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fuppuration , ainfi que les parties molles ; comme
ces dernières, ils peuvent être privés de
vie en conféquence de quelque maladie locale.
Lorfqu’un os , ou une portion d’o s , eft dans cet
état, on dit que cet os eft carié. Voyt\ C arie.
Quoique diverfes circonftances ne permettent
pas d’étabiit' une analogie rigoüreule entre les
phénomènes des maladies des os & celles des
parties molles, on ne peut cependant fe refufer
à croire que l’exfoliation des premiers s’opère
par un mécanifme très-femblable i celui duquet
dépend la réparation des parties molles dans un
état de mortification. Voyc\ ExfOliation.
On a imaginé différentes théories pour expli"
quer de quelle manière les parties mortes du
corps fe féparent des parties vivantes. Nous nous
contenterons d’indiquer les trois luivantes, comme
étant les principales de celles qui ont été
propofées.
1.“ Quelques perfonnes ont cru que la caule
efficiente de cette réparation étoit la force avec
laquelle les granulations qui fe forment à la fur-
face des parties faines pouffent les parties privées
de vie. Mais cette opinion n’eft rien moins que
fatisfaifante; & fl, à toute ligueur, on accorde
que la force dont il s’agit peut achever la répara-
non d’une efcarre déjà ébranlée, on ne comprend
pas comment un pareil mécanifme peut opérer J
une réparation dans le milieu d’une fibre foiide. >
i.° D’autres ont attribué le phénomène dont
il eft ici queftion, à la diffolution de cette portion
de l’efcarre ou de l’os carié, qui fe trouve
immédiatement en contaél avec les parties faines.
La putréfaéHon des parties mortes eft évidente;
elle l’eft particulièrement dans leurs points de
contaél avec celles qui font demeurées faines,
en conféquence de la chaleur & de l’hunrdité que
le voifrnage de celle-ci leur communique ; & le
pouvoir de la putridité pour détruire la cohéfion
Ses fibres animales, eft trop connu, & fes effets
font trop manifefles pour que l’on puiffe douter
que cette caufe ne contribue beaucoup à la fépa-
ration qu’il s’agit s'expliquer. H ne paroît pas
cependant quelle fuffife pour en rendre rail'on
complettement; les parties les plus dures des os,
lorsqu'elles font morres , fe détachent de celles
CH la vie fubfifte, quoique leurs élémens folides
ne faient fufcepribles d’aucune putridité , ni par
conféquent de la diffolution qui en eft la fuite.
Et quoiqu’il n’en foit pas de même des parties
molles, .on voit fouvent celles-ci fe féparer fans
être fenfiblement ajftflées par la diffolution putride
, on a été çonduir par conféquent à admettre
“l’opération d’un autre agent,
3.° Cette opération eft l’abflraélion des élémens
de la fubftance morte, qui fe trouvent immédiatement
en contaél avec les parties vivantes, par
les extrémités des vaiffeaux abforbans, Un grand
nombre de phénomènes de l’économie animale ,
mettent bots de doute l’aélion.de ces vaiffeaux,
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non-feulement fur les fluides, mais encore fur Jet
parties les plus folides du corps ; & il eft probable
tout au moins que cette aélion concourt à la réparation
dont nous parlons, laquelle peut encore
être accélérée par la formation du pus.
Diagnojlic & Pronoftic de la Gangrené.
Le diagnoftic de la Gangrène eft facile , d’après
les caractères de cette maladie, que nous avons
décrits. On a pu la confondre quelquefois avec
l’ecchymofe, & les épanchemens _ confidérables
de fang dans le tiffu cellulaire; mais avec un peu
d'attention, il ne fera pas difficile de la diftinguer
de ces accidens, lorfque ceux-ci n’en feront pas
compliqués. Voye[ Ecchymose etâneurisme.
Quant au pronoftic , il doit toujours être fort
douteux , fur-tout au commencement ; car, dans
les plus légères affeélions de ce genre, le principe
vital eft quelquefois tellement altéré par la contagion
de la matière putride, il eft tellement dif-
poféà recevoir l'impreflion morbifique, à laquelle
tient la propagation du mal ,.que les malades périment
tout-à-coup, avant qu'on ait pu sapper-
cevoir d’aucun danger imminent.
Néanmoins lorfque à la fuite d’une inflammation
produite par une caufe externe , la Gangrène
n'eft ni fort profonde , ni fort étendue , &ne paroît
pas faire de progrès, lors fut-tout que le malade
paroît être d’ailleurs fain & bien difpofé,
le pronoftic doit être beaucoup plus favorable^.que
dans les cas où, attaquant des fujets afFoiblis par
l’âge , ou par des maladies antécédentes, elle s’étend
profondément, & paroît faire des progrès;
dans ces circonftances, le danger eft toujours ex*
trême.
Les parties du corps affrétées de Gangrène,
ne perdent pas immédiatement toute leur fenlû
bilité ; la circulation s’y maintient jufqu’à un
certain point, & loifque les progrès du trial n’ont
pas été au-delà de certaines limites , elles peuvent
encore fe rétablir dans toutes leurs fonctions.
La Gangrène , à proprement parler, n’eft
pas une mortification décidée ; mab elle en eft
l’avant-coureur ; elle peut être regardée comme
un intermédiaire entre l’inflammation portée a
fon plus haut degré, & le fphacèle. La préfence
de celui-ci implique la perte totale de la vie,
dans la partie affeélée, la deftfuélion de fon or<
ganifation, l’abolition de toutes les fonèlions ,
& une incapacité abfolue de les reprendre. Ce>
pendant, lorfqu'on voit le fphacèle le manifefler
fur quelque partie., on ne doit pas toujours en
conclure que la deftruélion entière de celle-ci
eft certaine ; car, dans bien des cas, il n’affeéte qu*
la peau, & le tiffu cellulaire ; il arrive fouvent
que les tégumens viciés fe féparent, & 1 a
le plailir de voir que les tendons, les mufcles,
& les autres organes qu’ils f eçouvrçient * &
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Moyens généraux*
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meurent parfaitement fains, & qu’ils permettent
d’efpérer une guérifon.
On comprend aifémsnt que ce n’eft que dans
les affrétions extérieures du corps, que l’on peut
marquer, avec quelque prédfîon , les progrès de
l’inflammation vers la Gangrène & le fphacèle.
Mais les approches de ce dernier ne font pas
toujours annoncées par les fymptômes diftincls
& manifeftes de la Gangrène , même lorfque
le mal eft tout—à-fait fuperficiel ; il y a des cas
qui feroient prélu mer. qu’une petite partie du
corps peut être frappée de mort fubite, ainfi que
tout le fyfiême. Souvent on voit le fphacèle fe
déclarer dans une partie, faîne en apparence ,
fans avoir été précédé d’aucun autre fymptôme
que d’une douleur vive & foudaine de cette
même partie. Quelquefois on découvre., dès les
premiers momens, fur la peau, une tache noire
qui s’étend rapidement de côté & d’autre.
Il faut être attentif à toutes ces circonftances
lorfqu’il s’agit de former un pronoftic , & fur-
tout il ne faut jamais le former, fans avoir
bien-examiné la marche de la maladie; car, fi
on le donne favorablement fur les. apparences
qui peuvent le mieux le juftifi.tr, on court toujours
un grand rifque de fe voir démenti par
l'événement. Dans tous les cas de Gangrène çon-
fidérablé, occafionnée mêtîre par une caufe externe,
on ne peut pas regarder le malade comme
à l'abri du danger, non-feulement, tant que lî
fépararion des parties mortifiées n’a pas commencé
à fe marquer; mais même tant qu’elles
ne font pas entièrement détachées des parties
faines. On a vu des malades périr très-promptement,
après que les progrès de la Gangrène
avoienr ceffé=, fans que l'on pût foupçonner.
d’autres caufes de cette cataftrophe , que l'action
des miafmes putrides, émanés des parties
gangrénées, fur le fyftème nerveux. Mais, de
quelque manière que la partie gangrénée foit cen-
fée agir dans ces cas, fur l’oeconomie animale,
les exemples a fiez fréquens de fon influence per-
nicieufe , confirment ce que nous avons avancé,
& en particulier que quiconque eft affecté d’une
véritable Gangrène, ne peut être regardé conn
me à Pi.bri.du danger, tant que les parties malades
ne font pas totalement détachées de celles
qui font faines.
Traitement de la Gangrène.
Nous rangerons fous deux articles ce que
noos avons à dire, du traitement de la Gangrène.
Dans le premier, nous* renfermerons tout
ce qui regarde lès remèdes internes, & tes autres
moyens généraux indiqués par i'étar*géné-
ral du fyftème. Dâns le fécond, nous parlerons
des remèdes topiques, & du traitement local des
parties afte&ées.
S* I.Remèdes èvacuans & anti-phlogiftiques.
La première indicarîon eft de modérer la trop
grande activité du fyftème fanguin, par un ufage
prudent des remèdes propres à combame Pin-
flammaîion. ( Voÿe^ I n f l a m m a t i o n & a n t i p
h l o g i s t i q u e , ) lorfque Je mal paroîr tenir
fpécialement à la violence de cette aftedion. A infi,
quand, on n'a pas fait un ufage fuffifant de la
fa ignée, pendant l’état inflammatoire qui a précédé
la Gangrène, & quand les fymptômes généraux
qui manifeftent la préfence de cet état,
continuent à être violens, particulièrement, fl
le pouls .demeure vif, dur ou plein, il eft ab.
folument néceffaire de vuider un peu les vaiffeaux
, paruné faignéegénérale , lors même que
la Gangrène auroit commencé à fe manifefter ,
fur-tout lorfque le malade eft jeune & pléthorique.
La faignée ,.en diminuant la fièvre, & en
modérant la chaleur univerfelle : eft fréquemment
le meilleur de tous les moyens. Pour prévenir
les progrès de la maladie, l’on peur la confi-
dérer alors comme préférable à tous les anri-
feptiques. Mais, comme nous l’avons déjà dit,
il faut en .ufer avec beaucoup de circonfpec-
tion ; car fi l’on y à recours mal-à-propos, &
pour s'être trompé fur l'état général du fyftème,
cette erreur peut avoir les conféquences les plus
funeftes. Il faut bien fe feuvenir aufli que quel-
qu’indiquée qu’ait paru la faignée, le moment,
pour l’ordinaire, ne tarde pas à arriver, où
elle devient inadmiftible, fur-tout lorfquela Gangrène
fait des progrès.
Ce que nous difons de la faignée, doit s’entendre
également des antres évacuation*, & particulièrement
de celles qu’on excire au moyen
des purgatifs, qui deviennent dangtreufes, dès
qu’elles abattent à un certain point les forces
du malade, ou îorfqu’elies dépendent d'une irritation
trop forte du canal intcftinal, qui agit
fÿmparhiq tiennent fur tout le fyftème. Les vomitifs,
dont on eft toujours porté à confondre ,
ou du moins à aitimiler l’effet avec celui des
purgatifs , agiffem d’une manière bien différente
& bien plus avantageufe dans les cas de Gangrène,
de celle fur-tout qui vient à la fuite d’une
inflammation éiéfypélateufe. Telle eft, par exemple,
cette inflammation qu’on obferve fi fouvent
dans les hôpitaux, en conféquence de fraéhires
compliquées, ou de plaies d’une autre narure.
Lorfqu’on la voit paroître, & même, lorfque les
fymptômes de Gangrène commencent à fe manifefler
, l’émétique donné à plufieurs reprifes ,
de manière à provoquer le vomiffement , eft
un des meilleurs feccurs qu’on puiffe oppofer
à fes progrès; mais fi, au lieu de faire vomir,
ce remède opère feuleinent par les fei=?