
obferver l’importance de cette obfervation. Voyez
particulièrement à ce fujet les articles Amputat
io n , C an c e r . On a fouvent vu la peau recouvrer
entièrement ion ton après en avoir été
complètement privée pendant long-tems.
Lorfque, par l’une des deux méthodes dont
nous venons de parler, on a mis à découvert
l’intérieur d'un Abcès, il devient une plaie (impie
ou un ulcère Bl doit être trairé de la çnême manière.
Voyez Pl a ie & Ulc èr e .
L ’on doit préférer la méthode de l’incifion à
celle du cauftique, lorfque le foyer du pus eft
profondj lorfqu’il fe trouve dans le voifinage de
nerfs ou de vameaux confidérabies y lorfque le pus
s’étend beaucoup & rend nécetîaire une grande ;
ouverture-, lorfque la peau qu’il faut ouvrir eft
molle, peu épaiffe & peu altérée parla maladie,
& lorfqu’on n’a pas lieu de defirer que l’ulcère
demeure long-tems ouvert.
Quoique tous les Chirurgiens s’accordent aujourd'hui
à préférer l’ouverture par le biftpuri à
celle du cauftique, elle a cependant auffi fes in-
convénîens. Premièrement, dès que l’incifion eft
faite, la matière contenue dans la tumeur s’évacue
tout-à-coup & d’un feul jec, d’ou il réfulte fouvent,
quand l’amas de pus eft confidérable, des fyncopes
& d’autres fymprômes défagréables. Mais le principal
défavantage de cette méthode, c’eft quelle
donne un libre accès à l’air fur une grande étendue
dç la furface ulcérée, ce qui eft fréquemment
fuivi d'effets très-fâcheux , fur-tout dans les abcès
jconfidérgbles. ~
Il n’y a pas de Praticien qui ne connoifte les
effets funeftes' que l’air produit fur tous les ulcères ;
mais fon influence pernicieufe fur les grands Abcès-
nouvellement ouverts eft réellement dans beaucoup
de cas une chofe étonnante. D’abord il en
réfulte un changement total dans la nature de la
matière -v un pus très-louable fe rratïsforme_.quel-
quefois en une matière ichoreufe mal digérée j il
furyient eniuite de la vîteffe dans le pouls, des
fueurs colliquatives & d’autres fymptômes de fièvre
heélique, qui, pour l’ordinaire, font périr le malade
en peu de tems lorfque l’amas de pus eft confidérable,
ou qui fe terminent par une phthifieplus
pu moins promptement mortelle.
Les Chirurgiens n’ont que trop d’occafîons d’ob-
ferver ces dangereux effets q u i, probablement,
font tous produits uniquement par l’admiffion de
l ’air ; car l’on yoit un grand nombre de malades
porter pendant long-tems, à la fuite de maladies
inflammatoires, des Abcès confidérabies où le pus
eft parfaitement formé fans qu’il fe manifefte andin
fym.p'ôme de fièvre heétique. Mais, lorfque
cé.s abcès .excèdent un certain volume, fi l’op y
fajt une grandp incifion, il furvienj: .prefque toujours
des fymptômes de fièvre, généralement
même en moins de 48 heures, à compterait mo-
ment’de l ’ouverture de l’Abcès.Ces acçidens qu’on
ppferyp fréquemment dans la pratique particu?
lière, font bien plus communs encore dans les
grands hôpitaux ou l’air acquiert une qualité beaucoup
plus malfaifante en s’imprégnant d’exhalai-
fons putrides.
c. Par le Séton.
Il réfulte de ces obfervations qu’il eft néçef-
fàire d’ufer des plus grandes précautions pour empêcher,
autant qu’il eft poflible, que l’air ne frappe
la furfsee interne d’un Abcès quelconque. C’eft
pour fe mettre à l’abri de fes futieftes impref-
lions qu’on a imaginé d’ouvrir les Abcès par
le moyen d’un féton, au lieu de recourir au
cauftique ou au biftouri.
Cette méthode de donner iffue aux matières
contenues dans les tumeurs par l’introduéfion
d’un féton, renferme tous les avantages que l’on
pourroit obtenir par l’incifion, & jouit en outre
de celui de vuider les tumeurs quelques volu-
mineufes qu’elles foient, non tout-à-coup, mais
par degrés infenfibles.j elle s’oppofe efficacement
à la libre admiffion de l’air-, communément elle
n’eft pas fuivie à beaucoup près d’autant de douleur
& d’inflammation, & il n’en réfulte jamais
aucune cicatrice incommode ou défagréable, comme
il arrive fréquemment après une grande incifion.
M. Bell (1 ) , quia plus que tout autre Ecrivain
infifté fur cette manière d’ouvrir les tumeurs en
fuppuration, raconte que l’on avoit coutume autrefois
dans rhôpiral d’Edimbourg, de faire {‘ouverture
dés abcès par de grandes & profondes incifionsj
& qu’il en réfultoit généralement de fâcbeufes
conféquences. Plufieurs malades étaient attaqués
de fièvres heéliques fi rebelles qu’ils n’en rele-
voient jamais^ & d’autres qui paroiffoient fe réra-*
blir reftoient pour l’ordinaire tellement affoibüs
qu’ils étoient fréquemment fnjets à contrarier d’autres
maladies plus ou moins fâcbeufes. Mais depuis
que l’on a fubftitué pour cet objet l’ufage du féton
à celui du biftouri * on n’éprouve que peu ou point
de ces défagremens. L ’on a ouvert plufieurs tumeurs
très-confidérables de cette manière, & les
Alites en ont généralement été très - heureufé?,
Lorfque les malades jouiffoient d’ailleurs d’une
bonne fanté, il en eft même réfulté encore un
; autre avantage, c’eft que fréquemment on a obtenu
la guérifon dans un efpace de tems beaucoup plus
I court que celui qui eft communément néceffaire
lorfqu on pratique de larges incifions. D’un autre
côté cependant, fi l’on a quelque raifon de vouloir
entretenir long-tems un certain degré d’irritation
& d e fuppuration dans la partie affectée, le féton
eft encore préférable à cet égard à tout autre
moyen.
Quoique ce qui regarde les fêtons en général
& la manière de lés faire appartienne à un autrç
article, (Voyez le mot Séton,) .nous ne fépa*> 1
(1) Traité <fçs Ulcères, page 4$.
rerons p « de celui-ci ce qui concerne leur uffige
dans l’ouverture des Abcès 5 voici la manière
I s’gn fervir dans ces fortes de cas.
On fait d’abord avec la lancette, dans la partie
fupérieure de l’Abcès, une ouverture fuffifante
pour recevoir le féton *, l’on introduit enfuit.e
un directeur de métal cylindrique, plus ou moins
Ion* 8 fuivant l’étendue de l’Abcès , un peu
courbé , très-lifle , obtus à foo extrémité, &
: percé à l’autre bout qui eft enfilé d’une mèche de
coron telle que celle dont on fe fert pour les
chandelles, ou de foie molle, d’un volume proportionné
à la groffeur de la tumeur-, l’on dirige
| vers le bas l’extrémité de [’infiniment, jufqua ce
\ qu’on piiiffe la femir à l’extérieur, exactement
1 dans-la partie la plus déclive d<? la tumeur. L ’on
i fait alors, avec la lancette ou avec le biftouri , une
| incifion fur l’extrémité inférieure du directeur
I que l’on fait tenir ferme par un aide} il faut que
gpcerte ouverture foit un' peu plus grande que la
f/-première, fans quoi l ’orifice inférieur n’étant pas
I plus large que le fupéiieur , la madère pourroit
| s’échapper par le haut, ce,qui feroit incommode
|: au malade. L’on retire-enfuite le directeur par en
pbas avec le féton , jufqu’à ce qu’il en forte deux
feou trois poucespar l’orifice inférieur; & afin
qu’il puiffe gliflèr facilement la première fois
| qu’on l’introduit'., ainfi que dans les panfemens
| fui vans, on enduit de quelque onguent émollient
$ la quantité de mèche dont on doit fe fervir. 1 On peut, changer le féton vingt quatre heures
| ou environ'après l’avoir introduit- & , pour cet
( effet, on en dre en-bas une longueur fuffifame
F pour retrancher route la partie qui fe trouvoit
?-renfermée dans l’Abcès -, ce qui fe réitère ainfi tous
-les jours auffi long-tems que les circonflapces pa-
Toiffçnr l’exiger.
On obtient, par ce moyen, un écoulement
régulier & lent de la matière ; les parois de l’Abcès
r. ont la liberté de fe; contracter graduellement-, le .
frottement du féton fur leurs furfaces y excite
-une inflammation légère qui contribue à les unir,
•& à produire enrr elles une adhérence étroite,
. beaucoup plus promptement que par tome autre
méthode. A mefure que l’écoulement fe modère,
-on diminue par degrés la groffeur du féton, ce
que l’on obtient facilement en ôtant un des fils
de coton tous les deux ou trois jours. On le
fupprime enfin entièrement lorlqu’il ne fort g.uères
plus de matière que n’en pourroit produire l’irri-
tation feule du féton -, .& , en comprimant légère-
jpment les parties quelques jours après par le moyen 1 d 11 n bandage, on peut en général s’attendre à une 1 guérifon durable. V.
ff En parlant de l’introduélion du féton, nous
Lavons recommandé expreffément de la faire de
s haui en bas.,, ceft-à-dire, en pratiquant d’abord
f une ouverture à la parue Supérieure de l’Abcès ;
« parce que quand loti fait là première ouverture
j lur la partie la plus d e là tupieur, ii.enfort
fuMfi*\champ nne grande quantité de matière,
ce qui produit l’affaiffement des parois de la partie
fupérieure , & rend le paftage du directeur, à
travers toute l’étendue de l’Abcès beaucoup plus
difficile que quand on opère de la manière que.
nous avons indiquée. Mais en s’y prenant ainfi
que nous l’avons preferit, on laide jufqu’au dernier
moment le fond de la tumeur fuffifammem
diftendu, parce qu’il s’échappe très-peu de matière
par l’orifice lupérieur. L’on en retire encore
l’avantage de conferver propre & fèche la partie
du féton qui refte pour les panfemens fuivans.
Tout ce qu’on vient de dire fur l’ufagc des
fêtons dans les cas d’abcès produits par des inflammations
récentes, eft également applicable
aux tumeurs qui fubfiftent depuis fort long tems
lorfqu’eiles renferment une matière dont la con-
fiftanee n’eft pas beaucoup plus grande que celle
du pus. Toutes les tumeurs enkyfiées du genre
des mélicéris, mais dont la matière eft un peu
fluide, fe traitent avec aurant de fuccès de cette
manière que les Abcès récens. ‘
Cette méthode convient particulièrement dans
les fuppurations des articulations & dans toutes
celles des parties glanduieufés, o ù l’admiffion de
l’air eft fuivie dé conféquences plus fâcheufes que
dans les autres parties. Ainfi, lorfque l’on juge
convenable d’ouvrir des tumeurs fcrophuleufcs ^
on obtient communément une guérifon beaucoup
plus prompte & plus facile en fe fervant du fétort
qu’en faifant une grande incifion. Les bubons vénériens
parvenus à un poipt de maturité pat faite,
fe guérilfent beaucoup plus promptement & av.ee
moins fie défagrément par cette méthode que par
toute autre, lorfque les. tçgumens ne font pas trop
amincis par une extrême diftenfion long-tems
continuée. D ’un autre côté , elle n’eft pas fans
quelques inconvéniens 5 on ne- peut, en la fuiyant,
être bien affiiré de l’état,du fond de l’Abcès,
qu’il importe fouvent de. connpître. S’il y a clans
ion intérieur des doifons formées par des portions
de tiffu cellulaire, qui s’oppolent au libre
écoulement du pus, l’on ne fauroit les connoîrre
pour les ouvrir, ou les déchirer avec les doigts,
comme les Chirurgiens recommandent de le faire.
Enfin, fi des corps étrangers, ou des efquilles
. d’os ont contribué à fa formation, & entretiennent
celle du pus, l’on ne peut en faire la recherche,
pSur parvenir enfuite à les extraire.
Ainfi, quelque avantage que puiffe avoir, dans des
cas particuliers, l’une de ces méthodes fur les autres
pour l’ouverture d’un Abcès, aucune cependant ne
peut êtrè considérée comme méritant généralement:
la préférence, quoique, comme nous l’avons dix,
le cauftique foit le moyen auquel on doiveavoir
le plus rarement recours. Quelque fâcheufe que
puiffe être i’aélion de l’air fur l’intérieur d’yn
Abcès, elle n’eft pas toujours également nnifible 5
-& lorfque 5 par des panfemens bien entendus, on a
foin .de m .pas là -ife féj.ourner le pus dans