
deffus. L’infenfibilité augmente de plus en plus,
ils tremblent quand ils veulent marcher, & ne
peuvent fe tenir long- tems debout ; enfin leurs
jambes perdent totalement la faculté de fe mouvoir
, & alors le mal eft fuffifamment avancé,
pour paroître fenfiblement à la vue ; mais, en
pareil cas > les' affrétions des vifcères de la poitrine
& du bas-ventre qui le compliquent, le
rendent absolument incurable. Quelquefois il
n’y a d’abord qu’une vertèbre de dérangée ;
mais plus fouvent encore il y en a deux, ou
plus. On obferve que les accidens font communément
plus graves, & fe Succèdent plus
promptement, dans le premier cas «pie dans
l’autre, ce qui vient probablement dé l’angle
plus aigu que forme le déplacement de la vertèbre,
& qui comporte avec lui une prelfion
plus grande de la moelle épiniaire. EfL-ce à
une pareille caufe qu’il faut rapporter les fymp-
iômes de paralyfies, plus apparens au commencement
de la déviation, & infeniiblement
plus modérés, à une époque plus avancée?En
effet, quoiqu’il n’y ait qu’une feule vertèbre
qui fe déplace d’abord, l’une ou l’autre des
vertèbres voifines cède toujours par la fuite ,
conféqucmment donne lieu à un angle plus
ouvert, & par-là moins propre à favorifer la
compreffion. Les effets, qui fuivent de cette différence
, font tels que les malades traînent &
meurent ordinairement dans l’année, même en
moins de tems, quand il n’y a qu’une vertèbre de
dérangée, au lieu qu’ils vivent fouvent long-tems,
& quelquefois même auffi long-tems que les autres
fujets, dans lés cas où plufieurs font déplacées.
La Gibbofité qui a eu lieu dans l’enfance,
eft la feule à laquelle on puiffe porter remède avec ,
efpérance de fuccès. Comme fouvent elle dépend
d’une mauvaife pofture chez les enfans
foibles, il convient en pareils cas, de porter une
attention particulière aux premières apparences
de la maladie. Si on l’a trop abandonné à une
mauvaife pofirion, il faut lui en faire obferver
une contraire. On le fera coucher la nuit fur
un matelas de crin, & durement, au lieu de
lits mollets, qui ne feroient qu’augmenter le
mal. En faifant attention à tous ces points, en
infiftanr fur le régime corroborant, les bains
froids , le kinkina & autres toniques, on a
quelquefois empêché la maladie de faire des
progrès, que probablement elle eût fait fans eux.
Mais quand le déplacement eft bien confirmé,
il eft infiniment rare de réufiir completîemeot.
M. Pott, à q.i l’on doit beaucoup , pour les
©bfervations importantes, qu’il a laiffées fur cette
ma!adie, parle avec beaucoup de confiance de
l’effet des cautères, placés le plus près qu’il eft
pofîible de la Gibbofité. Il recommande que
l’ouverture en foit fuffifamment grande pour recevoir
une fève d’haricot, & que de tems à >
autre, en fgupoudxe k fonds de i’ulcèro gv|C ]
de la poudre de cantharides. M. Bell dit avuiV
mis ceconfeil à exécution, & qu’il s’en eft fnivi
quelquefois d'heureux fuccès*, mais, dans ce
cas, obferve-t’-il, fans doute le liège delà maladie
n’étoit que dans les ligamens, & non
point dans la fubftance même des vertèbres ;
& <i, dans quelques cas, continue-t-il, les ma-
lades ont éprouvé du fouiagement, lorfque les
os même étoient affrétés, l’on ne doit point en
chercher d’autres caufes, linon l’augmentation
de l’angle formé par le déplacement fucceflif
de piufiturs vertèbres, qui amène toujours avec
elle une moindre compreffion de la moelle
épiniaire, ainli que nous l’avons dit plus haur,
Les Auteurs qui ont écrit vers le milieu
de ce fiècle, même axant, ont peut-être donné
une attention trop fcrupuleufe au mal local,
fans fe foncier de chercher à éloigner les caufes
qui pouvoient l’entraîner. Ils ont penfé à
comprimer de toutes les minières la proéminence
y & n’ont point vu que provenant d’un
excès de pefanteur des parties, fupérieures, il
falloit diriger les efforts entièrement fur celle-
ci , & non fur la faillie qui n’étoit qu’occa-
fïonnelle. On peut voir dans Rivière, une ob»
fervation de Ranchin, qui prouve jufqu’à quel
point on peut emer dans le choix des moyens
relatifs à un cas de ce genre où l’on s’éroit
ainfi mépris fur la caufe. Les procédés propres
aux luxations des vertèbres lui ayant manqué,
ce Praticien eut recours à une preffe à linge,
dont une jumelle portoit fur la Gibbofité, &
l’autre fur le devant de la poitrine*, là preffioo
faite alors, au moyen d’une vis, ne pouvant
pas mieux réuflir, on eut recours à un cric,
dont on garnit le fommet qui devoir appuyer
fur les vertèbres, tandis qu’on maintenoir la
poitrine appuyée fur une muraille. On fe doute
que ce moyen n’eut pas plus de fuccès que les
premiers. En confidérant attentivement les effets
d’une pareille 'preffion, l’on voit que l’efficacité
qu on a droit d’en attendre, ne peut
s’étendre qu'aux cas ou l’épine iefl courbée de
devant en arrière; mais l’on apperçoit en■ même
tems combien doit être gênaùte, doulou-
reufe, & fouvent même fâcheufe fon application.
Les apophyfes épineufes font fi {aillantes,
dans la Gibbofité dont il s’agit, que pour peu qu’on
les comprime, même en garniffanrbien les pari's,
l’on occafionne des douleurs infupporrable$.
Giiffon, Médecin du Collège de Londres ?
eft le premier qui ait découvert des moyens
vraiment indiqués par la1 Nature, dans fon
Traité D e Rachitide, feu morbo p u e r ilii imprimé
à Londres, en 1660. Il parle de l’extenlion
de l’épine, au moyen de i’efcarpolette. Ce
moyen confifte à fùfpendre le malade avec des
laqs , de maniéré que fon corps foit fouremi
p^r la tête & les bras*, quelquefois il faifoit
ajouter un poids aux pieds, pour augmenta
fextcnfiôh. Ôn balance l'enfant de tems en
tems, & pendant ce tems, on cherche à l’a-
niufer, pour le diftraire des douleurs que ce
genre de moyen pourroit lui occafionner *, mais
iel fimpU que foit ce moyen, tel immédiatement
qu’il paroiffe agir fur toute l’étendue des
vertèbres; comme fon application ne peut être
continuée long-tems, les, parties fatiguées par
cette alternative de tenfion & de relâchement
qui fe fuccèdenr, s’affaiffent encore davantage ,
& la Gibbofité augmente, au lieu de diminuer.
Trente-trois ans environ après la publication
du Traité de Giiffon, parut la Chirurgie
de Nuckv dans laquelle on trouve la defeription
d’une machine recommandée par cet
Auteur, pour redreffer le col tors par la ré—
îraétion des mufcle?. C’eft une efpèce de collier
attaché des deux côtés, à un demi-cercle
de fer, au milieu duquel eft un anneau, où
l’on attache une corde. Le collier appliqné, &
le demi-cercle élevé par-deffus la tête, on paffe
une corde dans une poulie fixée au plancher,
& l’on tire jufqu’à ce que le malade foit fuf-
pendu. On réitère cette manoeuvre îrôis ou
quatre fois le jour, & toutes les fois on laiffe
le malade fufpendu pendant un quart d'heure*
Quibus tamdiu, ajoute notre Auteur, continuan-
dum y donne ejus caput priftino iter'um ftatui fu t -
rit reftitutum. On peut dire de ces moyens de
Nuck, ce que nous avons déjà dit de ceux de
Giiffon, que l’extenfion n’étant ni graduée, ni
confiante, ni même fufceptible de l’être, elle
ne peut être que très’périlleufe. En effet, l’effort
fe paffant toujours fur le col, & ne pouvant
fe perdre dans les bras*, comme dans le
procédé de Giiffon, il y a tout à craindre que
la pefanteur du corps n’agiffant que fur les premières
vertèbres cervicales, & les ligamens qui
les unifient enfemble, ne donne lieu à une
luxation confécutive de la fécondé vertèbre d’avec
la première , & par-là n’occafionne une mort fubire.
M. Roux, dans ime Thèfe foutenue aux Écoles
de Médecine de Paris, fur le Rachitis ,
donne également la defeription d’une machine
de fon invention, au moyen de laquelle il fe
fiattoit d’étendre à fon gré la colonne épiniaire,
& la maintenir dans cet état, autant qu’il
le faudroit, pour la redreffer. Cette machine
( voye1 les Planches relatives à cet article,); eft
conypofée de trois pièces ; favoir, d’une ceinture
AA, d’une colpnne B, & d’une fourche
1. La ceinture eft formée par une lame de fer,
dont les deux extrémités s’avancent jufqu’à l’é-
pine fupérieure de chacun des os des îles, &
font courbés, de manière à embraffer la crête
de et s os & appuyer deffus; des courroies
complettent cette ceinture fur le devant. En
arrière, à l’endroit qui répond au facrum, eft
une autre lame bb un peu plus large, à laquelle
fa colonne Bell unie., moyennam une vis. A
chaque côté de la.colonne eft un reffort ce>
dont l’aétion tend à rappeler la colonne à une
direétion perpendiculaire.
La colonne B, ou la fécondé pièce égale en longueur
la colonne épiniaire ;on y diftingue trois portions
, une lombaire C, une dorfale D , & une troisième
, qui efi la cervicale E. La portion lombaire ,
forme un canal large de deux doigts, & fait de deux
lames de fer; de canal cache une autre lamed’aeieF,
& eft fendue dans toute fa longueur. Le bord de
cette fente eft dentée, l’autre bord fait comme
une crémaillère, dont les crans font diftans l'un
de l’autre, de deux lignes. Une petite roue dentée,
g1, ou pignon répond, au bord denté , & un cliquet
A, à reffort, s’ajufie aux crans de la crémaillère,
en forte qu’au moyen de ce cliquet, la lama
peut s’élever & te foutenir à differentes hauteurs. La
portion dorfale D,èftune petite verge de fer un
peu courbée , pour fe mouler à la courbure naturelle
de l’épine. Sa portion fupérieure, i s’élargit
un peu, & fait le commencement de la portion
cervicale E.
Celle-ci eft formée par quatre lames d’acier,
///-, placées l’une au-deffus de l’autre, unies entra
elles par leurs axes m m m, Chacune a deux petits
refforts, n n qui compriment leur bord
inférieur. Ces refforts fervent à maintenir
chaque lame dans la fituation perpendiculaire,
& à l’y rappeller, au cas quelle rendit à pencher
de l’un ou l’autre côté. La dernière o , porte un
gond, fur lequel fe meut la fourche F , qui fait
la troifième pièce de la machine. Cette fourche
eft compofée de manière qu’elle peut .embraffer
la partie inférieure & pofiérieure de l’occipital,
vers les racines des apophyfes maftoïdes, & par là
foutenir, ou plutôt fùfpendre la tête. Il fuit de
cette defeription, que cette machine élevera la
tête, toutes fois qu’on fera monter la famé dentée,
par le moyen du pignon, & que la lame demeurera
dans cette pofition, tant que le cliquet refi«
tera engrénée dans les crans de la crémaillère.
Elle produira cet effet fans caufer aucune violence,
car elieétenci l’épine par degrés prefqu’in-
fenfibles , & au moyen des différens refforts,
elle permet à la tê.'e l’exercice de fes mouvemens*.
Cependant , obferve M. Le Vacher , dans fon
Traité du Rachitis, cetre machine a un inconvénient
effentiel, qui s’enfuit néeeffairement dô
fon application à la tète; c’eff de la pouffer en de-
vanr. En effet , continue cet Aureur, l’axe de
l’articulation de la tète, avec la première ver-,
tèbre cervicale , répondant au bord antérieul
des apophyfes maftoïdes, & la machine ne pou«
vant la faihr que par-derrière, ou tout au plusver$
le milieu de apophyfes, fon action fe pane nécef-
làirement à l’extrémité d’un levier qui, quoique
fort court, fuffit cependant pour la faire baifi er de
façon qu’il eft mpoliible d’étendre l’épine par Cf
moyen, fans procurer la flexion de la tète.
P e t o u t c e q u e n o u s a v o n s d i t ; i l c o n f t f q u i }