
endroits, dont deux étoient à quelque diftance
du menton. Cas de Chirurgie de M . HUI s
page 20.
Cas 5. Mademoifelle J * * reçut un coup au
fein au mois de Novembre 1761 3 & , après en
avoir foufferr quelques jours,elle n'y fentit plus
de douleurs jufqa’au mois de Mars fuivant3 après
quoi le mal fit des progrès fi rapides, malgré
la ciguë & les autres remèdes qu'on employa ,
que M. Hill crut qu’il n'éteit plus tems de tenter
l’opération. Sollicité cependant par la malade,
il fe détermina à la faire. Le fein naturellement
volumineux étoit prodigieufement enflé, ainfi
que toutes les parties voifines; il y avoit en outre
une longue traînée de glandes engorgées qui
s’étendoit au-delà de l’amelle, & jufques fous
l’omoplate. Tout fut emporté à l’aide du biflouri,
ce qui fê lât d'autant plus commodément que la malade
demeura en défaillance pendant tout le tems
de l’opération -, mais cette eirconftance empêcha
qu’on napperçût les vaideaux coupés, & qu’on
ne pût les lier. La malade étant au lit, il fur vint
une hémorrhagie que l’on arrêta en comprimant
Jes vaiffeaux qui fournifToient le fang, avec la
main & des piumaceaux imbibés d’efprit de vin.-
Malgré la fièvre & une abondante fuppuration ^
qui eurent lieu pendant le premier mois, elle
le remit dj bien dans le mois fuivant , qi?on
«ut l’efpérançe d'une guérifon parfaite. Mais
s’étant imprudemment expofée au froid , elle
prit des douleurs de rhumatifme , & le bras &
la main contrarièrent une enflure oedémateufe
confidérable. La cicatrice, à mefure quelle avan-
çoit y devenoit dure & liffe comme une plaque
de corne, & la malade fe plaignoit extrêmement
de la fenfation qu'elle en éprouvoit, comme fi
elle eût été ferrée avec une corde, au point, qu’elle
ne pouvoir mouvoir fon bras ni fon corps fans
la plus grande difficulté. Elle mourut quatre mois
après l’opération, minée par la douleur & la fièvre
lente, ayant encore une plaie ouverte de la largeur
de deijx travers de doigts. Cas de Chirurgie
de M . H ill y page. i l .
C as 6. Eliz. Turner, âgée de 46 ans, d’une
forte conllitution, avoit une tumeur dans le
fein parfaitement mobile & circonfcrite , qui
s’étoit manifeftée depuis dix-huit mois, & qui
paroiffoit dans une condition d’autant plus favorable
pour l’extirpation, qu’il n’y avoit point de
glandes engorgées fous l’ainelle. La malade cependant
ne voulut point entendre parler alors d’opération
3 mais, quinze jours après, fe trouvant
beaucoup plus foufframe, elle demanda M. Fea-
ron. Celui-ci la trouva au lit, la tête & les épaules
foutenues par des oreillers, ayant la refpi-
ration courte & laborieufe, le pouls petit & fréquent,
& des douleurs fi cruelles, qu’elle deman-
doit à être opérée > & paroiffoit prête à fe fou-
mettre à tout pour obtenir du foulagement. Le
fein, dans ce court efpace .de tems, étoit devenu
beaucoup plus volumineux, & il étoit par-tout
adhérent aux côtes. Les mufcles du bas-ventre,
du bras & du cou du côté affeélé, étoient gonflés
& contractés ,de manière que le corps étoit plié
en. deux, & la malade ne pouvp.it pas remuer
le bras. Le fein n’étoit pourtant pas ulcéré extérieurement.
Cet état violent fe termina trois jours
après par la mort. Traité du Cancer,par H. Fearoni
cas III.
CAS 7. Peu de tems après avoir vu cette
dernière malade , M. Fearon en vifita une autre
, âgée de trente-neuf ans, qui étoit dans un
état à-peu-près femblable à celui où il l’avoiî
d'abord trouvée. La tumeur paroiffoit aufli bien
difpofée qu’on pouvoit le defirer pour l’opération*,
cependant comme elle étoit encore indolente,
& comme la malade étoit enceinte de fept
mois, il crut devoir s’en tenir au traitement palliatif
jufques après fes couches. Mais, à fon grand
étonnemenr, trois femaines après, il tropva qu’il
s’étoiï fait chez elle une révolution foudaine &
violente, qui l’avoir mife dans le même état où
étoit tombée la femme qui fait,le fujet du Cas
précédent, à cela près que fon bras étoit couvert
d’une enflure oedémateufe. Elle accoucha la nuit
fuivante & mourut deux jours après. Traité du
Cancer ypar M . Fearon. Cas IV.
Ces obfervarions fuffifent pour montrer de
quelle importance il eft de recourir de bonne
heure à 1 extirpation , & combien la perte de
quelques femaines & même de quelques jours,
peut influer fur fes conféquences , puifquelle
fuffit quelquefois, pour rendre tout-à-fait impraticable
une opération, dont le fuccès paroiffoit
affuré fi on l’eût entreprife auparavant.
Il efl douteux cependant que l’on puifle légitimement
tirer cette conclufion du Cas raconté
au N.° III , puifque la partie qui fut affeftée
fecondairement, étoit fort éloignée de celle qu’on
avoit extirpée 3 & peut-être que la tumeur du
cou aureit eu lieu, lors même que l'opération
fur le tefficule auroit été pratiquée beaucoup
plutôt, car l’extirpation d’un Cancer faite dans
le tems le plus convenable, ne met pas ceux qui
Vy foumettent à l’abri de cette maladie f plus
que ne l’eft toute autre perfonne chez qui elle
ne s’eft jamais manifeflée.
CAS 8. Un homme, âgé de 45 ans y a volt un
ulcère Cancéreux avec des bords relevés & durs »
occupant l’aile droite du nez, & s’étendant en-
dedans comme en-dehots, jufqu’à quatre ou cinq
lignes de hauteur, mais la cloifon qui fépare les
narines, n’étoit pas attaquée. Le Cancer avoil
commencé trois ans auparavant, par un petit bouton
qu’il avoit écorché plusieurs, fois avec fes ongles 5
on l'avoit même touché depuis avec le vitriol^
& avec la pierre infernale. Tout cela n’avoitfait
que l’irriter, & la maladie s’étoit conflamment
accrue. M. le Dran coupa toute la partie malade,
anticipant fur la partie faine ne plus d'une
ligne
l i g n e à t o u t e l a c i r c o n f é r e n c e . L a p l a ie f e g u é r i t
e n m o in s d ’ u n m o i s , & i l n ’ y e u t p o in t d e r e -
c h û t e . Mém. de M. le Dran. Obferv. V I .
CAS 9. Une femme, âgée dé 55 ans, avoit reçu
quatorze ans auparavant un coup à Ja lèvre fu-
périeure du côté droit. La lèvre s’enfla, & après
l’ufage des topiques qu'on y mit, il y refta une
dureté de la groffeur d’une aveline, occupant la
partie interne de la lèvre. Onze ans après la
tumeur s’accrut confidérablement, bouchant la
narine, & "empêchant la refpiration. Il s’élçvoit
fur la tumeur des excroiffances en forme de rochers;
Enfin, elle devint douloureufe au toucher,
& les douleurs lancinantes étant fréquentes, elle
vint à Paris confulter M. Sivert. Il obferva que
l’os maxillaire fupérieur étoit découvert de la
grandeur d’un pouce, & fon avis fut d’ôter la
tumeur avec 1 infiniment tranchant. Pour faire
cette opération , il leva la tumeur avec la main
gauche, & avec un biflouri droit, il commença
l’incifion au-dedans de la lèvre, à la partie fupé-
rieure de la tumeur, près du nez ; puis coupant
de dedans en-dehors, il acheva l'opération en
confervant une Bonne partie de la peau qui
couvroit la tumeur 3 une veine & une artère
donnèrent du fang qui s’arrêta fenl. Il recouvrit
une partie de la divifion avec ce qu’il avoit
ménagé de la peau , il mit fur le relie de petits
lambeaux de linge , imbibés de jaunes d’oeuf mêlé
avec l’huile d’hypéricuin & l’appareil convenable.
31 ne furvint pas de fièvre à la malade , l’on
changea plufieurs fois le jour les.compreffesqui
s’imbiboient de falive, & le quatrième jour en
ôtant l'appareil, on trouva la peau reprife, &
la plus grande partie de l'os recouverte. Il le
fut en entier le fixième jour , & la plaie fut
guérie. Mém. de M. le Dran. Obferv. VIU*
CAS 10. Une femme de 74 ans, avoit depuis
douze ans , une tumeur à une des grandes lèvres,
au-deffous du pubis. Obligée enfin par le. volume
de la tumeur, & par la vivacité des fouf-
frances y à confulter pour fa maladie, elle s’a-
dreffa à M.Tïill, qui reconnut, dans la partie
affeélée, un Cancer de la plus mauvaife efpèce 3
la douleur avoit ôté le fommeil à la malade ,
depuis plufieurs mois , & l’avoit extrêmement
affoiblie. M. Hill amputa toute la partie tumé-u
fiée 3 la plaie fe cicatrifa en quatre femaines, &
fut fuivie d’une entière guérifon. La malade
vécut encore dix ans après cette opération. Cas
de Chirurgie de M . H i l l , p. 11.
CAS 11. Un homme pour s’ètre tenu trop
près du feu, avoit fait venir des taches fur fes
jambes. L été fuivant , l'épiderme s’enleva en
écailles de deffus toutes les parties ainfi affecr
tées, & la peau de deffous parut faine, excepté
en un feul endroit, où il fe forma une fécondé
peau écailleufe , plus épaiffe que la première.
Quelques mois après cette fécondé peau tomba,
■ A *;n. furvint une troifième qui prit la forme
Chirurgiç, Tome ï . et I . re Pprtiç,
d'une croûte. Cette croûte ayant été arrachée,
on vit un ulcère Cancéreux qu’elle caçhoir,.
M. Hill difféqua environ trois ponces de tégu-
mens affeélé, de deffus le tibia. Le malade qui
avoit 73 ans, à cette époque fe rétablit parfaitement
& vivoit encore 18 ans après quand
M. Hill publia fon ouvrage. Cas de Chirurgie de
M .H i l f p . i ^ :
M. Hill a vu un Cas de la même nature, &
provenant de la même caufe, qui. ayant d’abord
été attaqué par des caufliques, fe guérit enfuite
par l’amputation de la jambe.
CAS 12» Une femme de 30 ans ayant reçu un
coup au fein , y'reffentit d-’abord affezde douleurs
pendant quelques Jours 3 il s y forma enfui fe une
tumeur dure qu elle porta vingt ans fans en être
incommodée. Alors, elle y fentit de nouveau de
la douleur , 8c la tumeur augmenta beaucoup,
malgré l’ufage de la ciguë.3 il fe forma aufli un
long chapelet de glandes durcies, depuis le ffer-
num jufqq'à l’aiffelle. La peau étoit froncée, mais
fans ulcération. M. Hill emporta toutes les parties
affeélëes, avec le biflouri. Trois points dé future
qu’il fit dans la partie de la plaie la plus étroite,
fans en mettre les bords en contaéi, hâtèrent la
guérifon , en empêchant la peau & les mufcles
de' fè retirer autant qifils auroient fait fans cela.
Après que la plaie fut tout-à-fait cicatrifée , il
fe fit un fuintement d'urie matière épaiffe &
comme fébacée au travers des pores de la nouvelle
peau, qui en féchant, forma une croûte. Cette
croûte devenoit fort épaiffe & demeuroit attachée
à la cicatrice , pendant plufieurs femaines ’
lorfqu’on n’y faifoit aucune application ,* & lorf-
qu’elle étoit tombée, elle fe renouvelloit promptement.
Un emplâtre de lirharge un peu mol
empêchoit que cette croûte ne fût aufli tenace
& aufli icommode, & lorfqu'elle étoit tombée ’
laiffoit la peau dans un état de foupleffe convenable.
A cette affeclion près, la malade étoit
bien portante quatre ans après l’opération. Cas
de Chirurgie de M. H ill y p. 16.
CAS 13. Une dame vint d’Arras à Paris pour
fe mettre entre les mains de M. Malaval & tâcher
de guérir d’un Cancer ulcéré quelle avoit
à la mammelle droite. Cette mammeile étoit très-
groffe, & avoit, outre l’ulcère, une tumeur de
la groffeur d’un oeuf de poule , fort rouge &
prête à s’ouviir. Malgré cet état, il fit l’opération,
la guérifon fut prompte & fans récidive, félon
ce qu’il en apprit quatre ans après. Mem. de
M. le Dran. Obferv. XIX.
CAS 14. La femme d’un cocher vint trouver
M. Foubert & lui demanda fon avis fur deux
Cancers quelle avoit à fes mammelles, dont l’un
étoit ulcéré. M. Malaval s’y trouva, & il fut
conclu qu’on, feroit l’amputation de l'une & de
l’autre mammelle. La malade fouffrit la première
opération avec beaucoup de courage,. & délira
qu’on procédât tout de fuite à U fécondé, ce