
Le cautere a$uet feroit fans doute le plus expéditif
dans les cas d’engorgemens lents , muqueux
, & peu fufceptibles dinflammation, dans
ceux enfin qu’on dit être formés par congeftion ;
quoique les (tarifications au moyen du pharyngo-
tome puiffent produire quelque bien dans ces
intuméfaéHons, néanmoins les cautères leur font
préférables. Wifeman parle d’un opérateur, qui
de fon temps met toit ce procédé en pratique
avec la pins grande dextérité & le plus grand
fuccès; il appuyoit fon cautere fur la glande, & il
en réiréroit l'application jufqu’à ce quil eût
formé un vuide fuffifant. Ce moyen, en prenant
les précautions de Marc-Aurèle Séverin , c’eft-à-
dire, de porter le cautere dans une canule, pour
préferver les parties environnantes de fon action,
eft certainement le meilleur quon puiffe
employer en cette circonfiance; mais les malades,
comme les Chirurgiens, font devenus fi pufillani-
mes, qu’il y a lieu de penfer qu’on ne le re*
mettra plus en vogue. En portant fon effet juf-
que fur la bafe de la tumeur, il donne du ton
aux vaiffeaux, & remédie à la facilité fi grande
qu’ils ont d’être engorgés ; mais ce 'moyen ne
peut nullement être eonfidéré comme radical
envifagé fous ce point : néanmoins il ne convient
point dans les affeélions fehirreufes de ces organes
, & qu’on reconnoît à la dureté que le
doigt y fent, parce qu’alors il faut y revenir
pluiieurs fois , & que les irritations qui s’en
fuivent, déterminent toujours une inflammation
.qui s’étend au loin & qui peut avoir de mauvaifes
fuites. C’éroit fans doute pour les éviter, que
Wifeman s’étoit plus- particulièrement fixé aux
canftiaues. Cet Auteur fe fervoit de la pierre à
cautere qu’il dirigeoir fur la glande , de manière
à la détruire fans affeéler les autres parties *, mais
comme cette pierre pourroit s’échapper ou febri-
fer & tomber enfuire plus profondément, & ainfi
produire ailleurs des effets fâcheux, nous croyons
<ju’on peut fubftituer la pierre infernale, dont
l’effet tfl plus fûr , qu’on peut diriger comme
on veut fans en craindre aucuns inconvéniens.
Heifter préfère l’eau mercurielle, dont on imbibe
un petit tampon de coton qu’on a roulé
autour d’un petit bâton , pour le diriger plus
commodément y il en touchoit une ou deux fois
la tumeur , jufqu’à ce qu’elle fût fuffifamment
rongée. Dans ce procédé, on recommande bien
foigneufëment au malade de ne point manger ni.
avaler fa faiive que long-rems après; cette fini pie-
précaution vaut mieux que de faire avaler de l’eau
qui néeefiairement enève les partie' du cauflique
qui doit agir, & rend ainfi fon aétion plus lente.
Ôna le foin, dans tous ces cas, de faire pencher
la tête en avant, pour que la faiive ne
pouvant fe porter dans l’arrièré.-bouche, forte
plus aifément pardehors. Wifeman, qui. avoir
d’abord préféré les caufiiques folides , eft
revenu aux fluides, à l’huile de vitriol , & à
l’huile de tartre par défaillance y il en mèloit
& combinoit tellement l’ufage, qu'on voir qu’il
n’avoit aucun principe fur les propriétés des
fnbftances qu’il employoit, en touchant dabord
avec la pierre à cautère, revenant immédiatement
fur le meme endroit toucher avec l’huije
de vitriol, & celle de i’anre par défaillance. Si
l’on admire ici la confiance de l’opérateur, on
blâme, d’une autre part, fon ignorance fur l’aélion
des remèdes auxquels il recouroit.
La méthode des caufiiques employés fans doute
dans des cas où on ne devoir point y avoir recours,
& l’hémorrhagie qui foüvent furvenoir à lex-
cifion, ramenèrent, fans doute , les-Praticiens à la
méthode de la ligature. Ce fut Guillemau qui le premier
en fit mention ; Sharp la regarde comme le
meilleur moyen, dans fon Traité d’Opération. Elle
peut fe faire de différente manière ; celle que
M. Mofcati a employée nous paroît la plus Simple.
Elle confifte à palier derrière la faillie de
la glande un fil ciré & tourné en cordonnet ,
enfuite à nouer les deux extrémités de ce fil en
dehors ; on paffe les deux extrémités du fil dans
les yeux d’une pince à polype , & on pouffe
le noeud par fon moyen jufque fur la tumeur,
& on le ferre enfuite comme il convient, Ion
fait après un fécond noeud pour affujettir le
premier. Chefelden propofoit une aiguille enfilée
de deux fils de couleur différente qu’il paf-
foit dans le corps de la glande*, il réunifient enfuire
les deux fils de même couleurs, faifoit un
noeud qu’ilpouffoiifur la tumeur, & ainfi de chaque
côré. M. Bell >■ grand partifan de la ligature,
cite un procédé qui eft le même que celui
qu’on emploie dans la- ligature du polype. Il fe
fert d’un porte-ligature pareille à celui de M. Le-
vrer compofé de deux tuyaux, colés l’un à l’autre
, mais recourbés par le bout. « „Ayant formé
une double ligature avec un fil d’argent très-
duétile, on la pouffera, dir-il, dans l’une des narines
du côté où eft la tumeur, jufqu’à ce qu’elle
foit arrivée au fond de la gorge. Alors l’opérateur
introduira les doigts dans la bouche , ouvrira
l’anfe du fil , & l’ayant paffée au-deffus
de la tumeur, il en abaiffera l’extrémité jufqu’à
fa bafe, il doit conrinuer à le garder dans certe
fituation avec les doigts, pendant qu’un aide,
ayant fait paffer les deux bouts de fil du dehors
dans la canule, pouffera celle-ci dans les narines,
jufqu’à ce que fon extrémité, ne puiffe être
vue, ni (émit dans la gorge. L’anfe du fil (era
alors preffée fort près, de manière à le fixer
dans la fubftance de la tumeur; les extrémités
qui pendenr au-dehors, à l'extrémité oppofée de
la canule, feront liées aux ailés- qui feront fur
les côtés de l’inftrunaent. On refferrera la ligature
de tems-en-tems, & de cette manière la tu*'
meur ne fera pas long-tems fans tomber. »5
Nous confeillons, continue plus baf notre Auteur,
de porter la ligature par le jiçz>non p.a*
<m’bn ne puiffe la faire par la bouche.; mtîis
parce que la canule devant refter jufquà ce que
fa portion liée tombe d’elle-même , (Vpréfence
cêneroit beaucoup, au lieu qu’en opérant félon
fa première méthode, on évite cet inconvénient.
Cependant, pour peu qu’on trouve de la difficulté
à opérer par le nez, il faut porter la ligature
par la bouche, c< Afyfitm o f furgery, difea-
„fe s of the Tiofc and fauces , Chap. 3 ~j • ^
La ligature eft fouvent accompagnée d’acci-
deos affez graves, pour qu’on doive la rejçtrer entièrement.
L’inflammation du voile du palais en
eft ordinairement la fuite ainfi que la fièvre.
M- Mofcari cite un exemple où toutes ces fâ-
cheufes fuites furvinrent. Ce qui le détermina à
couper la tumeur au - deffus de la ligature, &
il eut la fatisfaélion de voir tous les acçidens
difparoitre après cette opération. Mais un inconvénient
encore plus fréquent, eft, la difficulté de
faire un noeud - qui comprime affez fortement là
tumeur pour la faire tomber. Il arrive fouvent
que les fils ne font que féparer la ttunsur imparfaitement
en plufieurs lambeaux qu’il faut
extirper chacun fun après l’autre, cequi eft fort
embarraffant, Les Praticiens infiruirs ont donc
entièrement reje.tté cette méthode, quoique Heifter
en ait dit, pour qu’on la réfervât dans le
cas de tumeur à pédicule.
La refeifion eft le dernier moyen dont nous
ayons à parler , & celui aufli qui foit le plus
efficace. Ôn eft revenu après bien long-tems aux
procédés de Celfe ; on accroche l’Amygdale avec
une érigne firnple, comme celle dont on Te fert
dans les différions ; mais, avant tout, il faut voir
profondément pour bien opérer. Un firnple
bouchon mis entre les dents peut fervir defpécnhnn
en tenant les mâchoires ouvertes. On peut également
en faire un avec le petit doigt indicateur
gauche, garni de beaucoup de linge. M. Louis
recommande un doigfier de fer blanc | ce qui vaut
encore mieux. Cependant un fpéculum , quia des
avantages réels fur celui-ci, eft celui de M. Caqué
qui fe trouve gravé dans nos Planches. On place lè
malade à un beau jour , fur un fauteuil, comme
dans toutes les autres méthodes, l’on appuie fa
tête fur la poitrine d’un aide , qui la retient avec
les deux mains appliquées fur le front; & on
abaiffe la langue avec une fpatule, ou avec le
manche d’une cuiller. On porte dans la tumeur
la pointe d'une érigne, & avec l’extrémité d’un
biftouri fort alongé, & affermi fur fon manche par
une bandelette, on incife de haut en bas, à mefure
qu’on tire à foi l’érigne pour enlever là tumeur.
Quelquefois le fang qui fort en tombant dans la
gorge, excite la toux, il faut alors opérer plus
promptement fans lâcher l’érigne , crainte que la
fumeur abandonnée à elle-même, & fe portant
dans l'intérieur de la gorge , par le mouvement
fpontané de la déglutition , nefuffoque le malade.
Si la chofe ar ri voit, il fau droit recourir au procédé
que M. Mofcati fuivit en pareil cas ; il porta
je.doigt recourbé dans la gorge, faifit la portion
coupée, & l’arracha violemment , & tous les
accidens dès-lors difparurent. Wifemanavoit voulu
parer à cet accident qui lui éroit aufli. arrivé, en
confeiliant d’emporter d’un feul coup la portion
faifie. Mais ne leviteroit-on pas mieux, enfaifanï
tenir la tête droite ou un peu panchée en avant,,
pour empêcher que lè fang ne découle vers le
larynx , & en avertiffant le malade de ne faire
aucun mouvement quelconque de déglutition ? Si ce
fimple-moyen prévient ce fâcheux accident, on
fera difpenfé de faire l’opération à quatre temps
dont parle M. Mofcati, qui alonge le traitement
de la maladie, & eft toujours défagréable pour le
malade qui a à fouffrir plnfieurs. opérations au
lieu d’une. Quand on a opéré d’un côté, on paffe
à l’autre , fuppofé qu’il y ait deux tumeurs à
emporter. Mais avant il convint de faire garga-
rifer la bouche avec de l’eau & du vinaigre afin
de dégorger , & laver le fang qui pourroit noire à
la facilité de la fécondé opération. Si le fang fortoit
en trop grande quantité", on chercheroit à T’arrêter
avec une pierre de vitriol taillée convenablement
& placée dans un porte-pierre. Comme il eft fon-
vem difficile défairè en une feule fois la réfection
avec le fcalpel, nous croyons devoir préférer des
cifeaux courbés fur leur plat ; on les conduitmieux'
fur la langue, fans crainte de bleffer celle-ci, &
on peut mieux opérer quand on n’eft point habitués
à ces fortes de procédés ; d’ailleurs avec leur
courbure , on peut ramener au-devaut de la-
bouche, la portion coupée, fans recourir ù une
nouvelle .introduéTion d’inftrumens. M. Caqué a
imaginé un biftouri qu’il a adapté à cette feule opération
; mais on peut tout auffi bienréuffir avec un
biftouri ordinaire, qu’avec celui-ci ; il faut feulement
avoir loin qu’il foit très-long, & d’en recouvrir
le manche & la lame jufqu’à environ un pouce
& demi de la pointe, &de le dirigera plat fur la
langue, pour le relever enfuite qnand celle-ci eft
gonflée, ou quelle fe meut très-fouvent, pour ne
point la bleffer.
Il n’eft pas toujours néceffaire de faire une
réfection compiette de la partiefailiante, fouvent
une firnple incifion fuffit ; ceft ce qui arrive dans
les cas où le gonflement eft dû à des concrétion»
pierreufés, qui fe forment dans le parenchyme de
la glande. Les Obfervateurs fourniflent beaucoup
d’exemples de ces concrétions, qui en ont impole
pour des fehirrofités qui ont lieu très-rarement.
Souvent on les voit même qui fartent de leurs
orifices, commaun gland fort de fa capule; dans
ce cas, il fuffit de porter une pointe de cifeaux
pour en fendre l’enveloppe, & alors la pierre
déchatonée eft bientôt rejettée avec les crachats.
Souvent même on peut les faifir avec les extrémités
d’une pince, & les extraire très-aifément.
I Quand en emportant la tumeur, on fe trouve
1 ainfi arrêtés par de concrétions' qui en occupes#