
maintenant , fur cet objet, des notions aflez
précifes > pour ne pas regretter les connpiffances
qu’auroit pu fournir l’examen du corps de deux
perfonnes mortes avec cette maladie, en iy^2-»
dans i’Hôtel-Dieu de Lyon & dont on négligea
de faire l’ouverture, s?
ci L ’extrême mal - propreté, inséparable de
l’écoulement perpétuel des matières fecalts par les
anus contre nature, l’excoriation doulouieufe des
parues environnantes, les épreintes continuelles
par l'étroiteffede i’ouverture, la fcdbleffedu malade
fuite néceffaire du défaut de digeftion ; & quelquefois
un épuifement mortel , comme MM. Hevin
& le Blanc en rapportent des exemples ( i ) » telles
font les fuites fâcbeufes de cette incommodité
dans le cas même le plus (impie. »
u Ce s inconvéniens étoient laits pour attirer
l'attention des Praticiens , & plulieurs orit imaginé
des moyens de les diminuer jufqu à un certain
point. Des boîtes d'argent, de fer blanc,
ou mieux encore, de gomme élaftique, appliquées
à l’ouverture du bas-ventre par un bandage à
reffort, ont épargné aux malades la mal propreté
& la mauvaife odeur , en recevant les matières.»
« M. Sabatier a propofé de conferver à 1 Intel-
tin une ouverture aflez grande pour le paffage
facile des excrémens, en introduîfam dans ce
canal une tente de grolfeur médiocre.
«M . Richter conïeilleTde fufpendre le cours
des matières, affez long-tems pour qu elles puif-
fem fe diriger, au moyen d’une éponge appliquée
fur l’ouverture extérieure, & fou tenue par
un bandage élafiique. (2 )Ce moyen, tour ingénieux
qu'il eft , déplaît à M.Loefler , qui le rejette
abfolument, parce qu’il l’a vu fuivi de^ coliques,
de conftipation, d'inflammation & d excoriation
à la peau.»
a Des Praticiens, en petit nombre , ne fe font
pas contentés de ces palliatifs*, ils ont tenté la cure
radicale, que la nature elle-même fembloit indiquer.
Des obfervations nombreufes prouvent
•n effet que les matières ftercorales ont fou vent ,
repris la route naturelle, après avoir coulé ,
même pendant plufièurs mois,.par la plaie du bas-
ventre, à la fiiite des opérations de hernie. M.
Petit n’a-t-il pas vu les deux bouts de fintefiiri
pendans/hors de l’anneau, après la fépararion
des parties gangrénées, fe couvrir de bourgeons
charnus, fe confondre avec la furface de la plaie
par une cicatrice commune, & les matières Fécales
reprendre leur route par 1 anus fans le fecours
de l'Art. (3). Un autre malade guérit de même
entre les mains de M. Acrell, qui avoit féparé
avec des cifeaux les parties de lTnteflin tombées
en gangrène. Les Obfervateurs ont publié une
( 1 ) Effaîs fùï les Hernies,, 1768.
( z ) Traité des Hernies, Chap. XXVIII'.
MrladieA Chirurgicales „ Tara. U , £*£•
foute de faits femblables *, le Dran , Pôtt, Richard
en fourniffent des exemples. Le Journal de
Médecine, les Mémoires de la Société de Harlem ,
les Effais par une Société de Chirurgiens de Copenhague
en ont auifi recueilli plulieurs. »
«t Les reffourccs de la Nature, dans un (î
grand nombre de ca s , devroitnt exciter lesefforrs
de l'Art*, & il eft vraifemblable que le défaut
defuccès a dépendu principalement de la méthode
vieieufe employée par des Praticiens qui n’a voient
point allez obiervé la nature de la maladie. Quelques
uns , méconnoiflans fans doute l’invagination
ont propofé de réunir au-dehors les portions de
l'Inteflin, en les affujettiffant l’une dans l’autie
par la méthode de Ramdhor, & de les réduire
enfuite, lorfqu'elles feroient réunies & agglutinées.
D’autres ont cru appercevoir , dans une
diète rigoureufe , le moyen de ekatrifer l'ouverture
du bas-ventre , en empêchant qu’il n’y pafîât
dts matières. Heureufement pour les malades ,
il ne paroît pas que ces méthodes aient jamais
été mifes en pratique.
tt On trouve dans la lettre de M. Bruns à M.
Henkei, l'hifloire d’un anus contre nature dont
les bords, excoriés auparavant par la pierre infernale,
furent tenus rapprochés par deux points
de futur e paffés en croix. Ils fe réunirent à la
vérité, mais la plaie fe r’ouvrit quelques jours-
après. »
tt M. Le Cat avoit auiîi formé le projet de.
guérir une femme qui avoit un anus contre
nature. Il fe propofoit d’aviver (es bords #e la
plaie, & d’en faire la future , après avoir cependant
dilaté,, par la préfence d’une canule , k
portion de l’Inteflin eorrefpondante à l’anus, 3.
mais cette portion préfentoit au-dehors un volume
conlidérable \ les efforts les plus violens ne
purent la réduire ,. & la malade enfanglantée ne
voulut plus fe prêter à de nouvelles tentative'. »
et Des effais auffi infructueux détournèrent les
Chirugiens d’en faire de nouveaux. Il paffa pour
confiant que la guérifon de cesmaladies étoitim-
polfible, ou au moins, qu’elle mettroit la vie du-
lu jet dans un péril imminent. »
et Plulieurs Praticiens allèrent jufqurega rd er
la réduction même de l'Inteflin comme dangereufe,
& tous Ja jugèrent impofïibl'e,, toutes les fois que
la tumeur étoit ancienne ,*& fon volume conlidé-
rable. On lit encore dans bien des Auteurs,.que
la portion d'Inteflin la-plus voifine du reélun*
fe ferme Couvent, & que fa» cavité s’oblitère. M.
Richter lut-même n’eft pas exempt de ce préjugé
y mais ‘il oublie fans doute que l’invagination
qu’il fuppofe, eft la preuve la plus décifive
de l’exiftence d’une cavités Cette prétendue oblitération
n'fcft d’ ailleurs appuyée fur aucun fait j,
tous ceux que l’on connoît femblent au contraire
démontrer qu’elle ne peut avoir lieu. M. le Cat
ne l’a pas trouvée dans le cadavre qu’il a ouverr,,
douze ans après que les matières ftercorales avoient
ceffé de pafier par l'Inteflin. Un malade mort
d’épuifement à l’Hôtel - Dieu au mois de Janvier
dernier, avoit aulfi confervéla portion inférieure
du tube inteflinal dans toute fon intégrité,
quoiqu'un peu rétréci ; il n'y paffoit cependant
rien depuis plus de deux ans, que la gangrène
avoit détruit une portion confidérable de l’iléon.
Tous les malades, d'ailleurs, dont on a des
obfervations exaéles, rendoient de cemsen tenispar
l ’anus les mucolités de l'Inteflin*, & ce fait feul
prouve évidemment que la cavité n’étoit pas
oblitérée. »
u Quelques Auteurs, faute d'avoir obfervé-,
femblent croire que l’Inteflin fort de l’abdomen
dans fon état ordinaire , & que ce n’efl pas fon
extrémité qui adhère avec la plaie*, & de-là la
crainte de l’épanchement dans la cavité de la
l’abdomen, des matières fécales, ou même des
mucolités de la portion de l’Inteflin voifine du
reélum. »
<< L’épaifliffemenr des membranes de l’Inteflin
eft une objeélion plus férieufe. On l'avoit toujours
regardé comme un obftacle invincible à la réduction;
mais notre obfervation, ( celle du matelot
rapportée ièi) , démontre, dans ce cas même, la
polfibilité de faite rentrer l’Inteflin dans la
capacité de l’abdomen , & l’analogie nous
conduiroit à cette vérité, quand nous n’aurions
pour nous que les chûtes anciennes, du
réélu m , qui paroiffoiem irréduélibles à caufe de
leur volume, & qui ont cédé bientôt à la compref-
fion méthodique que nous avons exercée fur ces
tumeurs, »
a Le nombre & la profondeur des adhérences
qui infpirent tant de craintes à quelques Praticiens,
ne doivent pas empêcher la réduélion; car ,
fuppofé quelles exiftent, & qu'elles foient‘ plus
dangereufes que celles que produifenj prefque
toujours les inflammations du bas-ventre , l’on
ne voit pas quel avantage on pourroit efpérer, en
laiflàfit hors de l’abdomen la portion invaginée
de l’Inteflin. Cette pratique peut d'ailleurs occa-
fioBncr des accidens terribles. M. Puy a vu deux
fois, dans ce cas, l’engorgement porté aflez loin
pour eaufer la mort en interceptant tout-à-fait
Piffue des matières (1). M. Lange a trouvé p n l
teflin tellement gorgé de fang, qu’il a cru ne
pouvoir lauver le malade qu’en levant l’étranglement
par une incilîon au bas-ventre. MM.
Hévin & le Blanc citent des exemples dans lef-
quels la gangrène & la mort ont été la fuite de
ces étranglemetis*, & l’Invalide, qui fait lefujet
d’une des obfervations de M. Sabatier, a failli lui-
même en être la viétime. »
«< Il paroît donc démontré, & e’eft-là le point
capital, que la faine pratique exige qu’on replace
dans le bas-ventre l’Inteflin échappé par l’anus
contre nature, & que cette opération eft toujours
pollible, que! que foit le volume & l’ancienneté
de la tumeur. »
(( Il ne s’agit plus maintenant que de trouver un
moyen commode & facile à fe procurer, qui foit
propre à. contenir l’Inteflin & à l’empêcher de
fe renverfer de nouveau. Le bourrelet d’yvoire
qu’on propofé, ne remplit nullement cette indica»
lio n , puifque ITmeftin peut encore s’échapper à
travers l'ouverture qui y eft pratiquée, laquelle
I deviendroit ainfî un nouveau moyen d'érrangle-
menr. L ’aélion d'un corps au Ai dur confondra
d’ailleurs néceffairement les parties y & il doit être
impofliblede le fupporter long-tems, au moins iï
l'on veut L'appuyer affez ■’fortement pour qu’il
rempliffefa deftination, qui'eft, on ne fut trop
pourquoi, de fourenir les bords de l'ouverture
du bas-vemre. La pelotte mollette de M;Sabatier;
& l’éponge de Richter n’ont pas ces défa va ru âges ;
mais elles ont l'inconvénient remarqué par LofiL iy
de conferver une partie de la matière tenue &•
âcre qui les traverfe , & dont elles s’imbibent;
& par-là d’excorier les parties fur lefquelles
elles repofem. »
«« Il relie le tampon de linge ou de charpie,
employé comme le fait M. Defauit, & fou ter, 11
par un gâteau de charpie, des comprdTes & un
bandage un peu ferré. Ce moyen , en s'oppofaal
efficacement au renverfement de l’Inteflin , y entretiendra
conflammem une dilatation fuffifante ,
fera ceffer les épreintes, retiendra les matière»
dans les intervalles des panfemens, & les fera
féjourner aflez long-tems, pour que le malade
puiffe en être nourri. S’il s’échappe encore ua
peu de fluide, il fera abforbé par la charpie, &
ne produira point d’iritation à la peau. Le malade
s’accoutumera bientôt à l’efpèce de gêne
qu’occaftonhe d’abord cet appareil, & de légères
coliques qui fuivront les premières applications-
cefleront en peu de jours dès que l’ Inteflin fera
accoutumé à fa nouvelle manière d’être. »
c< Tel eft le premier avantage qu’on doit attendre
de cette méthode & le feul fur lequel M.
Defauit avoit d abord compté. Le fuccès inefpéré
qu’en a obtenu le matelot qui fait le fnjet l'obier-
vation ci-deflus, a aggrandi les vues dit Chirurgien
, en lui montrant k poflibilité de guérir , ait
moins quelquefois, une maladie regardée jufqu’à
préfent, comme hors des limites de l’Art, & en
lui faifant voir le peu d'inconvéniens, l’avantage
même qu’il y auroir, dans tous les cas* à eu
entreprendre la cure, par des moyens (impies,
variés fui van t les circonftaneesmais toujours
incapables de nuire. »
,cr Que les anus contre nafure foient la fuite
de plaies pénétrantes dans l'abdomen, ou qu’ils
fuccèdent aux hernies avec gangrène, ils ne peuvent
dans toutes les polirions préfenrer que deux
états effemiellement différens; ou bien i’Inteftii»
n’a été divifé que dans .^1) Académie de Chirurgie , Toras une partie de fa ejrcot^