
•yénieas. Les principaux qu’il craignoit d’y rencontrer
étoient le rifqne de blcfler les vaifTeaux
ianguins ; une inflammation & une fuppuration
«onfidérables, fuites ordinaires des plaies des articulations
; l'incertitude d’obtenir un cal ferme
& folide y la perte des attaches des mufcles ex-
tenfeurs ; le doute que le malade pût fe fervir
de fon membre , en fuppofant même que la
la guérifon fut poffible ; l ’incertitude de pouvoir
emporter toutes les parties malades lorfque
la carie détermineroit l’opération ; enfin la crainte
de la récidive lorfque la maladie feroit produite
par une caufe fcrophuieufe. Il crut cependant
qu’on pourroit furmonter au moins une partie
de ees difficultés , & tenta d’abord l’opération
fur le genou d’un cadavre.
»> On fit, dit-il, une indfion qui commençoit
s» deux pouces au-deflus de l’extrémité fupérieure
*3de la rotule, que l’on continua jufques à en-
i ) viron deux pouces au-deflous de fon extrémité
?5inférieure y enfuite , la jambe étant étendue,
93 on fit une fécondé incifion , qui croifftit la
99 première à angle droit, immédiatement au-deffus
9) de la rotule, à travers les tendons des mufoles
>9extenfeurs jufqu’à fos. Cette fécondé incifion,
9» qui étoit tranlverfàle, s’étendoit d’un côté du
99 membre à l’autre, & embraffoit la moitié de fa
99 circonférence. Les angles inférieur» étant écartés,
99 on vit à découvert 1e ligament capfulaire , on
99 ôta la rotule , & l’on releva les angles fupé-
99 rieurs de la plaie, de manière à découvrir les
99 condyles du fémur , & à permettre de paffer
99 un couteau droit à deux tranchans en travers
»9 du membre, le long de la partie poftérieure &
»9applatie de l ’o s-, immédiatement au-deffus de*
*9 condyles , ayant foin de tenir le côté plat de
99 la lame appliqué contre Los. Après l’avoir
99 retiré , on introduifit à fa place une fpatule
»9 élaflique pour garantir les parties molles, tandis
»9 qu’on fcioit le fémur ; enfuite on ôta avec
99 foin la partie articulaire de cet os après l’avoir
93 fciée & détachée *, puis on fitfortir aifément la tête
99du tibia qu’on (cia de même ; on emporta,
99 autant qu’il fut poffible , le ligament capfulaire,
93laiflant feulement la partie pofté rieur e de ce
•9 ligament pour couvrir les vaiffeaux, En lés exa-
9»minant attentivement, je v is, avec plaifir, que
99 non-feulement ils n’avoientpoint été endommagés,
•9 mais qu’ils étoient encore affez bien recouverts,
99 & que, pendant toute l’opération, Tinftrument
99 n’en avoit point approché. Il faut avouer que
99la plaie étoit horrible à voir, elle reflembloit
»9 à une profonde caverne dont les parois étcrient
99 très-minces; enfin il ne s’en fallok guètes que
>9 l’Amputation ne fût cotnplette. Cependant,
95 comme il étoit néceflaire que la jambe eût toute
*9 fa nourriture , & comme toute furfaee faine
trincifée , foit flans l’os > foit dans les parties
»9 molles, eft naturellement difpofée à végéter ou
à bourgeonner, j ’efpérois que la nature v o u -
99 veroit un moyen efficace pour réparer cetfv>
93 brèche.
99 On effaya enfuite l’opération fur la jointure I
99 du coude *, on fit une fini pie incifion longitu» I
99 dinale , depuis environ deux pouces au-denus, I
93 jufqn’à environ la même diftance au-deflous I
99 de la pointe de i’olécrâne ; on écarta les lèvres I
99 de la plaie *, on tâcha de divifer les ligamens I
99 latéraux & de luxer la jointure *, mais lachofe I
99 paroiffant difficile , on fcia l’olécrâne > par ce I
99moyen, on découvrit affez.la jointure pour U
33 luxer aifément fans être obligé de faire une I
93 incifion tranfverfale y on fit for tir l’extrémité I
93 inférieure de l’humérus que l’on fcia ainfi que
33 l’extrémité fupérieure, du radius & du cubitus. I
>3 Cette ’opération parut fort aifée '*, mais on ne I
93 confidéra pas affez que l’articulation étoit faine I
93 & le fujet très-maigre, & que , par conféquent, I
n ie s tégumens étoient fort lâches. Dans une I
33 jointure malade, j’imagine que le cas doit être I
13 très-différent , & qu’il feroit néceflaire de faire I
99une incifion cruciale, & de divifer l’humérus I
9> au-deffus des condyles, comme nous^ avons I
99 fait en décrivant l'exciûon de l’extrémité in- I
»9férieure du fémur. 99
M. Park , ayant établi le peu de danger qu’il y I
a à craindre pour une hémorrhagie, examine les I
autres inconvéniens dont il a fait auparavant l’é- I
numération. I l croit que les grands accidens in- I
flammatoires dans les plaies des jointures ,dépen- I
dent effentiellexnent de la dénudation capfulaire du I
ligament qui s’enflamme & fe tuméfie aifément pour I
peu qu’on l ’irrite *, & qu’une large furfaee cartila- I
gineule mife à découvert 3 ne produit que très- I
difficilement des chairs grenues favorables à la I
confolidation ; mais qu’en emportant le cartilage I
ôc la capfule, on fe mettrait ep partie â l’abri de I
ces accidens ; il prouve d’ailleurs par des faits I
qu’on peut en quelques occafîons opérer fur les
articulations fans beaucoup de danger , & pré-
fume que l’état de relâchement où l'on a mis le I
ligament capfulaire en excifant une partie de l’os, I
qui formoit l’articulation, n’a pas peu contribué I
â diminuer les accidens qui ont fuivi çes opérations.
Il ne doute pas que la nature ne formât, dan»
le cas dont il s’agit , un cal d’une dureté fuffi-
fante, comme elle le produit dans d’autres occasions.
Quant aux infertions des mufcles exten-
feurs que cette opération détruirait, il fuffit de
dire que la jointure n’exiftant plus, elle n’a plus
befoin de mufcles pour fe mouvoir ; les extrémités
des mufcles coupés fe réuniront naturellement
au cal qui doit remplacer les extrémités I
des os.
Quant à ce qui regarde l’utilité du membre ; I
même après la guérifon, la quefiîon efi fans douto I
importante, &. mérite d’être examinée avec atten- I
don. Dans le bras cependant, les avantages qui I
résultent de la confervation de la main & des.
doigts aVeô tous leurs mouvefflétis primitifs ,
excepté ceux de pronation & de fupinaiion , font
fi évidens & fi considérables , indépendamment
de la longueur du bras & des mouvemens du
eoude , qu'on ne fauroit douter un inftant , qu’il
ne valût mieux le conferver à ces conditions,
que de le perdre tout-à-fai t , même en courant
quelques rifques pour cela. Quant à la jambe,
il n’en eft pas abfolument de même , le danger
ne feroit pas auflî largement compenfé par les
avantages ; il n’eft pas douteux cependant que
fi l’on pouvoit conferver l’ufage du pied, quelque
mauvaife que fût la jambe , elle ne valût
encore mieux que la meilleure jambe de bois.
Les deux dernières objeétions., favoir, celle
qui eft tirée de l’incertitude où l’on eft fur l’étendue
de la carie, & la crainte d’une chûte, militent
avec prefque autant de forcé4 contre l’Amputation
que contre l’opération ici propofée > & ne font
pourtant pas regardées en général comme devant
l’empêcher.
ce Tout bien confidéré, continue M. Park, je
9» ne voyois aucun fujet de craindre qu’une per-
99'fonne qui aurait foufFert une opération de cette
93efpèce, fût dans un état pire que celui qui
33aurait eu une fraéhire compliquée avec une
3? égale perre de fubftance offeufe , mais dont les
33 principaux vaiffeaux fanguins n’auroient point
33 été lélés. On aurait donné une iffue libre au
33 pus, on aurait applani les extrémités des os en
>3 emportant toutes les efquilles & les pointes
9» dont ils pouvoient être hériffés. Car je .puis
33affurerque ceux qui ont été admis dans notre
>3 Hôpital, avec de femblables fra&ures, ont été bien
»3 guéris ; il n’en eft pas de même dans les Hô-
>3pitaur de Londres. L ’air d’un Hôpital fitué au
93milieu d’une ville immenfe, & la manière de
93 vivre de ceux qui y font reçus pour ces mala-
93dies, peuventoccafionner, dansl'évènement,une
>3grande différence. Auflî je me crois fondé à
33 dire que le mauvais fuccès dont j ’ai été témoin
39 dans le traitement de ces fortes de fraétures,
33qui, en elles-mêmes, ne paroiffoient pas extrê-
33mement dangereuses, dépendoit beaucoup du
33local*, & qu’un Chirurgien guérirait aifément à
33 la campagne ces mêmes fraélures qu’il trouve fi
33 rebelles dans une fimation moins heureufe ;
39c’eft. pourquoi j-héfiterois beaucoup à entre-
33 prendre l’opération en quefiion , fi d’ailleurs les
3» circonfiances extérieures n’êtoient pas favorables.
35 Tels ont été les motifs qui m’ont déterminé
93 a faire cette opération , lorfque j’eus trouvé une
93 occafion où je crus pouvoir l’entreprendre. Je
3»,ne l’ai pas attendue long-temps j ca r , pendant
93 que je faifois les expériences indiquées ci-
93 deffus, HeClor Maccaghen, matelot écoffois,
93homme fort & robufte, âgé de 53 ans, étoit
93 dans l’Hôpital fous ma direction , pour une
93 maladie du genou qui fubfiftoit depuis dix ans*
99 Quoique toute l’articulation fût confidérable,.
Chirurgie. Tome 1.** I .erc Partie.
93 ment augmentée de volume , elle ne l ’étoit cè-
93 pendant pas autant qu’elle l’eft ordinairement
93 dans certaines affrétions fcropbuleufes. Les
93 tégumens, il eft v ra i, éfoienr fi tendus qu’ ils
33 paroiffoient hors d’état de céder à aucune dif-
33 tenfion ultérieure j la contraétion des mufcles
93 fléchiffeurs étoit fi forte que la jimbe formoit
19avec la cuifle un angle droit, & refloit inva-
13 riablement dans .cette pofition. Je crus apper—
33 cevoir entre les os un certain degré de réunion-;
39 mais il ne me fut pas poffible de m’en affu-
9 3 rer , parce que le plus léger mouvement que je
»sfaifois faire â la jointure caufoit au malade
99 des douleurs atroces. Quoiqu’il n’y eût point
99 encore d’ouverture aux tégumens , ce pauvre
33 homme dépériffoit tous les jours, & la violence
33 de fes douleurs lui faifoit defirer qu’on lui fit
331 Amputation de la cuiffe. Au lieu de cette opé-
33ration, je lui propofai la réfeélion de la join-
39 ture, s’il vouloir s’y foumettre. Il y confentir y
39 & fut opéré en conféquenee.
33 En opérant il m’arriva une chofe que Je crois
39 devoir rapporter, parce qu’elle m’a caufé beau-
>3 coup d’embarras > & qu’elle pourroit en caufer
33 à d’autres. Je ne voulois point faire d’incifion
33 tranfverfale , efpérant qu’après que la rotule
39 feroit ôtée, je pourrais au moyen d e l’incifion.
93 longitudinale , écarter & foulever les tégumens,
93 afin de couper les ligamens latéraux & tranf-
>3 verfes, luxer enfuite la jointure, faire fortir
33 les extrémités o fieu fes articulaires l’une après
93 l’ autre, & feier tout ce qui feroit vicié ; mais
33 je fus bien trompé dans mon attente , car je
33m’apperçus que je n’avols pas fait affez d’atren-
3 3 tion à la différence qu’il y a entre des parties
»3 faines & des parties malades. En ouvrant l’arri-
3 3Culationj je trouvai la plus grande confufion
*3 Dans quelques endroits les ligamens étoient
33très-épaiffis & durs comme de la corne*, dans
>3 d’autres, ils étoient en fuppuration-, les carti-
sslages étoient prefque entièrement détruits, &
33 les têtes des os rongées en grande partie par une
13 matière ichoreufe & fétide ,dont la jointure
33 étoit remplie. De plus, il y avoit déjà une
nefpèce de foudure commencée entre la tête du
33 tinia & le condy teinter ne du fémur. Enfin, après
3? avoir employé beaucoup de tems à faire une
33 tentative qui ne fervit qu’à rendre l'opération
33plus longue & plus pénible, je crus devoir
3j abandonner mon projet. Je fis donc une inci-
93fion tranfverfale, je féparai le fémur au-deffus
33des condyles, de la manière déjà décrite dans
33 le compte rendu ci-deflus de l’opération faire
33 fur le cadavre , j’emportai un peu plus de deux
93 pouces du fémur , & un peu plus d’un' pouce
33 du tibia ; il n’en falloir pas moins pour me
93 donner la facilité de mettre la jambe dans une
33 ligne droite avec la cuifie \ la contraction
39 antécédente des mufcles fléchiffeurs étant fi
>3forte quelle tenait en contaèl les extiêmités