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être on ne peut plus réfervé fur remploi delacraie,
de la tuiie, de la pierre calaminaire & autres
deflicatifs, & ne les employer que quand on a
bien difpofé le corps à leur ufage. Quelquefois
ces croûtes & les environs font remplis de poux
qui y trouvent leur fubfiftance beaucoup plus abondamment
que par-tout ailleurs j il faut, en pareil
cas, les (aupoudrer avec la poudre de ftaphifaigre
ou de cévadille, & recouvrir le tout avec des
linges couverts d’une couche de pulpes de pommes
ou autres remèdes de confiftance pulpeufe & très-
doux^ avoir foin de tems à autre de laver la têteavec
la décoélion de la même plante. (M .P e t i t-R a d e i)
ACIDE. Les Acides font employés extérieurement
& intérieurement dans différentes maladies
chirurgicales. Ils ont évidemment un effet deflicatif
& afiringent, détruifant ou diminuant la mobilité
des parties fur lefquelles on les applique. Rien
n’eft plus commun que de voir les Acides les
plus foibles contrarier les lèvres au point de les
rendre pâles, en empêchant leurs vaiffeaux de recevoir
autant de fang rouge quà l’ordinaire. On
voit de même les Acides un peu plus, concentrés
refferrer & rider la peau, en quelque partie du
corps qu’on les applique.
En conféquence de cette qualité fédative & af-
tringente, on les emploie particulièrement dans
les cas d’inflammation & d’hémorragie. Dans certains
cas d’inflammation de quelque partie extérieure,
ou la fenftbilité n’eft pas bien grande, ou
dont le fiége n’eft pas très-voifin de la furface, l’on
a fouvent recours, avec beaucoup^ davantage, à
des caraplafmes faits de mie de pain & de vinaigré
très-fort. Dans des cas d’inflammation plus fu-
perficielle, produite par une canfe externe, qui
commence par occafionner une contufion, ou une
meurtriffure, on fe fert utilement d’oxycrar, qui
efl un mélange d’eau & de vinaigré, pour en faire
des applications. L’oxycrat froid, appliqué avec
des linges fur l’abdomen & les lombes, arrêté
quelquefois, ou modère l’hémorragie de matrice.
L’on diffipe les engelures, celles fur-tout qui font
récentes, & où la peau efl encore entière, en les
couvrant de compreffes imprégnées* de vinaigre.
Ôn obtient le même effet avec les acides minéraux,
mêlés d’une quantité d’eau fuffifante pour qu’ils
n’irritent pas trop la peau.
Le vinaigre diftillé , ou l’efprit de vinaigre approché
des narines, efl utile pour faire cefl'er les
fyncopesy aufli l’empioie-t- on généralement dans
toute efpèce de défaillance, ainfi que le fel de vinaigre
qui a une odeur très-agréable & beaucoup
plus poignante que celle dû vinaigre même.
L’on emploie la vapeur du vinaigre pour corriger
la putridité de l’air dans les appartenons des maladesparticulièrement
lorfqu’on a lieu de redouter
les miafmes eaufés par certaines maladies putrides-:
On fe fert, dans quelques occaflons, des acides
minéraux *, on les applique aufli comme deflicatifs
fur certains ulcères, après lesaYOÎr avec une
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fuffifante quantité d’axonge connue rubéfians. Lêùt-
principal ufage y à l’extérieur , efl fous la forme de
gargarifme pour les ulcères gangréneux & feor-
bu tiques de la bouche. L’on met, dans cette intention
, depuis dix jufqu’à vingt ou trente gouttes
d’Acide vitrioliqüe concentré, dans uniHivre de
quelque véhicule convénable. La dofe des antres
Acides plus foibles doit être proportionnée à
leur degré d’activité.
Les Acides végétaux & minéraux, pris intérieurement
, font d’un grand ufage en Médecine, dans
beaucoup de maladies inflammatoires & putrides.
Les Chirurgiens aufli fe fervent utilement de ces
derniers , pour arrêter les hémorragies, & particulièrement
de l’efprit de vitriol foible que
l’on donne à la dofe de quinze à trente gouttes,
ou davantage, toutes les deux ou trois heures,
dans une fuffifante quantité d’eau adoucie au
moyen de quelquefyrop. L’efprit de vitriol foible
efl un mélange de fept parties d’eau diflillée avec une
partie d’Acide vitrioliqüe, proportion cependant
qui varie beaucoup dans les différentes pharmacies.
Mais de toutes les maladies que l’on nomme
chirurgicales, il n’en efl point peut-être, s’il
faut en croire quelques Auteurs, où l’on ait retiré
d’aufli grands avantages de l’ufage intérieur de
cet Acide, que dans la gale & d’autres affections
chroniques de la peau. Voyez Ulcéré cutané.
C’eft en Allemagne, à ce qu’il paroît, que l’on a
commencé à l’employer dans des cas de cette nature.
Le Doéteur Cothenins s’en fervir pour la première
fois, en 1756, dans l’armée Pruflienne; cette
pratique fut décrite enfuite, dans un traité intitulé;
Dijfertatio de oleivitrioli ufu , in qiribufdam
feabiei fpeciebus, publié par le Doéleur Helmich.
Elle le fut aufli par le Docteur Baldinger, dans fon
traité fur les maladies des armées, écrit en Allemande
M. Schroeder, Profeffeur en Médecine à Gotfingue,
a fouvent employé ce remède | il aflure qu’en
général il guériftbit, par ce moyen, la gale en
quinze jours au plus, fl regard oit cette méthode
comme convenant fur-tout aux fu jets pléthoriques ,
& à ceux chez ; qui la gale étoit accompagnée de
douleur & d’inflammation des parties affrétées
mais il croyoit qu’elle étoit moins adaptée aux
cacochymes ou cacheétiques, auxquels il penfoic
qu’une trop forte dofe d’Acide ponrroit nuire.
On dit qu’elle guérit également la gale sèche &
la gale humide-, & qu’en l’employant ; pour une
femme qui allaite un enfant, on guérit en-même
tems la nourrice & ' le nourriffon.; La dofe*
d’Acide doit être réglée fuivant l’âgé & l’état du
malade ,* quand â la forme fous* laquelle/ on Uacl—
miniftre, elle peut varier fans inconvénient, fuivant
la fantaifte du Praticien. Voici celle que préférait
le Doéteur Schroeder.
Huile de vitriol très-pure, § j-
Eau dé fontaine . % v. mêlez,.
Ajoutez après l’efFervefcence , . _-,
Syrop de .framboifes , §ij:*-
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La dofe de cette mixture étoit depuis un
gros, jufqu’à deux & au-delà, dans un verre d’eau
deux ou trois fois le jour ( 1). '
M. Smyth , Médecin de l’hôpital-de Middlefex,
à Londres , s efl fervi du même remède dans
des cas de lèpre & de dartre ( 2). Ilia-pus dit qu’il
en avoit toujours’ obfervé de très-bons effets *, à
la réferve feulement de deux cas, où une trop
grande irritabilité de i’eftomac n’a voit pas permis
d’en continuer l’ufage. Il donnoit depuis
trente gouttes, jufqu’à demi-once, & même juf-
qu’à fix ou fept gros d’efprit de vitriol foible, dans
huit onces d’eau d’orge, trois fois par jour.
Cette quantité pourra paroitre énorme à bien des
perfonnes, fur-tout dans notre pays, où l’on efl
il peut accoutumé aux fortes dofes des mëdica-
mens , & où , il faut l’avouer , on manque
fouvent l’effet des meilleurs remèdes , par trop
de timidité dans l’exhibition. Les hautes dofes
peuvent être dangereuses quand on les emploie
d’une manière inconfidérée; mais telle drogue
que l’on ne fupporteroit pas d’abord dans une
certaine quantité, peut fe prendre enfuite, même j
en quantité plus confidérable , quand on y vient
par degrés, en commençant par de petites dofes ;
qu’on augmente peu-à-peu. Le Praticien prudenr,
qui obferve âyec foin l’effet des médicamens qu’il
emploie , fera bien rarement expofé à nuire
à fes malades, pour en avoir pouffé les dofes
trop loin ,,& il fera fouvent des 'guérirons auxquelles
d’autres plus timides ne pourront jamais
parvenir.
ACOPES. C’eft le nom que les Grecs don-
noient aux onguens employés à taire des onctions
fur les membres des perfonnes fatiguées par
la marche on le travail. Antérieurement, au tems
de Galien, on (e fervoit, pour cet objet, d’huiles
de différentes efpèces, auxquelles on donnoit
le même nom. Dans la fuite , les onguens
ayant, été fubflitués aux huiles, il arriva
que des médicamens qui avoient des deflinatipjis
toute autre que de délaffer , comme de ramollir,
d’exciter, . &c., prirent aufli le nom d’Acopes}
c’eft ce qu’il eft bon de (avoir quand on lit les
Anciens, pour ne pas fe former des idées fauffes
de. leur pratique ($)-..
ACUPUNCTURE. Cette opération extrêmement
vantée par les Chinois & les Japonnois,
a beaucoup de rapp -rt avec les fcarificarions. Ces
peuples regardent les fcarificarions & la faignée
comme des opérations nuifibles j ils s’en abftien-
nent entièrement, & les ont en quelque forte
en horreur. La cautérifation par le moxa ( voye[
ce mot) & l’Acupuncture leur paroiflent au contraire
des remèdes & des opérations extrême-
( 0 V. Medical and Pfoilofophiéal commentaries , vol. 1, p. -joj.
ri) Medical Communications, Vol. I. p. i«9.
VJ Hiftoire de la Çbiiurçie, Tome JI, p. 653. j§
A D H 5 ,
ment efficaces dans prefque toutes les maladie
dont le corps humain peut être affligé. On fai,
l’Acupunélure avec une aiguille d’or ou d’argent’
qu’on pouffe dans une partie avec la main, ou
avec un petit marteau. Les Nations dont nous
parlons, quoique d’ailleurs très-induflrieufes 8c
très-fenfées , exécutent cette étrange opération,'
non-feulement à la tête, mais encore à la poitrine,
au bas-ventre, aux bras, aux jambes & à plu-
fieurs autres parties -, ils vont même jufqu’à percer
le ventre des femmes enceintes, & font pénétrer
l’aiguille jufqu’au foetus, quand celui-ci
caufe des douleurs à la mère par fes agitations.
Comme cette opération n’eft -pratiquée nulle
part en Europe, nous ne nous y arrêterons pas
davantage. Ceux qui veudront la connoître plus
particulièrement pourront confulter le Traité dé
Arthritidoe de Rhynius*, les Amoe ni tâtes exoticar
de Koempfer, & l’Hiftôire Naturelle du Japon,
du même Auteur, homme très-favant, & qui avoir,
ainfi que Rhynius, voyagé & fé jour né long-tems
chez les Peuples où cette pratique eft en ufage,
ce qui les a mis à même d’en être fouvent témoins
oculaires.
ADHÉSIFS. On donne ce nom aux fubf-
tancesqui adhèrent avec ténacité à la peau, ou aux
autres parries. On les emploie fous la forme d’em-
; plâtres, & leur ufage eft indiqué lorfqu’il faut
unir les lèvres d’une plaie par une future fèche,
ou quand.on veut enlever de la tête des croûtes
de teigne, & les racines des cheveux. Les Ad-
héfifs ufités font la poix, la réfine, la cire, la
chaux de plomb diffoute dans l’huile, &c; différemment
mêlées & combinées enfemble, fuivant
l’objet pour lequel en les prépare.
ÆGYLOPS. Petit ulcère qui furviem ordinairement
à la fuite d’un apoftème , au grand
angle de l’oeil, & qui -a fuffifamment creufé pour
intéreflèr les voies lacrymale?. Cet ulcère a pris
fon nom de ce que les chèvres y font fort fujettes,
d’é<£ $l 04- oeil de chèvre. Quelquefois cet ul"
cère n’eft accompagné d’aucun vice dans les voyes
lacrymales, ainfi qu’il arrive quand l’ulcérarioa
commence à fe faire du dehors au-dedans y mais
aufli d’autres fois ces voyes font dans le plus mauvais
état, comme quand i’érofion fe fait du dedans
au-dehors , & c’eft ce qui arrive le plus fouvens
dans les cas de. filiales lacrymales , compliquées
d’un vice local ou de cacochymie. Le plus communément
l’Ægylops fùccède à l’anchylops qui efl
un petit abfcès, lequel vient fpontanément aux
environs, ou fur le fac lacrymal même , nous
verrons à l’article A nchylops , comment la
Ii chofe peut arriver. Quand la maladie commence- de cette manière , que l’ulcération n’eft point
profonde •, elle guérit ordinairement a fiez facilement,
& c’eft elle que les Nomenclareurs dé-
fignent communément fous le nom d’Ægylops. Il
elt rare en effet qu’elle s’invétère , qu’il y naiffe
des callofités & des chairs, fongueufes , parce
H ij ;