
On rencontre quelquefois chez les femmes
une efpèce d’incontinence d'urine d’une nature
abfoliunem différente de celles dont nous avons
parlé*, elle dépend d’une communication ouverte
entre l’urètre ou la velfie & le vagin, en con- ;
féquence d'une inflammation formée, dans ces
parties, qui a produit leur adh'éfîon & leur ulcération.
Un accouchement laborieux, fur-tout
lorlqu’on a été dans le cas d’employer ie forceps,
& que les parties ont été meurtries & contufes,
eft la. caufe la plus ordinaire de ces fortes d’ac-
cidens. On lit, dans le dixième volume des Recherches
& Obfervaticns de Médecine., l’hiftoire
d’un câs*de ce genre , qui fe manifefta douze
jours après l’accouchement, à la fuite de diffé-
rens Symptômes, de dyfurie. La malade fe trouve
» con fi animent mouillée, par l’urine,'qui fe
perdoit par le vagin, laquelle iiritoit la peau, & .
oçcafionnoit divers autres défagrémens. Le Chirurgien
qui la traitoit, fit des injeélions par
l’urètre, & vit.la liqueur refforrir à l’inftant par
le vagin j il fit enfuite paffer un flilct par d’ouverture
qu’il reconnut être dans l’urètre, très-
près du col de la veflie. Il introduifit alors dans
la veflie une fonde flexible, & enjoignit à la
malade de la garder le plus long-rems qu’elle
pourroit, en lui enfeignant à la replacer elle-
même,- lorfqu’elle auroit jugé à propos de l’ô:er.
Elle la garda trois femain^s, en la retirant cependant
quelquefois pour fe foulager, & pour ob-
ferver s’il couloif de l’urine par le vagin. Elle
commença au bout de quelques jours à s’apper-
cevoir que la quantité qui forroir par cette voie
diminuoit j peu à-peu l’ouverture fe ferma tout-
à-fait, & enfin elle fe trouva parfaitement.
Cette manière de traiter la maladie dont nous
parlons, efl la feule à laquelle on puiffe avoir
quelque confiance ,• mais il faut y recourir de très-
bonne heure, afin que l’urine, s’écpulant par la
fonde , & la veflie par-là demeurant toujours
dans un état de contraction, les bords de l ’ouverture
foient dans la pofition la plus favorable
à leur réunion, & qu’ils n’aient pas eu le tems
de contracter aucune caïlofité. ,
Il faut obferver néanmoins que tous les cas
ne font pas également favorables à^ la guérifon,
& qu’il y a une beaucoup plus grande chance
de l’obtenir i lorfque le liège du mal efl dans
l ’urèrre, ou tout auprès de fon extrémité, que
lorfq.u’il efl dans le corps de la veflie. Dans ce
dernier cas, il efl: à craindre qüfe- la veflie ne
puiffe pas fupporter l’irritation de U fonde, lorf-
qu’on aura pouffé cet inftrument auflr loin qu’il
efl néçeflaïre pour remplir le but qu’on fe pro-
pofe-j car alors fon extrémité touchant néceffai-
rement les parois de cet organe , que la préfence
de l’urine ne peut plus diftendre, il en réfuhera
une irritation confidérable, & la malade fera des
efforts perpétuels pour expuifer le corps irritant,
qui rendront fa' guérifon impoffible.
Telles font les caufes auxquelles on a rapporté
les différens cas d’incontinence d’urine proprement
dite j car c’efl à tort qu’on a rangé le diabète
fous cette dénomination. Le diabète efl une maladie
des organes fécrétoires des urines, & non
des organes excrétoires, & par conféquent elle
efl du reflort de la Médecine à non de la Chirurgie
.I
NCRASSANS. Nom par lequel on défigne les
remèdes qui augmentent la vifeofité des humeurs.
Ces remèdes font la plupart tirés de ta datte des
mucilagineux j telsfont les mucilages de gomme arabique
& de femence de coings, l’amidon,&c. L ’on
emploie auttî le bul d’Arménie dans la même vue y
ils font indiqués dans les cas où une férofitë, ou
fanie âcre irrite les parties fur lefquelles elle s’étend
& paroiffent agir plutôt fur les organes qui fournif-
fent cette matière acrimonieufe, que par une influence
direcle fur cette dernière.,
INDICATION , Indicatio. Rapport entre une
maladie & le^ moyens qu’elle demande pour fa
guérifon. Ce rapport efl fondé fur la notion de
la maladie & la nature des fecours qu’on croit
devoir lui oppofer. Cette manière d’envifager l’Indication
efl confonde à la définition que Galien
en donne. Indjcatiu, d it - il, efi comprehenjio ju -
vantis una_ cum comprehenfione nocentis, quee jîmul
cum re indicante advenit, fine ullâ experientiâ
aut ratiocinio : ou d’une manière plus courte :
ï/j.<px.(riç THS ÜfcOXtmW;. L’Indication, d’après cette dé-,
finition èft donc toujours la même, foit que le
Chirurgien la faififfe ou non. Elle eft hors de fes
facultés mentales, fans quoi elle feroit fufeepti-
ble de variation, ce qui n’eft point de fa nature.
On voit, d’après ces notions, que-, pourfaifir
l’ Indication, il faut avoir le génie de l’Ar t,ce
qui nVfl pas donné à tous ceux qui en font pro-
feflîon. L’expérience & le raifonnement doivent,
en pareil cas, fe porter- un mutuel fecours -, car,
comme l’obferve Bacon, homo Natures minifier
& inter grès, tantum fàcit & intelligit, quantum
de Natures ordene, re, ytl mente objervaverit,
nec amplius feit aut pote fi A d opéra, nil aliud
potefl quam ut corpora naturalia admoveat & amo-
veat; reliqua intus Natura tranfigit, Nov. Org.
L ’ Indication fe divife en confervative & en
curatoire. L’Indication confervative n’a rapport
qu’aux forces qu’il faut chercher à maintenir dans
leur plus grande intégrité -, car ce n eft qu’autant
quelles font dans cet état, qu’elles peuvent
contribuer à la guérifon. L’ Indication curatoire
eft proprement celle qui défigne au Chirurgien
les vrais remèdes propres à la guérifon , elle ne
fe manifefte qu’à lui, au lieu que la confervative
s’offre indifféremment à tous. L ’ Indication curatoire
fe divife en générale & en fpécifique. La
générale ne préfente que les points généraux fur
lefquels on doit infifter le plus dans un traitement
j telle eft la correction des humeurs dans te
traitement des fifttiles compliquées de la préfence
do virus vérolique. La fpécifique, ou particulière
offre les détails qu'il faut obferver .localement
dans un cas particulier, tel que les in-
jcifions, l’emploi des Injeélions, le féron , la ligature,
dans les maladies que nous venons de
prendre pour exemple. Cerf dans la perception
de cette ferle d’objets, que confifte le fuccès de
celui qui agit par principe. Lorfqu’il la fuir,
en paffaht des Indications générales aux particulières.,
on dit qu’il eft méthodique, qualité
fi rare parmi ceux -qui traitent, & fi peu appréciée
par ceux qui font traités.'Galien , dans fon
Livre de la Méthode , donne, fur certe matière,
un avis qui mérite de trouver ici fa place. Quifquis,
dit-il, condere methodum pârat, hulcce à primés
Jndicationibiis efi aufpicandum , atqü'e hinc ad eas
qux de incep s funt tranfeundum , rurjiifqùe ab his ad.
proximas -, ità pergenti non prias confifiendum. , quam
ipfius compos fit finis-, finis atitem efi. iavenire
cuique morbo remedia.
On appelle Indicant, toutes les circônftances
que l’on découvre chez un malade, &
qui mettent l’indication dans tout fon jour-, &
Indiqué , irpos-^ofAivoe, Auxilium, les moyens réputés
néceffaires pour parvenir à remplir l’ Indication.
La caufe prochaine ou conjointe de la
maladie eft l’ Indicanr, auquel faut toujours faire
attention , lorfqu’il s’agit de fe décider fur le choix
des moyens de guérifon, fans quoi il ne faut
compter en rien fur leur efli.acité \ car comme
l ’on travailleroit envain à faire périr un arbre,
en lui ôtant fucceftivemenr fes épines & fes feuilles,7
dé même l’on cherchëroit infruèlueiifement à détruire
une maladie quelconque, fi l’on fe conten-
. toit cle remédier aux fympiômes, à mefure qu’ils
paroiffent, fans avoir aucun égard à leur caufe première.
Qu’un homme ait une carie, par exemple,
à un os qu’on puiffe attaquer par la rugine, la.
gouge ou ! e feu .• & que tout indique que la ma-
ladie eft fomentée par un levain vétolique, l’on
v o it, dans ce cas, que la caufe qu’il faut attaquer
eft moins le défordre local, que le vice général
des humeurs qui le fomente fl l’on fe comporte
d’une foute autre manière 1 repoufle une tête
à l’hydre » à mefure qu’on lui en abat une, &
le mal s’invétère fouvent de manière à refufer
tout remède.
L ’Indication générale eft fouvent accompagnée
de circonflances qui la favorifent & la confirment
de plus en plus dans l’efprit du Chirurgien, on
la défigne alors fous le nom de co-indication,
fouvent auffi ces circonflances font contraires à
l’Indication, & loin de lui être favorables, elles
la détruifent j elle prend alors le nom de contre-
indication, àraifon de ce peu de rapport-, mais
quelquefois encore non feulement tout1 eft défavorables
à l’Indication, mais les circonflances concomitantes
lui répugnent entièrement, on dit
alors qu’il y a eorrépugnance. Ces dénominations
prifes de Galien peuvent être confirmées par un
exemple où tous ces cas fe rencontrent. Un homme
a la pierre, l'Indication confervatoire ftia^ère
de la lui Ôter; la curatoire défigne les.joiiditamens
lith'omiptriquès ou ('opération pour y parvenir.
Cet homme efi jeune', vigourcux/& bien p o n n f
ces circonllances font autant dé f,ùts kiifpo'uvetit
en faveur de la rëfolution qu’on a 'prite & oui
condiment l’indiquant. La laiton èff favorable à
l'opération,- fi c'eft le moyen qu'on préfère , nouvelle
cil confiance- qui fait ce qu’on appelle la
co-Indication. Mais le malade efl figé, infirme
fujet à1 la goutte , voilà des accidens auxquels
le Chirurgien ne devoit point s’attendre, & qui
n’étant point entré dans fon plan, condiment
la contre-indication. Non-feulement les .chofes
font atnli, mais de plus il y a une fièvre lente
qui mine peu-à-peu le malade, cette dernière
circonfiance efi ce qü'on appelle co-répugnances;
eue détourne 'entièrement du parti que l’Indication
juggèie Si qui toùrneroit au détriment des
malades, fi on le ms-tioit à exécution,
Un grand principe reçu , dans l’Art de guérir,
efl que les contraires fe guéri fient par leurs con-
traires Contraria contrariis curanUir. Ce principe
ne peut être vrai qùauram qu’on prend l'Indication
de la caufe prochaine, mais comme fouvent
Celle-ci eft hypothétique, les vérités qui lui fervent
de baie pourrojent ne pas être bien utiles,,
on *e tnettoit indjftinélement en pratique. Il
n en efl pas de même du fnivant a juvantibm fumitur
Indicatio; ce principe fait la bafe de la Médecine
empyrique, mais rapporté aux notions de notre
é.oDomie, fa valeur n’en devient qne. réelle.
Pour remplir-tout ce que ce principe peut offrir
Q yffentiel, il faut être éclairé par une expérience
rationnée, car fa,ns elle on tombe dans un empy-
ri:ine affreux où il n’eft plus poflibie de rien
découvrir. (M. P Et i t -Radel.)
INDURATION Induratio. Ce dernier terme -
quoique point reçu chez les Auteurs de bonne
latinité , eft néanmoins communément admis pour
exprimer la converfion d’un apoflênie en une
tumeur durei, rénitente, indolente, & qui, en
tout, a les apparences d’un fehirre. Il n?eft encore
rien moins affuré qu’un vrai phlegmon , ou toute
tumeur de nature chaude, puiffe , dans les chairs,
avorn une femblable terminaifon-, mais.il n’en
eft pas de même des tumeurs froides, & même
de celles qui font fomentées par un * principe
d inflammation dans les vifeères, ou autres organes
glanduleux ; la pratique de la Médecine prouve
que la chofe a très-fréquemment lieu.à l’égard du
fo y e , du pancréas , de l’eftomaC, & même des
vifeères les plus celluleux & les plus pulpeux,
commé le poumon , la rate 8r le cerveau. Si
ators cette terminaifon paroît plus avantageufe que
la fuppuration, elle n’en eft pas, pour cela , plus
à defirer*, car fouvent il s’enfuit des maladies
Secondaires dont la nature cachée déroute les plus