
moins un feul & même phénomène, qui eft une
dilatation, & une immobilité plus ou moins grande
de la pupille. Si cette ouverture ne fe dilate,
& nefereflerre qu’au tant que les humeurs affluent
dans les vaifléaux turbinés, & droits de 1 ir is ,
& que cette affluence (oit fondée fur une influence
nerveufe ou fenfibüité relative k l’état de la
rétine , ou du nerf optique , il n’eft point étonnant
que l’influence nerveufe ne fe faifant point
à raifon du défordre des partie?" nerveufes, la
pupille fe dilate, & préfente une ouverture plus
grande, & moins fufceptible de changemens
que précédemment. Cependant il arrive quelque-
rois que la pupille foit feflerrée malgré 1*A—
înauroffe-, ce cas n’a guère lieu qu’à la fuite de quelque
bleflure ou inflammation à la prunelle.
II eft aifé de reconnoître d’après tout ce que
nous avons dit, fi l’Amanrofe exifie, & en faifant
attention aux circonftances, on peut même
connoître fon degré de curabilité. Mais, pour
connoître fi elle eft parfaite ou imparfaite, &
conféquemment annoncer fi l’on peut efpérer
la guérifon, il faut s’aflurer fi la pupille fe dilate
ou non. On ferme les deux yeux à une lumière
vive 5 puis en en ouvre tin fubitement, fi 1 on
voit la pupille fe dilater , c’eft ligne d une fenfi-
bilité encore exiflante y mais ficelle ne varie
point fon diamètre, qu’ily ait immobilité parfaite,
oc que la maladie éxifte depuis long-tems , il
n’y a plus liéuTTT efpérer. Les Amaürofes, qui
proviennent de déforganifation , ne peuvent fe
connoître qu’après la mort} on voit bien 1 effet
pendant la vie, mais on n’en peut que foupçonner
la caufe j il n’en eft pas de même de^ celles qui
viennent de maladies aigues, cellescrparoiffent
fouvent très-promptement , & la maladie qui
l’accompagne indique l’attention qu on doit leur
donner.Les fièvres v ermineufes, chez les enfans,font
fouvent accompagnées de cet épigéncmène, & que
les purgatifs que les anthelmintiques font difpa-
’ roître. L’Amaurofe qui vient de caufes froides,
fe forme beaucoup plus lentement, la vue commence,
à fe troubler, notamment chez les vieillards
*, ils voient voltiger des petites mouches
dans l’air qui de jour en jour deviennent & plus
nombreufes & plus obfcures, & fi l’on confidère
leurs yeux, à différentes époques, on n’y obferve
rien finon une diminution fenfible dans les mou-
vemens de la prunelle.'
L ’Amaurofe neft en elle-même fâcheufe ,
qu’en ce qu’elle prive de la vue , & qu elle con— j
damne à des ténèbres d’autant plus pénibles
à fupporter que les époques de la vie font
moins avancées ; auffi doit-on chez les jeunes !
gens chercher tous les moyens d’y remédier, j
En général, celle qui vient de eaufe froide eft j
plus fâcheufe que celle qui provient de caufe !
chaude *, le traitement général de la maladie pre- j
inière fuffit fouvent feul pour guérir celle-ci, au lieu
que l’autre demande toute l’attention, dont un [
Praticien eft capable dans la prefcription dey
moyens, tant externes qu’internes.
L ’Amaurofe qui vient de caufe chaude, demande
un traitement'antiphlogiftique , dont les effets I
foient très-prompts. Il faut ici faigner du pied I
& brufquemenr, &. fi la première évacuation n a I
point un effet fenfible en vingt-quatre heures, il I
faudra aùffi-tôt recourir à lafaignée de la jngulaire. I
Il convient cependant que ces évacuations répon- I
dent aux circonftances, que le Praticien feul peu I
apprécier. Mais , quoique cette méthode prompte- |
ment évacuante puiffe fouvent convenir, je lui i
préférois dans le plus grand nombre dès cas, fur- I
tout quand les malades font fort foibles, 1 applica- I
tion de plufieurs faignés aux temples, & encore I
mieux vers le grand angle de l’oeil j ces évacua- I
tion locales devant avoir plus de fuccès que les I
générales qui fouvent vuident inutilement tout f
le fyftême des vaiffeaux. On tiendra l’oeil'fermé, I
on ordonnera un régime relâchant & humectent, I
des lavemens émolliecs & minoratifs, & le petit I
lait pour toute boiffon. Les pédiluves font un I
moyen fimple qui a de grands avantages dans I
les intervalles des faignées *, on en peut dire autant I
des douches d’eau & do vinaigre qu’on fait tom- I
ber fur la région du front : on maintient fur I
l’oeil, dans les intervalles, une comprefle trempée E
dans la même eau. Quand les faignées auront E
occafionné une déplétion fuffifante, ce qu’on I
réconnoîtra à l’état du pouls , on fubftituera les E
purgatifs, qui font infiniment utiles dans toutes I
les maladies humorales des yeux. Après les,pre- E
miers jours d’un pareil traitement, on paffe aux |
cautères qu’on établit à lanuque ou au bras j mais E
quand la maladie cède aux évacuans généraux , E
on fufpend ces derniers, & l’on réitère les pur- j
gatifs, foit avec la manne, ou avec les eaux mi- I
nérales incifives & fondantes.
Dans l’Amaurofe froide , il faut éviter la fai- I
gnée qui ne feroiem qu’augmenter la difficulté déjà I
affez grande de la guérifon. On préfère, comme I
dérivatifs, les cantharides aux cautères, à raifon E
de leur qualité irritante j l’on cherche ici. à occa-
fionner de vives fecouflès pour débarrafferles nerfs |
de l’oeil de l’engorgement où ils font *, on donne par I
cette raifon , l’émétique à bonne dofe, une I
ou deux fois pour ébranler la machine. Quelques E
Circulateurs ont une méthode qui leur eft par- I
ticulière, ils abaiflem la paupière inférieure, & I
en en frottant la furface interne, avec une petite I
brofle, ils excitent par ce moyen , une inflamma-
tien , donnent un peu de fenfibilité à la rétine,’ I
le malade croit y voir un peu plus j mais le I
mieux ne fe foutenant point, i’Amaurofe devient I
plus complette.
On a beaucoup vanté les fecouffes que les étin- I
celles & commotiops électriques pouvoient occa- I
fionner dans l’organe. M. Hey, Chirurgien à Léeds, I
a communiqué au DoCteur Hunter plufieurs I
ôbfervalions intéreffantes, qui fe trouvent dans les. I
Medical Obfervations. par lefquelles il cônfte
crue plufieurs ont été radicalement guéris par elles.
Veftuleis rapporte la guérifon d’une Amaurofe de
quatre ans j qui a été ainfi guérie. Floyer vante
également fes fuccès fur ce point, dans une
lettre écrite au DoCleur Bnf. M. de la Saufure
a également réuftifur une femme par des commotions
convenablement ménagées. Tous ces faits
doivent donc engager les Praticiens à réitérer les
expériences, & ne pas fitôt déféfpérer. On emploie
ce moyen de la manière fuivante. On commence
par ifoler le malade, & lorfqu’il eft bien éleclrifé,
on lui tire des étincelles, au moyen d’une pointe
qu'on lui préfente au-devant des yeux, & l’on
réitère environ cinq ou fix minutes après j enfuîte
on lui fait paffer cinq à fix commotions légères
commè d’un vingtième de pouces de la partie
poftérieure & inférieure de la tête au front, très-
peu au-deffus de l’oeil. Il faut, dans ces opérations,
diriger toujours les commotions & étincelles immédiatement
vers le milieu dufourcil & les promener
fuir le front, où fediftribuent les ramifications du
nerf frontal*, ce précepte eft de M. Hey, & il eft fondé
fur les connoiffances de l’Anatomie. M. Hey
confeille pendant ce traitement, l’ufâge du calomel
& du camphre, à la dofe de trois grains chaque
, incorporé dans la conferve de rofe, pour
faire un bol à prendre le foir en fe couchant. Quelque
fondant que puiffe être ce remède, il a cependant
plus de confiance dans PëleCtricité.
Quand les circonftances ne permettent point
de tenter la méthode des commotions , on lui
fubftitue les fondans qu’on fait prendre intérieu-
rement.Les.fuccès éprouvés dans l’Amaurofe par le
traitement mercuriel que demandoit la maladie
vénérienne nouvellement acquife , a déterminé
-;les Praticiens à fe tourner vers les mercuriaux. On
cite quelques guérifons par ces remèdes.,'mais
elles n’ont qu’un rapport aux Amaürofes occasionnées
parla répereuffion d’une humeur cutannée.
Il faut, quand on ne préfume point que cette caufe y
foit pour quelque chofe, leur préférer l’ufage des
eaux thermales, telles que celles de Balaruc & de
Bourfconne *, on les.prend intérieurement pendant
qu’on -les reçoit en douches fur la tête j mais
quand on fe détermine à ce dernier moyen, il
vaut mieux les aller prendre à la fource. Quand
on ne le peut, on fe met à l’ufage des pillules fondantes
, telles que celles-ci queDeshayes recommande.
Poudre de mille-pied : d’énula cam-
pana , deux gros , extrait panchymagoge > un
gros & demi, kermès minéral trois grains. Mêlez.
On donne ces -pilkdes en douze, quinze ou vingt
jours, on les fait prendre le matin à jeun, & par-
deffus le petit aiguifé d’un peu de fel de glauber.
S i , au bout de fix ou huit mois, le malade ne
voit pas mieux , il doit perdre toute efpérance
de guérifon } car fouvent alors le mal eft accompagné
d’un telle déforganifation qu’il eft impofli-
ble ù’y remédier. M.de la R tch e , notre Çollaborateur
; qui a eu occafion de voir par lui-
même les bons fuccès de l’application d’une
traînée de pierre à cautère fur la nuque chez
deux perfonnes qui le confultèrent y fe détermina
à employer ce même moyen chez le frère d’une
qu’il avoit radicalement guérie j c’étoit un jeune
homme de n ans , qui trois ans auparavant
avoit été attaqué d’une foiblefie & de nuages
qui ne firent qu’augmenter , de manière que la
vue s’étoit totalement éteinte. La pupille
étoit entièrement dilatée , les maux de tête vio-
lens, & dès le tems où il le vit les attaques d’é-
pilepfie étoient aflèz fréquentes. Malgré la fuppu-
ration abondante que l’application du cautère
avoit déterminée , & qui avoit été fi frutlueufe
aux autres, il en mourut. A l’ouverture du crâne,
Ce Praticien trouva un amas confidérable d’une
fanie noirâtre qui occupoit les ventricules latéraux,
les couches des nerfs optiques & prefque
toute la partie antérieure de la bafe du crâne ;
la Telle turcique étoit en partie cariée, les nerfs
optiques avoient la forme de cordes grifes &
demi-tranfparentes, & l’on n’y pouvoit point distinguer
la fubfiance médulaire des membranes qui
l’environnent. ( M. P e t i t -R a d e z ).
AMBI. Machine, ou infiniment de Chirurgie
inventé par Hippocrate, pour réduire la luxation
du bras avec l’épaule. Voyc[ Lu xa tion . Il eft
compofé de deux pièces de bois jointes enfemble
par une charnière , l’une fert de pied & doit être
parallèle au corps : l’autre qui fert de: levier fe
place parallèlement an bras qui y eft attaché par
plufieurs lacs v & elle fait avec la première pièce
un angle droit, dont le fommet le trouve placé
précifément fous l’ai (Te lié.
Pour fe fervir de l’Ambi on lie le bras fur le
levier dont la charnière eft le point fixe , &-en
appuyant avec force fur l’extrémité de ce levier,
on lui fait décrire une courbe pour approcher
cette extrémité du pied de l’inftrument j ce mouvement
fait en-même rems fextenfion, la contre
exrenfion , & la réduction de-l’os. . .
Cette machine a quelques avantages •, le bras
peut y être placé de façon que les mufcles -foient
relâchés *, elle a une force^fuffifante, & même on
pourroit lui en donner d’avantage, en alongeant
le bout de fon leviér. L ’extenfion & la contre ex-
tenfion font également fortes puifque 1a même
caufe les produit en-même tems. Mais i’Ambi a
auffi des défauts confidérables. Il ne peut convenir
que pour les cas de luxation en-deffous , & l’on fait
que le bras fe.luse auffi en d’autres fens. Il peut
pouflèr la tête de l’os dans la cavité avant que
les extenfions aient été fuffifantes. On rifque alors
derenverfer en dedans ou le rebord cartilagineux,
ou la capfule ligamenteufe qui peut auffi être
déchirée. D’ailleurs une grande partie de la force
employée dans l’ufage de l’Ambi, fe perd fur
l’avant-bras dont elle ne fait que fatiguer l’articulation.
Ces divers inconvéniens ont fait abandonner