
13* B R O
portée en arrière, & Tes bras retenus par dés
aides, on tendra la peau avec l’indicateur de la
main gauche, appliquée fur le larynx , & le pouce
qu’on portera le plus bas poflîble *, enfui te on fera,
avec un biflouri ordinaire, une incifion qui commencera
au-deffous du cartilage cricoïde , & qui
fera continuée en bas, de l’étendue d’un pouce,
de manière à répondre à l’intervalle des mufcles
fterno thyroïdiens, & à les mettre pleinement à
découvert. On divife l’intervalle de ces mufcles j
pour reconnoître les anneaux de la trachée-artère : !
on découvre alors une portion affez confidérable
de la glande thyroïde, fur-tout quand cette glande
eft plus groffequ’à l’ordinaire. Comme elle eft fourme
de beaucoup de vai(féaux, & que leurdivi-
fion pourroit nuire à la facilité de l’opération,
& même être dangereufe, il faut faire en forte delà
ménager } ce à quoi l’on parvient en ne portant
point trop inférieurement l’incifion, & en allant
doucement pour les éviter quand ils fe préfentent.
Si cependant,malgré toutes les précautions qu’on
prend, on n’en ouvroit quelques-uns, on en fera
la ligature, ce qui s’exécute ici auffi facilement
qu’ailleurs. La trachée-artère étant bien mife à
nud, on la fixera fur les côtés avec le doigt index
& le pouce de Ijwnain gauche, puis on plongera
la pointe du bifiouri entre le troifième & le quatrième
anneau de la trachée-artère, en fui van t
l ’ongle du doigt indicateur gauche, qui fert alors
comme de conduéteur, en incifànt tranfverfale-
ment pour agrandir la plaie } on pouffe enfuitè
un tuyau de plumé, de la longueur environ d’un
pouce, percé à chaque bout > & armé d’un long
fil tranverfalement, de manière à pouvoir être lié
parderrière le col. Il faut que la canule n’entre
point trop profondément, crainte de b le fier le côté
oppofé de la trachée- artère-, c’eft une attention fur
laquelle Fabrice d’Aquaperdente infifte beaucoup
& avec raifon. Cette méthode eft celle qu’on peut
mettre en ufage par-tout, vu le peu d’inflrumens
quelle demande -, cependant elle n’eft pas toujours
fansinconvédieriç. Tels peu volumineux quefoient
les vaiffeaux qu’on divife en les pratiquant, ils
peuvent néanmoins quelquefois fournir affez de
fang pour inquiéter & même pour rendre nul
le fuccès qu’on attend de l’opération. On trouve,
dans les Commentaires de Y an- Swiéten, un fait
confirmatif de ce que nous avançons, u Un Soldat
Efpagnol, âgé de vingt-troisans, étoit dans
le danger le plus preflant par une inflammation
de la gorge. On jugea qu’il n’y avoir d’autre moyen
jsour lui fauver la v i e , que la Bronchotomie.
Après l’incifion longitudinale des régumens, &
la féparation des mufcles, la trachée-artère fut
ouverte entre deux anneaux cartilagineux -, mais
le fang tomboit dans ce canal, & excitoit une
toux fi violente, que l’on ne pouvoir, par aucun
moyen, retenir la canule en firuation, quoiqu'on
la remît plufieurs fois en place. Jl femble ]
que ce qui éfoif le plus particulièrement indiqué, I
B R O
dit M. Louis , qui cite cette obfervation datlà
fon Mémoire (ur la Bronchotomie, étoit défaire
pencher le malade en lui foutenanr la tête hors
du l i t , la face vers la terre, afin d’empêcher le
fang de couler pofiérieurement dans la trachée-
artère. On prétend que fon ouverture, à raifon
des mouvemens convulfifs des mufcles, ne fe
trouvoit plus parallèle à l’incifion extérieure, que
dans certains .mouvemens, & que le malade ne
refpiroit que très-peu ou point tout }' c’eft ce qui
détermina M. Vigili à prendre un parti qui montre
la nécefiité du courage, & du fens-froid en des
occafions aullï périlleufes. Il fendit hardiment
la trachée-artère en long jufqu’au fixième anneau ;
ce fut feulement alors qu’il eut recours à la firuation
penchée en devant. Le fang ceffa dès-lors
de fluer dans la trachée-artère, le malade refpira
à fon aife , & dès le fécond jou r , l’inflammation
étoit diminuée au point que la refpiration put
fe continuer fans le fecours de l’incifion.
On a propofé, pour remédier à un pareil accident,
d’adapter à une lame tranchante une canule
d un volume convenable, & propre à refter dans
la plaie, & à faire une compreflïon fuffifanre fur les
bouches des vaiffeaux } en cas qu’il y en eût quelques
uns d’ouverts. On peut voir, dans les Obfër-
vations Chirurgicales de M. Gottlieb. Richter,
de Gotringue, la defqription de quelques in fin i
mens de ce genre. M. Bauchot en a également in3
venté un qu’on peut voir dans nos Planches, &
qui peut remplir les mêmes indications. Mais un
qui nous paroît encore préférable , eft celui dont
parle M. Bell, & que nous avons également fait
graver. Il a à-peu-près la forme d’un trois-carts
applati} mais pas tout-à-fait fi long. La tête du
malade étant portée en arrière, autant qu’il eft
jioflîble, on dirigera la pointe tranchanre de
1 infiniment entre les deux cartilages que nous
avons dénommés. On pourroit, & avec moins dê
rifque d hémorrhagie, porter l’infiriimenr entre
le bord inférieur du cartilage thyroïde, & le fupé-
rieur du cricoïde. Il eft étonnant que les Auteurs
n aient point préféré cet efpace à tout autre} il
eft plus étendu, moins fourni de vaiffeaux} &
après 1 incifion préliminaire des tégumens, l ’on
n’a que le ligamentcrico-thiroïdien à percer, ce
qui s exécute avec la plus grande facilité. Lorfque
l’inflrument eft entré, on retire la lance & on
fixe la canule au moyen d’un ruban qui eft attaché
à chacune de fes ailes, & qu’on Ije parder«
rière } mais une attention qu’il faut avoir, avant
que-tle s’en fervir, fur-tout dans Je cas de gonflement
des tégumens, à l’endroit où il faut le
porter} c’eft d’en faire paffer la pointe à travers
trois ou quatre comprefles de linge fin ployées
en double. Par ce moyen, quand le dégorgement
a lieu, on peut augmenter la longueur de la canule,
en coupant (implèment une ou deuxeom-
prtfles avec fa pointe des cifeaux, qu’on dirige
cpnvenablement. Sans cette circonftançe 3 lu
B R O
moindre tuméfaéHon des lèvres de la plaie, pourroit
pouffer la canule hors de la trachée-artère,
ce qui auroit un grand inconvénient. C’eft pour
cette raifon que M. Bell préfère les canules longues
, à celles que nous employons communément
, celles dont il fe fert ont toujours deux
pouces de long. Quand la canule aura été fixée,
on en couvrira l ouverture avec un petit morceau
de gaze , où l’on appliquera deffus une compreffe
fenetré , dont on retiendra les deux extrémités
en arrière, au moyen d’un petit ruban. Si, par
la fuite, il furvient quelque gonflement, on coupe
quelques-unes des comprefles à travers lefquelles
pâlie la canule} fi au conrraire la canule devient
trop longue à raifon du dégorgement fubféquent,
on la diminue en mettant quelques comprefles
entre celle qu’elle traverfe, ce qui fe fait très—
aifément.
Il arrive quelquefois que la canule fe bouche,
foit par des mucolités ou des caillots de fang,
ce qui eft cependant rare : cet accident arriva
chez un malade à Edimbourg en Ecoffe. Il étoit
menacé d’une fuffocation prochaine, quoique
l’opération eut tout le fuccès auquel on s’arten-
doit. Un Miniftre, homme de génie , qui étoit
près du malade, confeilla l’ufage d’une fécondé
canule, dont le diamètre étoit égal à celui du poinçon
du trois-carts, (ç ’étoit l’inftrument qu’on avoit
employé). Cette canulefut placée dans la première,
& lorfqu’elle s’obftruoit on la retiroit pour la
nétoyer & on la remettoit enfuite en place. Ce
procédé eft celui que M. Monro père confeilloit
de fuivre. Mais on peut adapter à la lame du Bronchotome
, une double canule , dont l’interne
pourra fe retirer & fe remettre fuivant les cir-
conftances. Nous renvoyons aux Planches, pour
ce qui regarde cet inftrumenr.
Comme dans l’opération de la Bronchotomie,
on a eu en vue de remédier aux accidens qui
dérivent de la fufpenfion de la refpiration, il
eft évident qu’il faut continuer l ’ ufage de la
canule aufli long-temps que les caufes qui l’occa-
fionnent perfiflent. Mais fi cette fufpenfion eft
occafionnée par' la préfence d’un corps étranger
dans la trachée-artère, & que le corps ne vienne
point fe préfenter à l’ouverture qu’on a faite en
pareil cas avec un (impie biflouri, on introduit
par la plaie une fonde courbe, pour s’affurer de
îa fituation du corps, & fi on le fent en haut,
on porte le tranchant de l’inflrument vers les
cartilages cricoïdes ou thyroïdes, & on les fend
d’un feul trait. S’il eft en bas, on coupe inférieurement
les cartilages de la trachée-artère de
la longueur de plufteui s pouces.} l’on extrait avec
une pince courbe le corps étranger, qui ordinairement
fe préfente de lui-même après cette opération,
S’il ne paroît point, & qu’à raiion delà
forme on préfurae qu’il foit libre, on ne fait
aucune recherche qui pourroit irriter inutilement
la trachée-artère > on fe contente de maintenir
B R U
écartées les lèvres de la plaie, au moyen de lamines
de plomb recourbées, & fouvent quelques
heures après> le corps eft chaffé par fair qui
l’entraîne lors de l’expiration. Heißer s’eft comporté
ainfi pour tirer un morceau de champignon
qui s’éroit gliffé dans la trachée-artère, &
Raw > au rapport de cet Auteur, a tenu la même
conduite avec un égal fuccès , pour extraire une
fève qui s’y étoit fourvoyée. Si cependant on
avoit lieu de croire que le corps étranger fût
dans les ventricules du larynx , avant l’opération,
il conviendroit de pratiquer fincifion fur le ligament
crico-thyroïdien, pour la diriger enfuite fur
les cartilages, afin de mieux le faifir.
Le D. Richter, entr’autres perfections qu’il dit
avoir ajoutées à l’opération de la Bronchotomie,
<dte la courbure qu’il a donnée à la canule. Mais
il eft très-rare que les inoonvéniens dont il parle
aient lieu quand on emploie une canule droite*
On peut ajouter qu’on fait mieux mouvoir l’une
fur l’autre les canules doubles dont nous con-
feillons l’ufage, que fi elles étoienr courbes, cir-
conftances qui demandent quclqu’attention dans
un cas où le moindre obftacle peut coûter la
vie, & affez inopinément. L ’opération de la Bronchotomie
telle que nous venons de la décrire,
n’offre aucun danger quant à fes fuites, & quant
aux parties quon intéreffe. Infurtirtiâ, pour terminer
cette matière avec Fabrice d’Aquapendente,
très tantum partes concumint ad hujus modi chi-
rurgiam , cutis , mufeuli, & afpera arteria. Muß
culi non inciduntur, fed manübrio fcapelli iavi-
cem diducuntur,. & Jeparantur, ut arteria appa-
reat, quâ apparente nullo negotio inciditur 3 in quâ
nequefanguis jobfiaculo ejfe poteft quod cutis cum
exiguo J'anguine inciditur , arteria verà nullo.
(M. P e t i t -Radez.)
BRULURE. Plaie plus ou moins fuperficielle,
occafionnée par le contaél de quelque fubftance
chauffée au-delà du point que le corps peut fUp.
porter, fans fouffrir dans fon orgamfation._
Les Biûlures ont une apparence différente ,
fuivant le degré de violence avec lequel ont agi
les caufes qui les ont produites , & fuivant fefpèce
de caufe , dont elles font l’ effet. Celles qui ne font
qu’ irriter la furface de la peau, diffèrent efienrieile-
ment de celles qui la corrodent ou qui la détruisent ;
& ceS dernières ont un afpeél différent de celles
qui attaquent des parties plus profondément
(nuées, telles que les mufcles, les tendons, les
ligamens , &c. Les Brûlures occafionnées par
l’eau bouillante, ou par rout autre liquide, ne
reffcmblent pas à celles qui font produites par
le contaél diredl de corps métalliques très-chauds,,
ou par quelque fubftance combuftible enflammée.
Les Brûlures qui ne détruifent pas 1 epidermé y
& qui n’irritent que la peau, reffem-bknt beaucoup
aux affeélions produites par les cantharides
& antres rubéfians. L’irritation qu’elles excitent
augmente l’aélion des vaiffeaux exhalans de 1»