AVERRHOêS, Médecin Arabe, né d’une
famille illuftre. Il s’appliqua d’abord à l’étude des
loix j mais la Médecine & la Philofophie abforbè-
rent bientôt toute fon application. Ses Commentaires
fur les ouvrages d’Ariftote, fournirent à fes
ennemis le prétexte de l ’attaquer dans fes opinions
fur la Religion. Baile, qui répète, fouvent
fans vérifier ce qui a été dit avant lu i, prétend
qu’il croyoit lame matérielle *, quoique, dans un
de fes ouvrages, Averrboès ait alluré qu’elle eft
immatérielle & immortelle. On l’accufa depuis
d'avoir empoifonné Av icene >mais Avicene mourut
en iq6i , & Averrboès ne vint au monde qu'en
1 14© -, il quitta fa patrie pour vivre à Maroc ,
où il mourut en 1 1 1 7 , laifiant deux fils. Nous
n’avons de lui que fon Colliger , qu’il compofa
à la prière de Mi r ampli a -, cet ouvrage n’offre
que le précis de tour ce qui a été dit avant lui.
On prétend qu’il eft le premier qui- ait afl’uré qu’on
ne peut avoir la petite vérole qu’ une fois en fà
vie.
AVICENE y Médecin Arabe, a vécu au commencement
de l’onzième fièele ; il naquit à
Boëhara, dans la Province de Chorafan. Dès
fa plus tendre jeuüeffe il fe livra , avec ardeur,
à 1 étude des Mathématiques. On rapporte qu’il
connut, comme Erariftrate, par les pulfations du
pouls, qu’un jeune homme étoit malade d’amour.
Un Roi Arabe l’a fait Vifir, en récompense de
fes foins dans une maladie défefpérée de fes
Médecins ordinaires. A la paffion qu’il avoir pour
l ’étude, fuccèda celle des femmes, qui le con-
duifit au tombeau. On difoit de lui que fa Philofophie
n’avoit pas plus fervi à régler fes moeurs
c[ue fa Médecine n’avoit fervi à régler fa famé ;
il mourut âgé de 58 ans ; fa Chirurgie eft extraite
de Galien, de Rhasès & d ’Hali Abbas. 11 parle de
quelques nouvelles opérations comme l’amputation
du clitoris. Ses Ouvrages, qui n’offrent qu’une
compilation de tout ce qui avoir été dit avant lui,
ont été-fort en règne dans lès douzième & treizième
fîècles, & pendant long-tems il a été en Médecine,
ce qu’Ariflore étoit en Philofophie.
AVORTEMENT, Abortus. On appelle
ainfi la fortie de l’enfant, & de fes annexes
hors de la matrice, à une époque où il ne peut
vivre. Cette dernière circonftance eft effentielie
à-noter; car du commencement où l’enfant efl
viable, fon expulfion n’efl plus un Avortement ,
mais bien ce qu’on appelle Accouchement prématuré,
Quoique l’Avortement puiffe arriver in-
diftinblement dans tous les. teins de la groffeffe,
depuis les premiers jours de la conception jufqu’au
feptième mois, où l’enfant efl le plus" fouvent
viable *, cependant il a plus fréquemment lieu du
frojfiètne au quatrième mois, ainfi qu’il eflconflaté
par l’obfervation ; il efl même certaines feipmes
qui n’ont jamais pu porter plus loin y quelques1
précautions quelles aient pu prendre, ce "/qui
dépend d’une fenfibilité exceffivede la matrice,
qui, i une époque donnée , ne peut êtrediflendue,'
qu'elle ne revienne fur elle-même, comme dans
les accouchunens les plus naturels. On diflingue
les matières que les femmes rendent dans l’Avortement
, en eflîuxion & en germe Avorté. On ap-
pelle Effluxion l’efpèce de glu fans organifation,
& affez femblable à un mucilage épais qui fort du
premier au feptième ou huitième jour , fans aucune
douleur, ni même aucune perte de fang.
Si ce qui fort ù une époque plus avancée, &
dans les fix premières femaines de la conception,
a quelque reffembiance avec un géfier & qu’au
milieu de l’eau qui ordinairement y efl contenue,
on y découvre quelque apparence de l’enfant ,
L on lui donne alors le nom de Faux germe. Toutes
ces dénominations font fujettes à beaucoup de
difficultés, auxquelles on pourroir obvier en donnant
le nom d’Abortifs à tous les produits que les
femmes rendent après la conception, pourvu qu’on
y découvre les marques évidentes d’organifation.
Tout ce qui peut occafionner un fpafme dajis
les fibres du corps de la matrice , doit être
regardé comme caufe immédiate de l’Avortement.
Auffi les femmes extrêmement fenfibles, & en
qui les moindres affeélions occafïonnentlesfymptô-
mes hyftériques, font-elles plus fujettes à avorter
que-toutes autres. La pléthore de la matrice , &
tout ce qui la détermine, comme les fauts, la
danfe , le cahotement d’une voiture, ou une marche
forcée , les douleurs, la dérivation du fang
qui fouvent fe fait vers la matrice, pendant l’accès
d’une fièvre intermittente, ou le redoublement
d’une fynoque, lui donne auffi fouvent lieu.
Hippocrate avoir fait cette remarque•, Ùar il d it,
dans fes Aphorifmes, Quæcumque in uterogerentes
à febribm corripiuntur & vekementer attenuantur
abfquc manifeftâ occafione, d'jficulter 6’ periculosè
pariunt, aut abortientes periclitantur. L ’inertie des
fibres du col de la matrice, qui ne fauroient contrebalancer
celles du corps dans leur aélion, ainfi
qu’il arrive aux femmes fujettes aux fleurs blanches,
& à tous les écoulemens fereux de la matrice, efl
également une caufe fort ordinaire d’Avortemenr.
Hippocrate àuroit-il eu cette caufe en vue, lorf-
qu’il dit : Qu ce verb mediocriter kabentes corpus ,
abortiunt bimefires, trimeftres fine caufâ manifefiâ,
his uteri acetabula , muco plena fiunt , & non pof-
fiunt continere fcetum proe gravitâte ,fed abrumpuntur.
Quelquefois l’Avortement a lieu, fans qu’aucune
caufe apparente l’ait déterminé, & fans qu’aucun
fymptôfne bien caraétérifé ne l’annonce. Mais le
plus fouvent cependant il efl précédé de douleurs
qui fe font fentir vers les reins $ les parties naturelles
deviennent humides; il forr d’abord quelques
matières glaireufçs, enfuire du fang ^ des
j douleurs curfanrés furviennenr, le pouls s'élève,
la peau devient chaude , les mammelles éprouvent
de la douleur, l’orifice de la matrice s’ouvre,
quelques cailleaux s’en échappen.t, enfui te le produit
dé la conception, & bientôt les douleurs
cedant,
ceffant, la perte difeontinue, & il ne refie plus
qu’un petit fuintement pendant dix jours environ.
Mais comment diftinguer.que le fang qui s’échappe
alors, n’efl point celui des règles ? Le toucher efl
ici le feul moyen qui puiffe nous inflruire. Après
avoir fait placer la femme, comme nous le dirons
au mot T oucher , on porte le doigt dans'-le
vagin, jufqu’à l’orifice de la matrice, & l’on parcourt
celui-ci dans toute fon étendue. Si l’on
trouve qu'il foit mou , dilaté & peu fenfîble , on
peut affurer qu’il y aura âvortement *, car, pendant
l’iffue des règles, il ne fe dilate point ,ou du
moins très-peu. 11 eflaffez ordinaire que les femmes
qui ont avorté à une première groffefle, avortent
à une fécondé ,& même à toutes, & qu’ainfi
elles refient flériles pendant toute leur vie } ce font
des Angularités qui font propres au tempérament
de la femme , & qui n'ont aucun rapport au fétus.
Avant de rien entreprendre pour arrêter l’Avortement,
il fautconnoître la caufe qui le détermine.
Si l’on préfume que ce foit la pléthore, d’après la
préfence des lignes qui l’annoncent} on mettra
les femmes à la diète la plus rigoureufe, & on
ne leur donner^aucuns cordiaux, pas même le,
vin fucré , q u i, en toute autre circonftance , peut
produire de rrès-bons effets. La faignée au bras,
qu’on pourra réitérer félon la différence des cas,
devancera tous ces moyens $ & l’on donnera pour
boiffon, une eau de chiendent acidulée avec l’efprit
de foufre. Le repos fera févèrement preferit,
& le foir on donnera une portion calmante avec
lelaudanum. On éloignera d’elle tout ce qui excitant
la fenfibilité, pourroit ramener le fpafme *, on
évitera de lui parler des fuites de fon état. Comme
affez fouvent les matières fécales , arrêtées en
trop grande quantité dans le rectum, flimulent
la matrice, qui alors efl douée d’une fenfibilité fupé-
rieure à celle qui lui efl naturelle, il convient
de les évacuer moyennant des lavemens faits avec
l’eau de pruneau ou de fon, qui fuffifent pour
remplir cette indication. Les lavemens émolliens
unis aux minoratifs, ont fouvent réuffi dans le cas
de coliques inteftinales, qui précèdent quelquefois,
& annoncent l’Avortement.
Si l’on préfume que l’Avortement provienne
de relâchement & d’inertie de la matrice , on
fe tournera vers les cordiaux, qu’on unira aux
acidulés., l’élixir de v itriol, avec le quinquina
donné à forte dofe, & aidé du repos, <& autres
moyens accefloires , font ceux fur lefqutls on
peut le plus compter, ceux 'que j’emploierois
dans les Avortemens qui fuccèdent aux grandes
évacuations, à la dyffenterie , & à toute autre
efpèce de flux. Mais s’ ils éroient caufés par une
trop grande fenfibilité, qu’ ils fufient annonces
par quelques affeclions fpafmodiques , l’opium
feroit alors le remède héroïque vers lequel on
devroit entièrement fe tourner. Après quelques
faignées plus ménagées cependant que dans l’autre
cas, pour opérer une première détente, on
Chirurgie. Tome l . tr_ l , irt Partie,
donne depuis vingt-cinq gouttes jufqn’ à trente-
cinq de laudanum dans une potion d’eau de tilleul
, qu’on édulcore avec le fyrop de floechas,
on rapproche les dofes jufqu’ à ce que la fenfibilité
foir engourdie. Il faut ,dans le commencement,
que l’effet foie prompt*, car , pour vouloir
tâtonner, la perte fouvent continue, & entraîne
avec elle le produit de la conception.
Mais toutes les tentatives n’ont aucun fuccès,
les fymptômes perfiflent les mêmes, & tout annonce
que l’Avortement efl inévitable, alors fi les forces
font fuffifantes, fi la perte-eft modérée , on fait
tenir la femme dans fon lit, & l’on attend pa i m-
mentlafin du travail qui fe fait fouvent paifiblement
quand on ne tourmente point la nature , & qu’on
la laiffe tranquillement à elle-même. 11 efl prudent
de ne point ouvrir la poche des eaux en pareiL
cas, c’eft faute d’avoir fatisfait à ce précepte,
qu’on a vu le travail traîner-en longueur , & les
pertes qui l’accompagnent, entraîner les malades.
Mais fouvent l’on eft appellé après la rupture des
membranes, & alors il faut fe comporter fuivant
les circonflances actuelles, que nous réduirons à
trois. i.° La mafle qui doit être expulfée fort d’un
tiers, ou de la moitié de fort volume, autant
qu’on peut le juger. i.° Il ne paroît que comme
une petite faillie, en forme de crête. 3.0 Enfin
rien ne fort, quoique .les doüLeurs foient de plus
vives en plus vives. Dans le premier cas, quand
le travail aura duré long-tems, on profitera du
moment où la femme éprouvera une douleur, pour
porter la main dans le vagin , & faifir la mafle
avec les doigts en l’attirant au-dehors, pendant
que l’autre qui efl placée fur l’hypogaflre, on
fera de légères friélions pour exciter la matrice
à fe contraéler. Quand on a été affez heureux
pour entraîner toute la mafle , la matrice fe ref»
ferre, & tous les accidens peu-à-peu difparoif-
fent. Si lagrofîefîe étoit avancée, & que l’enfant
fe préfentât convenablement, on chercheroit à
l’extraire, ou à le retourner pour l’amener par
les pieds, & alors on fe comporreroit comme
nous l’avons diràl’article Accouchement. Dans
le fécond cas, comme ce qui s’avance efl peu de
chofe , il faut attendre, &enmême-tems exciter
la contraction de la matrice , en frottant fur
l’hypogaftre avec des linges fecs, pendant qu’avec
deux doigts introduits dans le vagin, on cherchera
à dilater l’orifice de la matrice, & le col
qui lui eft continu. On fe comporte enfin comme
dans le troilîème cas. Dans celui-ci après les faignées
préliminaires, félon que les circonflances
le demandent, on porte d’abord un doigt, enfuite
un fécond , on arrivé ainfi à l’orifice de la
'matrice qu’on dilate peu-à-peu, & enfin on faifit
avec le s deux doigts la mafle qui fe préfente, &
on l’extrait doucement avec les précautions que
nous avons déjà indiquées. Mais, comme il n’efl
pas toujours facile de parvenir ainfi à la matrice
, on a imaginé pour plus de lùccès > 11»