parties voifines»
on dit que la fiftule efi compliquée ou compofée
*, & au contraire on l’appelle fiftule fimple,
lorfqu’il y a un ou plufieurs finus qui n’ont de
communication qu’avec l ’ulcère interne , toutes
les parties voifines étant parfaitement faines.
/ Quand la maladie n’eft pas ancienne, les parties
voifines de l’ulcère font ordinairement en
bon état 5 mais quand l’ulcère a duré long-te'ms,
non-feulement les environs de l’Anus, mais le
périnée, & même les feffes, s’affe&ent peu-à-peu,
ce qui peut dépendre de différentes caufes ; la
plus commune, c’eft que la matière des différens
finus, ne trouvant pas d’iffue affez libre, irrite
de côté & d’autre le tiffu cellulaire & y caufe
des engorgemens. On voit des cas où le périnée,
& une partie des feffes, ont acquis une dureté
femblable à celle du fquirre, & font en même-
tems traverfés en différens fens par un grand
nombre de finus *, on en voit d’autres où la
matière purulente a contraété un tel degré d’acrimonie
qu’elle carie l’os facrum , & corrode
la veffie St le vagin, au point d’y former des
ouvertures où paffent les matières fécales. Heu-
reufement ce dernier période de la maladie ne
fe voit pas fouvent, & probablement il n’auroit
jamais lien, fi, dès le commencement, Es malades
avoientété traités convenablement, & fi l'on avoic
de bonne heure ouvert un libre paffage au pus.
§. ÎI. Expojé historique des différentes méthodes
qui ont été propofées par les Chirurgiens , pou?
le traitement de la fifiule à l'Anus.
Rien n’eft plus fimple que le traitement de
cette maladie, tel qu’il eft généralement admis
aujourd’hui parmi les Praticiens , & que nous
le décrirons bientôt j quoique, pendant .bien long-
tems , on l’ait regardé comme une des branches
les plus difficiles, & les plus importantes de la
Chirurgie ; & qu’on ait recommandé pour le
perfectionner, bien des moyens qui ne fervoîent
qu’à déranger le travail de la nature , & à rendre
plus difficile une guérifon qui auroit pu s’achever
par des remèdes beaucoup plus faciles. En
général , les Anciens ne craignoient , ni de
multiplier les opérations , ni d’employer les
moyens les plus douloureux pour les malades,
dans le but de les guérir -, & il eft fmgulier que
pendant que l’art fe perfeélionnoit en rendant les
opérations moins nombreufes, & moins cruelles
dans le traitement de prefque toutes les autres
maladies Chirurgicales, le contraire ait eu lieu
relativement à la méthode d’opérer pour la fiftule
à l’Anus. Jamais peut-être de fauffes théories
dans l’art de guérir n’ont eu des fuites plu$
manifeftement funeftes, que dans le cas dont
il s’agit;, les erreurs ont entraîné les Praticiens
dans-d’autres erreurs plus graves que les pre“
mières j les malades ont été tourmentés par k