
grandes variations, à cet égard, dans I’efpace de
deux ou trois heures.
On peut former une troifième claffe de fymptô-
mes qui aft'eclenr certaines parties du corps par
fympathie \ ceux - ci font les plus variés & les plus
compliqués, parce que leurs caractères & leurs
apparences étant jufqu’à un certain point déterminées
par la nature des parties qu’ils affeélent,
ils imitent un grand nombre de maladies. Les
principaux & les plus fréquens de ces fymptômes
font la diarrhée & différentes fortes d'éruptions >
particulièrement celle qui porte le nom de croûte
de lait ; ceux-ci font en général regardés comme
étant plutôt favorables à l’enfant ,• & ils le font
en effet jufqu’à un certain point , car on voit
rarement les enfans qui en font atteints, être fujets
à d’autres affeélions graves pendant le tems de la
Dentition. D’autres au contraire font reflerrés ,
ils perdent l’appétit, ils ont de l’oppreftion &
quelquefois une forte de refpiration convulfive
qui reffemble à celle qu'on obferve dans la coqueluche^
ils font fujets à des convulfions partielles
qui fréquemment dégénèrent en convulsions
générales} leurs urines font quelquefois très-
abondantes & d’autres fois, en trop petite quantité}
on a vu un écoulement femblabje en apparence
à celui qui a lieu dansja gonorrhée virulente
avoir lieu par les parties naturelles. La Dentition
occafionne fouvem un gonflement des glandes
lymphatiques du cou, & fi l’enfant a une
forte difpofmon aux écrouelles, cette irritation
pourra déterminer le développement de cette maladie,
comme on le voit fur-tout à l'époque de la
pouffe des fécondés Dents.
Le travail des Dents peut être accompagné de
beaucoup d’autres fymptômes qui nous font inconnus,
à caufe de rimpoffibiijté où font en général
les malades, de rendre compte de leurs fenfations.
Plufieurs des fymptômes de la Dentition font dangereux
} tels font en particulier ceux qui attaquent
la confiitution , & ceux qui affeélent quelque
partie effemielle à la v ie , le cerveau, par exemple..
La fièvre, il eft vrai , dure rarement affez
long -tems pour tuer le malade -, mais les convulson
s, celles fur-tout qui affeélent tout le corps
deviennent fouvem funefies. Les convulfions locales
qui n’affeélent pas une partie effemielle, ne
tuent pas quoique violentes} îl en eft de même de
divers autres fymptômes dont la préfence dans certaines
parties, met le malade hors de danger, en
prévenant Taffeélion d'organes, plus importans.
C ’eft ainfi que la diarrhée & tes éruptions à la
"peau annoncent en général une Dentition peu
orageufe.
La difpofition aux affeélions fympathiq.ues, en
conséquence de quelque irritation locale, par oit
êfte univerfelle dans tout le fyflême chez les en-
fans en très-bas âge ; c’eft par cette raifon qu’une
caufe paruciüière û’imt&tkya occafionne facilement
chez eux des convulfions générales. A me-
fure que leur corps fe développe & que chacun
de leurs organes s’ifole davantage des autres par
l’exercice des fondions qui lui font propres, I»
difpofition aux fympathies particulières fe mani-
fefte davantage.' Mais cette difpofition même s’af-
foiblit peu-à-peu avec le tems, tellement qu’à
l’époque de la fécondé Dentition on voit rarement
que la fortie des Dents occafionne aucuns
fymptômes, ailleurs que dans les parties immédiatement
affeélées} & cela s’obferve d’une manière
encore plus marquée chez les Adultes. Mais
les fymptômes locaux chez ces derniers font fou-
vent beaucoup plus violens que chez les enfans}
on voit, par exemple, que la fortie d’une Dent
de fageffe efi accompagnée chez bien des gens
d’une douleur excefhve & d’une inflammation
confidérable, ce qui n’arrive point aux enfans y
l’inflammation locale n’eft jamais bien grande
chez eux, jamais on ne voit quelle s'étende fur
une partie quelconque du vifage.
On ne peut pas dire cependant que tes fymptômes
de la Dentition foient, tou jours limités chez
les Adultes, aux organes où s’en fait le travail ;
car l'on voit des cas de Dentition chçz des grandes
perfonnes où les fymptômes de fympathie
générale font extrêmement marqués} mais ces cas
font peu fréquens , & ils annoncent chez ces perfonnes
une difpofition particulière & confiitu-
tionnelle aux affeélions fympathique§ , ou ce
qu’on appelle ordinairement , une irritabilité
exceffive du fyftême nerveux.
Les douleurs qu’occafionne'la forffe des Dents
chez les Adultes, font fouvem périodiques, revenant
à des époques réglées,. ce qui les a fait
prendre pour des fymptômes fébriles. On les a
aufli fréquemment confondues avec des affeélions
rheumatifmales} & ccs fauffes notions, ont conduit
les Praticiens â applique*- ici les remèdes
appropriés à ces différentes maladies , mais inutilement
} la Dent commençant alors à fe fair«
apperCevoir, a montré la vraie caufe de ces fymptômes
, qu’on auroit probablement fait eeffer, fi
l’on eût fendu la gencive qui la recouvroit. Comme
ces Dents, & particulièrement celles dont la
fortie a été fort retardée ,kcroiffent beaucoup plus
lentement que les autres, on voit les fymptômes
qu'occafionne leur fortie fe renouvel 1er à plufieurs
reprifes. Il n’eft pasaifé de déterminer juf-
ques à quel' point les enfans font fujets à éprouver
différens .paroxyfnies des douleurs caufées
par la Dentition} mais la ceffation & lé retour
alternatif des fymptômes fympathiques, femblenc
montrer au moins qu'elles font fujettes à des exa°
cerbations & des rémiftîons alternatives..
Le traitement des maladies occafionnées par
la Dentition ne peut être ; par la nature même
de ces affections, que local & momentané, Icfrs
même qu'il eft dirigé vers la caufe du mgl, feule
méthode de le rendre efficace» Les caïmans &
les anodins pourront quelquefois difliper l'irritation
en diminuant la fenfibiiité des. parties}
mais fi l’on peut détruire la caufe du mal y cela
vaut mieux que d’employer des palliatifs dont
l'effet fera généralement beaucoup trop paffager.
Lorfque l’affeétion fympathique <ft partielle &
limitée à quelque organe qui n’eft pas efftndei
à la vie , il vaut mieux la laiffer lubfifter que
d’entreprendre de la guérir, de peur qu’elle ne
foit remplacée par de plus fâcheux fymptômes.
Ainfi , lorfque la Dentition occafionne la diarrhée
, le mieux -eft de laiffer continuer cette évacuation
y feulement on peut la modérer quand
elle devient trop violente , comme cela fe voit
quelquefois. Il y a des cas où l’eftomac & les
inteftins font tellement affeélés que les enfans
peuvent en périr d’épuifement, l'eftomac ne
recevant qu’une très-petite quantité de nourriture
qui fe précipite rapidement le long du canal
inteflinal. Mais, dans le cas contraire, c'eft-
à*dire lorfque les enfans font reflerrés, l’on ne
peut mieux faire que d’exciter jufqu’à un certain
point l’aélion des inteftins , & d’entretenir un
peu de diarrhée artificielle avec delamagnéfie,
des petites dofes de rhubarbe ou d’autres légers
laxatifs. C’eft fur le même principe que les vé-
ficatoires réuffiffent fouvent pour diffiper ou
prévenir des fymptômes dangereux , dans les
cas fur-tout où il s’eft manifeiîé quelque difpofition
aux éruptions cutanées. Lorfque la fièvre
efi forte , au point de faire craindre pour les
conféquences, on eft quelquefois obligé de tirer
du fang. Une ou deux fangfues', fuivant l’âge &
la force de l’enfant, peuvent remplir cette indication
} on peut les appliquer à la jambe ou
derrière les oreilles} lorfque la diarrhée eft trop
confidérable, on la combat avantageufement par
des petites dofes d’yeux d’écreviffes , & par une
goutte de laudanum liquide, donnée de tems à
autre, fuivant le befoin.
Toutes les fois que la Dentition occafione des
accidens dont les conféquences peuvent être alarmantes
, & que les mbyens ordinaires, tels que
les caïmans, les antifpafmodiques, les bains, & c .,
ne parviennent pas à les calmer , il faut avoir
inceffamment recours à un autre moyen plus fûr
& plus efficace-, favoir, l’incifion de la gencive
jufques fur la Dent. Cette opération met fin à
la tenfion produite par la preflion de la Dent,
qui tend à fortir, & par conféquent à l ’irritation
qui en réfultoir.
Il arrive fouvent, & fur-tout lorfqu’on a eti
recours de bonne heure à cette incifion , que les
gencives fe referment fur les Dents} en pareil
cas, on voit renaître les mêmes fymptômes qui
*e difiïpent de nouveau par le même moyen.
M. Hunter ( i) a ouvert jufqu’à dix fois les gen-
( i ) A Prattical treatife on the difeafes of the teeth ,
Pag- U i. '
cives fur les mêmes Dents, en mettant fin par-là
chaque fois aux accidents qui rendoient cette opération
néceffaire On a objeélé, à cette méthode,
qu’en ouvrant la gencive d’affez bonne heure
pour qu’elle puiffe fe réunir, la portion cicarri-
lée fera plus dure quelle ne l’eût été dans fon
état naturel, que les Dents auront plus de peine
à la percer, & qu’elles en occafionneront d'autant
plus de douleur. Mais ce raifonnement eft
contraire aux faits, car nous voyons que les parties
qui ont été le fîége de plaies ou d’ulcères
font toujours plus difpofées à céder à la com-
preffion qu'aux maladies qui peuvent les attaquer,
d’où il réfulte que chaque opération , quoique
fuivie d’une nouvelle cicatrice, tendra plutôt
à faciliter le paffage de la Dent qu’à le rendre
plus difficile. On a donc tort de négliger ce
moyen de foulagement, où d'attendre, comme
font trop fouvent les Chirurgiens .mêmes qui
en reconnoiffent les falutaires effets, jufqu'à ce
que la dent ait confidérablement élevé la gencive}
car, pour l’ordinaire, c’eft avant que les Dents
aient fait autant de progrès qu’elles oeçafionnent
le plus de fymptômes fâcheux, & lorfqu elles ont
percé prefque jufqu’à la furface des gencives ,
celles-ci font devenues à-peu-près infenfibles.
Lorfque les Dents commencent à caufer de la
douleur par leur accroiffemenr, elles font déjà
formées au point qu’on peut aifémenr les apper-
cevoir, au travers de la gencive. On apperçoit
d’abord les Dems de devant, non au bord des
gencives, mais à leur partie antérieure } les gencives
fonr alors plus larges qu'à l’ordinaire. A
cette époque, on eft obligé de faire les incifions
très - profondes, pour parvenir jufqu'à la dent ; il
faut, pour que l’opération ait le fuccès defiré,
la toucher avec l’inftrument, à quelque profondeur
qu’elle foit.
. Lorfque les Dents molaires s’élèvent dans la
gencive, elles en font paroître le bord,plus plat
& plus large. Il eft plus aifé de les atteindre
avec l’inftrument que les incifives ou les canines.
Il ne faut pas faire cette opération avec un
inftrument dont la pointe foit très-fine , comme
Celle d’une lancette , de peur que cette pointe ne
vienne à fe cafter contre l’émail de la Dent.. Un
inftrument de la forme du phlème ou de la la-
mette allemande , eft plus convenable & plus,
commode que tout autre pour cette incifion,.
Foyq; les planches. L ’opération n'eft ni délicate
ni difficile à exécuter. La tête de l’enfant étan*
fixée par un aide , le Chirurgien lui ouvrira, la.
bouche d’une main , tandis qu’avec les premiers
doigts de l’autre main il conduira le tranchant de
fon inftrument le long des gencives, & -fera une
incifion cruciale fur chacune des Dents qui pa-
roiftent s’élever. Il faut appuyer avec affez de
force fur les gencives, pour les incifer jufqu’à la
Dent , lorfque celle- ci eft très-profonde ; mais
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