
l ’inflant ou Pon ceffe de la comprimer. Mais
quoique ce fymptôme, particulièrement lorfqu’il
eft accompagné de quelques autres caractères dif-
tinéîifs de (Aneurilme, (bit fuffifant pour faire
conclure que la tumeur dans laquelle on (obferve,
cû vraiment de cette nature, on ne peut abfolu-
ment pas tirer une conclufion contraire de fon
.•bfçnce car il arrive fouvent, fur-tout dans
lies périodes avancés des Aneurifmes , que leur
contenu devient fi ferme & fi compati qu’aucune
compreflion ne fauroit l’affeéler. De tout
cela il réfulte que, dans beaucoup de cas,
il efl impoflible de prononcer d'une manière
pofitive, li telle ou telle tumeur qui fe préfente,
efl un Aneurifme, ou fi elle eft d’une autre
nature. Toutes les fois qu'il y aura dit doute
fur une queftion pareille, il faut fe faire une
règle général d’agir comme fi la tumeur étoit
vraiment Aneurifmale. En fe conformant à cette
maxime, il arrivera quelquefois qu'on n’ofera
fas ouvrir des tumeurs d'un autre genre que
on verra par la fuite qu’on auroit pu ouvrir
en toute fureté $ mais les inconvéniens qui pourront
réfulter d’une pareille omiffion , feront
bien, plus que compenfés fi, dans une feule !
occafion, ia circonfpeélion du Chirurgien, à
cer égard > lui fauve les regrets & les reproches
qu’il auroit pu encourir, en ouvrant un Aneurifme
, au lieu d’une tumeur d’une autre nature.
Nous ferons remarquer, au refie , que c’efl particulièrement;
dans le traitement des rumeurs qui
fe trouvent fur le tronc, au cou, fous l’aiflelle,
à la partie fupérieure de la cuifle , ou à l'aine
qu’il faut ufer de tant de prudence & de précaution.
£ar lorsqu'elles font fituérs en, quelque
partie inférieure des extrémités, ou fur quelque
portion très-acceflible de (a tête, comme en pareil
cas, lorfqne la maladie efl avancée à un certain
point, il faudrait néceflai rement faire l’opération
de (Aneurifme, il ne fauroit jamais être hors
de propos d'y avoir recours. Aiml donc, fi en
ouvrant la tumeur elje fe trouvoit être nn Aoeu-
rifme, on peut toujours arrêter le fang avec
le tourniquet, pu par d'autres moyens de compreflion
, & procéder enfui te à (opération que nous
Récrirons plus bas.
V u pronojhc dans Us cas tf Aneurifme,
Lorfquil s’agit de former un pronoflic ,
dans un cas d’Aneurifme, il y a trois circonflances
importantes qui méritent fur-tout notre attention,
(avoir : i.° la manière dont la maladie paroît
avoir été originairement oc.cafionnée. 2.® La partie
du corps où fe trouve la tumeur. £t 3.® l'âge
& le tempérament du malade
• 5 « 1' Manière dont s'eft formé t Ane urifmp.
S i (Aneurifme s’efl formé graduellement fans
qu'aucuû accident extérieur ait pu y donner lieu;
& fans qu’il air été précédé immédiatement d’aucun
violent effort, il y aura grande raifon alors
de fuppofer que la maladie dépend de quelque
paralyfie, ou de quelqu’autre affeélion générale
du tronc du vaideau affeélé, ou peut-être de
tour le fyflême artériel ; & l’on n’aura pas lieu de
fe flatter d’un grand fuccès dans l'ufage des
moyens auxquels on pourroir avoir reçpurs pour
la foplager. Car il y a lieu de craindre au contraire
que fi l’on fû t (opération de (Aneurifme fur
la partie affeélée, la même caufe qui a produit
la dilatation dans cette portion du fyitême artériel
n’ ait le même effet fur quelqu’autre partie. Mais
fi le mal a été évidemment occasionné par une
contufion, par une piquure, ou par quelqu autre
accident extérieur, on peut, avec raifon, s’attendre
à un fuccès complet, fi (on fait (opération,
pourvu que la ligature de l’artère ne déiruife pas
abfolument la circulation, dans la partie fur laquelle
on efl obligé de la faire.
On peut , en général, donner un çronoftic
plus favorable dans cette efpèce d’Aneurifme que
nous avons nommé variqueux, que dans aucune
autres car, d’après les obferyations qu’on a faites
dans différens cas de cette maladie, il parole
qu’ici la tumeur Aneurifmale n’augmente pas
aufli rapidement quelle le fait dans d autres
efpèces $ que lorfeuelte eû parvenue à un certain
point elle ne grolfie enfuite que très-peu > St
que (on fu^porte tellement pendant un grand
nombre d’années, les petits inconvéniens qui peuvent
en réfulter.
C’efl par cette circonflance feule, que la découverte
qu’a faite le Doéleur Hunter de ce qui
conflitae (eflence de l’Aneurifme variqueux- ,
efl devenue d’une utilité réelle dans la pratique.
C a r } lorfque le cas e(l bien reconnu, on peut
(auver au malade chez quj i’on obferve cette
efpèce particulière d'Aneurifme, non-feulement
une opération douloureufe, mais encore le danger
qu’on lui fait toujours courir en liant 1g principale
artère d’un de fes membres. Il efl vrai que lorsqu'une
tumeur de cette efpèce viendrait à groffir
au point d’ incommoder beaucoup le malade,
il faudroit bien en venir à opérer comme pour
un Aneurifme ordinaire. Heureufément on n'a
point encore été, que nous fâchions, obligé de
fe faire pour aucun de? cas de cette nature,
obfervés jufqu’à préfenr.
Dans le fécond volume des B.eckerches & Obfer-
valions de Médecine de Londres , on lit deux
obfervations, faites par M. Hunter , d’Aneurifme
variqueux > dont (un fubfifloit depuis
quatorze ans, & le fécond depuis cinq ans,
fans avoir produit aucun inconvénient qui indiquât
la néceflitéde (opération.—rDans letroifième
volume du même ouvrage, on trouve l’hifloire
d’un cas, qui durait aufli depuis cinq ans ; &
$ans le même volume, on en'lit «ne antfe d’un
cas qui datoit de onze à,douze ans.
M. Bell cite une lettre du Doéleur Hunter à
lui adreffée, où il <3îl : << La Dame chez laquelle
19 j’ai obfervé la première fois (Aneurifme vari-
19 queux, demeure actuellement à Bath *, d ie
»? jouit d’ une bonne fanté & fon bras n’eft pas
jjdans un état pire qu’il n’étoir alors, .quoiqu’il
jj y aitàpréfent trente-cinq ans "cfue; l’artère
>j a été bleffiée. >5 i l ajoute : qu’il n’a jamais ouï
dire, qu’on air fait l’opérarion pour un Aneurifme
variqueux reconnu tel.
M. Cleghorn de Dublin, éçrivoit aufli à M, Bell,
que (Aneurifme variqueux, mentionné dans le
troifème volume des Recherches & Obfervations de
Me’dcùine, demeurait dans le même état qu’autre-
fois., quoiqu’il y eût vingt ans* qu’il en avoit
donné la defeription j à cela près que les veines
paroifloient un peu plus gonflées 5, que les bras
étoient devenus prefqu’aum forts qu auparavant,
& qu’il rendoit les mêmes fervices, le malade
ayant repris fon métier de Cordonnier.
Enfin M. Pott obferve, en écrivant au même
Auteur, qu’il a rencontré, darô fa pratique, trois
cas d’Aneurifme variqueux, & que (opération
n’a jamais été néceffaire pour aucun. M. Bell
a lui-même obfervé un cas de ’la même nature,
chez un homme que cet accident n’empêchoit
pas de fervir dans la Marine Royale,où il éprou-
voit de grandes fatigues, fans que lè mal qui
duroit depuis treize ans fît aucun progrès.
I I . Situation de la tumeur Aneurifmale.
La firuation particulière de la tumeur efl la
fécondé circonflance,, à laquelle il importe de
faire attention dans le pronoflic. Lorfqu’ùn
Aneurifme efl fitué de manière qu’il* efl impof-
fible de faire aucune ligature, ni d’appliquer
aucune efpèce de comprelfion capable a arrêter
la circulation du fang dans la t partie, avant
que. de procéder à l’opération , & fur-tout fl
(artère afFeétée efl un peu confidérable, il y
auroit le plus grand danger à y toucher, parce
qu’avant qu’on fût parvenu à fe rendre maître
de l’hémorrhagie en liant (artère, le malade auroit
probablement perdu plus de fang que fes forces
ne (auraient permettre. Lors donc que le liège
de (Aneurifme efl fur le tronc,-ou au cou,
ou fous (aiffejle, ou à l’aine, on ne fauroit
être bien fondé à donner un pronoflic favorable
*, & au contraire on ne peut qu’en former
un très-fâcheux, toutes les fçis qu’il fe trouve
fitué aufli défavorablement j car la force des
pulfations artérielles furraonterainfailliblement,
tôt ou tard, la réfiflance des membranes qui
environnent la tumeur, ce qui ne peut arriver
fans entraîner les plus funeftes. conféquences..
Le fuccès de (opération de l’Aneurifme ne
peut aufli qu’être extrêmement douteux, lorfque
Chirurgie. Tome I .er I .ert Partie.
fe mal fe trouve vers le haut de quelqu’une des
extrémités fupérieures ou inférieures, où toutes
les artères de ce membre' fe trouvent réunies en
un tronc commun. Mais s’il a fon liège plus bas,
(on pourra fe flatter de faire (opération avec
fuccès, lors même qu’il s’agira de lier l’arrère
principale > car, lorfque cette artère a fait quelque
chemin le long de ce membre, elle a déjà fourni
beaucoup de petites branches,qui »non-feulement
s’anaflomofoient avec de pareilles branches au-def-
fous de (endroit malade , mais qui communiquent
au moyen do celles-ci, avec le tronc inférieur du
vaiflèau. Et lorfque la circulation vient à être
fupprimée dans ce vaiflèau principal, ces Branches
fe dilatent par degrés au point d’enrreténir
la circulation dans la partie inférieure du membre,
d’une manière beaucoup plus compierre que (on
n’auroit pu s’y attendre a priori. Il n’efl pas naturel
de fuppofer que fa principale artère dequel-
quelque membre , devenant tout-à-coup imperméable
, la circulation pourra s’y foutenir enfuite
avec un certain degré de force *, & cependant il
exifte un grand nombre de faits bien conflatés,
qui prouvent que quoique l’on ait détruit (artère
principale du bras, par qne ligature, les parties
fltuées au-deflbus en ont très-peu fouffert, ayant
repris peu après (opération, leur chaleur naturelle
& leur vie. La même chofe a eu lieu lorf-
qu’on a fait (opération de (Aneurifme-fur le
tronc principal de (artère fémorale*, mais comme
la poflibilité du fait a été contcflée, nous citerons
quelques obfervations qui la mettent abfolument
hors de doute.
M- Hamilron, ci-devant Profcfleur d’Anato^
miè à Glafco w , a fa it, avec un plein fuccès, (opé*.
ration de (Aneurifme fur le tronc de (artère
fémorale, à la diflance de. deux travers de main
au-deflbus de l’aine. Et il y eut, dans ce ca s , una
circonflance très-remarquable, c’efl qu’après que
le trône de (artère eût été lié , on fut obligé de
faire la même opération fur une petite branche
artérielle qui avoit été bleffée plus haut que (artère
principale.
Pendant quelque tems, tout le membre demeura
plus froid que (autre , & il fe pafla plus '
d*hne femaine avant qu’on pût appercevoir aucune
pulfation de (artère près de la cheville du pied.
En deux mois cependant la plaie fe trouva complètement
cicatrilée, la chaleur & ia circulation
revinrent à leur état naturel dans toute ia jambe,
dont l’ufage fut fi bien rétabli peu de tems après,
que te malade étoit en ,érat de fe livrer à dé vio-
dens exercices. Voye1 Chirurgie de Bell. v. i .
pag. 2 2 13 à la note.
Dans le troisième volume des Obfervations dé
Médecine de Londres, il y a une autre obfer-
vation rapportée de (opération pour (Aneurifme
faite fur 1e tronc de l’artère fémorale par M. Bur-
c h a l, Chirurgien à Manchefter -, te malade fe
rétablit parfaitement. Il y en a une femblable