toute la diligence poffible , de la manière que
nous avons indiquée.
Quelquefois il eft arrivé que par trop de précipitation,
ou par erreur de la part de [opérateur,
les inteftins ont été pouffés entre les lames des
mufcles abdominanx. C ’efl-là une faute contre
laquelle le Chirurgien doit être extrêmement fur
fes gardes ; car s’il laiffe les chofes en cet état, fl
toutes les parties à réduire ne font pas repou (fées
dans {’intérieur du péritoine, l’état du malade ne
fera pas moins dangereux qu’il n’étoitauparavant.
L ’afccident auquel nous faifohs allufion, peut
arriver dans une partie quelconque du bas-ventre,
quand le Chirurgien neft pas fuffifamment attentif à
ce qu’il fait ; mais il arrivera plus facilement dans
les plaies qui pénètrent au travers des mufcles droits,
les enveloppes de ces mufcles étant plus lâches &
plus flafques que celles d’aucun des autres mufcles
abdominaux. On devra auffi s’en défier davantage
chez les perfonnes qui ont beaucoup d’embonpoint,
que chez d’autres, à caufc du grand
volume de tiflu cellulaire & graiffeux quife trouve
chez des fujets ainfi conftitués entre les différens
mufcles de l’Abdomen.
Au lieud’aggrandir les plaies du bas-ventre,
on a propofé de faire for tir l’air contenu dans la
portion d’inteftin qu’on veut réduire, en y faifant
des petites ouvertures avec la pointe d’une aiguille,
& par ce moyen d’en diminuer affez le volume,
pour faire rentrer avec facilité les parties par le
même paffage qui leur avoit donné iffue. Comme
cet expédient a été propofé par des auteurs d’un
certain poidsr, il ne faut pas le paffer fous filence;
mais ce fera pour avenir les praticiens qui n’ont pas
encore beaucoup d’expérience de s’en défier. Il eft
certain que ce moyen facilitera beaucoup le travail
de l’opérateur *, mais il ne paroît pas qu’il y
ait d’autres raifons à donner que celle - la pour le
faire adopter. Car quoique l ’on ait vu des malades
pour lefquels on l’avoit mis en ufage, fe rétablir ,
il ne faut pas avoir beaucoup de «onnoiffance de
l ’économie animale , pour comprendre que la plus
petite ouverture faite dans un organe auffi irritab
le & auffi facile à s’enflammer que le font les in-
teftins, doit être accompagnée de plus de danger i
que ne fauroit l’être l’aggrandiffement d’une plaie ;
déjà exiftante dans les tégumens & les mufcles.
D ’ailleurs, quand on réduit des inteflins déplacés,
quelque diftendus qu’ils puifient être par l’air qu’ils
contiennent, on peut fouvent les en débarrafleren
les comprimant de manière à pouffer cet air vers
les portions d'inteflins coutenues dans l’abdomen ;
on y réuffira même toujours en s’y prenant avec
prudence ; & non-feulement ces tentatives feront
fans danger, mais on ne devroit jamais tenter la
réduction d’un inteftin très-diften du par l’air qu’il
renferme, fans avoir eflayé d ’en diminuer le volume
de la manière que nous venons d’indiquer.
Lorfqu’on a replacé les entrailles, l’on doit
s occuper des moyens de les conrenir dans le bas-
ventre, jufqu’à ce que la plaie foit refermée,
& folidement cicatrifée. Cela n’eft pas difficile
quand l’ouverture eft petite; il fuffit pour lors de
mettre le malade dans une pofture convenable avec
la tête & les hanches un peu élevées, en obviant
à laconfiipation, & en contenant les parties jnfqu’à
leur parfaite guérifon, au moyen d’une bande de
flanelle paffée plufieurs fois autour du corps. Mais
dans les cas de grandes plaies, lors même que le
traitement eft conduit avec toute la prudence poffible,
il eft fou vent difficile, & même quelquefois tout-
, à-fait impraticable, (l’empêcher la chûte des inteflins
au moyen des appareils & des bandages ordinaires.
On eft alors obligé de rapprocher les bords de la
plaie & de les contenir par des points de future.
Nous renverrons le détail de cette opération à l’article
G a st r o r a ph ie .
Nous avons fuppofé jufqu’à préfent que ce font
fur-tout des portions d’inteftin qui s’échappent au-
dehors par les plaies de l’Abdomen, parce c’eft-là
le cas de beaucoup le plus fréquent ; cependant la
même chofe arrive quelquefois à d’autres vifeères,
& particulièrement à l’eftomac & à i’omentum ;
mais quelles qué foient les parties déplacées, le
traitement doit être le même; il faut dans tous les
cas les faire rentrer dans l’Abdomen le plus promptement
qu’il eft poffible, & les y contenir de la
manière que nous avons indiquée.
Mais de quelque importance que foit cette réduction,
il eft bon cependant d’obferver ic i, que fi,
par quelque circonflance extraordinaire , on ne
pouvoir l'entreprendre, il ne feroit pas abfolu-
ment impoflible qu'un malade, en pareil cas, fe tirât
d’affaire. La Nature a quelquefois des reffources
dans les cas qui paroiffent les plus défefpérés, &
le praticien qui les obferve a fouvent lieu d’admirer
les cures qu’elle opèie fans que l’art lui prête aucun
fecours. On lit dans les commentaires deMé-
decine^d Edimbourg ( i ) , l’hiftoire d’une guérifon
pareille dans un cas de bleflure du bas-ventre qui
eft vraiment étonnante. Un jeune Nègre, dans l’ifle
de Saint-Chriftophe, fe perça le ventre avec un
couteau à environ trois ponces au-deffus du nombril
du côté gauche. Un Chirurgien expérimenté le
vit bientôt après, & trouva une grande partie des
inteftins hors de la plaie ; il dilata l’orifice & tenta
de jes réduire ; mais envain, parce que lé bleffé
déterminé à mettre fin à fa vie , contrecavroit tous
fes efforts, jufqu’à ce qu’enfin fes forces & fa patience
étant épuifées, i l le laiffa pendant vingt-
quatre heures à lui-même. Le lendemain le malade
n’avoit point changé de téfoiution • mais à la
grande furprife du Chirurgien, il n’avoit point de
fièvre; & les inteftins expofés à l ’a i r , n’avoient
pris aucüne mauvaife apparence*. Us formoientun
( 0 Etiiaburgh Medical Comnientaiics, vol. 10, p, »7*.
*>
auffi eros que la tête d'un enfant ; le bleffé
confemitTils fomenir avec un bandage . & ne
I reçut pas d'autres fecours. Quelques jours après,
IM Cochrane, Médecin de Samt-Chriilophe, qui
I ™'oit eu occaSon de le voir lorfque fa plaie étoit
I récente le rencontra allant à pied , & par un teins
exceffivement chaud, de fon habitation à la vide
oui enéioiti près d'une lieue, & foutenant fes
| {‘meftins avec une couverture de lame tres-grollière.
! IL eut la curiofité d’examiner les parties affectées,
& fut bien étonné de voir des granulations charnues
s’étendre depuis l’orifice de la bleflure fur toute
Jafurfacé desinteftins déplacés, & d’apprendre que
cétoit la feconderou la troisième fois qu’il falloir
1 cette courfe pour aller fe baigner à la mer, & retourner
auffi-tôt à la plantation. Depuis ce moment,
ï la guérifon avança rapidement ; il fe forma un
jfac qui recouvrit l’inteftin, & au bout de quelques
femaines tout fut cicatrifé; le Nègre demeura auffi
f0n & auffi bien portant que jamais ; feulement
S r fur mu i ours obligé de foutenir fa tumeur au
J. 4. Suppurations dans Us parois de VAbdomen
K qui ne font pas caufées par des plaies.
§r Les accidens caufés par les plaies du bas-ventre
qui n’affeélent pas les vifeères, peuvent êtreocca-
Ifionnés par d’autres caüfes, relies que de Amples
|contufionv, de violens efforts, des mouvemens
Icriiiques à la fuite de. fièvres, ou d’autres maladies,
&c. L ’on voit fouvent, en conléquence de
quelque caufe pareille, fe former des tumeurs
phlegrfioneufes dans les interflices des parties qui
fconfliiuent les parois de l’abdomen, ou bien entre
Icelle -èi & le péritoine, & ces tumeurs dégénérer
en abcès qui peuvent entraîner après eux tous les
maux que font redouter les fuppurations caufées
par des plaies à l’extérieur du bas-ventre. Ces
tumeurs, dont la formation eft ordinairement aflez :
lente, lotfque leur fiège eft profond, & qu’elles
ne pointent pas au-dehors, font quelquefois difficiles
à reconnoître. La connoifiance de quelque
caufe extérieure antécédente peut aider*à en déterminer
la nature ; mais c’eft au taél d’un Chirurgien
expérimenté à découvrir l’exiftence & le
véritable liège ► de làfuppuration. Lorlqtvon s’eft
affuré qu’elle exifte, il faut le plutôt poffible lui
donner, un écoulement, de peur que la matière
fe gliffant entre les mufcles, ne forme des .fi nu s ,
& ne pénètre dans l’intérieur de l’Abdomen.
Voye{ Abcès, L ombes , Psoas.
§. 5. Des plaies de l'Abdomen qui affectent
les vifeères✓
y Nous avons déjà fait mention des principaux
iCaraflères par lefquels on peut juger fi une plaie
:de l Abdomen affeéle quelqu’un des vifeères contenus
dans la cavité. Nous reviendront fur ce
diagnoftic, quand nous parlerons féparément des
plaies de ^chaque vifeère, dont nous renvoyons t
la confidération aux articles Intestins , Estomac,
Foie,O mentum, Reins, &c.
Il y a dans l’Abdomen beaucoup de vaifleaux
fanguins & de nerfs très-confidérables, qui peuvent
être bleffés, ainfi que ces différens organes.
Mais la Chirurgie n’a aucun moyen de remédier
aux accidens de cette nature; les nerfs une foi*
diyifés ne reprennent plus leurs fondions ; &
quant aux vaifleaux, ils font trop profondément
fitués pour qu’on püiffe en faiie îa ligature. Ut»
bleffé peut languir long-tems, .quoique affeélé de
fymptômes de paalyfie en conféquënce de la fec-
tion d’un nerf; mais l’ouverture de quelque gros
vaifleau du bas-ventre fe termine dans tous les
cas très-promptement par la mort. Dans quelques
cas particuliers où il n’y . a qu’une petite quantité
de fang épanchée, le malade peur encore fe tirer
d’affaire, foit par le repompement de ce fang t
foit lorfqu’on en favorife l’écoulement par l’ouverture
de la plaie, fur laquelle, en pareil cas, les
Chirurgiens recommandent de faire coucher le
bleffé, mais pour l’ordinaire la tendance des entrailles
à foriir par cette même ouverture doit
empêcher i’ufage de ce moyen.
§. 6. Des plaies de l ’Abdomen faites par des
armes à feu.
Tout ce que nous, avons dit des plaies du bas-
ventre fe rapporte à celles qui ont été faites par
des inftrumens pointus ou tranchans , & nous
n’avons point parlé de celles que font les armes
à feu. Les auteurs ont coutume de traiter de
celle-ci féparément, & comme, exigeant un traitement
différent. Cette manière de voir eft fondée,
jufqu’à un certain point, quoique la différence
qui ex-ifte entre les unes & les autres confifte
principalement en ce que.les plaies d’armes à feu.
font accompagnées de fymptômes plus graves que
les premières, & quoique, dans lé fond, ces fymp-.
tomes foient à-peu-près de même nature. Le
traitement des plaies du bas-ventre, de quelque
manière qu’elles aient été faites, doit toujours être
fondé.l'ur les mêmes principes, & lés changement
dont il eft fulceptible en raifon de ce que la
bleflure a été cauléc par une arme à feu , étant
les mêmes que- ces fortes de bleffures, exigent en
quelque partie du corps qu’elles fe trouvent, nous
en renverrons la confidération à l’article Plaie. '
De quelques affedions de VA-1domen qui tiennent à
l’état de groffeffer
Nous verrons, à l’article Grossesse , comment
fe fait la diftenfion du bas-ventre à mefure que ia
matrice fe développe, & quele foetus, prend fon
accroilfemenr. Son volume augmente d’une manière
à-peu-près unifo rmequ oique fouvent ce
foit un peu plus d’un côté, que de l’autre. Mais
il y a. quelquefois des diftenfion s partielles, que
l’on eft dans l’ufage d’attribuer à ce que la tête, 1©
edude, ou quelqu’autre membre de l’enfant prelfe