
la fonde, on îe dégage du cul-de-fac, il la fonde
en a un, & l'on incife d’un feul coup fur le gorgeret
toutes les parties comprifes entre ces deux
conduéleurs. S’il y a quelques portions de peau
déforganifée, on l’excife.
* Ces moyens qui paroiflent bien calculés, pour
porter l’inciiion plus loin qu’on n’a coutume de
le faire, réuflifTent parfaitement entre les mains
de M. de Sault, qui n’a jamais vu d’hémorrhagie
confidérable à la fuite de cette opération , quoi-
qu’aucun Praticien n’ait autant d’occafions que
lui de la pratiquerai). Une autorité comme la
lienne,eil bien propre àraifurer les Chirurgiens
fur le danger de porter l’inftrument tranchant
dans le reclum, plus loin que le doigt ne peut
atteindre. Mais c’ell aux expériences ultérieures
& multipliées à leur ôter tout doute à cet égard.
B. Opérations par la ligaturer
Quelques Chirurgiens prétendent qu’il peut y
avoir du danger à ouvrir les finus avec le fcalpet,
comme nous prelcrivons de lefaire.Ils croyent qu en
coupant quelques vaiffeaux hémorrhoïdaux , on
peut,,donner lieu à des hémorrhagies très-embar •
raflantes; & , pour prévenir ce danger, ils ont
renouvellé la méthode d’Hippocrate & propofé
d’ouvrir les finus au moyen de ligatures. Pour
cet effet on introduit un fil très - flexible
d’argent ou de plomb le long du finus, on le
fait pénétrer dans le reélum, & l’on en fait ref-
fortir l’extrémité par l’Anus. On tord l’une fur
l ’ autre les deux extrémités de ce fil, afin de comprimer
les parties quelles renferment, on les tna-
relafle pour qu’elles ne hleffent pas les environs;
en augmente graduellement la compreflion en
tordant de tems en tems un peu plus, & l’on
achevé ainfr l’ouverture de la Mule peu-à-peu &
fans danger. '
C’eft à M. ïoubert qu’on eft redevable
de cette nouvelle méthode d’opérer par la ligature
; mais quoique l’Auteur attribue au fil de
plomb dont il fe fervoit, des vertus fondantes &
defiicatives, il ne paroît pas qu’il ait d'autre avantage
fur celui qu’employoient les Anciens, que
de n’être pas fujet à fe pourrir & à fe rompre.
Suivant lui, toutes les fiftules auprès de l ’Anus,
pénètrent dans la cavité de l’intefiin ; & il n’en
reeonnoît que deux efpèces, les fiftules complettes
& les fiftules borgnes. Il réduit celles-ci à l’état
de fiftules complettes, & traite les unes & les
autres de la même manière en paflant le long
de la cavité, un fil de plomb au moyen d’une
aiguille d’argent de cinq pouces de long, terminée,
(i) M. de Sault eft Chirurgien en chef de l’Hôfel-Dieu
de Paris> où il y a conftarament de deux à trois mille
malades , & où il fait, lui-même toutes les opérations, im-
p or tantes*
d’un côté, par une pointe moufle, &, de l’antre, en
forme de lardoire , dans laquelle on engage le
fil qui doit avoir une ligne & demie de circonférence.
_
M. Foubert dit qu’il refte quelquefois plus on
moins profondément après la cicatrifation extérieure
de la fiftule, un fuintement entretenu par
fin petit ulcère qui exige un traitement particulier.
M. Majault, qui a fuivi & perfectionné la
même méthode,. attribue cet accident à ce que la
ligature ne pinçant que la partie inférieure de
l’ouverture interne, en laifle la plus grande partie
dans fon ancien état. Cette idée l’a conduit à
percer l’inreftin au-deflus de fa partie ulcérée ,
afin qu’elle fe trouvât toute entière comprife dans
la ligature, & il croit avoir obtenu, par ce moyen,
des guérifons plus complettes Nous fouîmes
portés cependant à regarder cette précaution de
M» Majault comme peu néeeflaire ; & il eft à
préfurner que fi l’on peut fe difpenfer, en opérant
par l’incition , de porter la pointe de l’inftrument
aufli haut que l'ouverture faite au reélum , on
peut guérir aufli par la ligature, fans la faire
pénétrer au-delà de l’orifice naturel de la fiftule.
D’ailleurs, comment s’aftùrer que le fil introduit
dans l’inteftin par une autre ouverture que celle
de l’ulcère, traverfera enfuite exactement celui-ci
dans fon trajet, & ne le laiffera pas entièrement
de côté ?-
M. de Sault, fans avoir fait aucun changement
eftentiel à là méthode de M. Foubert, en a rendu
l’exécution plus facile & plus fure, au moyen des
tnftrumens qu’il a imaginés pour cer effet, & il
lui a donné probablement toute la perftélion
dont elle eft uifceptible. Nous allons décrire fa
manière d’opérer telle qu’il la fuit tous les jours
à l’Hôtel-Dieu , & dans fa pratique particulière.
Les inftrumens dont fefert M. de Sault pour eene
opération , font i i . ° Un ftilet defeptà huit pouces
de long.. i.° Une canule qui s’adapte à ce ftilet.
3.0 Un trocar adapté à la canule; 4.0 Une pince
d’une forme particulière. 5.0 Un fil de plomb fait
à la filière. Voye\ les Planches*
La pince, qui a fix pouces de longueur ou environ
, forme, lorfqu’elle eft fermée , une efpèce
de canal ou de gorgeret, à-peu-près femblable
au gorgeret de bois qu’emploie le même Praticien
pour opérer par l’incifion, & que nous avons décrit
ci-deffus, excepté quelle eft terminée d’un côté par
deux branches applaties qui fervent à la tenir &
à la fermer*, un reffon placé entre les deux.branches
la. tient ouverte ; un recouvrement continu
à l’une des pièces de la pince du côté convexe
•recouvre l’ouverture de ee côté & empêche qu’eu
la fermant on ne faififfe l’inteftin *, ce recouvrement
fe prolonge & fe recourbe au bout de la
pièce, dont il éft le prolongement fur l’autre
pièce , de manière à empêcher qu’il y ait plus
d’une ligne & demie d’écanemenr, lorfque la pince
eft ouverte 3. i i emboîte exactement la pièce qu’il
recouvre, mais il eft mouffe ou plutôt affondi
dans toute fon étendue, afin qu’il r.e puiflë pas
couper.
Pour opérer on fait coucher le malade fur
le côté de la fiftule , la cuifle du même côté,
alongée , & l’autre un peu fléchie ; un aide
relève la fefle. Le Chirurgien introduit l’index
gauche dans l ’Anus, paffe le ftilerpar l’ouverture
extérieure de la fiftule jufqu’à la partie fupérieure
d e là dénudation de l’inteflin,. & jufques «dans
l ’inteflin même s’il fe trouve ouvert en cet endroit.
Lorfque le ftilet eft dans l’inteflin, il retire
le doigt, & introduit la pince ouverte, dont il fait
rencontrer la crenelure & le eul-derfae avec le ftilet. !
Sur le ftilet un aide pafle la canule, qui fe trouve
par conféquent fur la crenelure de la pince ; '
après quoi il retire le ftilet & y fubftitue le fil
de plomb. Alors le Chirurgien ferme la pince ;
l’ aide tire un peu fur le bout du plomb pour
s’aflurer s’il eft bien faifi ; après quoi le Chirurgien
retire d’un côté la pince & le plomb, & de
1 autre la canule ; & le plomb fe trouve ainfi em-
brafler toutes les parties comprifes entre la fiftule
& l’anus. Lorfqu’il ne fe rencontre pas d’ouverture
à l ’inteftin , ou que la dénudation s’étend
beaucoup plus haut que l’ouverture, après avoir-
porté le ftilet au haut de la dénudation , on introduit
la canule ; on fubftitue le trocar au ftilet ;
pn perce l’inteftin *, on retire le trocar & l’on met
le fil de plomb en fa place. On pafle enfuite la
pince , & l’on continue l’opération comme dans
l ’autre cas. Lorfque le plomb eft p a ffé ,l’on en
rapproche les bouts qu’on introduit dans une
petite canule d’un demi-pouce de long & un peu
applatie, & l’on en renverfe les extrémités dans
des fentes pratiquées aux deux côtés de la canule.
On les coupe à une ligne & demie ou deux lignes
de l’endroit où on lts a pliés pour les renver-
fer, & l’opération eft finie. Au lieu de canule
on peut fe fervir d’un petit morceau de gomme
élaftique qu’on perceavecle trocar , & dans lequel
on pafle le plomb , mais ce moyen occafionne
plus d’irritation à la peau. On place un petit bour-
donnet de charpie de chaque côté de la canule, .
fous les extrémités du plomb, afin de garantir la
peau de l’irritation qu elles y cauferoient, fi on
les laifloit à nud.
Le troifième ou quatrième jou r, lorfque le
plomb çft Telâché , om redreffe un des bouts
qu’on dégage de la fente de la canule, on tire
fur ce bout, tandis qu’on foutient l’antre ; on le
replace comme auparavant, & l’on coupe l’excédent.
! Vers le huitième ou dixième jour, le plomb
a coupé un peu du côté de la marge de l’Anus,
fur-tout s’il y a eu de l’inflammation -, on empêche
la cicatrice de fe former de ce côté, en
mettant un petit bourdonnet de charpie entre
les bords de la plaie. Sans cette attention, il
refteroît foulent une fiftule après la chûte du
plomb.
En ferrant le plomb, comme nous l’avons indiqué,
on caule beaucoup moins de douleur
qu’en le tordant, ainfi qu’on avoit coutume de
faire , & que cela fe pratique encore par bien
des Chirurgiens; on ne rifque point de le cafîer ,
& l’on peut toujours le reflerrer jufqu’à ce que
routes les parties qu’il embraftb.it foient coupées.
Avicenne & d’autres Ecrivains, qui ont tfaité
de l’opération de la fiftule par la ligature, en
ont parlé comme d’une opération très-douloureufe,
qui occafionnoit des fpafmes, & divers autres
fymptômes pénibles; ils infiftent fur la nécefîué
de relâcher de tems-en-feins le f i l , & de calmer
| les accidens, par des applications émollientes ,
t avant que de pourfuivre le traitement. Proba-
' blement que ces accidens, fi ces Auteurs les ont
réellement obfervés , dépendoient. de ce qu’on
ferroit trop la ligature, mais allez de témoins
aujourd’hui ont vu M. de Sault opérer fuivant
la manière que nous venons de décrire , pour
qu’on ne puifie plus douter que fa méthode ne
foit aufli peu douloureufe, que fon fticcès eft
certain & exempt de toute fâcheufe conféquence.
Lorfqu’on a ouvert tous les finus , il faut
prendre garde à la manière dont on fait les'
panfemens, car le fticcès de l ’opération dépend
beaucoup du foin que l’on y apportera.
Il faut d’abord être attentif à ne rien mettre
fur cés plaies qui ne foit très-doux , & incapable
de produire la moindre irritation. La charpie
fèche eft prefque la feule chofe dont les
Praticiens fafîent ulage dans ces panfemens, ce
n’eft peut-être pas là cependant ce qu’il y %
de plus convenable pour cefujet. Un des fymptômes
les plus défagréables, & les plus, fatiguans
qui furviennent après l’opération de la fiftule,
eft une diarrhée accompagnée de ténefme , ou
d’un defir très - fréquent d’aller à la felle. Dans
quelques cas, la feule ouverture des finus peut
produire cet effet ; mais le plus communément,
il eft aifé de voir que la diarrhée a été caufée
par un traitement des plaies mal entendu,; car
fi l’on y introduit des corps capables d’occafion-
ner le moindre degré d’irritation, fi on des y
accumule, & fur-tout fi on les prefle avec une
certaine force contre le fond , on eft fur d’irriter
vivement l’extrémité de l’inteftin ; & cçt
effet étant prefque toujours accompagné de fréquentes
évacuations de matières fécales , qui
non-feulement tendent à affoiblir la conftitntion ;
mais encore contribuent beaucoup à retarder la
guérifon des plaies, on ne doit rien négliger
pour les prévenir.
Pour cet effet, au lieu de fe fervir de charpie
fèche, on fera le panfement avec des pluma-
ccaux de charpie, ou de vieux linge Toupie &
fin 3 çnduu de céiat. fimple, ou .de-quçlqu’amre
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