
tient les deux paupières ouvertes, on difféque la
tumeur avec un biftouri tel que celui dont on fe
fert dans l’opération de la fiftule lacrymale. Si
les racines de la tumeur s’étendoient trop au
loin , ce qui eft rare quand le malade eft dans
le cas d’être opéré, il vaudroit mieux en laifl’er
quelque chofe, plutôt que de courir les rifques
d’endommager le fac ou les conduits lacrymaux.
On fe réferve à emporter le refte dans la fuite
•des panfemens au moyen des légers cathérétiques,
tels que le vitriol blanc & l’alun calciné , avec un
peu de fucre candi dont on fait une poudre
propre à ronger l’endroit qu’on fe propofe de
faire tomber par la fuppuration. Mais ici je ne
fais trop pourquoi l’on n’emploieroit pas la pierre
infernale dont l'effet eft plus fournis à la volonté
de celui qui opère. (M . P e t i t - R a d e e .')
ENCEPHALOCELE, de *» dans , la
tête, & kâxh, une tumeur. Tumeur formée par
les parties contenues dans la tête, ou hernie du
cerveau j maladie très-rare , mais avec laquelle
on a confondu différens genres de tumeurs que
l'on obferve fouvent fur la tête des enfans nou-
veaux-nés.
Le caraélère propre de l’Encéphalocèle doit
être une tumeur molle, d’une rondeur égale avec
pulfation correfpondante à celle du pouls, laquelle
cède & difparoît par la compreflîon , fans
aucun changement de couleur à- la peau, formée
à l’endroit des fontanelles & des futures, & dont
la circonfcription eft relative au défaut d’offifi-
cation. C'eft la définition qu'en donne M. Ferrand
dans le cinquième volume des Mémoires de
l'Académie de Chirurgie, où il décrit un cas de
cette nature. Un enfant avoir en naiflant une
tumeur affez confidérable à la partie poflérieure
& un peu latérale de la tête. Son volume appro-
choit de celui d’un petit oeuf de poule; elle étoit
molle & difparoiffoit par la compreffion ; elle
occupoit l’endroit où les os occipital, pariétal
& temporal fe rencontrent & forment une fontanelle
latérale. On fentoit l’arrondiffemenr que
formoieru les bords du pariétal & de l'occipital,
dont le défaut de fubftance à chacun étoit d’environ
neuf lignes. Par conféquent l'ouverture qui
permetfoit le déplacement du cerveau, avoit un
pouce & demi de diamètre, on fentoit diftinc-
îement le mouvement de çe vifeère. Malgré l’avis
de quelques Chirurgiens, qui vouloient qu’on fit
l’ouverture de la tumeur, l’abfence de tous les !
fymptômes qui caractèrifent un abcès, ou toute
autre tumeur humorale , empêcha que l’on ne
prît ce parti ; on fe contenta de faire une plaque
de plomb d'un diamètre un peu plus étendu que
celui de la tumeur ; cette plaque garnie & percée
à fe s bords pour être coufue au bonnet de i enfant,
faifoit une compreffion plus ou moins légère,
fuiyant que l’on ferroit plus ou moins le
bonnet. La tumeur foumife à une preflion conftante
& graduée diminua peu-4-pell d e Vôîutr.e f
elle ceffa de s?oppofer au progrès de l’oflifica-
tion ; la future lambdoïde fe folidifia fans obfla-
cle , & l’os pariétal & l'occipital fe réunirent aulfi
étroitement que les autres os du crâne.
La hernie du cerveau , telle que nous venons
de la décrire , eft particulière aux enfans
elle précède l’offification des os du crâne •
mais une déperdition de fubftance dans quelque
partie de ces os peut donner lieu à une maladie
analogue. On lir , dans le deuxième volume des
Mcdical tranj,adions, art. X V I I i , un cas de cette
nature. Un homme d’ailleurs bien portant, & qui
n’avoit jamais eu de maladie Vénérienne , ni
éprouvé aucun accident, auquel on put rappor-
ter ce dont il fe plaignoit aéluellemem, avoit depuis
plufieürs mois au-deffus du fourcil gauche
une tumeur d’environ deux pouces de diamètre,
& d’un-demi pouce plus élevée que la furface du
front. On y obfervoit une pulfation très-marquée
, Sl fi on la comprimoit, le malade éprou-
voit à l’infiant de la douleur & un vertige ; les
mêmes fymptômes avoient lieu lorfqu’il faifoit
quelque mouvement brufque. En maniant la tumeur,
on fentoit que l’os étoit percé au-deffous,
& que les bords de cette ouverture étoient élevés,
inégaux & cariés. On ne tenta que quelques remèdes
généraux de la elaffe des tempérans & ra-
fraîchiffans. La tumeur augmenta encore pendant
; quelques mois, & fit enfin périr le malade. L ’ouverture
du cadavre fit voir une tumeur groffe
comme une orange à la partie antérieure du lobe
gauche du cerveau, dont la fubftance reffembloit
à la partie médullaire de celui-ci ; c’étoit cette
tumeur qui avoit paffé par l’ouverture du crâne,
laquelle étoit affez large pour qu’on pût y introduire
le doigt; elle étoit recouverte d'une membrane
qui paroiffoit être une prolongation de la
dure - mère.
M. Quefnai, Ambroife Paré & d’autres Praticiens
ont obfervé des hernies accidentelles du
cerveau plus ou moins confidérables à la fuite
d’une exfoliation des os du crâne; mais, où
ce vifeère n’étant point affeélé, il a fuffi de
le contenir dans fe*s bornes naturelles par des
bandages & des plaques, ou calottes convenable-,
ment adaptées à la folution de continuité. Voyt{
Calotte.
Nous avons dit que l’on étoit fujet à confondre
avec les hernies de cerveau certainés tumeurs
molles qu'on obferve quelquefois au fom-
met de la tête des petits enfans, & qui Communiquent
avec l’intérieur du crâne; cette erreur
n’eft pas importante dans la pratique , fi ; comme
c’eft l'opinion des Praticiens les plus célèbres,
on ne doit jamais ouvrir les unes ni les autres.
On lir, dans les Auteurs, diverfes obfervations de
pareilles .tumeurs contenant des fluides , dont
l’ouverture arrivée naturellement, ou faite à delfein
» a été promptement fuivie de la mort du
malade, tandis qu'il y a quelques exemples de
femblables affeélions qui ont été guéries par des
applications aftringentes & aromatiques (i).
Il faut pourtant prendre garde à ne pas étendre
cette règle aux cas de loupes qu’on peut & qu’on
doit extirper avant qu’elles aient acquis un trop
grand volume, ni à des amas de fluides, lorf-
qu’on peut s’affurer qu'ils font logés entre le
crâne & la peau. Un enfant avoit apporté en
naiflant une tumeur fûperficielle au haut du pariétal
gauche, fi petite qu’on l'appercevoirà peine,
au bout de huit jours elle étoit fort augmentée,
& circonfcrite, avec fluéluation au centre, fans
aucun battement ; les tégumens tout-au-tour étoient
durs & tendus. Sa couleur annonçoif que le fluide
épanché étoit du fang. M. Louis, qui fut con-
fulté, en fit l’ouverture ; il en fortir un peu de'
fang comme il l’avoir prévu ,* une compreffe trempée
dans du vinchand fut Je feul topique qu'on
appliqua fur la plaie, qui fe cicarrifa bientôt. L’on
favorifa la réfolurion du fang infiltré au-delà du
foyer de l’épanchement, avec des comprefl’es
trempées dans de l’eau marinée.
Nous ferons obferver, avant de quitter ce fujet,
que toutes les. fois qu’il y a fur le crâne quelque
élévation contre nature formée par des fluides,
les tégumens tout autour de cette tumeur font
durs & tendus, tandis que le centre en eft mon ,
comme dans le cas qui fait le fujet de l’obferva-
lion de M. Louis, & comme cela.fe voit dans
tous ceux de boffes à la tête formées fubitement
par l’aétion de quelque corps contondant. Ces
apparences ont pu tromper des Praticiens peu en
garde fur les erreurs du taél > & leur faire voir
dans des tumeurs purement fanguines, on humorales
> .une déprelfion ou un enfoncement du
crâne. Il eft cependant de la plus grande importance,
comme nous venons de le faire voir, de
bien diftinguer ces différens cas, puifque fi, dans
les uns, la mort eft la fuite certaine de tome
opération chirurgicale , dans les autres ce moyen
eft indifpenfablement néceffaire.
ENCLAVEMENT. n«p*yo/*$o(r/Y, Jneuneatîo.
L’Enclavement eft l’état où la tête de l’enfant,
engagée dans le baflin, y eft tellement ferrée,
qu'elle eft abfolument immobile, & ne peut être
mûe que par des forces étrangères à celles de
la mère. On a donné cette dénomination à cet
état, par la comparaifon qu’on a faite de la partie
enclavée avec une cheville fermement fichée dans
un morceau de bois : ce tte comparaifon feroit jufte,
fi, dans ce dernier cas , la cheville n’étoit en
contaél que par deux points de fa circonférence,
& qu’il y eût du jour par les points oppofés.
( i ) V"oyt\ le Mémoire de M. Ferrand, que nous
•vous cité.
La tète eft la partie qui s’enclave le plus fouvent ;
on a cependant vu les épaules, & plus fouvent
encore les fefles, être enclavée« ; & tellement qu’il
a fallu recourir au forceps; mais, en général > ces
cas font très-rares. Les Auteurs diftinguent communément
deux efpèces d’Enclavemenr : dans la
première, la tête eft fortement preffée par deux
endroits de fa furface diamétralement oppofés,
foit au pubis & au facrum, foit aux parties latérales
du baflin ; & , dans la fécondé, elle l’efl
également de toutes parts, Dans la Paragom-
phofe complette, dit M. Roëderer, qui admet
cette dernière efpèce, la tête de l’enfant eft tellement
ferrée de toute part dans le bafiin, qu’on
ne fauroit y paffer l’aiguille la plus fine dans quei-
qu’endroir qu'on tente de le faire. >» Cçtte opinion
de Roëderer eft loin d’être celle du plus
grand nombre des Accoucheurs; il n’y a pas d’exemple,
dit M. Levret, de tête enclavée fur laquelle
on ne puifle conduire le forceps avec plus ou
moins d’aifance, foit d’un côté ou de l'autre,
parce qu’elle n’eft pas également par-tout en contaél
avec le baflin.
L’Enclavement ne peut avoir lieu que quand
la tête rraverfe le détroit fupérieur , & non lorf-
qu’elle eft arrêtée dans la cavité du petit baflin,
ou vers le détroit inférieur ; car, quelque comprimée
qu’elle femble dans ces derniers cas, elle
eft toujours plus ou moins mobile, conféquem-
ment fufceptible de changement. Il ne faut point
confondre l’Enclavement, tel que nous le défi-
niffons, avec le retard que la tête éprouve au
paffage; car ces deux chofes font abfolumenç
différentes, comme on le verra plus amplement
au mot Passage. La tête, dans l’Enclavement,
offre différentes fituations,qu’il importe beaucoup
de bien connoître, afin de recourir aux moyens
qui feuls peuvent la dégager. Tantôt elle eft prife
félon fa longueur entre le pubis & le facrum,
& tantôt félon fon épaiffeur : dans le premier cas, le
front & l’occiput font en contaél avec deux des
points du détroit; dans le fécond, ce font les
boffes pariétales. Cette dernière efpèce eft beaucoup
plus rare que la première, & n’a guère lieu
que dans des baflins dont le petit diamètre va
jufqu à trois pouces & quelques «lignes ; l’autre
peut arriver dans un baflin de trois pouces &
demi, même plus. La tête ne s’enclave réellement
qu’autant que fon fommet s’avance le premier;
on a cependant prétendu quelle pouvoir l’être,
quand l’occiput, la face ou l’une des tempes fe
préfentoient; mais c'eft une erreur dont on reviendra
bientôt , ii l’on s’en rapporte à la définition que
nous avons donnée de l’Enclavement : l’on verra,
en confidérant attentivement la chofe, qu’il rt y
a, en pareil cas, qu’un fimple arrêt au paffage ,
& non Enclavement. Et en effet, la tête alors
eft toujours plus ou moins mobile dans le petit
baflin , fouvent même lorfque fon fommet paroît*
M m m ij