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mais Couvent la force des mufcles eft tellement
augmentée 5 & elle approche tellement de la con-
vuïiion, que ce n’eft qu’avec la plus grande peine
qu’on peut la vaincre, il faut alors avoir recours
aux lacs & machines deftinées à la furmonter.
Tel eft du moins l’opinion commune; mais cette
difficulté à la répofition, fouvent eft moins due à
la caufe dont il s’agit, qu’à la manière dont font
inégalement tiraillés les mufcles., en mettant le
membre dans une extenfien forcée, plutôt que
dans une demi-flexion* La chofe fe préfeme ainfi
avec une telle apparence de vérité, qu’il y a lieu
d"'être furprisque les Anciens n’en aient point été
frappés ; on doit à M> Pott les premières notions
de cette erreur. Il y a des cas où une feule per-
lonne peut faire à-la-fois l’extenlion & la contre-
extenfion ; on en a un exemple dans la Fracture
de la clavicule. Le bleffé, affis fur un tabouret
d'une moyenne hauteur, un Aide fe place derrière
lui, & appuyant fon genou entre fes deux épaules,
il les tire chacune en arrière, pendant que le Chirurgien
, -placé au devant, s’occupe de la réduction
des deux pièces de l’os. La manière la plus
favorable de réduire une Fracture, fera donc de
mettre le membre dans une flexion convenable, 1
puis on tirera fur la partie inférieure du membre
fuffifamment pour mettre les deux bouts de l’os
completteinent de niveau. Sî l’on ne réuffit pas
à cette première tentative , on pourra employer
des forces modérées, en faifant tenir le haut du
membre fermement par un Aide , qui appliquera
fes mains entre la Fraéture & là jointure voi-
fine, pendant qu’un autre étend doucement la
partie-inférieurè , ayant foin que les mufcles foien t
toujours dans le plus grand état poffible de relâchement.
M. Dupoui a obfer.vé des cas où la
réduction , qui avoit été impoffible, parce que
faction des mufcles étoit gênée par l’application
des lacs fur le membre, a été la plus.facile, en
transportant ces lacs fur les extrémités de ces
membres, là où aucun mnfcle ne peut porter
obftacle. Voyei ce que nous avons dît de cette
méthode à Fanicle Cuisse (luxation de la). Les
.exrenfion & contre-eXtenfion ne fé font que dans
les Fractures des extrémités; il n’en eft pas de
même de la répoiuion qui a lieu, tant pour la
Fraéture des os longs, que pour celle des os
plats. Voyez les articles Omoplates & Ilium,
O n doit s’appliquer à faire la répolitîon la plus
^exacte qu’il eft poffibie ; car c’eft ’defobféryati'ôn
de ce précepte que dépend la régularité du cal.
O n y parvient en appliquant lés deux paumes
de la main à l’oppofi.te rune de l’autre. (k les
rapprochant, avec une certaine force , dans les cas
x>ù iaFraétoie eft cachée fous de gros mufcles,comme
à ta cuiffe, ou en appuyant fuffifamment du
bout des doigts,quand la Fraéture eft fur des parties
à découvert, comme au tibia, au cubitus, aux
côtes, aux os du tarfe & aux doigts. On cqnnoî-
#3 que la conformation eft bien faire, quand op
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ne verra plus fur le membre aucune inégalité, qt#
fa forme & fa figure feront exactement celle dti
membre oppofé, & que la douleur précédente
fera, pour amfi dire, ceffée, & que le membre,
laiffé à lui-même, perfiftera dans le même état où
on l’a mis. Quand il y a plaie, notamment dans
dans les cas de Fraétures du crâne & des côtes,
on a recours aux inftrumens pour faire la confor-’
mation, aux élévatoires, aux tire-fonds, aux fpa-
tulcs, pinces & autres, que les circonftances fuguèrent
; on eft même quelquefois dans le cas
d'enlever en totalité de très-grandes pièces d’os;
nous reviendrons fur tous ces détails, en parlant
des Fraftures du crâne, à l’article Tête( Plaie de).'
La fécondé indication confifte à maintenir la
Fraéture dans l’état de réduétion où on l’a mife, on
y parvient par l’appareil & la fltuation. L’appareil
varie félon l’efpèce de Fraétures, & l’os qui en eft
aflfeété, ainfi qu’on le verra à Shacun de leurs
articles. Dans les cas les plus ordinaires des Fractures
aux extrémités, on applique d’abord furie
lieu fraéiuré, une Ample compreffe fendue en !
deux ou quatre chefs, après l’avoir trempée dans I
de l’eau-de-vie camphrée, ou d’autres liqueurs ré*
folutives, précaution qui non-feulement en rend
l’application plus facile, mais encore contribue
pour beaucoup à la difeuffion des fucs qui pour*
roient ftâfer. On fait enfuite avec une bande roulée
à un chef & trempée dans la même liqueur, deux
ou trois tours égaux fur le lieu de la Fracture,
& l’on continué par des doloires, en remontant,
le long du membre jufqu’à l’attache des mufcles
qui la font mouvoir. On recommence par deux
circulaires avec une nouvelle qu’on applique fur
l’endroit où l’on a commencé , & l’on continue
également par des doloires jufque vers l’articulation
, & Fon remonre, fi la bande eft aftez
longue, jufque fur la Fraéture, en ferrant fuffifam*
meut. Le premier ‘bandage efl-deftiné à reftf eindrg
l’atlion des mufcles & à maintenir les deux bouts
de l’os tjans la pofition où la conformation lésa
mis ; il faut avoir foin eu l’appliquant, qüe les jets
de bandesue laiffent à découvert que la quatrième
partie du tour précédent, pour que la Fraélurj
foit plus exactement maintenue, ce Le banclagg
trop lâche, obferve M* Louis , dans cet'article
de l’ancienne Encyclopédie, lai (Fe aux mufcles la
dangereufe facilité de fe contracter , le calus ell
difforme, & le membre peut fe confolidér dans
une direction qui ne feroit pas naturelle. D’un
autre côté, le bandage, trop ferré', 1 orfqu’il l’eft
avec -excès , attire la gangrène , & , fans l’être
au point de caufer cet accident formidable, »
peut l’être enCore trop, & mettre obftacle à la
libre circulation -des liqueurs, d’où réfuItéra b
manque de nourriture & l’atrophie. 55 Telle d
la manière'd’appliquer les premières bandes fut
les membres dont le volume eft égal ou à peu-pré»
tç 1 dans leur longueur ? compte à la cuiffe, ai»
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bras : à la [ambe, à l’avant-bras; on fe compôrfei
différemment, pour éviter les godets qui réfulte-
roienr de l'application ftmple d'une bande fur des
membres auffi inégaux; on fait ce qu’on appelle
des renverfés. Voye{tXcç fujet, les Planches relatives
aux Bandâge». Par cette manière de plier
la bandit, on fait une preffion plus égaie, & l’on
ne laiffe aucune inégalité capable de bleffer la
partie par la compreilion que ferôient dcfîus les
autres pièces d’appareil. Ces deux premières
1 bandes appliquées, on met des comprefles longuettes
le long du membre, une de chaque côté, &
quelquefois une au-devant. Dans te cas de «FraCf ures
à la jambe, quelques-uns rempliffent le bas depuis
| le défaut du mollet jufqu’aox malléoles, avec une
compreffe inégale ; d’autres préfèrent de donner
plus (Tépaifleur à l’extrémité des longuettes, ce
qui fe fait en repliant de la longueur convenable
le linge fitnple, avant de faire les plis fuivant la
! largeur. On maintient les longuettes par une troi-
fième bande dont les circonvolutions peuvent être
faites en doloires plus larges > pour ménager la
longueur de La bande. On contient tout cer appareil
entre deux gouttières ’de fer blanc r ou avec des
cartons qu’on lie avec des rubans de fil. On applique
enfuite l'écharpe potir l’extrémité fupérieuro,
1 & des fanons pour les Fraélures de l’extrémité
L inférieure. On eft afluré que le bandage eft bien
fait, qu’il eft fuffifamment ferré, quand on apper-
I foit au-deffu* & au-deffous, une légère tumé-
[îadion fans douteur ni rougeur.
i; Le malade, dans les Fractures des extrémités
fupérieures & du tronc , eft forcé de garder le
I lit, même dans le cas de Fraélures du bras, il
; peut s’en difpenfer dans celles de l’avant-bras, de
. la clavicule, des doigts. Il faut, quand la néceffité
j le contraint au lit, le placer de manière qu’il
«éprouve aucune gêne, & que la partie léfée foit
l’tellement pofée fur un oreiller mollet, que fes
I mufcles foxent très-relâchés. et Ainfi la jambe,
j elr-il dit dans cet article de l’ancienne Encyclo-
I pédie, fera un peu élevée du côté du pied , pour
favorifer le retour du fang ; elle fera appuyée
fûremem & mollement : on la pofera fur un
I oreiller égal, appuyé fur un matelas qui, lui-
| roême^, doit être fort égal. Pour cet effet, le
■ lit doit être garni de matelas feulement, fans lit
de plume , & même il eft bon de mettre entre le
premier 8c le fécond .matelas, une planche qui
occupe depuis le pied jufque par-delà les hanches ;
comme la néceffité d’être couché deviendroit à
j la longue infupportable, fi l’on ne prenpit des
l'précautions pour en diminuer la gèoe, autant qu’il
I eft poffible, on fait attacher au plancher, une
r corde qui paffe à travers le çiel du lit, & qui
l defeend à la portée de la main du malade. Cette
|£°foe lui eft très-utile pourfe remuer facilement#!
i Satisfaire fes différons befoins. On attache au pied
| du lir une planche qui doit être flable , 8c fur
laquelle on Lit clouer un billot garni d’un ma-
Çhirurgic. Tomz I .er J L e Partie.
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tela$ ôü couffin. Ce billot eft un des plus grands
foulagcmens qu’on puiffe procurer au malade ; il
lui fert à appuyer le pied fain pour fe foulever avec
l’aide de la corde dans fes befoins , & pour fe
relever de tems en tans, lorfqu’il vient à gliffer
vers le bas de fon Ht. Le Chirurgien peur prévenir
cet inconvénient en donnant fes foins à la
conftruélion du lit, il doit même aider à le faire
convenablement pour le bien de fon malade. Pour
éviter que la croupion ne s’écorche, J. L, Petit
confeille de percer le premier matelas , afin de
pouvoir paffer commodément un baffin entre le
fécond & lui, lorfque le bleffé veut aller à U
Celle. Dans ce cas, le drap de deffons doit être
fendu ou compofé. de deux pièces qu’on puiffe
écarter au befoin à l’endroit du fiège ; faute de
certe précaution , le croupion s’éc’orche , & alors
il faut l’examiner fouvent, & baflîner cette partie
avec l’eau vulnéraire ou de l’eau-de-vie camphrée,
pour prévenir la mortification ; on remédiera à
cè dernier accident, par l’application de l’ongueni
de ftirax.
Enfin, une dernière indication eft de mitiger les
fymprômes aéluellement exiftans, & de prévenir
ceux quLpourroient furvenir. Le plus commun de
tous en le prurirou la démangeaifon qui quelquefois
occupe tout le membre, & dégénère fouvent en
une douleur qui eft bientôt fuivie d’inflarntpation,
Cet accident eft plus fréquent dans les hôpitaux
qu’ailléurs ; il eft prefque toujours occafionné par
la malpropreté du linge dont on fe fert. Paré dit
qu’il faut en pareil cas, lever l’appareil, de trois
en trois jours, pour donner de l’air à la partie,
& faciliter la tranfpirarion. fl preferir la fomentation
faite avec une décoéîion defauge, de camomille
8l de mélil.ot bouillis dans de l’eau 8c du
vin, & d’éventer fouvent la partie. Voye[ Parricle
Flabellation. La douleur eft un fymptômequi
n’eft pas moins fréquent, & conféquemment dont
nous devons nous occuper ici. Elle eft quelquefois
telle, que les mufcles mis en convulfion, font
treffaillir fpontanémexsl le membre, & particulièrement
dans le teins du fotnmeil. Quand la repo-?
fition des efquiiles a été bien faire, 8c que rien,ne
s’eft dérangé dans les pièces d’appareil, il fout
combattre ce fymptôme par les faignées plus ou
moins répétées , la diète , les boiffons tempérantes
, 8c même quelquefois on eft obligé dent
venir aux opiacés. Le régime fera approprié aux
circonftances de l’âge, du tempérament & du,
caraélère de la Fraéture. Quand ces inpyens. ne
calment point la douleur, 8c que même elle
augmente, il Faut changer l’appareil, & pour peu
qu’on voye d’inflammation à la partie, il faut
employer le bandage à dix-huit chefs » 8c ne
revenir au bandagé roulé, que quand la difpa-
ririon des accidens annonce toute fécurité. M. Bell
vante en pareil cas» l’application des fanofuës;elle
eft alors fi avantageufe, tKat always advi£e it, dit-il,
wheticver the terrien is in any de grec co'nJîderabU >