
de le modérer > d’abord en plaçant le membre
dans la pofition la plus commode , & qui favorife
le mieux le relâchement des mufcles j & fi cela
nefuffit pas, il faut avoir recours à l'opium comme
au moyen le plus sûr de calmer l'irritation des
nerfs.
XII. Des fymptômes inflammatoires & de la
fuppuration.
Une troifième clafî’e de fymptômes contre lef-
quels on doit fe tenir en garde , c’eft l’inflammation
& le gonflement du moignon , unefuppuration
abondante , & la fièvre qui en eft la conséquence j
car , quoiqu’ils fe manifeftent plus ou moins à la
fuite de toute Amputation, ils font toujours accompagnés
de danger lorfqu’ils font porrés à un
certain point de gravité.
Nous pouvons regarder encore ces fâcheux
effets de l’Amputation comme étant dans le plus
grand nombre des cas > occafionnés par le pan-
lement. La charpie fèche dont on recouvre ordinairement
l’extrémité du moignon irrite & enflamme
les chairs ; c’eft un fiimulant méchani-
q u e , le plus propre qu'on puiffe employer pour
tenir une plaie ouverte & dilatée , & pour y
exciter la fuppuration *, il n’eft donc pas étonnant
qu'elle ptoduife ces effets d’une manière fouvent.
alarmante, lorfqu’il s’agit d’une plaie de l’étendue
& de la nature de celle dont nous parlons.
Ainfi , lors même qu’il ne s’eft rien paffé d’extraordinaire
, & que rout a été aufli bien qu'on pouvoir
l'efpérer jufqu’au quatrième ou cinquième jour
après l’opération, on trouve, en levant l’appareil,
toute la furface de la plaie confidérablement
élargie ; les bords en font épais & enflammés,
la fuppuration âcre, féreufe & abondante ; on a
beaucoup de peine à détacher toute la charpie
qui eft très-adhérente à la plaie ; on n’en peut
efpërer & attendre la chùte entière que d’une
fuppuration continuée pendant plufieurs jours. On
comprend aifément comment chez des Sujets irritables
& mal difpofés , ces effets peuvent être
portés au point depuifer le corps par l’abondance
de la fuppuration » & de le jetter dans une
fièvre lente j ou bien de caufer l’exfoliation de
l ’os ) & un ulcère difficile à guérir.
Quelle qu’ait été la méthode qu’on ait fuivie
pour faire l’opération , il faut prévenir une trop
grande inflammation par tous les moyens poflibles.
X e malade doit être mis à ùn régime aufli îlriél que
l’état de fes forces pourra le permettre. Chez des
fujets foibles & épuifés,il ne faut pas le pouffer
trop loin , parce que le tempérament pourroit en
•fouffrir beaucoup ; mais, pour ceux qui font pléthoriques
, & qui ont la fibre forte & tendue,
il faut une diète févere & rafrâîchiffante * & des
hoiffons abondantes ; il faut outre cela tenir le
ventre libre par de légers laxatifs falins, & avoir
*gcpur$ k la faignée plus ou moins répétée, fuivont
l’exigence du cas, dès que la fièvre commence
â fe manifefler par la fréquence ou la plénitude
du pouls, ou par quelqu’autre fymptôme.
Il eft bon d’obferver cependant , que ce n’eft
guères que dans les premiers jours après l’opération
qu’un pareil traitement eft néeeffaire. Dès q u e
le période inflammatoire eft paffé, il faut fe défier
de toute efpèce d’évacuations •, les laxatifs
même peuvent faire du mal, fi l’on pouffe leur
ufage au-delà de ce qui eft juftement- néeeffaire
pour entretenir la liberté du ventre.
§.. XIII. Levée du premier appareil b panfemens
fubféquens.
Au bout du troifième jo u r , quels qu’aient été
les fymptômes jufqu’à ce moment, il faut examiner
l'état du moignon. On ne doit pas y regarder
jufqu’au quatrième ou cinquième jour ,
loifque la plaie n’a pas été recouverte de peau ,
& qu’on s’attend à une fuppuration de toute fa
furface, comme nous venons de l'expliquer -, mais
lorfque l’opération a été faite fuivant notre méthode,
il n’y a pas de raifon pour renvoyer aufli
long-tems j d’ailleurs on foulage toujours beaucoup
le malade en levant le premier appareil.
Pour cet effet , on fera foutenir le moignon par
un aide, jufqu’à ce que l’on ait déroulé tout le
bandage, & qu’on ait ôté les compreffes, & lés
plumaceaux de deffus* la plaie. Quelquefois on
trouvera les parties déjà réunies, pour l’ordinaire
cependant il n’en fera pas ainfi. On trouvera une
petite quantité de pus fur toute la furtàce du
moignon , principalement à fa partie la plus déclive
*, les parties feront rouges, tendues & dou-
loureufes au toucher , & il y aura une petite fé-
paration entre les lèvres de la plaie , quoique
contenues par les languettes d’emplâtre adhéfif.
Comme dans cet état de la plaie, les languettes
d’emplâtre ne faurojent être utiles, on fera bien
de les ôter , ce dont on vient aifément à bout
quand elles font ainfi humeélées de pus. On
couvrira la plaie d’un plumaceau de charpie enduit
de cerat comme la première fois \ on
mettra des étouppes par-deflus \ on placera en-
fuite la petite bande tranfverfale & le bandage
circulaire , mais fans le ferrer plus qu’il n’efl
juftement néeeffaire pour foutenir le relie de l’appareil.
On renouvellera de la même manière les pan-
femens tous les deux jours. Au feptième, ou au
huitièmé jour , l’inflammation & la tenfîon feront*
dans la plupart des cas , tellement diminuées,
quelles permettront d’ôter affez facilement les
ligatures des artères •, on pourra au moins effayer
de les tirer doucement tous les jours , & pour
l ’ordinaire elles céderont au fécond ou au troi-
fièmeeffai. Si on les laiffe plus Jong-tems, non-
féulementélles empêchent la plaie de fe fermer $
mais on a enfuite plus de peine à les ôter.
Tant que la bande demeure propre, on peut
la laiffer en place mais, dès qu’on la voit tachée
de pus, il faut la changer. On en tiendra
une jufqu’ à la troifième ou quatrième femaine
après l’opération *, enfuite on l’ôtera tonr-à-fair,
parce que fi on la iaiffoir plus long-tems , fa
comprellion quoique peu forre, diminueroit le
volume du membre qui deviendroit plus petit
que fon pareil.
Dès qu’on voit la plaie parfaitement nette,
& couverte en différens endroits de granulations
charnues, la douleur & la tenfion étant alors
complètement dilfipées, on peut hardiment tenter
d’achever la guérifon en rapprochant les bords
de la peau au moyen de petites bandes d’emplâtre
adhéfif. A cette époque il ne fauroit en
réfulter d’inconvéniens, & c’eft un moyen d'accélérer
beaucoup la cicatrifation.
XIV. Du tems néeeffaire pour la cicatrifation.
En conduifant ainfi le traitement, quelque volumineux
que foit le moignon , on obtiendra la
cicatrifation de la plaie dans l’efpace de trois ou
quatre femaines, & quelquefois en moins de tems. Il
faut cependant obferver ici que, quoiqu’en général
il foit permis de compter fur une guérifon au (fi
prompte dans la pratique particulière , où l’on
peut veiller avec attention fur toutes les circonf-
lances de détail qui peuvent avoir quelque influence
fur le bien-être du malade,.& ou particulièrement
il eft facile de lui procurer un régime
plus convenable , & de renouveiler l’air de fon appartement,
il n’en eft pas toujours de même dans les
grands hôpitaux où fouvent il eft impoflible de
ie foigner à ces différens égards comme il devroit
l ’être, & où il Ibuflre quelquefois davantage du
-mauvais air qu’il refpire que de l’opération même.
Il ne faut donc pas' s’étonner f i , dans de pareilles
eirconfiances , le fucçès n'eft pas toujours aufli
grand qu’on auroit lieu de s’y attendre, vu les
avantagés d’ailleurs bien reconnus de la méthode
qu’on auroit fuivie. Au Heu d’une prompte adhérence
des tégumens aux parties avec lefquelles ils
ont été mis en conta#, on trouvera quelquefois
une grande quantité de pus qui les en fépafe.;
circonftance qui retarde toujours beaucoup la
guérifon , au point qu’il y a des cas où l’on ne
peut en venir à bout autrement qu’en envoyant
le malade dans un endroit où il puiffe refpirer
un meilleur air, & en lui accordant une nourriture
fuMamielle, du vin & même des cordiaux
qu’on ne pourroit lui donner dans l’hôpital. Mais,
pour un cas de cette nature que l'on obferve
après l’Amputation faite fuivant U méthode que
a°üs avons décrite , on peut affurer hardiment
quil s en préftntera vingt après la méthode ci-,
devant adoptée.
„ pariant du tems néeeffaire pour achever la
cacaîriCation d’un moignon, nous obferyerons que
le Praticien ne doit pas trop chercher à faire
réunir fans fuppuration les parties qu’il a mifes
en conta# *, il vaut mieux que cela fe faffe d’une
manière plus lente, & en fuivant la marche que nous
a', ons décrite tout-à-l’heure. C a r , lorfque la plaie fe
ferme parunefimpie réunion des bords des tégumens,
la cicatrice eft fouvent inégale, & l’on a beaucoup
plus de peine à retirer les ligatures des vaif-
faux. C’eft pourquoi, il ne convient pas détenir les
lèvres de la plaie ferrées l’une contre l’autre par
des emplâtres qui aient une grande force adhé-
five , il vaut mieux fe fervir de celui qu’on
nomme vulgairement Taffetas d’Angleterre ou de
toute autre de la même nature \ ces emplâtres
fufliront pour contenir les tégumens de manière
qu’ils ne puiffent pas beaucoup s’écarter, & céderont
pourtant jufqu’à un certain point à la
iorce avec laquelle ils tendent à fe féparer, lorfqu’il
fuvient de l'inflammation & du gonflement.
La légère féparation qui en réfuitera donnera de
la facilité pour ôter les ligatures, & laiffera une
iffue au pus qui pourroit fe former , les angles
de la cicatrice feront moins faillans, & l’extrémité
du moignon demeurera plus égale & plus
unie. C ’eft pour cela qu’nn moignon qui a demeuré
trois ou quatre femaines à fe ■ cicatrifer ,
a pour l’ordinaire une meilleure apparence que
ceux qui fe cicatrifent beaucoup plus vîte. Les
avantages, qui réfultent d’une prompte guérifon j
telle qu’elle a lieu quand on a couvert de peau
toute la plaie, font fi grands qu’il feroit inutile
de nous étendre d’avantage à les décrire j mais
nous avons cru devoir faire aufli mention des
inconvéniens qui peuvent réfulter d’une cicatrifâ-
tion trop prompte , foit qu’on cherche à la déterminer
par des emplâtres adhéfifs , ou par des
points de future > comme on le pratiqué dans
quelques cas.
X V . Ohfervations fur la quantité de peau & de
fubflance mujculaire quon doit conferver en fai~
fant une Amputation. '
Il eft aifé de voir que la principale différence
qui exifte entre cette méthode & la méthode ordinaire
, confifte à conferver une affez grande
quantité de fubftance mufculaire pour couvrir l’os
entièrement, & affez de peau pour couvrir toute
la furface .de la plaie. Mais il eft bon de faire
obferver qu’ il peut y avoir de l’inconvénient à
conferver trop de l’une ou de l’autre. C ar , s’il
refte après l’opération plus de fubftance mufculaire
qu’il n’en faut pour que l’os foit bien recouvert,
il eft clair qu’on a trop raccourci le membre,
puifqu’on a fcié l’os plus haut qu’il ne falloit }
& fi l’on conferve plus de peau qu’on n’en a
befoin pour couvrir la plaie , fes bords raffemblés
formeront des plis & laifleront une cicatrice
inégale.
Les direétions données ci-deflùs fufliront en
général pour (terminer la quantité de fubftance
•