
La Nofplôgie, ou la Science qui traite de la claffification des maladies, eft
née dans notre fiècle. Elle confifte à rapprocher les maladies qui ont des caraétères
communs," à les féparer de celles où ces caraéfères ne fc trouvent pas, à les
raflemb’er fous les titres de clafles, d’ordres, de genres & d’cfpèces, St à donner
dans une définition courte St concife les marques qui diftinguent chaque efpèce
de toute autre. C ’eft un grand pas qu’on a tait pour faciliter la connoiffance des
dcrangemens dont 1 économie animale eft fufceptible, St pour en donner des idées
claires & diftinétes ; c’eft un pas d’autant plus important, que pour être en état de
traiter une maladie, il eft abfolument eflentiel de la bien diftinguer. C ’eft ce
que la Nofologie nous met à portée de faire d’une manière beaucoup plus facile
& plus fure qu’on ne le pouvoir autrefois , en fuivant les deferiptions trop
fouvent vagues St confufes que les Anciens nous ont données.
On a voulu décrier cette branche nouvelle de la Science médicale, St Ion
a prétendu que la claffification des maladies étoit tout au moins inutile. Nous
fommes perfuadés du contraire, 8t nous en appelions à tous les Médecins
qui l’ont cultivée, ôt qui en ont fait ufage auprès de leurs malades. L Etudiant
qui a fon inftruétion à coeur, trouvera auffi de grands avantages a ne
pas les négliger , elle foulagera beaucoup fa mémoire St augmentera la netteté
de les idées.
Les nomenclatures fyftématiques ont été de la plus grande utilité pour les
progrès de la Botanique & des autres parties de l’Hiftoirc Naturelle ; & malgré
le ridicule dont divers Savans ont prétendu les couvrir, tout le monde convient
aujourd’hui du fervice quelles Qnt rendu à la Science. Mais, dit-on, les maladies
ne font pas comme les plantes & les animaux, des fubftances figurées dune
manière confiante1, elles ne font que des modifications de fonctions. Or on a
voulu conclure de ce raifonnement, que l’application de la méthode fyftema-
tique à leurs deferiptions étoit abfolument illufoire. I l eft vrai que leur claffi-
fication n’eft pas auffi facile, ni auffi naturelle que celle de ces fubftances
organiques; mais cette difficulté tient moins à leur effence qu’à leurs complications
diverfès, dont il n’eft pas impoffible de les débarrafïer affièz complet-
tement, pour rendre leur arrangement méthodique, très-utile à la pratique ainfi
qu à la Science.
Nous croyons qu’il peut être très-avantageux aux Chirurgiens, d’avoir fous
les yeux un tableau fyftématique de toutes les maladies qui font de leur reffort ;
& nous elpérons qu’ils nous lauront gré de le leur préfenter tel qu’il fe trouve
dans les Elémens de Chirurgie de M. Aitken ( i ) , dont nous allons l’extraire,
fans y faire aucun changement efTentiel. L ’Auteur a cru devoir fe difpenfer
d’employer les dénominations de genre 8t d’efpèce, que le lecteur pourra facilement
fuppléer s’il le juge convenable.
f i ) Elements o f the theory and Fratice of Phyftçk and S.urgery. By John Aiiken M. D. Y ol. i*
Les maladies chirurgicales fe divifent en cinq daffies ou chefs principaux,
favoir:
L es T umeurs ou Gonelemens.
L es D éplacemens.
L es Divisions ou Solutions de.continuité.
L es D ifformités.
L es Obstructions.
TUMEU R S .
On entend par T umeurs, Excroiffance ou Protubérance, une augmentation
contre nature de quelque partie du corps. Les Tumeurs fe divifent en
Tumeurs humorales formées par les parties fluides du corps fie en
Tumeurs des parties folides.
Les T umeurs humorales fe diftingüent en
Tumeurs chaudes ou inflammatoires St en
Tumeurs froides ou indolentes.
T um eur inflammatoire ou Phlegmon.
D é fin it io n . Tumeur plus ou moins élevée St circonfctite, toujours marquée
par une augmentation de tenfion St de fenfibilité, accompagnée d’une douleur
aigue , lancinante ou pulfatile, d’une chaleur plus grande que celle de l’étac
naturel dune rougeur vive, mais qui devient fouvent livide lorfque la maladie
eft plus avancée, un peu élevée en pointe & qui fe ramollit du centre à la
circonférence. Elle eft fréquemment accompagnée de fymptômes fébriles.
Les tumeurs inflammatoires fe terminent par réfolution, par fuppuration ou
par gangrène.
La. R ésolution eft la guérifon pute St fimple de l’inflammation.
La Suppuration eft la formation d’une matière fluide purulente en confé-
quence de 1 inflammation. Elle fe fait de deux manières, ou par E xudation
fur la furface des parties enflammées , ou en ptoduifant un A bcès , autrement
nommé A postème ou D épôt , qui eft une colie&ion de pus fous les
tégumens.
.La G angrène, qu’on appelle auffi Mortification& S phacele, lorfqu’elle eft
u on dernier période , eft un degré extrême d inflammation , où la partie affeéfée
evient plus ou moins livide, puis noire, 8t contraâeen même-ternsune odeur fétide.
A meiùre que ces phénomènes 1e manifeftent, la fenfibilité, la chaleur St le ton des,
parties fe perdent. La Gangrené eft fouvent annoncée par la iéparation de l’épiderme
qui forme des ampoules pleines de fanie.'La partie donc la Gangrène a
détruit la vie, prend le nom d’efearre. Si les pouvoirs de la nature cqni'erveuc allez,
de force pour détacher cette partie des parties voifines encore faines, cette opération
fe nomme la. réparation ou la chute de l’efearre.
Les Praticiens diftinguent deux efpèces 4 e Gangrène, favoir la Gangrène