
maux pour lefquels on prônoit le plus.fon effica3
cité, & le plus grand nombre des Praticiens,
en France fur tout, ne voulurent plus s’en fervir.
Cependant des Médecins & des Chirurgiens du
plus grand nom, tels que Cullen , Fothergill,
Hunter &plulieurs autres ont continué à regarder
la Ciguë non comme un remède fpécifique du
cancer , car tous aujourd’hui font d’accord qu’elle
ne„le guérit pas, mais comme un palliatif utile
dans cette cruelle maladie, & comme un excellent
remède dans diverfes autres affections. 11 eft vrai
que, dans tous les cas où on Remploie, elle eft
iùjette à manquer fôn effet ; mais on doit peut-
être plus Souvent s’en prendre à l’inertie de la
'préparation dont on fait ufage, qu'à l’inefficacité
de la plante. L’extrait pèche fouvent par la manière
dont il a été préparé, au point d être quelquefois
une fubftance parfaitement inerte j c’eft
ce qu'on a obfervé même de celui qu’on avoir
fait venir de Vienne , comme devant avoir toute
la perfection poffiblç 5 & malgré les directions
qu’on a données pour le faire de manière à. lui
conferver'toute fa vertu, l’on n’a jamais-pu parvenir
à lui aflùrer un degré usiforme d’aCtivité.
On eft plus sûr de celle des feuilles féchées &
réduites en poudre j cependant cette préparation
eft suffi extrêmement inégale , au point qu’on a
vu une perfonne qui étant venue par degrés à en
prendre foixante grains par dofe fans en être
incommodée,faillit à être empoifonnée par une dofe
de vingt grains, par laquelle elle commença à fe
fervir d’une nouvelle provifîon que lui donna
fon Apothicaire, lorfqu’elle eut achevé la pre-
mièie.
Une autre circonflance qui a empêché beaucoup
de Praticiens de reconnoître les propriétés falu-
taires de la Ciguë, ceft la timidiiéavec laquelle
ils l’ont adminiftrée. Un très-grand nombre ,
contens d’avoir donné vingt ou trente grains,
©u même un gros , d’extrait de Ciguë à leurs
malades , & n’cn voyant pas réfulter de guérifon ,
ont cru devoir y renoncer comme à un remède
inutile , fans s’être aflurés s’ils l’avoient donné
en dofe fuffifàme. Or il n’y a qu’un moyen de
s’aflùrer fi l’on a porté la dofe affez loin, c’eft
par les effets fenfibles que cette plante produit
fur le fyfiême nerveux, & que nous décrirons
bientôt. Si l’on n’en obferve aucun, nous dirons
même avec Cullen , ( 1 ) fi ces effets ne font
pas bien marqués, c’eft perdre fon rems & celui
des malades que d’en continuer l’exhibition. Le
Praticien doit être très-attentif à graduer les dofes
de manière à ne pas courir le rifque de produire
ces effets d’une manière trop brufque, de peur
d’empoifonner fon malade ; mais s’il les redoute
trop, s’il augmente trop ibfenfiblement les dofes
' du remède, il n’en obtiendra pas l’effet qu’il
defire , parce que le fyftême animal aura trop le
ms
tefflS de s’y habituer. Il eft bon d’obfefùef ôèpéfts
dant'que., même lorfque la Ciguë produit les
affections nerveufes dont nous parlons, elle ne
guérit pas toujours la maladie pour laquelle on y
a recours, quoique cette maladie paroiffe très-feai-
blable à d’autres où ce remède a eu un plein fuccès.
Nous difons donc que, pour éviter toute incertitude
relativement à l’exhibition de la Ciguë,
on doit toujours commencer par la donner en
petitë dofe ( trois ou quatre grains, par exemple
, toutes les quatre heures ) & augmenter par
degrés cette quantité , jufqu’à ce qu’il en réfulre
certains effets qui manquent rarement d’être la
conféquence d’une dofe complette.
Ces effets varient beaucoup fuivant les individus
*, niais le plus fouvent, les malades fe plaignent
d’abord d’un peu de vertige & d’un mouvement
dans les yeux , comme fi quelque chofe les pouf-
foi t en dehors j ils éprouvent un léger mal de
coeur, & un peu de tremblement dans tout le corps 9
quelque fois ils ont un peu de diarrhée. Lapréfence
de 'quelqu’un de ces fymptômes annonce que la
dofe eft complette, quelle qu’en foit la quantité.
Alors on ceftè d’augmenter la dofe , on peut
même la diminuer un peu fi le malade paroiffbit
très-incommodé de ces fymptômes y mais, dès
qu’on les voit s’affoiblir , on augmente de nouveau
, en veillant cependant avec foin, àxe que
le malade n’en foit pas trop fatigué. Ce n’eft qu’en
procédant de cette manière que l’on peut obtenir
tout l’avantage qu’on a lieu d’attendre de ce
remède. Lorfqu’après l’avoir pouffé à une certaine
dofe , on ne voit pas qu’il produife aucun
des effets ci-deffus mentionnés, on doit fe défier
de la préparation qu’on a employée , car la force
de l’extrait varie dans toutes les pharmacies, &
dans,, chaque pharmacie il diffère auffi à chaque
fois qu’on en prépare de nouveau j il en eft de
même jufqu’à un certain point delà poudre des
feuilles. Il y a des perfoiines chez qui là Ciguë,
même en très-petite dofe, dérange l’eftomac ,
caufe des fpafmes, & excite de la chaleur & de
la féchereffe j lorfqn’on rencontre des fujets ainfi
difpofés, il faut fur-le-champ renoncer à ce
remède. D’autres viennent facilement à en fuppor-
ter des dofes très-confidérables ,* M. Fearona
donné jufques à quatre onces des feuilles en poudre
, par jour, fans inconvéniens ; & M. Hunter
a donné trois onces d’extrait dans le même intervalle
de tems. Mais il ne faut jamais oublier que
lorfqu’on eft parvenu à fupporter une forte dofe
de ce médicament, fi l’on en dilcontinue pendant
quelque temps l’ufage, on ne doit jamais
le. recommencer qu’en petite quantité, parce que
l’eftomac en ayant perdu l’habitude , une dofe
bien inférieure à celle qu’on prenoir fans inconvénient
, peur devenir un poifon. M. Humer (1) cite
'à ce fujet l’exemple d’un jeune homme qui étant
{ I ) Mattria Mfdisa, Tçtpç Uj pag. ( 1 ) Traité des Maladies vénériennes, pag.
tyemiàprën dre d eux one£s &de-rnie d’extrait dcCigue
par jour, pour un ulcère rongeant, & de nature can-
céreufe, en fufpendir l’ufage pendant quelque teins*,
mais voyant que le mal recommençoit à faire des
progrès, il prit de fon chef environ dix gros du
même médicament dans une matinée. Il tomba
bientôt dans une infenfibilité complette, prit
des convulfions & mourut au bout de deux heures.
Lôrfqu’on adminiftre la Ciguë avec les précautions
que nous avons indiquées, elle agit comme
un doux anodin , calmant les douleurs & difpo-
fant au fommeil. Elle n’a pas comme l’opium,
l’inconvénient d’occafionner de la conftipation,
elle a plutôt l’effet d’entretenir laliberfédu ventre.
Quant à l’efficacité de la Ciguë, comme
remède, on ne peut point y compter pour la
guérifon du cancer, il n’exifte peut-être pas une
leu le obfervation bien authentique d’un véritable
cancer guéri complettement par fon moyen. Mais,
comme nous l’avons dit ailleurs , c’eft un remède
précieux dans les cas de cancer ulcéré , où l’opération
n’eft pas admiffible ; & quoiqu’il y en ait
où l’on ne tetire pas grand avantage de ce palliatif
, il y en a beaucoup où il modère & apaife
même entièrement la douleur, diminuant en même
temps la quantité de la fanie âcre qui en découle,
la changeant en un pus de meilleure qualité, dif-
pofant l’ulcère a une bonne cicatrifation & amenant
même quelquefois celle-ci jufqu’au point
de donner de grandes efpérances de guérifon.
Nous avons vu chez une femme qui étoit à
l’époque de la céffarion de fes règles, une tumeur
dure au fein, précifément fous le mammèlon ,
mobile , large de deux travers de doigts & accompagnée
de douleurs qui s’étendoient jufqu’à l’épaule
& dans le bras. Il y avoit deux ou trois mois
que cette tumeur avoit commencé à fe former,
& la malade perfuadéeque cernai étoit incurable
autrement que par l’opération, n’avoit pas
voulu en parler, jufqu’à ce que la. douleur, en
quelque forte, l’y. contraignit. L’extrait de Ciguë
adminiftré d’abord en petites dofes, mais graduellement
augmentées, autant qu’un peu de ver-
tige & de mal de tête qu’il occafionnoit, le permirent
, jufqu’à la dofe de demi-once par jour,
diminua d’abord les douleurs & diffipa totalement
la tumeur au bout de fix mois, La malade ayant
de fon chef confidérablement diminué tout-à-coup
la quantité du remède parce qu’elle voyoit la
tumeur beaucoup réduite, s’apperçut bientôt que
le mal faifoit de nouveaux progrès, mais en
rétabliflànt les dofes au point convenable, le fuccès
ne tarda' pas à être complet.
On a vu à’autres cas de la même nature , &
d un plus mauvais caractère encore, même avec
ulcération, quiontcédéàl’nfage du même remède;
mais ces cas font en très-petit nombre, tandis qu’il
ÿ en a une multitude où, quoiqu’il ait eu quelques
bons effets, il n’a point opéré de guérifon.
• es feins font fujets à des engorgemens ferophuleux
qu’on ne diftingue pas toujours aifément
des tumeurs càncéreüfes j & peut-être les cas dont
nous venons de parler , devroient-ils être con-
fidérés comme étant de cetre nature. En effet,
c’eft dans les affeétions fcrophuleufes que la Ciguë
a paru réuffir le plus fréquemment, foit qu’on
en ait fait ufage à l’extérieur, ou en l’adminiftrant
intérieurement ; elle a manifefté évidemment une
propriété fondante & réfolutive, diflipant quelque
fois complettement les tumeurs de cette nature
& en prévenant les retours mieux qu’aucun autre
remède. Malheureufement celui-ci ne peut pas
trop s’employer chez les enfans, parce qu’il eft
difficile de leur en faire prendre une quantité fuffi-
fante, & parce qu’il l’eft encore davantage d’en
mefurér les dofes convenablement fuivant ies
règles expofées ci-deflùs.
Différens Praticiens ont vanté les effets de la
Ciguë dans les maladies vénériennes ; & M> J.
Hunter, dont le témoignage à cet égard mérite
toute confiance , en recommande l’ufage dans
quelques affeCtions de ce genre, ou plutôt dans
certaines affeCtions qui accompagnent quelquefois,
& font déterminées par les fymptômes vénériens,
comme dans les cas de bubons qui fuppurentmal,
& qui réfiftent au mercure ; dans ceux de chancres
qui ne fe cicatrifent pas & qui prennent
une apparence caneéreufe , dans le gonflement
de la proftate, &c.
Relativement à l’ufage extérieur de la Ciguë ,
Voyei les articles Cancer. & Cataplasme.
CILLEMENT. n*s*x,ubs.Niciatio. CTeft un genre
d’affeCtion convulfive dans lequel la paupière
fupérieure s’a bai fie & fe relève alternativement fur
le globe de l’oeil, fans que la volonté puifle en
rien s’oppofer à ce mouvement. On défigne vulgairement
cette maladie fous le nom de fouris
fans qu’on puifle trop en dire ]a raifon. Peu
d’Ocuîiftes font mention de ce fymptôme, vrai-
femblablement parce qu’il eft fort rare. Maître-Jan
dit ne l’avoir obfervé que fur deux fujets ; il
ignore, continue - t - il, s’il eft guériffable ©u
non. Udifparoît quelquefois an bout de deux jours
de l’application d’une mouche cfopium au-deflus
de l’orbite, pofitivement for le nerf frontal, à
fendroit de la fortie par l’échancrure du trou
fourcillier. ( M . P x t i t -R a d ê z . )
CINNABRE. Le Cinnabre n’eft autre chofe que
du mercure ititimément uni avec le foufre, & qui
par cette combinaifon perd abfolument toutes fes Sriétésmédicales. Mais lorfqu’on lexpofe à une
îur capable d’enflammer le foufre, le mercure
fe dégage, fe volatiiife, & reprend fa faculté d’agir
fur le corps. On a depuis long-tems imaginé
d’appliquer à la peau ce métal ainfi réduit en
vapeurs, au lieu de L’employer fous la forme
d’onguent , & il n’y a pas de doute que certe
méthode ne foit très-aCtive , & qu’elle ne puifle
facilement exciter la falivation*, mais outre qu’elle
eft plus difficile à conduire, pour ne donner au.
5 s ij